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Le Tour du monde en quatre-vingts jours/Texte entier

TOUR DU MONDE

EN QUATRE-VINGTS JOURS

'Around the World in Eighty Days' by Neuville and Benett 02

Paris. — Imp. Gauthier-Villars , 53. quai des Grands-Augustins.

tour du monde 3 jours

I dans lequel phileas fogg et passepartout s’acceptent réciproquement, l’un comme maître, l’autre comme domestique.

En l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens, — maison dans laquelle Shéridan mourut en 1814, — était habitée par Phileas Fogg, esq., l’un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu’il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l’attention.

À l’un des plus grands orateurs qui honorent l’Angleterre, succédait donc ce Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne savait rien, sinon que c’était un fort galant homme et l’un des plus beaux gentlemen de la haute société anglaise.

On disait qu’il ressemblait à Byron, — par la tête, car il était irréprochable quant aux pieds, — mais un Byron à moustaches et à favoris, un Byron impassible, qui aurait vécu mille ans sans vieillir.

Anglais, à coup sûr, Phileas Fogg n’était peut-être pas Londonner. On ne l’avait jamais vu ni à la Bourse, ni à la Banque, ni dans aucun des comptoirs de la Cité. Ni les bassins ni les docks de Londres n’avaient jamais reçu un navire ayant pour armateur Phileas Fogg. Ce gentleman ne figurait dans aucun comité d’administration. Son nom n’avait jamais retenti dans un collège d’avocats, ni au Temple, ni à Lincoln’s-inn, ni à Gray’s-inn. Jamais il ne plaida ni à la Cour du chancelier, ni au Banc de la Reine, ni à l’Echiquier, ni en Cour ecclésiastique. Il n’était ni industriel, ni négociant, ni marchand, ni agriculteur. Il ne faisait partie ni de l’ Institution royale de la Grande-Bretagne , ni de l’ Institution de Londres , ni de l’ Institution des Artisans , ni de l’ Institution Russell , ni de l’ Institution littéraire de l’Ouest , ni de l’ Institution du Droit , ni de cette Institution des Arts et des Sciences réunis , qui est placée sous le patronage direct de Sa Gracieuse Majesté. Il n’appartenait enfin à aucune des nombreuses sociétés qui pullulent dans la capitale de l’Angleterre, depuis la Société de l’Armonica jusqu’à la Société entomologique , fondée principalement dans le but de détruire les insectes nuisibles.

Phileas Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout.

À qui s’étonnerait de ce qu’un gentleman aussi mystérieux comptât parmi les membres de cette honorable association, on répondra qu’il passa sur la recommandation de MM. Baring frères, chez lesquels il avait un crédit ouvert. De là une certaine « surface », due à ce que ses chèques étaient régulièrement payés à vue par le débit de son compte courant invariablement créditeur.

Ce Phileas Fogg était-il riche ? Incontestablement. Mais comment il avait fait fortune, c’est ce que les mieux informés ne pouvaient dire, et Mr. Fogg était le dernier auquel il convînt de s’adresser pour l’apprendre. En tout cas, il n’était prodigue de rien, mais non avare, car partout où il manquait un appoint pour une chose noble, utile ou généreuse, il l’apportait silencieusement et même anonymement.

En somme, rien de moins communicatif que ce gentleman. Il parlait aussi peu que possible, et semblait d’autant plus mystérieux qu’il était silencieux. Cependant sa vie était à jour, mais ce qu’il faisait était si mathématiquement toujours la même chose, que l’imagination, mécontente, cherchait au delà.

Avait-il voyagé ? C’était probable, car personne ne possédait mieux que lui la carte du monde. Il n’était endroit si reculé dont il ne parût avoir une connaissance spéciale. Quelquefois, mais en peu de mots, brefs et clairs, il redressait les mille propos qui circulaient dans le club au sujet des voyageurs perdus ou égarés ; il indiquait les vraies probabilités, et ses paroles s’étaient trouvées souvent comme inspirées par une seconde vue, tant l’événement finissait toujours par les justifier. C’était un homme qui avait dû voyager partout, — en esprit, tout au moins.

Ce qui était certain toutefois, c’est que, depuis de longues années, Phileas Fogg n’avait pas quitté Londres. Ceux qui avaient l’honneur de le connaître un peu plus que les autres attestaient que, — si ce n’est sur ce chemin direct qu’il parcourait chaque jour pour venir de sa maison au club, — personne ne pouvait prétendre l’avoir jamais vu ailleurs. Son seul passe-temps était de lire les journaux et de jouer au whist. À ce jeu du silence, si bien approprié à sa nature, il gagnait souvent, mais ses gains n’entraient jamais dans sa bourse et figuraient pour une somme importante à son budget de charité. D’ailleurs, il faut le remarquer, Mr. Fogg jouait évidemment pour jouer, non pour gagner. Le jeu était pour lui un combat, une lutte contre une difficulté, mais une lutte sans mouvement, sans déplacement, sans fatigue, et cela allait à son caractère.

On ne connaissait à Phileas Fogg ni femme ni enfants, — ce qui peut arriver aux gens les plus honnêtes, — ni parents ni amis, — ce qui est plus rare en vérité. Phileas Fogg vivait seul dans sa maison de Saville-row, où personne ne pénétrait. De son intérieur, jamais il n’était question. Un seul domestique suffisait à le servir. Déjeunant, dînant au club à des heures chronométriquement déterminées, dans la même salle, à la même table, ne traitant point ses collègues, n’invitant aucun étranger, il ne rentrait chez lui que pour se coucher, à minuit précis, sans jamais user de ces chambres confortables que le Reform-Club tient à la disposition des membres du cercle. Sur vingt-quatre heures, il en passait dix à son domicile, soit qu’il dormît, soit qu’il s’occupât de sa toilette. S’il se promenait, c’était invariablement, d’un pas égal, dans la salle d’entrée parquetée en marqueterie, ou sur la galerie circulaire, au-dessus de laquelle s’arrondit un dôme à vitraux bleus, que supportent vingt colonnes ioniques en porphyre rouge. S’il dînait ou déjeunait, c’étaient les cuisines, le garde-manger, l’office, la poissonnerie, la laiterie du club, qui fournissaient à sa table leurs succulentes réserves ; c’étaient les domestiques du club, graves personnages en habit noir, chaussés de souliers à semelles de molleton, qui le servaient dans une porcelaine spéciale et sur un admirable linge en toile de Saxe ; c’étaient les cristaux à moule perdu du club qui contenaient son sherry, son porto ou son claret mélangé de cannelle, de capillaire et de cinnamome ; c’était enfin la glace du club — glace venue à grands frais des lacs d’Amérique — qui entretenait ses boissons dans un satisfaisant état de fraîcheur.

Si vivre dans ces conditions, c’est être un excentrique, il faut convenir que l’excentricité a du bon !

