Bilan du second tour de l'élection présidentielle de 2002

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Le second tour de l'élection présidentielle de 2002 s'est déroulé le dimanche 5 mai sans incident majeur (en dehors de l'intrusion dans un bureau de vote de la Sarthe de deux individus cagoulés qui ont brisé une bouteille contenant une variété d'acide).

Le jour du scrutin, le Conseil constitutionnel a tenu, comme pour le premier tour, une permanence téléphonique de 8 heures à 22 heures.

Le Conseil a arrêté les résultats du second tour le 8 mai 2002. Ayant rassemblé sur son nom 62 % des inscrits et plus de 82 % des suffrages exprimés, Monsieur Jacques Chirac devient le Président le mieux élu de toute l'histoire de la Vème République. Le nouveau mandat du Chef de l'Etat commence le 17 mai à 0 heure, ainsi que le précise la décision relative à la proclamation.

Cette décision a été communiquée au Chef de l'Etat le jeudi 9 mai en fin de matinée par le Président du Conseil constitutionnel, Monsieur Yves Guéna. Le Président Guéna a procédé à la proclamation officielle des résultats le 9 mai à 17 heures, devant la presse et le représentant de Monsieur Chirac, dans le grand salon du Conseil constitutionnel.

La décision relative à la proclamation des résultats a été publiée au Journal officiel du 10 mai, c'est-à-dire dans les 24 heures de la proclamation officielle, comme le prévoit le deuxième alinéa du III de l'article 3 de la loi n° 62-1292 du 6 novembre 1962 relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel (« Le Conseil constitutionnel (...) proclame les résultats de l'élection qui sont publiés au Journal officiel de la République française dans les vingt-quatre heures de la proclamation. La déclaration de situation patrimoniale du candidat proclamé élu est jointe à cette publication »).

A été publiée au Journal officiel du 10 mai 2002, en même temps que la décision relative à la proclamation, la déclaration de patrimoine de « début de mandat » du Président de la République nouvellement élu.

Cette déclaration avait été remise au Conseil, sous pli scellé, comme celles des quinze autres candidats présents au premier tour, ainsi que le prévoit le quatrième alinéa du I de l'article 3 de la loi précitée du 6 novembre 1962. Le sceau a été rompu le jour de la proclamation. Auparavant (6 avril 2002), la déclaration de patrimoine de « fin de mandat » de Monsieur Jacques Chirac avait fait l'objet d'une publication au Journal officiel comme le veut la loi du 6 novembre 1962. Quant aux déclarations de patrimoine des autres candidats, elles leur seront restituées sans avoir été ouvertes.

Les résultats du second tour sont les suivants :

* : Y compris les suffrages exprimés dans les sept bureaux de vote ayant fait l'objet d'une annulation globale

Le taux d'abstention s'établit donc à 20,29 % et la proportion des blancs et nuls (par rapport aux votants) à 5,39 %.

La décision du 8 mai 2002 procède à l'annulation des suffrages émis dans sept bureaux de vote, situés dans cinq départements métropolitains :

Au voisinage immédiat du bureau de vote de la commune de Villemagne (Aude), dans lequel 157 suffrages ont été exprimés, le maire de la commune a, d'une part, mis à la disposition des électeurs un dispositif symbolique de « décontamination », d'autre part, suscité un simulacre de vote invitant les électeurs à désigner un candidat ne figurant pas au second tour. Ces initiatives, annoncées et organisées par l'autorité même qui était chargée des opérations électorales dans la commune, sont incompatibles avec la dignité du scrutin et ont été de nature à porter atteinte au secret du vote ainsi qu'à la liberté des électeurs. Dans ces conditions, il y avait lieu d'annuler l'ensemble des suffrages émis dans cette commune.

Dans les bureaux n° 1 de la commune de Furiani et n° 15 de la commune de Bastia (Haute Corse), dans lesquels 957 et 279 suffrages ont été respectivement exprimés, la commission départementale de recensement des votes a relevé des discordances importantes et non justifiées entre, d'une part, le nombre des bulletins déclarés blancs et nuls dans les procès-verbaux retraçant les résultats et, d'autre part, les bulletins blancs et nuls joints à ces mêmes procès-verbaux. En outre, les causes d'annulation de vingt-deux bulletins, dans le bureau n° 1 de la commune de Furiani, et de dix-neuf bulletins, dans le bureau n° 15 de la commune de Bastia, demeurent inexpliquées. Il résulte enfin de l'instruction que les conditions dans lesquelles ces bulletins blancs et nuls ont été annexés aux procès-verbaux ont méconnu les dispositions de l'article L. 66 du code électoral. Dans ces conditions, le Conseil constitutionnel n'a pas été en mesure d'exercer le contrôle que lui confie la Constitution sur la régularité des opérations de vote. Là encore, il y avait lieu d'annuler l'ensemble des suffrages émis dans les bureaux susmentionnés.

Dans le bureau de vote de la commune de Mettray (Indre-et-Loire), dans lequel 1 230 suffrages ont été exprimés, il n'a pas été procédé au dépouillement des votes dans les formes prévues par l'article L. 65 du code électoral. En l'espèce, cette irrégularité était de nature à entraîner des erreurs et pouvait favoriser des fraudes. Si aucune fraude n'a été alléguée et moins encore établie, pareille méconnaissance délibérée de dispositions destinées à assurer la sincérité du scrutin n'en a pas moins conduit le Conseil à annuler l'ensemble des suffrages émis dans cette commune.

Dans les bureaux de vote n° 3 et 4 de la commune de Mazingarbe (Pas-de-Calais), dans lesquels 817 suffrages ont été exprimés, il n'a pas été procédé au contrôle d'identité des électeurs, en violation des articles L. 62 et R. 60 du code électoral. Cette irrégularité s'est poursuivie en dépit des observations faites à ce sujet par le magistrat délégué du Conseil constitutionnel. Devant cette méconnaissance délibérée et persistante de dispositions destinées à assurer la régularité et la sincérité du scrutin, il y avait lieu d'annuler l'ensemble des suffrages émis dans ces bureaux.

Dans le bureau de vote n° 1 de la commune d'Erstein (Bas-Rhin), dans lequel 1 457 suffrages ont été exprimés, de nombreux électeurs ont été autorisés à voter sans être passés par l'isoloir en violation de l'article L. 60 du code électoral. En outre, il n'a pas été procédé au contrôle d'identité de tous les électeurs, contrairement à ce qu'exige, pour les communes de plus de 5 000 habitants, l'article R. 60 du même code et ce, malgré les observations du délégué du Conseil constitutionnel. Face à cette méconnaissance délibérée et persistante de dispositions destinées à assurer la régularité et la sincérité du scrutin, le Conseil a dû annuler l'ensemble des suffrages émis dans ce bureau.