La maison de Saville-row, sans être somptueuse, se recommandait par un extrême confort. D’ailleurs, avec les habitudes invariables du locataire, le service s’y réduisait à peu. Toutefois, Phileas Fogg exigeait de son unique domestique une ponctualité, une régularité extraordinaires. Ce jour-là même, 2 octobre, Phileas Fogg avait donné son congé à James Forster, — ce garçon s’étant rendu coupable de lui avoir apporté pour sa barbe de l’eau à quatre-vingt-quatre degrés Fahrenheit au lieu de quatre-vingt-six, — et il attendait son successeur, qui devait se présenter entre onze heures et onze heures et demie.

Phileas Fogg, carrément assis dans son fauteuil, les deux pieds rapprochés comme ceux d’un soldat à la parade, les mains appuyées sur les genoux, le corps droit, la tête haute, regardait marcher l’aiguille de la pendule, — appareil compliqué qui indiquait les heures, les minutes, les secondes, les jours, les quantièmes et l’année. À onze heures et demie sonnant, Mr. Fogg devait, suivant sa quotidienne habitude, quitter la maison et se rendre au Reform-Club.

En ce moment, on frappa à la porte du petit salon dans lequel se tenait Phileas Fogg.

James Forster, le congédié, apparut.

« Le nouveau domestique, » dit-il.

Un garçon âgé d’une trentaine d’années se montra et salua.

« Vous êtes Français et vous vous nommez John ? lui demanda Phileas Fogg.

— Jean, n’en déplaise à monsieur, répondit le nouveau venu, Jean Passepartout, un surnom qui m’est resté, et que justifiait mon aptitude naturelle à me tirer d’affaire. Je crois être un honnête garçon, monsieur, mais, pour être franc, j’ai fait plusieurs métiers. J’ai été chanteur ambulant, écuyer dans un cirque, faisant de la voltige comme Léotard, et dansant sur la corde comme Blondin ; puis je suis devenu professeur de gymnastique, afin de rendre mes talents plus utiles, et, en dernier lieu, j’étais sergent de pompiers, à Paris. J’ai même dans mon dossier des incendies remarquables. Mais voilà cinq ans que j’ai quitté la France et que, voulant goûter de la vie de famille, je suis valet de chambre en Angleterre. Or, me trouvant sans place et ayant appris que Monsieur Phileas Fogg était l’homme le plus exact et le plus sédentaire du Royaume-Uni, je me suis présenté chez monsieur avec l’espérance d’y vivre tranquille et d’oublier jusqu’à ce nom de Passepartout…

— Passepartout me convient, répondit le gentleman. Vous m’êtes recommandé. J’ai de bons renseignements sur votre compte. Vous connaissez mes conditions ?

— Oui, monsieur.

— Bien. Quelle heure avez-vous ?

— Onze heures vingt-deux, répondit Passepartout, en tirant des profondeurs de son gousset une énorme montre d’argent.

— Vous retardez, dit Mr. Fogg.

— Que monsieur me pardonne, mais c’est impossible.

— Vous retardez de quatre minutes. N’importe. Il suffit de constater l’écart. Donc, à partir de ce moment, onze heures vingt-neuf du matin, ce mercredi 2 octobre 1872, vous êtes à mon service. »

Cela dit, Phileas Fogg se leva, prit son chapeau de la main gauche, le plaça sur sa tête avec un mouvement d’automate et disparut sans ajouter une parole.

Passepartout entendit la porte de la rue se fermer une première fois : c’était son nouveau maître qui sortait ; puis une seconde fois : c’était son prédécesseur, James Forster, qui s’en allait à son tour.

Passepartout demeura seul dans la maison de Saville-row.

II où passepartout est convaincu qu’il a enfin trouvé son idéal.

« Sur ma foi, se dit Passepartout, un peu ahuri tout d’abord, j’ai connu chez M me Tussaud des bonshommes aussi vivants que mon nouveau maître ! »

Il convient de dire ici que les « bonshommes » de M me Tussaud sont des figures de cire, fort visitées à Londres, et auxquelles il ne manque vraiment que la parole.

Pendant les quelques instants qu’il venait d’entrevoir Phileas Fogg, Passepartout avait rapidement, mais soigneusement examiné son futur maître. C’était un homme qui pouvait avoir quarante ans, de figure noble et belle, haut de taille, que ne déparait pas un léger embonpoint, blond de cheveux et de favoris, front uni sans apparences de rides aux tempes, figure plutôt pâle que colorée, dents magnifiques. Il paraissait posséder au plus haut degré ce que les physionomistes appellent « le repos dans l’action », faculté commune à tous ceux qui font plus de besogne que de bruit. Calme, flegmatique, l’œil pur, la paupière immobile, c’était le type achevé de ces Anglais à sang-froid qui se rencontrent assez fréquemment dans le Royaume-Uni, et dont Angelica Kauffmann a merveilleusement rendu sous son pinceau l’attitude un peu académique. Vu dans les divers actes de son existence, ce gentleman donnait l’idée d’un être bien équilibré dans toutes ses parties, justement pondéré, aussi parfait qu’un chronomètre de Leroy ou de Earnshaw. C’est qu’en effet, Phileas Fogg était l’exactitude personnifiée, ce qui se voyait clairement à « l’expression de ses pieds et de ses mains », car chez l’homme, aussi bien que chez les animaux, les membres eux-mêmes sont des organes expressifs des passions.

Phileas Fogg était de ces gens mathématiquement exacts, qui, jamais pressés et toujours prêts, sont économes de leurs pas et de leurs mouvements. Il ne faisait pas une enjambée de trop, allant toujours par le plus court. Il ne perdait pas un regard au plafond. Il ne se permettait aucun geste superflu. On ne l’avait jamais vu ému ni troublé. C’était l’homme le moins hâté du monde, mais il arrivait toujours à temps. Toutefois, on comprendra qu’il vécût seul et pour ainsi dire en dehors de toute relation sociale. Il savait que dans la vie il faut faire la part des frottements, et comme les frottements retardent, il ne se frottait à personne.

tour du monde 3 jours

Quant à Jean, dit Passepartout, un vrai Parisien de Paris, depuis cinq ans qu’il habitait l’Angleterre et y faisait à Londres le métier de valet de chambre, il avait cherché vainement un maître auquel il pût s’attacher.

Passepartout n’était point un de ces Frontins ou Mascarilles qui, les épaules hautes, le nez au vent, le regard assuré, l’œil sec, ne sont que d’impudents drôles. Non. Passepartout était un brave garçon, de physionomie aimable, aux lèvres un peu saillantes, toujours prêtes à goûter ou à caresser, un être doux et serviable, avec une de ces bonnes têtes rondes que l’on aime à voir sur les épaules d’un ami. Il avait les yeux bleus, le teint animé, la figure assez grasse pour qu’il pût lui-même voir les pommettes de ses joues, la poitrine large, la taille forte, une musculature vigoureuse, et il possédait une force herculéenne que les exercices de sa jeunesse avaient admirablement développée. Ses cheveux bruns étaient un peu rageurs. Si les sculpteurs de l’antiquité connaissaient dix-huit façons d’arranger la chevelure de Minerve, Passepartout n’en connaissait qu’une pour disposer la sienne : trois coups de démêloir, et il était coiffé.

De dire si le caractère expansif de ce garçon s’accorderait avec celui de Phileas Fogg, c’est ce que la prudence la plus élémentaire ne permet pas. Passepartout serait-il ce domestique foncièrement exact qu’il fallait à son maître ? On ne le verrait qu’à l’user. Après avoir eu, on le sait, une jeunesse assez vagabonde, il aspirait au repos. Ayant entendu vanter le méthodisme anglais et la froideur proverbiale des gentlemen, il vint chercher fortune en Angleterre. Mais, jusqu’alors, le sort l’avait mal servi. Il n’avait pu prendre racine nulle part. Il avait fait dix maisons. Dans toutes, on était fantasque, inégal, coureur d’aventures ou coureur de pays, — ce qui ne pouvait plus convenir à Passepartout. Son dernier maître, le jeune lord Longsferry, membre du Parlement, après avoir passé ses nuits dans les « oysters-rooms » d’Hay-Market, rentrait trop souvent au logis sur les épaules des policemen. Passepartout, voulant avant tout pouvoir respecter son maître, risqua quelques respectueuses observations qui furent mal reçues, et il rompit. Il apprit, sur les entrefaites, que Phileas Fogg, esq., cherchait un domestique. Il prit des renseignements sur ce gentleman. Un personnage dont l’existence était si régulière, qui ne découchait pas, qui ne voyageait pas, qui ne s’absentait jamais, pas même un jour, ne pouvait que lui convenir. Il se présenta et fut admis dans les circonstances que l’on sait.

Passepartout — onze heures et demie étant sonnées — se trouvait donc seul dans la maison de Saville-row. Aussitôt il en commença l’inspection. Il la parcourut de la cave au grenier. Cette maison propre, rangée, sévère, puritaine, bien organisée pour le service, lui plut. Elle lui fit l’effet d’une belle coquille de colimaçon, mais d’une coquille éclairée et chauffée au gaz, car l’hydrogène carburé y suffisait à tous les besoins de lumière et de chaleur. Passepartout trouva sans peine, au second étage, la chambre qui lui était destinée. Elle lui convint. Des timbres électriques et des tuyaux acoustiques la mettaient en communication avec les appartements de l’entresol et du premier étage. Sur la cheminée, une pendule électrique correspondait avec la pendule de la chambre à coucher de Phileas Fogg, et les deux appareils battaient au même instant la même seconde.

« Cela me va, cela me va ! » se dit Passepartout.

Il remarqua aussi, dans sa chambre, une notice affichée au-dessus de la pendule. C’était le programme du service quotidien. Il comprenait — depuis huit heures du matin, heure réglementaire à laquelle se levait Phileas Fogg, jusqu’à onze heures et demie, heure à laquelle il quittait sa maison pour aller déjeuner au Reform-Club — tous les détails du service, le thé et les rôties de huit heures vingt-trois, l’eau pour la barbe de neuf heures trente-sept, la coiffure de dix heures moins vingt, etc. Puis de onze heures et demie du matin à minuit, — heure à laquelle se couchait le méthodique gentleman, — tout était noté, prévu, régularisé. Passepartout se fit une joie de méditer ce programme et d’en graver les divers articles dans son esprit.

Quant à la garde-robe de monsieur, elle était fort bien montée et merveilleusement comprise. Chaque pantalon, habit ou gilet portait un numéro d’ordre reproduit sur un registre d’entrée et de sortie, indiquant la date à laquelle, suivant la saison, ces vêtements devaient être tour à tour portés. Même réglementation pour les chaussures.

En somme, dans cette maison de Saville-row, — qui devait être le temple du désordre à l’époque de l’illustre mais dissipé Shéridan , — ameublement confortable, annonçant une belle aisance. Pas de bibliothèque, pas de livres, qui eussent été sans utilité pour Mr. Fogg, puisque le Reform-Club mettait à sa disposition deux bibliothèques, l’une consacrée aux lettres, l’autre au droit et à la politique. Dans la chambre à coucher, un coffre-fort de moyenne grandeur, que sa construction défendait aussi bien de l’incendie que du vol. Point d’armes dans la maison, aucun ustensile de chasse ou de guerre. Tout y dénotait les habitudes les plus pacifiques.

Après avoir examiné cette demeure en détail, Passepartout se frotta les mains, sa large figure s’épanouit, et il répéta joyeusement :

« Cela me va ! voilà mon affaire ! Nous nous entendrons parfaitement, Mr. Fogg et moi ! Un homme casanier et régulier ! Une véritable mécanique ! Eh bien, je ne suis pas fâché de servir une mécanique ! »

III où s’engage une conversation qui pourra coûter cher à phileas fogg.

Phileas Fogg avait quitté sa maison de Saville-row à onze heures et demie, et, après avoir placé cinq cent soixante-quinze fois son pied droit devant son pied gauche et cinq cent soixante-seize fois son pied gauche devant son pied droit, il arriva au Reform-Club, vaste édifice, élevé dans Pall-Mall, qui n’a pas coûté moins de trois millions à bâtir.

Phileas Fogg se rendit aussitôt à la salle à manger, dont les neuf fenêtres s’ouvraient sur un beau jardin aux arbres déjà dorés par l’automne. Là, il prit place à la table habituelle où son couvert l’attendait. Son déjeuner se composait d’un hors-d’œuvre, d’un poisson bouilli relevé d’une « reading sauce » de premier choix, d’un roastbeef écarlate agrémenté de condiments « mushroom », d’un gâteau farci de tiges de rhubarbe et de groseilles vertes, d’un morceau de chester, — le tout arrosé de quelques tasses de cet excellent thé, spécialement recueilli pour l’office du Reform-Club.

À midi quarante-sept, ce gentleman se leva et se dirigea vers le grand salon, somptueuse pièce, ornée de peintures richement encadrées. Là, un domestique lui remit le Times non coupé, dont Phileas Fogg opéra le laborieux dépliage avec une sûreté de main qui dénotait une grande habitude de cette difficile opération. La lecture de ce journal occupa Phileas Fogg jusqu’à trois heures quarante-cinq, et celle du Standard — qui lui succéda — dura jusqu’au dîner. Ce repas s’accomplit dans les mêmes conditions que le déjeuner, avec adjonction de « royal british sauce ».

À six heures moins vingt, le gentleman reparut dans le grand salon et s’absorba dans la lecture du Morning-Chronicle .

Une demi-heure plus tard, divers membres du Reform-Club faisaient leur entrée et s’approchaient de la cheminée, où brûlait un feu de houille. C’étaient les partenaires habituels de Mr. Phileas Fogg, comme lui enragés joueurs de whist : l’ingénieur Andrew Stuart, les banquiers John Sullivan et Samuel Fallentin, le brasseur Thomas Flanagan, Gauthier Ralph, un des administrateurs de la Banque d’Angleterre, — personnages riches et considérés, même dans ce club qui compte parmi ses membres les sommités de l’industrie et de la finance.

« Eh bien, Ralph, demanda Thomas Flanagan, où en est cette affaire de vol ?

— Eh bien, répondit Andrew Stuart, la banque en sera pour son argent.