Beaucoup de remarques, déjà présentées au lendemain du premier tour, peuvent être faites à nouveau pour le second :

  • Des retards anormaux ont été parfois observés dans l'acheminement postal des volets de procuration, ce qui a conduit le Conseil, eu égard à l'afflux des demandes de procurations entre les deux tours, à recommander une attitude libérale, allant jusqu'à admettre les volets transmis par télécopie à la mairie par les officiers de police judiciaire.
  • Une incompréhension a pu être ressentie par les Français inscrits dans un centre de vote à l'étranger lorsqu'il leur a été refusé de prendre part au scrutin présidentiel dans leur commune de rattachement en France. Ce refus est certes régulier, mais mal ressenti. La situation est plus grave lorsque nos compatriotes revenus de l'étranger, mais ne s'étant pas fait radier de leur centre de vote, découvrent qu'ils se trouvent toujours dans l'impossibilité de voter en France pour l'élection présidentielle. La solution à ce problème est sans doute multiple : meilleure information de nos compatriotes ; plus grande diligence des commissions administratives chargées de tenir à jour les listes électorales des centres de vote à l'étranger ; clarification et modernisation de la réglementation ; plus grande latitude donnée au juge d'instance pour statuer en faveur de l'inscription en France (pour toutes les consultations) d'un Français rentré définitivement de l'étranger.
  • Du fait du décalage horaire, la diffusion des résultats de métropole, alors que les opérations électorales n'étaient pas closes localement, a de nouveau provoqué l'irritation de nos compatriotes des Antilles, de Guyane, de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Polynésie. Le problème ne peut trouver de solution que dans l'anticipation du scrutin dans ces collectivités. Elle semble être réalisable par simple arrêté ministériel dans les collectivités territoriales françaises d'Amérique, compte tenu de l'habilitation très large généralement donnée aux représentants de l'Etat par le décret de convocation (voir article 3 du décret n° 2002-346 du 13 mai 2002). S'agissant en revanche de la Polynésie française (et de certains pays étrangers), le scrutin devrait s'y dérouler le samedi plutôt que le dimanche, ce qui impose, sinon une révision de l'article 7 de la Constitution, à tout le moins une interprétation constructive de cet article.
  • En dépit de l'information à laquelle a procédé le Conseil constitutionnel avant le premier tour comme entre les deux tours, certaines commissions départementales de recensement persistent à retrancher des voix obtenues par les candidats les quelques suffrages exprimés irrégulièrement mais dont l'imputation ne peut être déterminée (faible écart entre émargements et enveloppes et bulletins trouvés dans l'urne ; vote d'électeurs non inscrits etc.). Ces retranchements outrepassent la compétence des commissions départementales de recensement. En pareil cas, le Conseil rétablit les chiffres figurant aux procès verbaux des communes, sauf à annuler l'ensemble des suffrages émis dans le bureau de vote en cause si l'irrégularité revêt trop d'ampleur.

Un certain nombre de problèmes inédits ont surgi entre les deux tours.

Il en a été ainsi des démarches spontanées prises en faveur d'un candidat ou en défaveur de l'autre par divers milieux professionnels. La nature de certaines d'entre elles n'est pas sans poser problème au regard de diverses dispositions relatives à la propagande électorale ou aux commentaires de la campagne par les services de communication audiovisuels (art. L. 49, L. 52-1, L. 90-1, L. 113-1 du code électoral ; recommandation du CSA du 23 octobre 2001...). La Commission nationale de contrôle a été saisie à cet égard par l'un des deux candidats, qui dénonçait un déséquilibre de ces initiatives en sa défaveur.

En revanche, et en partie grâce aux instructions données à ses délégués –qui ont été relayées par la presse et diffusées sur son site Internet- le Conseil constitutionnel a constaté qu'à de rares exceptions près (ainsi, s'agissant de la dignité de la consultation, pour la commune de Villemagne dans l'Aude), certaines des difficultés qu'il avait pu craindre pour le second tour ont pu être évitées.

Il en est ainsi :

  • de l'exercice effectif du droit de vote par les personnes ayant obtenu du juge d'instance, entre les deux tours, une décision favorable à leur inscription sur la liste électorale ;
  • du respect de la confidentialité des opérations de vote, lequel, aux termes de la circulaire du 1 er août 1969 adressée aux maires par le ministre de l'intérieur, conduit à l'alternative suivante : soit l'utilisation d'un bulletin reçu à domicile, soit la prise des deux bulletins disposés sur la table de décharge avant de se rendre dans l'isoloir ;
  • du respect de la dignité de la consultation, du secret du vote et de la liberté du vote, qui s'oppose à toute manifestation ostentatoire de la part d'électeurs désireux d'exprimer publiquement, lors du déroulement même des opérations électorales, le sens qu'ils donnent à leur participation au scrutin.

A été également évitée, grâce aux interventions de la Commission nationale de contrôle et du CSA (recommandation n° 2002-5 du 30 avril 2002) l'annonce prématurée, le soir du scrutin, des résultats de ce dernier.

Un certain nombre d'électeurs ont fait annexer aux procès verbaux de leurs bureaux de vote de véritables recours, souvent fort argumentés, mettant en cause l'ensemble des opérations électorales.

Le Conseil a reconnu la recevabilité de tels recours au regard de l'article 30 du décret n° 2001-219 du 8 mars 2001, mais en tant seulement qu'ils étaient dirigés contre les opérations du second tour. La décision du Conseil désignant les deux candidats du second tour est en effet insusceptible de recours en vertu de l'article 62 de la Constitution et fait obstacle à la remise en cause des résultats du premier tour.

Sans réfuter explicitement les griefs présentés contre l'ensemble des opérations du second tour, le Conseil les a examinés et s'est convaincu qu'ils étaient infondés. La décision mentionne les réclamations en cause et les rejette globalement.

Il en allait ainsi, par exemple, en raison de l'écart des voix entre M. Chirac et M. Le Pen, du recours présenté par un électeur inscrit au 13ème bureau du 1 er arrondissement de Lyon qui estimait viciée la sincérité du second tour, du fait du nombre élevé d'agissements tombant, selon lui, sous le coup de l'incrimination définie au III de l'article L. 113-1 du code électoral, aux termes duquel : « Sera puni d'une amende de 25 000 F et d'un emprisonnement d'un an, ou de l'une de ces deux peines seulement, quiconque aura, pour le compte d'un candidat ou d'un candidat tête de liste, sans agir sur sa demande, ou sans avoir recueilli son accord exprès, effectué une dépense de la nature de celles prévues à l'article L. 52-12 ».

Il convient de citer intégralement le passage de la décision qui rejette globalement de telles réclamations, car c'est la première fois qu'il figure dans une décision de proclamation :

« Après avoir examiné, parmi les réclamations portées par les électeurs aux procès-verbaux des opérations de vote, celles mettant en cause les opérations électorales dans leur ensemble, et conclu que les faits exposés, à les supposer établis, n'étaient de nature à porter atteinte ni à la régularité ni à la sincérité du scrutin ».

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21 avril 2002 : le choc du FN au second tour de la présidentielle

Au soir du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, le candidat socialiste Lionel Jospin est éliminé et annonce son retrait de la vie politique. À sa place, c'est le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, qui accède au second tour. Un traumatisme pour une majorité de Français. Une date entrée dans l'histoire.

Dimanche 21 avril 2002, premier tour de l’élection présidentielle. Les sondages donnent alors le président sortant, Jacques Chirac, et son premier ministre de cohabitation, Lionel Jospin, en tête, entre 18 à 19%, loin devant Jean-Marie Le Pen (12,5 à 14%). Et pourtant, c’est une soirée historique que s’apprêtent à vivre les Français, avec l’arrivée pour la première fois de l’extrême droite au second tour d’une élection présidentielle. L’archive placée en tête d’article est un extrait de cette soirée électorale, sur France 2. Le journaliste David Pujadas annonce alors les premières estimations à la sortie des urnes, qui se confirmeront au cours de la soirée : «  dans quelques secondes, il est 20 heures, voici notre estimation du résultat du premier tour de l’élection présidentielle. En tête, Jacques Chirac, 20% des voix. Enorme surprise, Jean-Marie Le Pen semble devoir être le second avec 17% des voix.  » Le candidat du parti socialiste, Lionel Jospin, est recalé au pied du podium, avec seulement 16% des voix.