— J’espère, au contraire, dit Gauthier Ralph, que nous mettrons la main sur l’auteur du vol. Des inspecteurs de police, gens fort habiles, ont été envoyés en Amérique et en Europe, dans tous les principaux ports d’embarquement et de débarquement, et il sera difficile à ce monsieur de leur échapper.

— Mais on a donc le signalement du voleur ? demanda Andrew Stuart.

— D’abord, ce n’est pas un voleur, répondit sérieusement Gauthier Ralph.

— Comment, ce n’est pas un voleur, cet individu qui a soustrait cinquante-cinq mille livres en bank-notes (1 million 375,000 francs) ?

— Non, répondit Gauthier Ralph.

— C’est donc un industriel ? dit John Sullivan.

— Le Morning-Chronicle assure que c’est un gentleman. »

Celui qui fit cette réponse n’était autre que Phileas Fogg, dont la tête émergeait alors du flot de papier amassé autour de lui. En même temps, Phileas Fogg salua ses collègues, qui lui rendirent son salut.

Le fait dont il était question, que les divers journaux du Royaume-Uni discutaient avec ardeur, s’était accompli trois jours auparavant, le 29 septembre. Une liasse de bank-notes, formant l’énorme somme de cinquante-cinq mille livres, avait été prise sur la tablette du caissier principal de la Banque d’Angleterre.

À qui s’étonnait qu’un tel vol eût pu s’accomplir aussi facilement, le sous-gouverneur Gauthier Ralph se bornait à répondre qu’à ce moment même, le caissier s’occupait d’enregistrer une recette de trois shillings six pence, et qu’on ne saurait avoir l’œil à tout.

Mais il convient de faire observer ici — ce qui rend le fait plus explicable — que cet admirable établissement de « Bank of England » paraît se soucier extrêmement de la dignité du public. Point de gardes, point d’invalides, point de grillages ! L’or, l’argent, les billets sont exposés librement et pour ainsi dire à la merci du premier venu. On ne saurait mettre en suspicion l’honorabilité d’un passant quelconque. Un des meilleurs observateurs des usages anglais raconte même ceci : Dans une des salles de la Banque où il se trouvait un jour, il eut la curiosité de voir de plus près un lingot d’or pesant sept à huit livres, qui se trouvait exposé sur la tablette du caissier ; il prit ce lingot, l’examina, le passa à son voisin, celui-ci à un autre, si bien que le lingot, de main en main, s’en alla jusqu’au fond d’un corridor obscur, et ne revint qu’une demi-heure après reprendre sa place, sans que le caissier eût seulement levé la tête.

Mais, le 29 septembre, les choses ne se passèrent pas tout à fait ainsi. La liasse de bank-notes ne revint pas, et quand la magnifique horloge, posée au-dessus du « drawing-office », sonna à cinq heures la fermeture des bureaux, la Banque d’Angleterre n’avait plus qu’à passer cinquante-cinq mille livres par le compte de profits et pertes.

Le vol bien et dûment reconnu, des agents, des « détectives », choisis parmi les plus habiles, furent envoyés dans les principaux ports, à Liverpool, à Glasgow, au Havre, à Suez, à Brindisi, à New-York, etc., avec promesse, en cas de succès, d’une prime de deux mille livres (50,000 fr.) et cinq pour cent de la somme qui serait retrouvée. En attendant les renseignements que devait fournir l’enquête immédiatement commencée, ces inspecteurs avaient pour mission d’observer scrupuleusement tous les voyageurs en arrivée ou en partance.

Or, précisément, ainsi que le disait le Morning-Chronicle , on avait lieu de supposer que l’auteur du vol ne faisait partie d’aucune des sociétés de voleurs d’Angleterre. Pendant cette journée du 29 septembre, un gentleman bien mis, de bonnes manières, l’air distingué, avait été remarqué, qui allait et venait dans la salle des payements, théâtre du vol. L’enquête avait permis de refaire assez exactement le signalement de ce gentleman, signalement qui fut aussitôt adressé à tous les détectives du Royaume-Uni et du continent. Quelques bons esprits — et Gauthier Ralph était du nombre — se croyaient donc fondés à espérer que le voleur n’échapperait pas.

Comme on le pense, ce fait était à l’ordre du jour à Londres et dans toute l’Angleterre. On discutait, on se passionnait pour ou contre les probabilités du succès de la police métropolitaine. On ne s’étonnera donc pas d’entendre les membres du Reform-Club traiter la même question, d’autant plus que l’un des sous-gouverneurs de la Banque se trouvait parmi eux.

L’honorable Gauthier Ralph ne voulait pas douter du résultat des recherches, estimant que la prime offerte devrait singulièrement aiguiser le zèle et l’intelligence des agents. Mais son collègue, Andrew Stuart, était loin de partager cette confiance. La discussion continua donc entre les gentlemen, qui s’étaient assis à une table de whist, Stuart devant Flanagan, Fallentin devant Phileas Fogg. Pendant le jeu, les joueurs ne parlaient pas, mais entre les robbres, la conversation interrompue reprenait de plus belle.

« Je soutiens, dit Andrew Stuart, que les chances sont en faveur du voleur, qui ne peut manquer d’être un habile homme !

— Allons donc ! répondit Ralph, il n’y a plus un seul pays dans lequel il puisse se réfugier.

— Par exemple !

— Où voulez-vous qu’il aille ?

— Je n’en sais rien, répondit Andrew Stuart, mais, après tout, la terre est assez vaste.

— Elle l’était autrefois… » dit à mi-voix Phileas Fogg. Puis : « À vous de couper, monsieur, » ajouta-t-il en présentant les cartes à Thomas Flanagan.

La discussion fut suspendue pendant le robbre. Mais bientôt Andrew Stuart la reprenait, disant :

« Comment, autrefois ! Est-ce que la terre a diminué, par hasard ?

— Sans doute, répondit Gauthier Ralph. Je suis de l’avis de Mr. Fogg. La terre a diminué, puisqu’on la parcourt maintenant dix fois plus vite qu’il y a cent ans. Et c’est ce qui, dans le cas dont nous nous occupons, rendra les recherches plus rapides.

— Et rendra plus facile aussi la fuite du voleur !

— À vous de jouer, Monsieur Stuart ! » dit Phileas Fogg.

Mais l’incrédule Stuart n’était pas convaincu, et, la partie achevée :

« Il faut avouer, Monsieur Ralph, reprit-il, que vous avez trouvé là une manière plaisante de dire que la terre a diminué ! Ainsi parce qu’on en fait maintenant le tour en trois mois…

— En quatre-vingts jours seulement, dit Phileas Fogg.

— En effet, messieurs, ajouta John Sullivan, quatre-vingts jours, depuis que la section entre Rothal et Allahabad a été ouverte sur le « Great-Indian peninsular railway », et voici le calcul établi par le Morning-Chronicle  :

— Oui, quatre-vingts jours ! s’écria Andrew Stuart, qui, par inattention, coupa une carte maîtresse, mais non compris le mauvais temps, les vents contraires, les naufrages, les déraillements, etc.

— Tout compris, répondit Phileas Fogg en continuant de jouer, car, cette fois, la discussion ne respectait plus le whist.

— Même si les Indous ou les Indiens enlèvent les rails ! s’écria Andrew Stuart, s’ils arrêtent les trains, pillent les fourgons, scalpent les voyageurs !

— Tout compris, » répondit Phileas Fogg, qui, abattant son jeu, ajouta : « Deux atouts maîtres. »

Andrew Stuart, à qui c’était le tour de « faire », ramassa les cartes en disant :

« Théoriquement, vous avez raison, Monsieur Fogg, mais dans la pratique…

— Dans la pratique aussi, Monsieur Stuart.

— Je voudrais bien vous y voir.

— Il ne tient qu’à vous. Partons ensemble.

— Le ciel m’en préserve ! s’écria Stuart, mais je parierais bien quatre mille livres (100,000 fr.) qu’un tel voyage, fait dans ces conditions, est impossible.

— Très-possible, au contraire, répondit Mr. Fogg.

— Et bien, faites-le donc !

— Le tour du monde en quatre-vingts jours ?

— Je le veux bien.

— Quand ?

— Tout de suite.

— C’est de la folie ! s’écria Andrew Stuart, qui commençait à se vexer de l’insistance de son partenaire. Tenez ! jouons plutôt.

— Refaites alors, répondit Phileas Fogg, car il y a « mal donne. »

tour du monde 3 jours

Andrew Stuart reprit les cartes d’une main fébrile ; puis, tout à coup, les posant sur la table :

« Eh bien, oui, Monsieur Fogg, dit-il, oui, je parie quatre mille livres !…

— Mon cher Stuart, dit Fallentin, calmez-vous. Ce n’est pas sérieux.

— Quand je dis : je parie, répondit Andrew Stuart, c’est toujours sérieux.

— Soit ! » dit Mr. Fogg. Puis, se tournant vers ses collègues :

« J’ai vingt mille livres (500,000 fr.) déposées chez Baring frères. Je les risquerai volontiers…

— Vingt mille livres ! s’écria John Sullivan. Vingt mille livres qu’un retard imprévu peut vous faire perdre !

— L’imprévu n’existe pas, répondit simplement Phileas Fogg.

— Mais, Monsieur Fogg, ce laps de quatre-vingts jours n’est calculé que comme un minimum de temps !

— Un minimum bien employé suffit à tout.

— Mais pour ne pas le dépasser, il faut sauter mathématiquement des railways dans les paquebots, et des paquebots dans les chemins de fer !

— Je sauterai mathématiquement.

— C’est une plaisanterie !

— Un bon Anglais ne plaisante jamais, quand il s’agit d’une chose aussi sérieuse qu’un pari, répondit Phileas Fogg. Je parie vingt mille livres contre qui voudra que je ferai le tour de la terre en quatre-vingts jours ou moins, soit dix-neuf cent vingt heures ou cent quinze mille deux cents minutes. Acceptez-vous ?

— Nous acceptons, répondirent MM. Stuart, Fallentin, Sullivan, Flanagan et Ralph, après s’être entendus.

— Bien, dit Mr Fogg. Le train de Douvres part à huit heures quarante-cinq. Je le prendrai.

— Ce soir même ? demanda Stuart.

— Ce soir même, répondit Phileas Fogg. Donc, ajouta-t-il en consultant un calendrier de poche, puisque c’est aujourd’hui mercredi 2 octobre, je devrai être de retour à Londres, dans ce salon même du Reform-Club, le samedi 21 décembre, à huit heures quarante-cinq du soir, faute de quoi les vingt mille livres déposées actuellement à mon crédit chez Baring frères vous appartiendront de fait et de droit, messieurs. — Voici un chèque de pareille somme. »

Un procès-verbal du pari fut fait et signé sur-le-champ par les six co-intéressés. Phileas Fogg était demeuré froid. Il n’avait certainement pas parié pour gagner, et n’avait engagé ces vingt mille livres — la moitié de sa fortune — que parce qu’il prévoyait qu’il pourrait avoir à dépenser l’autre pour mener à bien ce difficile, pour ne pas dire inexécutable projet. Quant à ses adversaires, eux, ils paraissaient émus, non pas à cause de la valeur de l’enjeu, mais parce qu’ils se faisaient une sorte de scrupule de lutter dans ces conditions.

Sept heures sonnaient alors. On offrit à M. Fogg de suspendre le whist afin qu’il pût faire ses préparatifs de départ.

« Je suis toujours prêt ! » répondit cet impassible gentleman, et donnant les cartes :

« Je retourne carreau, dit-il. À vous de jouer, monsieur Stuart. »

IV dans lequel phileas fogg stupéfie passepartout, son domestique.

À sept heures vingt-cinq, Phileas Fogg, après avoir gagné une vingtaine de guinées au whist, prit congé de ses honorables collègues, et quitta le Reform-Club. À sept heures cinquante, il ouvrait la porte de sa maison et rentrait chez lui.

Passepartout, qui avait consciencieusement étudié son programme, fut assez surpris en voyant Mr. Fogg, coupable d’inexactitude, apparaître à cette heure insolite. Suivant la notice, le locataire de Saville-row ne devait rentrer qu’à minuit précis.

Phileas Fogg était tout d’abord monté à sa chambre, puis il appela :

« Passepartout. »

Passepartout ne répondit pas. Cet appel ne pouvait s’adresser à lui. Ce n’était pas l’heure.

« Passepartout », reprit Mr. Fogg sans élever la voix davantage.

Passepartout se montra.

« C’est la deuxième fois que je vous appelle, dit Mr. Fogg.

— Mais il n’est pas minuit, répondit Passepartout, sa montre à la main.

— Je le sais, reprit Phileas Fogg, et je ne vous fais pas de reproche. Nous partons dans dix minutes pour Douvres et Calais. »

Une sorte de grimace s’ébaucha sur la ronde face du Français. Il était évident qu’il avait mal entendu.

« Monsieur se déplace ? demanda-t-il.

— Oui, répondit Phileas Fogg. Nous allons faire le tour du monde. »

Passepartout, l’œil démesurément ouvert, la paupière et le sourcil surélevés, les bras détendus, le corps affaissé, présentait alors tous les symptômes de l’étonnement poussé jusqu’à la stupeur.

« Le tour du monde ! murmura-t-il.

— En quatre-vingts jours, répondit Mr. Fogg. Ainsi, nous n’avons pas un instant à perdre.

— Mais les malles ?… dit Passepartout, qui balançait inconsciemment sa tête de droite et de gauche.