Au siège du Parti socialiste, rue de Solférino, à Paris, les militants vivent des instants dramatiques. Pour eux, comme pour une majorité de Français, la non qualification de Lionel Jospin au profit de l’extrême droite est vécue comme un véritable séisme politique. Le journal télévisé du 22 avril 2002 revient sur cette soirée de désespoir chez les socialistes, marquée par la phrase de Lionel Jospin lors de son discours à ses militants : «  J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique après la fin de l’élection présidentielle.  »

Le journaliste Patrick Hesters, auteur du reportage, esquisse les raisons d’un échec que personne n’avait vu venir : «  Point final d’une carrière politique de 30 ans. Abstention, éparpillement des votes, le candidat socialiste n’a pas su assez convaincre et mobiliser une majorité devenue trop plurielle. Ici [au siège du parti socialiste], pourtant, on parlait hier d’injustice, d’ingratitude et de travail accompli.  » Pour les militants socialistes, le deuxième tour qui s’annonçait quinze jours plus tard va être celui du vote utile, comme le résume cette militante, interrogée en pleurs : «  J’imagine que pour faire barrage à quelqu’un qui se bat contre tout ce qu’on est, et tout ce que je suis peut-être en particulier, il va falloir voter quand même Chirac. »

Résumé de la soirée électorale du premier tour des présidentielles 2002 - 02:30 - vidéo

Au soir du 21 avril, Jean-Marie Le Pen prononce un discours depuis son quartier général de Montretout, à Saint-Cloud, au cours duquel il appelle les Français à se mobiliser pour ses idées de «  redressement national  » : «  En attendant, n'ayez pas peur de rêver. Vous, les petits, les sans grade, les exclus, ne vous laissez pas enfermer dans les vieilles divisions de la gauche et de la droite. Vous qui avez supporté depuis vingt ans toutes les erreurs et les malversations des politiciens, vous, les mineurs, les métallos, les ouvriers et les ouvriers de toutes ces industries ruinées par l'euro mondialisme de Maastricht, vous, les agriculteurs aux retraites de misère et acculés à la ruine et à la disparition, vous aussi, qui êtes les premières victimes de l'insécurité dans les banlieues, les villes et les villages […] ».

Déclaration de Jean-Marie Le Pen 2002 - 05:54 - vidéo

Le président Jacques Chirac prend lui aussi la parole, en appelant au «  sursaut démocratique », et en mettant en avant les «  valeurs de la République auxquelles tous les Français sont profondément attachés. Aujourd'hui, ce qui est en cause, c'est l'idée même que nous nous faisons de l'homme, de ses droits et de sa dignité. C'est l'idée que nous nous faisons de la France, de son rôle et de sa place en Europe et dans le monde.[…] C'est dans la fraternité, dans l'ouverture aux autres, que la France est vraiment elle-même. J'en appelle à la France, cette France vivante, diverse, humaine, chaleureuse, que nous aimons. J'en appelle aux Françaises et aux Français, à chacune et à chacun d'entre vous. Parce que la démocratie, c'est le bien le plus précieux. Parce que la République est entre vos mains. Ce soir, mes chers compatriotes, la France a besoin de vous. »

Déclaration de Jacques Chirac 2002 - 05:02 - vidéo

Deux semaines plus tard, au soir du second tour, et après une mobilisation massive des Français dans la rue pour faire barrage au Front national, Jacques Chirac est réélu avec 82, 21% des voix, contre 17,79% pour Jean-Marie Le Pen.

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Taux de participation au 2ème tour à 12h00 : 26,10% Taux de participation au 2ème tour à 17h00 : 67,60%

2eme tour 2002

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5 mai 2002 : la victoire à 82 %.

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Jacques Chirac, à l'issue d'un premier mandat décevant, ne part guère favori pour la présidentielle de 2002. Un coup de tonnerre - l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour - et le front républicain lui permettent pourtant d'être réélu.

L'élection présidentielle de 2002 aura été, à coup sûr, un des moments forts dans la carrière de Jacques Chirac. Président de la République, il avait une revanche à prendre. Élu en 1995, malavisé, il avait cru devoir dissoudre l'Assemblée nationale en 1997. La gauche l'avait emporté aux législatives suivantes, et la plus longue période de cohabitation devait durer jusqu'en 2002. Face au Premier ministre, Lionel Jospin, Chirac avait dû ronger son frein : « Le sentiment de frustration que j'ai parfois éprouvé de ne pouvoir peser davantage sur la direction du pays, mes difficultés à coexister avec un Premier ministre avec qui je ne me sentais aucune affinité particulière, ont quelque peu altéré, je dois bien le reconnaître, le "charme" d'une telle traversée 1 . » Le 11 février 2002, à Avignon, il annonce sa candidature. Il aurait comme adversaire principal ce Lionel Jospin peu aimé, candidat des socialistes.

De tous les problèmes qui occupent l'esprit des Français, outre celui du chômage, récurrent, l'insécurité quotidienne est devenue un objet d'inquiétude générale. Le 29 janvier 2002, Le Monde titrait à la une : « Les mauvais chiffres de la délinquance. Forte croissance des vols avec violence. Les moins de 13 ans sont de plus en plus impliqués. » Ces mauvais chiffres faisaient forcément tort à la gauche, de réputation « antisécuritaire » et qui gouvernait depuis cinq ans. Un dessin de Plantu dans le même journal représentait deux voyous sur un scooter qui venaient d'arracher le sac d'une femme ; celle-ci criait au secours, tandis que son mari la ramenait au calme : « Tais-toi ! Tu fais le jeu de la droite ! » Trois jours avant la présidentielle, un fait divers alarme l'opinion : un retraité de 72 ans a été roué de coups par des malfrats qui ont mis le feu à sa maison. Largement répandue par les médias, la nouvelle pèsera sans doute sur le résultat du scrutin.

Défiance et rejet de l'immigration

Dans ce climat délétère, la société est aussi en proie à une nouvelle vague d'antisémitisme, que le sociologue Pierre-André Taguieff analyse comme la « nouvelle judéophobie »2 : agressions d'élèves juifs, incendies d'école ou de synagogues, graffitis antisémites, dont le nombre a fortement crû avec la Seconde Intifada, et qui culmine en 2002. Or ces violences antijuives du début des années 2000 ne suscitent que des réactions tardives et timides en raison de la qualité de leurs auteurs. On peut parler d'une certaine forme d'intimidation, voire de démission, des élites politiques et intellectuelles face aux délits et crimes en provenance de jeunes gens des « banlieues », considérés eux-mêmes comme des souffre-douleur d'une société de discrimination et du racisme ordinaire.

Le malaise qui résulte de cette intimidation profite en dernier ressort à celui qui ne cesse de répéter l'équation entre immigration et délinquance : Jean-Marie Le Pen, le leader du Front national. À mensonge (par omission), mensonge et demi (par généralisation). C'est ainsi que politologues et sondeurs observent une aimantation de plus en plus nette des ouvriers par le Front national depuis 1986. Anciens électeurs communistes ou socialistes pour beaucoup, nombre d'entre eux mêlent leurs voix désormais à celles d'autres électeurs très divers sur un enjeu rassembleur : le rejet de l'immigration, cause supposée du chômage et de l'insécurité.