— Pas de malles. Un sac de nuit seulement. Dedans, deux chemises de laine, trois paires de bas. Autant pour vous. Nous achèterons en route. Vous descendrez mon mackintosh et ma couverture de voyage. Ayez de bonnes chaussures. D’ailleurs, nous marcherons peu ou pas. Allez. »

Passepartout aurait voulu répondre. Il ne put. Il quitta la chambre de Mr. Fogg, monta dans la sienne, tomba sur une chaise, et employant une phrase assez vulgaire de son pays :

« Ah bien, se dit-il, elle est forte, celle-là ! Moi qui voulais rester tranquille !… »

Et, machinalement, il fit ses préparatifs de départ. Le tour du monde en quatre-vingts jours ! Avait-il affaire à un fou ? Non… C’était une plaisanterie ? On allait à Douvres, bien. À Calais, soit. Après tout, cela ne pouvait notablement contrarier le brave garçon, qui, depuis cinq ans, n’avait pas foulé le sol de la patrie. Peut-être même irait-on jusqu’à Paris, et, ma foi, il reverrait avec plaisir la grande capitale. Mais, certainement, un gentleman aussi ménager de ses pas s’arrêterait là… Oui, sans doute, mais il n’en était pas moins vrai qu’il partait, qu’il se déplaçait, ce gentleman, si casanier jusqu’alors !

À huit heures, Passepartout avait préparé le modeste sac qui contenait sa garde-robe et celle de son maître ; puis, l’esprit encore troublé, il quitta sa chambre, dont il ferma soigneusement la porte, et il rejoignit Mr. Fogg.

Mr. Fogg était prêt. Il portait sous son bras le Bradshaw’s continental railway steam transit and general guide , qui devait lui fournir toutes les indications nécessaires à son voyage. Il prit le sac des mains de Passepartout, l’ouvrit et y glissa une forte liasse de ces belles bank-notes qui ont cours dans tous les pays.

« Vous n’avez rien oublié ? demanda-t-il.

— Rien, monsieur.

— Mon mackintosh et ma couverture ?

— Les voici.

— Bien, prenez ce sac. »

Mr. Fogg remit le sac à Passepartout.

« Et ayez-en soin, ajouta-t-il. Il y a vingt mille livres dedans (500,000 francs). »

Le sac faillit s’échapper des mains de Passepartout, comme si les vingt mille livres eussent été en or et pesé considérablement.

Le maître et le domestique descendirent alors, et la porte de la rue fut fermée à double tour.

Une station de voitures se trouvait à l’extrémité de Saville-row. Phileas Fogg et son domestique montèrent dans un cab, qui se dirigea rapidement vers la gare de Charing-Cross, à laquelle aboutit un des embranchements du South-Eastern-railway.

À huit heures vingt, le cab s’arrêta devant la grille de la gare. Passepartout sauta à terre. Son maître le suivit et paya le cocher.

tour du monde 3 jours

En ce moment, une pauvre mendiante, tenant un enfant à la main, pieds nus dans la boue, coiffée d’un chapeau dépenaillé auquel pendait une plume lamentable, un châle en loques sur ses haillons, s’approcha de Mr. Fogg et lui demanda l’aumône.

Mr. Fogg tira de sa poche les vingt guinées qu’il venait de gagner au whist, et, les présentant à la mendiante :

« Tenez, ma brave femme, dit-il, je suis content de vous avoir rencontrée ! »

Puis il passa.

Passepartout eut comme une sensation d’humidité autour de la prunelle. Son maître avait fait un pas dans son cœur.

Mr. Fogg et lui entrèrent aussitôt dans la grande salle de la gare. Là, Phileas Fogg donna à Passepartout l’ordre de prendre deux billets de première classe pour Paris. Puis, se retournant, il aperçut ses cinq collègues du Reform-Club.

« Messieurs, je pars, dit-il, et les divers visas apposés sur un passe-port que j’emporte à cet effet vous permettront, au retour, de contrôler mon itinéraire.

— Oh ! monsieur Fogg, répondit poliment Gauthier Ralph, c’est inutile. Nous nous en rapporterons à votre honneur de gentleman !

— Cela vaut mieux ainsi, dit Mr. Fogg.

— Vous n’oubliez pas que vous devez être revenu ?… fit observer Andrew Stuart.

— Dans quatre-vingts jours, répondit Mr. Fogg, le samedi 21 décembre 1872, à huit heures quarante-cinq minutes du soir. Au revoir, messieurs. »

À huit heures quarante, Phileas Fogg et son domestique prirent place dans le même compartiment. À huit heures quarante-cinq, un coup de sifflet retentit, et le train se mit en marche.

La nuit était noire. Il tombait une pluie fine. Phileas Fogg, accoté dans son coin, ne parlait pas. Passepartout, encore abasourdi, pressait machinalement contre lui le sac aux bank-notes.

Mais le train n’avait pas dépassé Sydenham, que Passepartout poussait un véritable cri de désespoir !

« Qu’avez-vous ? demanda Mr. Fogg.

— Il y a… que… dans ma précipitation… mon trouble… j’ai oublié…

— Quoi ?

— D’éteindre le bec de gaz de ma chambre !

— Eh bien, mon garçon, répondit froidement Mr. Fogg, il brûle à votre compte ! »

V dans lequel une nouvelle valeur apparaît sur la place de londres.

Phileas Fogg, en quittant Londres, ne se doutait guère, sans doute, du grand retentissement qu’allait provoquer son départ. La nouvelle du pari se répandit d’abord dans le Reform-Club, et produisit une véritable émotion parmi les membres de l’honorable cercle. Puis, du club, cette émotion passa aux journaux par la voie des reporters, et des journaux au public de Londres et de tout le Royaume-Uni.

Cette « question du tour du monde » fut commentée, discutée, disséquée, avec autant de passion et d’ardeur que s’il se fût agi d’une nouvelle affaire de l’ Alabama . Les uns prirent parti pour Phileas Fogg, les autres — et ils formèrent bientôt une majorité considérable — se prononcèrent contre lui. Ce tour du monde à accomplir, autrement qu’en théorie et sur le papier, dans ce minimum de temps, avec les moyens de communication actuellement en usage, ce n’était pas seulement impossible, c’était insensé !

Le Times , le Standard , l’ Evening-Star , le Morning-Chronicle , et vingt autres journaux de grande publicité, se déclarèrent contre Mr. Fogg. Seul, le Daily-Telegraph le soutint dans une certaine mesure. Phileas Fogg fut généralement traité de maniaque, de fou, et ses collègues du Reform-Club furent blâmés d’avoir tenu ce pari, qui accusait un affaiblissement dans les facultés mentales de son auteur.

Des articles extrêmement passionnés, mais logiques, parurent sur la question. On sait l’intérêt que l’on porte en Angleterre à tout ce qui touche à la géographie. Aussi n’était-il pas un lecteur, à quelque classe qu’il appartînt, qui ne dévorât les colonnes consacrées au cas de Phileas Fogg.

tour du monde 3 jours

Pendant les premiers jours, quelques esprits audacieux — les femmes principalement — furent pour lui, surtout quand l’ Illustrated-London-News eut publié son portrait d’après sa photographie déposée aux archives du Reform-Club. Certains gentlemen osaient dire : « Hé ! hé ! pourquoi pas, après tout ? On a vu des choses plus extraordinaires ! » C’étaient surtout les lecteurs du Daily-Telegraph . Mais on sentit bientôt que ce journal lui-même commençait à faiblir.