Si Le Pen séduit, c'est aussi en raison d'une image de plus en plus détériorée de la classe politique par les « affaires » qui se succèdent depuis les années 1980. Le passage au pouvoir de ministres corrompus, la mise en examen de dirigeants appartenant à tous les partis, la condamnation par un tribunal d'un président du Conseil constitutionnel, Roland Dumas... Une enquête de la Sofres du 2 octobre 2000, publiée par Le Monde , donnait la mesure de la défiance généralisée. À la question : « Avez-vous le sentiment que la corruption est très fréquente, occasionnelle, rare ou tout à fait exceptionnelle parmi les parlementaires ? », 72 % des sondés répondaient par le soupçon.

On a le sentiment, en cette veille d'élection, que les « ministres intègres » et les « conseillers vertueux » se font rares. Le chef de l'État lui-même traîne des casseroles sonores, celles du Rassemblement pour la République (RPR) et de la mairie de Paris, qui le placent sous la menace des juges. Les « Guignols » de Canal+ affublent sa marionnette des initiales SM, « supermenteur », quolibet qu'une partie de la presse reprend à son compte. En dehors des indélicatesses des hommes et des financements occultes des partis, les réalités mêmes de la cohabitation, qui, cette fois, a duré cinq ans, ont pour effet de confondre la gauche et la droite dans une même réprobation.

Reste que Lionel Jospin et Jacques Chirac se retrouvaient face à face dans la campagne présidentielle et l'on s'attendait à les revoir l'un contre l'autre au second tour. En somme, ils eurent tendance, Jospin surtout, à confondre le premier et le second tour, comme si tout était joué d'emblée. Chirac avait mis du temps à découvrir Jospin, qu'il avait négligé ; Jospin éprouvait du mépris pour Chirac. Tous les deux se trompaient sur l'adversaire, Chirac étant convaincu de l'usure fatale de son Premier ministre par cinq ans de cohabitation, et Jospin sous-estimant les facultés de redressement du président.

« Délit de sale gueule »

Le 14 juillet 2001, Chirac accuse le gouvernement, dans son discours rituel, de négliger la sécurité des Français. C'est une déclaration de guerre ! Les deux hommes ne se ménageront plus. Le 21 février 2002, après avoir déclaré sa candidature, Jospin utilise une formule comme s'il était déjà au second tour : « Présider autrement » , c'est « l'idée d'une présidence qui assume véritablement son rôle » . Dans un meeting de la Mutualité, il griffe : « Il ne peut être le seul Français qui ne se soumet pas à la loi commune. » Et comme Chirac fait sa campagne sur la sécurité, Jospin ne cessera de dénoncer son adversaire qui joue sur les peurs, « non pas pour les conjurer, mais pour en faire les instruments de la conservation d'un pouvoir dont on sent qu'il vous échappe. »

Cependant, Jospin commit une erreur, psychologique celle-là, qui semble bien lui avoir été fatale. Le 11 mars, dans l'avion qui le ramène de la Réunion, il se laisse aller, lui d'ordinaire plutôt avare de confidences, à répondre aux questions des journalistes qui l'accompagnent. Il croit avoir le bon esprit de dire que Chirac est « vieilli » et « fatigué » , et donne une impression d' « usure » et de « passivité » . Le propos devenu public réveille incontinent l'endormi, qui comprend tout de suite la gaffe de l'autre : dans une société vieillissante, cette allusion à l'âge du capitaine n'est pas du meilleur effet ; Chirac saura en profiter. Fringant, comme rajeuni, dressé sur ses ergots, il contre-attaque : « Ce que fait Monsieur Jospin s'apparente un peu au délit de sale gueule. » On veut donc l'abattre par tous les moyens : « Est-ce que ce ne sont pas des méthodes qui rappellent celles de tous les extrémismes ? »

Lionel Jospin encaisse mal, comprend son impair, se sent déstabilisé et fait des lapsus étonnants. Lors d'un meeting, il dit ainsi : « Dans l'hypothèse que j'appelle de mes vieux... » Avant d'exprimer ses regrets le 19 mars, d'une curieuse formule : « Ce n'est pas moi. Cela ne me ressemble pas... » , qui fait le bonheur des psychanalystes. Cet épisode pourrait passer pour anecdotique, et pourtant, c'est à partir des propos crépusculaires et aériens de Jospin que celui-ci voit sa cote d'amour s'affaisser dans les sondages.

Émiettement à gauche et à droite

Trop sûr d'être au second tour, le candidat du Parti socialiste a aussi négligé de dissuader les candidatures de proximité. Chef d'une « gauche plurielle », il ne fait rien pour empêcher chacune des fractions de celle-ci de figurer au premier tour. Peut-être ne pouvait-il rien contre celle de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de François Mitterrand, en rupture de ban avec le PS, notamment sur l'Europe. Cependant, Jospin aurait pu négocier le retrait de la candidate du Parti radical, Christiane Taubira, celle de Noël Mamère, des Verts, et peut-être du candidat du Parti communiste, Robert Hue. L'émiettement de la gauche est de surcroît aggravé par les candidatures de trois militants d'extrême gauche, l'infatigable Arlette Laguiller de Lutte ouvrière, le jeune facteur Olivier Besancenot pour la Ligue communiste révolutionnaire, et Daniel Gluckstein pour les lambertistes.

La droite aussi est « plurielle » : la vieille opposition entre centristes et gaullistes revit grâce à François Bayrou. Appartenant à la famille démocrate chrétienne, européen convaincu, il a voulu protéger l'Union pour la démocratie française (UDF) de la fusion avec le RPR et la Démocratie libérale, qui aboutit à l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), constituée pour les législatives. Certains membres de l'UDF en seront ; Bayrou s'y refuse au nom de l'indépendance d'un centre droit qui doit défendre ses propres valeurs, une troisième voie.

Agrégé de lettres, souriant, d'allure juvénile, beau parleur, il conquiert peu à peu son public. À sa droite, un autre candidat, Alain Madelin, se présente au nom des idées libérales. Christine Boutin, vice-présidente du conseil général des Yvelines, qui s'est fait connaître à l'Assemblée par son opposition irréductible à la loi des socialistes sur le Pacte civil de solidarité (Pacs) au nom de la morale chrétienne, s'est risquée de son côté. Et enfin Corinne Lepage, ancienne ministre, défend sa propre vision de l'écologie.

Jean-Marie Le Pen sera quant à lui, une fois encore, le candidat du Front national. Si la conjoncture lui est favorable, il semble affaibli en raison de la scission qui s'est produite en 1998 à l'instigation de Bruno Mégret. Les résultats de la liste du Front national aux élections européennes de 1999, avec moins de 6 % des voix, ont été un échec pour Le Pen. Un peu vite, Le Nouvel Observateur a cru pouvoir titrer : « Le Pen, c'est fini. » Mais Le Pen est toujours là, la fleur à la boutonnière, provocant, hilare, enchanté de battre de nouveau les estrades et d'obtenir les 500 signatures obligatoires, malgré l'autre, ce Mégret, fondateur du Mouvement national républicain (MNR), qui les lui dispute.

Jamais une élection présidentielle n'a connu un éventail aussi large de partis et d'intérêts concurrents, y compris ceux des chasseurs et pêcheurs défendus par Jean Saint-Josse, de Chasse, pêche, nature et traditions, dont la liste a obtenu près de 7 % des suffrages aux européennes de 1999. Pourtant, la campagne, terne, sans véritable envolée, fait bâiller. Tout paraît se fixer sur l'inévitable affrontement du second tour Chirac-Jospin. On les connaît l'un et l'autre, ils ne peuvent surprendre.

La télévision, sensible à l'audimat, consacre de moins en moins d'heures à la campagne et aux candidats. « La campagne, c'est l'ennui », titre l'hebdomadaire Télérama . Le duel final annoncé ne motive guère l'attention. L'hypothèse, issue de certains sondages, selon laquelle Le Pen pourrait figurer au second tour soulève la colère de L'Humanité : « Revoilà la ficelle du vote utile, y écrit Maurice Ulrich. Il y aurait un danger de second tour Chirac-Le Pen, donc il faudrait, sans tergiverser, voter Jospin au premier tour. Le PS qui, depuis plusieurs jours, est à la recherche de moyens pour doper son candidat ne répugne pas à utiliser l'argument. Il est malsain. Gonfler le danger Le Pen à des fins de boutique, c'est lui donner encore plus de crédit qu'il n'en a. Il est mensonger, car son niveau dans les sondages n'est pas tel que l'hypothèse de sa présence au second tour soit crédible un instant. »

Coup de tonnerre ! Le 21 avril oppose un démenti total au quotidien communiste. Émoi, désarroi, sensation : Le Pen, contre toute attente, arrive second avec 16,86 % des voix.

En apprenant ces résultats, Jacques Chirac est consterné, éprouvant, dira-t-il, « un profond sentiment de malaise où l'effarement se mêle à la tristesse et à l'incompréhension » . Il arrive en tête, certes, mais il n'a même pas pu atteindre les 20 % des suffrages : jamais un président de la République sortant n'avait été si bas. Il est toutefois déterminé : « Le combat qui s'engage [pour le second tour] n'est plus celui que je m'apprêtais à livrer contre un adversaire en quelque sorte naturel, porte-parole d'une famille politique dont les convictions m'ont toujours paru respectables, même si je ne les partage pas. Par-delà nos divergences, il s'agit maintenant du combat de tous ceux qu'unissent une même idée de l'homme, de ses droits, de sa dignité, un même attachement aux traditions de liberté, de fraternité, de respect et de tolérance qui fondent notre pacte républicain 3 . »

« Une erreur au regard de l'unité nationale »

Le grand vaincu du 21 avril, Lionel Jospin, choisit la démission : « J'assume pleinement la responsabilité de cet échec, et j'en tire les conclusions en me retirant de la vie politique après la fin de l'élection présidentielle. » Mais, contrairement à son parti, il s'abstiendra de demander à ses électeurs de voter pour Chirac.

La mobilisation générale anti-Le Pen, pour incomplète qu'elle fût, emplit les rues et les places pendant deux semaines, avant d'emplir les urnes. Les jeunes et les moins jeunes se rejouaient le grand air de l'antifascisme, contre le « F-Haine ». Ce fut comme un ressort détendu, une indignation mêlée de honte, une tempête sur des pavés. Les porte-parole de la droite s'inquiétèrent quelque peu de cette effervescence et d'une victoire de Chirac qui rouvrirait la porte aux socialistes. Le 4 mai, l'éditorialiste du Figaro , Yves de Chaisemartin, était on ne peut plus clair : « Si le sursaut républicain, y compris de la gauche, en faveur de Jacques Chirac est salutaire, ne soyons pas dupes : dès dimanche, à 20 heures, on voudra étouffer Jacques Chirac, l'enfouir sous des votes venus de partout et d'ailleurs, pour en faire un "monarque républicain", certes populaire et garant des valeurs de la nation, mais sans pouvoir, et à qui l'on voudrait interdire d'appliquer son programme de gouvernement. »

Le 5 mai, Jacques Chirac l'emporte par 82,21 % des suffrages. Le soir, place de la République, « un Chirac grand style » , selon les mots de Paris Match , la voix ferme malgré une émotion perceptible, affirme sous les clameurs : « Je veux mettre la République au service de tous. Je veux que les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité reprennent toute leur place dans la vie de chacune et de chacun d'entre nous. » Reste que le président « le mieux élu de la Ve République » l'avait été dans des conditions qui ne témoignaient pas en faveur de la bonne santé de la République française.

La question se posait pour lui : l'élu de 82 % des Français pouvait-il gouverner, comme le souhaitaient les éditorialistes du Figaro , contre les socialistes, contre la gauche, contre tout un peuple qui l'avait soutenu contre l'extrême droite. « Je me dis aujourd'hui, écrira-t-il dans ses Mémoires , en y repensant, que j'aurais sans doute dû tout mettre en oeuvre pour parvenir à constituer une équipe dirigeante plus représentative des 82 % d'électeurs qui m'ont apporté leurs suffrages le 5 mai 2002. Je ne l'ai pas fait et ce fut probablement une erreur au regard de l'unité nationale dont j'étais le garant 4 . » Le regret est honorable, mais peut-être mal fondé. Sans doute Jacques Chirac, qui venait de vivre cinq ans de cohabitation, ne désirait pas en remettre une autre en place, fût-ce d'un nouveau style. Mais une raison moins subjective l'a inspiré à bon escient : une alliance gouvernementale avec la gauche, c'était offrir au Front national le monopole de l'opposition, lui donner le bénéfice d'être la seule force d'alternance.

Un des événements majeurs de la campagne aura été la réunification de la droite dans l'UMP. Une fraction du centre, derrière François Bayrou, a refusé cette fusion et maintenu l'UDF. Néanmoins, l'UMP est en passe de devenir ce que sont dans les autres démocraties libérales les grands partis conservateurs ou conservateurs-libéraux.

Cette droite modérée a bénéficié de la constance avec laquelle Jacques Chirac a refusé tout compromis avec le Front national5, alors qu'il était tentant pour beaucoup, dans les régions notamment, de faire des alliances, au moins tactiques, avec le FN. Le Pen en a tiré une haine rancuneuse à l'endroit du président de la République, mais la droite libérale et néo-gaulliste y a gagné son estampillage républicain.

Pour aller plus loin : Notre webdossier " les élections présidentielles de la Ve République "

Carte : Élections présidentielles de 2002 .

Le 21 avril 2002, le nombre de candidats au premier tour de l'élection présidentielle bat tous les records : seize candidats rivalisent, malgré les astreintes de la loi, obligeant chacun d'eux au soutien de 500 élus. Avec huit candidats de gauche ou d'extrême gauche, la gauche est particulièrement désunie. Elle le paie très cher, éliminée dès le premier tour ; Lionel Jospin, son candidat principal, qui a rassemblé 16,18 % des voix, annonce le jour même son retrait de la vie politique. Jacques Chirac, avec 19,88 % des suffrages, et Jean-Marie Le Pen, 16,86 %, s'affronteront au second tour. Au-delà du score sans précédent du Front national, le scrutin du 21 avril 2002 marque une très forte poussée des extrêmes : gauche et droite réunies, ils atteignent près de 30 % des suffrages. Pas loin d'un tiers des électeurs qui ont voté ce jour-là se sont placés, du moins théoriquement, hors du système politique. Ce scrutin voit aussi un très fort taux d'abstention : 28,40 %.

Il marque enfin une forte atomisation de l'expression politique : les deux candidats arrivés en tête au premier tour ne réunissent que 36,6 % des suffrages - contre plus de 76 % en 1965.