En effet, un long article parut le 7 octobre dans le Bulletin de la Société royale de géographie. Il traita la question à tous les points de vue, et démontra clairement la folie de l’entreprise. D’après cet article, tout était contre le voyageur, obstacles de l’homme, obstacles de la nature. Pour réussir dans ce projet, il fallait admettre une concordance miraculeuse des heures de départ et d’arrivée, concordance qui n’existait pas, qui ne pouvait pas exister. À la rigueur, et en Europe, où il s’agit de parcours d’une longueur relativement médiocre, on peut compter sur l’arrivée des trains à heure fixe ; mais quand ils emploient trois jours à traverser l’Inde, sept jours à traverser les États-Unis, pouvait-on fonder sur leur exactitude les éléments d’un tel problème ? Et les accidents de machine, les déraillements, les rencontres, la mauvaise saison, l’accumulation des neiges, est-ce que tout n’était pas contre Phileas Fogg ? Sur les paquebots, ne se trouverait-il pas, pendant l’hiver, à la merci des coups de vent ou des brouillards ? Est-il donc si rare que les meilleurs marcheurs des lignes transocéaniennes éprouvent des retards de deux ou trois jours ? Or, il suffisait d’un retard, un seul, pour que la chaîne de communications fût irréparablement brisée. Si Phileas Fogg manquait, ne fût-ce que de quelques heures, le départ d’un paquebot, il serait forcé d’attendre le paquebot suivant, et par cela même son voyage était compromis irrévocablement.

L’article fit grand bruit. Presque tous les journaux le reproduisirent, et les actions de Phileas Fogg baissèrent singulièrement.

Pendant les premiers jours qui suivirent le départ du gentleman, d’importantes affaires s’étaient engagées sur « l’alea » de son entreprise. On sait ce qu’est le monde des parieurs en Angleterre, monde plus intelligent, plus relevé que celui des joueurs. Parier est dans le tempérament anglais. Aussi, non-seulement les divers membres du Reform-Club établirent-ils des paris considérables pour ou contre Phileas Fogg, mais la masse du public entra dans le mouvement. Phileas Fogg fut inscrit comme un cheval de course, à une sorte de studbook. On en fit aussi une valeur de bourse, qui fut immédiatement cotée sur la place de Londres. On demandait, on offrait du « Phileas Fogg » ferme ou à prime, et il se fit des affaires énormes. Mais cinq jours après son départ, après l’article du Bulletin de la Société de géographie, les offres commencèrent à affluer. Le Phileas Fogg baissa. On l’offrit par paquets. Pris d’abord à cinq, puis à dix, on ne le prit plus qu’à vingt, à cinquante, à cent !

Un seul partisan lui resta. Ce fut le vieux paralytique, lord Albermale. L’honorable gentleman, cloué sur son fauteuil, eût donné sa fortune pour pouvoir faire le tour du monde, même en dix ans ! et il paria cinq mille livres (100,000 francs) en faveur de Phileas Fogg. Et quand, en même temps que la sottise du projet, on lui en démontrait l’inutilité, il se contentait de répondre : « Si la chose est faisable, il est bon que ce soit un Anglais qui le premier l’ait faite ! »

Or, on en était là, les partisans de Phileas Fogg se raréfiaient de plus en plus ; tout le monde, et non sans raison, se mettait contre lui ; on ne le prenait plus qu’à cent cinquante, à deux cents contre un, quand, sept jours après son départ, un incident, complètement inattendu, fit qu’on ne le prit plus du tout.

En effet, pendant cette journée, à neuf heures du soir, le directeur de la police métropolitaine avait reçu une dépêche télégraphique ainsi conçue :

«  Rowan, directeur police, administration centrale, Scotland place.

« Je file voleur de Banque, Phileas Fogg. Envoyez sans retard mandat d’arrestation à Bombay (Inde anglaise).

L’effet de cette dépêche fut immédiat. L’honorable gentleman disparut pour faire place au voleur de bank-notes. Sa photographie, déposée au Reform-Club avec celles de tous ses collègues, fut examinée. Elle reproduisait trait pour trait l’homme dont le signalement avait été fourni par l’enquête. On rappela ce que l’existence de Phileas Fogg avait de mystérieux, son isolement, son départ subit, et il parut évident que ce personnage, prétextant un voyage autour du monde et l’appuyant sur un pari insensé, n’avait eu d’autre but que de dépister les agents de la police anglaise.

VI dans lequel l’agent fix montre une impatience bien légitime.

Voici dans quelles circonstances avait été lancée cette dépêche concernant le sieur Phileas Fogg.

Le mercredi 9 octobre, on attendait pour onze heures du matin, à Suez, le paquebot Mongolia , de la Compagnie péninsulaire et orientale, steamer en fer à hélice et à spardeck, jaugeant deux mille huit cents tonnes et possédant une force nominale de cinq cents chevaux. Le Mongolia faisait régulièrement les voyages de Brindisi à Bombay par le canal de Suez. C’était un des plus rapides marcheurs de la Compagnie, et les vitesses réglementaires, soit dix milles à l’heure entre Brindisi et Suez, et neuf milles cinquante-trois centièmes entre Suez et Bombay, il les avait toujours dépassées.

En attendant l’arrivée du Mongolia , deux hommes se promenaient sur le quai au milieu de la foule d’indigènes et d’étrangers qui affluent dans cette ville, naguère une bourgade, à laquelle la grande œuvre de M. de Lesseps assure un avenir considérable.

De ces deux hommes, l’un était l’agent consulaire du Royaume-Uni, établi à Suez, qui — en dépit des fâcheux pronostics du gouvernement britannique et des sinistres prédictions de l’ingénieur Stephenson — voyait chaque jour des navires anglais traverser ce canal, abrégeant ainsi de moitié l’ancienne route de l’Angleterre aux Indes par le cap de Bonne-Espérance.

L’autre était un petit homme maigre, de figure assez intelligente, nerveux, qui contractait avec une persistance remarquable ses muscles sourciliers. À travers ses longs cils brillait un œil très-vif, mais dont il savait à volonté éteindre l’ardeur. En ce moment, il donnait certaines marques d’impatience, allant, venant, ne pouvant tenir en place.

Cet homme se nommait Fix, et c’était un de ces « détectives » ou agents de police anglais, qui avaient été envoyés dans les divers ports, après le vol commis à la Banque d’Angleterre. Ce Fix devait surveiller avec le plus grand soin tous les voyageurs prenant la route de Suez, et si l’un d’eux lui semblait suspect, le « filer » en attendant un mandat d’arrestation.

Précisément, depuis deux jours, Fix avait reçu du directeur de la police métropolitaine le signalement de l’auteur présumé du vol. C’était celui de ce personnage distingué et bien mis que l’on avait observé dans la salle des payements de la Banque.

Le détective, très-alléché évidemment par la forte prime promise en cas de succès, attendait donc avec une impatience facile à comprendre l’arrivée du Mongolia .

« Et vous dites, monsieur le consul, demanda-t-il pour la dixième fois, que ce bateau ne peut tarder ?