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En 2002, les manifestations contre l’extrême droite avaient fait reculer Jean-Marie Le Pen au second tour

2eme tour 2002

Professor of economics, Université Libre de Bruxelles (ULB)

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Professeur associé à la Solvay Brussels School of Economics and Management , Université Libre de Bruxelles (ULB)

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Doctorant en économie, Université Libre de Bruxelles (ULB)

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The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

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Outre leurs positions anti-immigration et un discours anti-élite, les partis d’extrême droite ont en commun d’avoir souvent amené leurs opposants à manifester en réaction à leurs succès électoraux. L’Allemagne, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Pologne, ou les États-Unis notamment ont connu ce type de mobilisations. Mais atteignent-elles leur objectif de réduire l’influence des partis d’extrême droite ?

Pour donner un élément de réponse à cette question, nous avons étudié les manifestations du 1ᵉʳ mai 2002 , qui s’étaient déroulées quatre jours avant le deuxième tour de l’élection présidentielle française pour lequel le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, s’était qualifié contre Jacques Chirac. Le même jour, environ 300 manifestations contre le candidat d’extrême droite avaient rassemblé plus d’un million et demi de participants à travers le pays, à l’appel des partis politiques, des syndicats et d’un ensemble d’associations.

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En étudiant la relation entre les résultats du deuxième tour et le nombre de participants, on peut observer finement les déplacements de voix provoqués par les manifestations. Nous avons donc rassemblé les résultats officiels de l’élection de 36 153 communes de France métropolitaine. En utilisant la presse nationale et régionale, nous avons collecté les données sur le nombre de participants aux manifestations.

La météo ne fait pas de politique

Mais les corrélations brutes peuvent être trompeuses : la mobilisation n’est probablement pas indépendante de la performance des candidats. Par exemple, si elle était plus forte dans les communes où l’électorat est fortement ancré à gauche et où Jean-Marie Le Pen obtient en général des scores plus faibles, on pourrait avoir l’impression que les manifestations sont efficaces quand bien même elles ne le seraient pas.

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C’est pourquoi nous avons exploité le fait que la météo avait été très différente d’une ville à l’autre le jour des manifestations. Comme le mauvais temps incite à rester chez soi mais ne fait pas de politique, il est indépendant de toute caractéristique des communes qui pourrait être corrélée à la fois avec la mobilisation du 1 er  mai et les résultats du deuxième tour. La météo permet donc d’isoler une variation purement exogène de la mobilisation du 1 er  mai. Si cette variation est corrélée avec les résultats, on mesure effectivement l’effet de la mobilisation sur les résultats du second tour.

Nos estimations confirment que les manifestations ont eu moins de succès dans les communes où il a plu le 1 er  mai 2002 que dans celles où il a fait beau. Nous avons donc pu étudier la relation entre le nombre de participants estimé à partir de la météo du 1 er  mai et le score de Jean-Marie Le Pen, celui de Jacques Chirac et aussi l’abstention et les votes blancs et nuls.

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Résultat : Plus la mobilisation dans une commune a été grande, moins les électrices et les électeurs y ont voté pour Jean-Marie Le Pen et se sont abstenus ou voté blanc ou nul. Ils y ont en revanche davantage voté pour Jacques Chirac.

Plus précisément, 1 % de manifestants en plus a fait baisser la part des votes pour Jean-Marie Le Pen de 0,399 point de pourcentage et la part des abstentions et des bulletins blancs et nuls de 0,304 point de pourcentage. À l’inverse, la part des votes de Jacques Chirac a augmenté de 0,818 point de pourcentage pour chaque point de pourcentage de participants supplémentaire.

On peut aussi utiliser nos estimations pour simuler les résultats du deuxième tour dans un scénario dans lequel aucune manifestation n’aurait eu lieu. Jean-Marie Le Pen aurait obtenu de 1,1 à 2,4 points en plus. Jacques Chirac aurait perdu de 2 à 4,4 points. Enfin, l’abstention aurait été plus élevée de 0,17 à 5 points.

Comme les sondages

Pour mieux comprendre les mécanismes d’action des manifestations, nous avons appliqué la même méthode aux données individuelles tirées du Panel électoral français , une enquête menée après le second tour auprès de plus de 3 000 personnes à qui on a demandé pour qui elles avaient voté, ainsi que leur opinion sur des sujets de la campagne électorale.

Nous avons ainsi pu confirmer les résultats obtenus pour les votes mais aussi distinguer les électeurs de gauche, de droite et du centre. Les manifestations augmentent la probabilité de voter Jacques Chirac tant parmi les personnes de gauche que de droite.

En revanche, si, à gauche, les manifestations réduisent la probabilité de voter blanc ou nul, à droite, elles réduisent la probabilité de voter pour Jean-Marie Le Pen. Les électeurs de gauche et de droite semblent donc avoir été confrontés à des dilemmes différents. Ceux de gauche hésitaient entre s’abstenir et voter pour Jacques Chirac, ceux de droite entre voter pour Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac. Les manifestations les ont incités à choisir Chirac. Elles n’ont en revanche pas eu d’effet sur les électeurs du centre.

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Par ailleurs, les manifestations ont réduit le soutien aux positions emblématiques de Jean-Marie Le Pen et du Front national. Les personnes interrogées vivant dans une commune où la mobilisation avait été plus forte déclaraient ainsi accorder moins d’importance à l’immigration, la défense des traditions, la critique de la classe politique, ou la sortie de la France de l’Union européenne. Elles étaient moins susceptibles de trouver qu’il y a trop d’immigrés et avaient plus de chances de considérer les immigrés comme une source d’enrichissement culturel.

Ces résultats sont compatibles avec les théories qui suggèrent que les manifestations fonctionnent comme des sondages qui signalent l’importance d’un problème au sein de la population.

Pression sociale

Le résultat le plus évocateur est apparu lorsque nous avons observé que les manifestations avaient réduit la probabilité de déclarer avoir voté pour Jean-Marie Le Pen au premier tour. Comme le premier tour avait eu lieu dix jours avant les manifestations, c’est donc que dans les communes où la mobilisation avait été plus forte les personnes interrogées étaient plus réticentes à avouer qu’elles avaient voté pour Jean-Marie Le Pen. Ce résultat suggère que les manifestations du 1 er  mai 2002 ont rendu le candidat d’extrême droite moins acceptable et augmenté la crainte d’être stigmatisé en déclarant avoir voté pour lui.

Il est probable que ce même biais ait influencé les votes. Comme il est courant de révéler son vote en famille ou entre amis, il aurait été socialement plus compromettant d’avoir voté pour Jean-Marie Le Pen dans les communes où la mobilisation avait été forte et envoyé le signal qu’une partie importante de leur population jugeait ce vote inacceptable. Dans le sens inverse, on a bien observé que, aux États-Unis, l’élection de Donald Trump, en révélant l’ampleur inattendue du soutien à un candidat tenant des propos racistes et sexistes, avait modifié les normes de comportement à l’égard des femmes et des immigrés .

Les manifestations du 1 er  mai 2002 ont atteint leur objectif, en partie en accentuant la pression morale sur les abstentionnistes ou les électeurs potentiels de Jean-Marie Le Pen. Une même mobilisation aurait-elle les mêmes effets aujourd’hui ? Certes, le contexte est différent. Une candidate d’extrême droite s’était qualifiée au deuxième tour de la présidentielle de 2017, sans que cela ne conduise à des manifestations, et sa qualification en 2022 n’est pas une surprise. En revanche, les mécanismes que nous avons observés n’ont pas disparu. La question est plutôt de savoir si les adversaires de l’extrême droite sauraient aujourd’hui se mobiliser autant qu’il y a vingt ans.

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Head of School, School of Arts & Social Sciences, Monash University Malaysia

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Chief Operating Officer (COO)

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Clinical Teaching Fellow

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Data Manager

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Director, Social Policy

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Élection présidentielle de 2002 : résultats du second tour

2eme tour 2002

Description

Source : Les Etudes de la DF : Les élections présidentielles en France, 2002 © Dila

Premier ministre

Article de presse

Date de création

22 mai 2014

Dernière mise à jour

30 avril 2024

1 jeu de données

Election présidentielle 2002 - résultats.

Par Ministère de l'Intérieur et des Outre-Mer

Résultats de l’élection présidentielle 2002, 2ème tour, par communes

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1995, 2002 : ces présidentielles où les sondages se sont plantés

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Depuis 1965, première présidentielle au suffrage universel, les études d’opinion ont le plus souvent annoncé le bon ordre d’arrivée au premier tour entre les principaux candidats. A deux exceptions près…

Marine Le Pen face à Emmanuel Macron. C’est le duel annoncé depuis des semaines par des sondages toujours plus nombreux et omniprésents, qui rythment plus que jamais cette élection présidentielle. Peuvent-ils se tromper ? La singularité de cette compagne électorale, où rien ne se passe tout à fait comme prévu, et les nombreuses surprises ayant échappé aux instituts de sondages récemment (du vote pour le Brexit à la victoire de Trump, en passant par les résultats des primaires) doivent plus que jamais inciter à la prudence. D’autant qu’à mesure que le premier tour se rapproche, les écarts entre les quatre premiers candidats se resserrent et que, rappelons-le, des marges d’erreur non négligeables sont à prendre en compte .

Au regard de l’histoire de la Ve République, les sondages ont globalement vu juste lors des différentes présidentielles, reflétant le bon ordre d’arrivée au premier tour entre les principaux candidats, à défaut d’annoncer avec précision leurs scores. Mais pas moins de deux scrutins sur neuf – ceux de 1995 et 2002 – ont tout de même fortement contredit les études d’opinion menées pendant la campagne. Deux accidents industriels majeurs, qui n'ont pourtant pas atténué la place qu'occupent les sondages lors des présidentielles, bien au contraire. Cette année, pas moins de 300 enquêtes ont ainsi déjà été commandées depuis janvier...

Et si Marine Le Pen n'était pas au second tour ?

1995 : "La première victime ce soir, ce sont les instituts de sondages" 

Au soir du premier tour de l'élection présidentielle 1995, c'est bien le duel Jospin-Chirac, annoncé depuis des semaines par l'ensemble des instituts de sondage, qui se dessine. Ces derniers n'échappent toutefois pas à la critique. Car l'ordre d'arrivée n'est tout simplement pas celui qui avait été prédit.

Dans le mois précédent le scrutin, c'est Jacques Chirac qui est systématiquement placé en tête par les instituts de sondage, devant Lionel Jospin. Et ce, avec un écart significatif, d'environ 4 points. Or dans la soirée du 23 avril, c'est le candidat socialiste qui se hisse en tête, avec 2,5 points d'avance sur le maire de Paris. "Focalisés et aveuglés par le duel Chirac-Balladur, les sondeurs ont sous-estimé voire oublié Jospin", résume Alain Garrigou, professeur de science politique à Paris-X Nanterre . "En moyenne, Lionel Jospin a été sous-évalué de trois points et Jacques Chirac surévalué d'autant. Edouard Balladur fut correctement estimé par certains instituts, sensiblement sous-estimé par d'autres", résume Eric Dupin à l'époque, dans les colonnes de "Libération" .

Ce soir-là, le principal contempteur des sondages est un certain Nicolas Sarkozy, qui fera pourtant abondamment appel à eux une fois élu président de la République  douze ans plus tard. Face à Pierre Giacometti, alors directeur exécutif de BVA – qui deviendra en 2007 conseiller de... Nicolas Sarkozy  –, le porte-parole d'Edouard Balladur lance  :

Dans le viseur de Nicolas Sarkozy, les écarts annoncés entre Chirac et son candidat : à compter du mois de mars, le maire de Paris a régulièrement été crédité de 26% des intentions de vote, quand son rival à droite était seulement annoncé autour de 18% voire 16%. Soit près de 10 points d'écart... Finalement, celui-ci ne sera que d'un peu moins de deux points. Chirac fait moins bien que prévu (20,84%) et Balladur est moins décroché qu'annoncé (18,58%). "Le camp Balladur ressent alors une certaine frustration : les soutiens du Premier ministre, le nez sur les sondages, ont longtemps pensé l'élection jouée", souligne Alain Garrigou :

Jospin, Bayrou… Mélenchon ? Le troisième homme de la présidentielle, loser magnifique

2002 : "L'influence des sondages a été très grande"

Plus encore que 1995, la présidentielle 2002 fait figure de "crash sondagier". Dans les dernières semaines de campagne, aucun institut de sondage n'envisage la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour. A un mois du premier tour, le candidat d'extrême droite est annoncé autour de 10-12%, puis à 13,5% à quelques jours du premier tour. Les sondages notent bien une légère hausse assez régulière du candidat frontiste. Mais il reste largement derrière Jacques Chirac et même Lionel Jospin, qui est lui donné à plus de 20% jusqu'à début avril, puis aux alentours de 18% une à deux semaines avant le premier tour.

Or, contre toute attente, Lionel Jospin ne termine à l'issue du premier tour qu'à la troisième place, avec 16,18% des voix. Il est devancé par Jean-Marie Le Pen (16,9%) et Jacques Chirac (19,9%). En 1995, les sondeurs n'avaient pas décelé l'arrivée à la première place de Lionel Jospin. Sept ans après, c'est son éviction des deux places qualificatives pour le second tour qui leur échappe...

Vivement critiqués, les sondeurs adoptent alors une même ligne de défense, invoquant le fort niveau d'abstention, la difficulté de prendre la mesure du vote FN et la forte volatilité des électeurs... Certains affirment même avoir perçu, dans les dernières heures de la campagne, la remontée de Jean-Marie Le Pen, mais n'ont pas pu le dire, les sondages étant prohibés 48 heures avant le vote.

Pour Alain Garrigou, très critique à l'égard des sondages, la responsabilité des sondeurs en 2002 ne tient pas qu'à un mauvais diagnostic. Il les accuse surtout d'avoir influencé les candidats comme les électeurs.  "Les sondages leur étant favorables, Lionel Jospin comme les électeurs de gauche sont devenus extrêmement crédules à l'approche de la présidentielle 2002", explique l'universitaire :

Les 22 débats cruciaux qui divisent les candidats à la présidentielle

Un constat partagé, au lendemain de ce scrutin, par Emmanuel Kessler, auteur de "la Folie des sondeurs" . " Tous, je dis bien tous, nous ont présenté l’élection présidentielle comme ayant cette particularité que cette année, pour la première fois, le premier tour était joué d’avance, qu’il n’y avait aucun suspense, aucune incertitude sur la qualification des deux finalistes", déplorait le journaliste, deux jours après le premier tour , sur RFI. 

Sébastien Billard

IMAGES

  1. 20h France 2 du 22 Avril 2002

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  2. Présidentielle 2002 2ème tour : 2ème partie

    2eme tour 2002

  3. Présidentielle 2002 : 2ème tour (flash 18h46)

    2eme tour 2002

  4. Jacques Chirac

    2eme tour 2002

  5. Présidentielle 2002 2ème tour : 1ère partie

    2eme tour 2002

  6. Carte des résultats du second tour de l'élection présidentielle 2002

    2eme tour 2002

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  3. Россия

  4. DE

  5. НАШЕСТВИЕ 2002: Би-2

  6. SERIGNE MOUSTAPHA SY. UR 2009 2EME COURS p1

COMMENTS

  1. Élection présidentielle 2002 : résultats des deux tours

    Par : La Rédaction. Le premier tour du scrutin a lieu le 21 avril 2002 et le second tour, le 5 mai 2002. Jacques Chirac est réélu président de la République française avec 82,21% des suffrages. Sommaire. Résultats du premier tour. Résultats du second tour.

  2. Élection présidentielle française de 2002

    L'élection présidentielle française de 2002 a pourvu à l'élection, au suffrage universel et au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, du président de la République française pour le premier quinquennat de l'histoire. Elle est la huitième élection présidentielle de la V e République et la septième au suffrage universel direct. Le scrutin se tient les 21 avril et 5 mai 2002.

  3. 2002 French presidential election

    2002 French presidential election. Presidential elections were held in France on 21 April 2002, with a runoff election between the top two candidates, incumbent Jacques Chirac of the Rally for the Republic and Jean-Marie Le Pen of the National Front, on 5 May. This presidential contest attracted a greater than usual amount of international ...

  4. Bilan du second tour de l'élection présidentielle de 2002

    Les résultats du second tour sont les suivants : * : Y compris les suffrages exprimés dans les sept bureaux de vote ayant fait l'objet d'une annulation globale. Le taux d'abstention s'établit donc à 20,29 % et la proportion des blancs et nuls (par rapport aux votants) à 5,39 %. La décision du 8 mai 2002 procède à l'annulation des ...

  5. 21 avril 2002 : le choc du FN au second tour de la présidentielle

    Au soir du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, le candidat socialiste Lionel Jospin est éliminé et annonce son retrait de la vie politique. À sa place, c'est le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, qui accède au second tour. Un traumatisme pour une majorité de Français. Une date entrée dans l'histoire.

  6. Jean-Marie Le Pen

    Abonnez-vous http://bit.ly/inapolitiqueCampagne officielle élection du Président de la République 2002 - 2ème tour29/04/2002 Message d'information. Campagne ...

  7. Jacques Chirac

    Abonnez-vous http://bit.ly/inapolitiqueCampagne officielle élection du Président de la République 2ème tour : [programme du 5 mai 2002]Message d'information....

  8. Résultats de l'élection présidentielle 2002

    21 avril 2002 Nombre % inscrits Inscrits 41 192 272 Abstention 8 359 440 20,29% Votants 32 832 832 79,71% ... M. Jacques CHIRAC 25 537 894 82,21% M. Jean-Marie LE PEN 5 525 034 17,79% Taux de participation au 2ème tour à 12h00 : 26,10% Taux de participation au 2ème tour à 17h00 : 67,60%. Résultats par départements [format xls] ...

  9. 5 mai 2002 : la victoire à 82 %

    L'élection présidentielle de 2002 aura été, à coup sûr, un des moments forts dans la carrière de Jacques Chirac. Président de la République, il avait une revanche à prendre. Élu en 1995, malavisé, il avait cru devoir dissoudre l'Assemblée nationale en 1997. La gauche l'avait emporté aux législatives suivantes, et la plus longue période de cohabitation devait durer jusqu'en 2002.

  10. En 2002, Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle ...

    Récit Il y a vingt ans, le 21 avril 2002, à la surprise générale, Jean-Marie Le Pen se qualifiait pour le second tour. Dans les jours qui ont suivi, un gigantesque front républicain s'est levé. A 19h05, ce dimanche 21 avril 2002, Dominique de Villepin pointe une tête dans le bureau où Jacques Chirac est occupé à donner ses consignes ...

  11. Un Le Pen au second tour : 2002 / 2017

    https://www.franceculture.fr/politique/un-le-pen-au-second-tour-2002-20172002 : Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l'élection présidentielle à la sur...

  12. Présidentielle 2002 : Jean-Marie Le Pen était "très surpris" d'accéder

    Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour de la présidentielle. Un choc dans l'histoire de la Vème République et une immense surprise pour le candidat du Front National.

  13. En 2002, les manifestations contre l'extrême droite avaient fait

    En 2002, les manifestations contre l'extrême droite avaient fait reculer Jean-Marie Le Pen au second tour Published: April 11, 2022 5:07pm EDT • Updated: April 11, 2022 5:45pm EDT

  14. Élection présidentielle de 2002 : résultats du second tour

    Election présidentielle 2002 - Résultats. Par Ministère de l'Intérieur et des Outre-Mer. Résultats de l'élection présidentielle 2002, 2ème tour, par communes. Qualité des métadonnées :

  15. 1995, 2002 : ces présidentielles où les sondages se sont plantés

    Au regard de l'histoire de la Ve République, les sondages ont globalement vu juste lors des différentes présidentielles, reflétant le bon ordre d'arrivée au premier tour entre les principaux candidats, à défaut d'annoncer avec précision leurs scores. Mais pas moins de deux scrutins sur neuf - ceux de 1995 et 2002 - ont tout de ...

  16. 20h France 2 du 22 Avril 2002

    Abonnez-vous http://bit.ly/inaactuprésenté par David PujadasA la une:- Le Pen au second tour des élections présidentielles- François Hollande en charge des ...

  17. Eminem's 2002 Concert & Tour History

    Anger Management Tour. Fiddler's Green Amphitheatre. Greenwood Village, Colorado, United States. Aug 21, 2002. Eminem / Papa Roach / Ludacris. Tingley Coliseum. Albuquerque, New Mexico, United States. Aug 20, 2002. "Anger Management Tour" / Eminem / Papa Roach / Ludacris / xzibit.

  18. 2002 Tour de France

    The 2002 Tour de France was a multiple-stage bicycle race held from 6 to 28 July, and the 89th edition of the Tour de France. The event started in Luxembourg and ended in Paris. The Tour circled France counter-clockwise, visiting the Pyrenees before the Alps. It has no overall winner—although American cyclist Lance Armstrong originally won the event, the United States Anti-Doping Agency ...

  19. Spécial PRÉSIDENTIELLE 2002

    Revivez les meilleurs moments de l'élection présidentielle de 2002 ! Au programme : les tensions entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, l'écologie quelque pe...

  20. The Who's 2002 Concert & Tour History

    The Who's 2002 Concert History. The Who is an English rock band formed in 1964. Their classic line-up consisted of lead singer Roger Daltrey, guitarist and singer Pete Townshend, bass guitarist John Entwistle, and drummer Keith Moon. They are considered one of the most influential rock bands of the 20th century, selling over 100 million records ...

  21. 2002 Tour de France

    The 2002 Tour de France was a multiple-stage bicycle race held from 6 to 28 July, and the 89th edition of the Tour de France.The event started in Luxembourg and ended in Paris. The Tour circled France counter-clockwise, visiting the Pyrenees before the Alps.It has no overall winner—although American cyclist Lance Armstrong originally won the event, the United States Anti-Doping Agency ...

  22. Soirée électorale des élections présidentielles : 2ème tour

    Résultats, analyses, invités et reportages... Emission spéciale à l'occasion du second tour de la présidentielle présentée par Emilie Aubry et Michel Grossio...

  23. Résultats élection présidentielle 2002 2e tour

    Résultats élection présidentielle 2002 2e tour