— Non, monsieur Fix, répondit le consul. Il a été signalé hier au large de Port-Saïd, et les cent soixante kilomètres du canal ne comptent pas pour un tel marcheur. Je vous répète que le Mongolia a toujours gagné la prime de vingt-cinq livres que le gouvernement accorde pour chaque avance de vingt-quatre heures sur les temps réglementaires.

— Ce paquebot vient directement de Brindisi ? demanda Fix.

— De Brindisi même, où il a pris la malle des Indes, de Brindisi qu’il a quitté samedi à cinq heures du soir. Ainsi ayez patience, il ne peut tarder à arriver. Mais je ne sais vraiment pas comment, avec le signalement que vous avez reçu, vous pourrez reconnaître votre homme, s’il est à bord du Mongolia .

— Monsieur le consul, répondit Fix, ces gens-là, on les sent plutôt qu’on ne les reconnaît. C’est du flair qu’il faut avoir, et le flair est comme un sens spécial auquel concourent l’ouïe, la vue et l’odorat. J’ai arrêté dans ma vie plus d’un de ces gentlemen, et pourvu que mon voleur soit à bord, je vous réponds qu’il ne me glissera pas entre les mains.

— Je le souhaite, monsieur Fix, car il s’agit d’un vol important.

— Un vol magnifique, répondit l’agent enthousiasmé. Cinquante-cinq mille livres ! Nous n’avons pas souvent de pareilles aubaines ! Les voleurs deviennent mesquins ! La race des Sheppard s’étiole ! On se fait pendre maintenant pour quelques shillings !

— Monsieur Fix, répondit le consul, vous parlez d’une telle façon que je vous souhaite vivement de réussir ; mais, je vous le répète, dans les conditions où vous êtes, je crains que ce ne soit difficile. Savez-vous bien que, d’après le signalement que vous avez reçu, ce voleur ressemble absolument à un honnête homme.

— Monsieur le consul, répondit dogmatiquement l’inspecteur de police, les grands voleurs ressemblent toujours à d’honnêtes gens. Vous comprenez bien que ceux qui ont des figures de coquins n’ont qu’un parti à prendre, c’est de rester probes, sans cela ils se feraient arrêter. Les physionomies honnêtes, ce sont celles-là qu’il faut dévisager surtout. Travail difficile, j’en conviens, et qui n’est plus du métier, mais de l’art. »

On voit que ledit Fix ne manquait pas d’une certaine dose d’amour-propre.

Cependant le quai s’animait peu à peu. Marins de diverses nationalités, commerçants, courtiers, portefaix, fellahs, y affluaient. L’arrivée du paquebot était évidemment prochaine.

Le temps était assez beau, mais l’air froid, par ce vent d’est. Quelques minarets se dessinaient au-dessus de la ville sous les pâles rayons du soleil. Vers le sud, une jetée longue de deux mille mètres s’allongeait comme un bras sur la rade de Suez. À la surface de la mer Rouge roulaient plusieurs bateaux de pêche ou de cabotage, dont quelques-uns ont conservé dans leurs façons l’élégant gabarit de la galère antique.

Tout en circulant au milieu de ce populaire, Fix, par une habitude de sa profession, dévisageait les passants d’un rapide coup d’œil.

Il était alors dix heures et demie.

« Mais il n’arrivera pas, ce paquebot ! s’écria-t-il en entendant sonner l’horloge du port.

— Il ne peut être éloigné, répondit le consul.

— Combien de temps stationnera-t-il à Suez ? demanda Fix.

— Quatre heures. Le temps d’embarquer son charbon. De Suez à Aden, à l’extrémité de la mer Rouge, on compte treize cent dix milles, et il faut faire provision de combustible.

— Et de Suez, ce bateau va directement à Bombay ? demanda Fix.

— Directement, sans rompre charge.

— Eh bien, dit Fix, si le voleur a pris cette route et ce bateau, il doit entrer dans son plan de débarquer à Suez, afin de gagner par une autre voie les possessions hollandaises ou françaises de l’Asie. Il doit bien savoir qu’il ne serait pas en sûreté dans l’Inde, qui est une terre anglaise.

— À moins que ce ne soit un homme très-fort, répondit le consul. Vous le savez, un criminel anglais est toujours mieux caché à Londres qu’il ne le serait à l’étranger. »

tour du monde 3 jours

Sur cette réflexion, qui donna fort à réfléchir à l’agent, le consul regagna ses bureaux, situés à peu de distance. L’inspecteur de police demeura seul, pris d’une impatience nerveuse, avec ce pressentiment assez bizarre que son voleur devait se trouver à bord du Mongolia , — et en vérité, si ce coquin avait quitté l’Angleterre avec l’intention de gagner le Nouveau-Monde, la route des Indes, moins surveillée ou plus difficile à surveiller que celle de l’Atlantique, devait avoir obtenu sa préférence.

Fix ne fut pas longtemps livré à ses réflexions. De vifs coups de sifflet annoncèrent l’arrivée du paquebot. Toute la horde des portefaix et des fellahs se précipita vers le quai dans un tumulte un peu inquiétant pour les membres et les vêtements des passagers. Une dizaine de canots se détachèrent de la rive et allèrent au-devant du Mongolia .

Bientôt on aperçut la gigantesque coque du Mongolia , passant entre les rives du canal, et onze heures sonnaient quand le steamer vint mouiller en rade, pendant que sa vapeur fusait à grand bruit par les tuyaux d’échappement.

Les passagers étaient assez nombreux à bord. Quelques-uns restèrent sur le spardeck à contempler le panorama pittoresque de la ville ; mais la plupart débarquèrent dans les canots qui étaient venus accoster le Mongolia .

Fix examinait scrupuleusement tous ceux qui mettaient pied à terre.

En ce moment, l’un d’eux s’approcha de lui, après avoir vigoureusement repoussé les fellahs qui l’assaillaient de leurs offres de service, et il lui demanda fort poliment s’il pouvait lui indiquer les bureaux de l’agent consulaire anglais. Et en même temps ce passager présentait un passe-port sur lequel il désirait sans doute faire apposer le visa britannique.

tour du monde 3 jours

Fix, instinctivement, prit le passe-port, et, d’un rapide coup d’œil, il en lut le signalement.

Un mouvement involontaire faillit lui échapper. La feuille trembla dans sa main. Le signalement libellé sur le passe-port était identique à celui qu’il avait reçu du directeur de la police métropolitaine.

« Ce passe-port n’est pas le vôtre ? dit-il au passager.

— Non, répondit celui-ci, c’est le passe-port de mon maître.

— Et votre maître ?

— Il est resté à bord.

— Mais, reprit l’agent, il faut qu’il se présente en personne aux bureaux du consulat afin d’établir son identité.

— Quoi, cela est nécessaire ?

— Indispensable.

— Et où sont ces bureaux ?

— Là, au coin de la place, répondit l’inspecteur en indiquant une maison éloignée de deux cents pas.

— Alors, je vais aller chercher mon maître, à qui pourtant cela ne plaira guère de se déranger ! »

Là-dessus, le passager salua Fix et retourna à bord du steamer.

VII qui témoigne une fois de plus de l’inutilité des passe-ports en matière de police.

L’inspecteur redescendit sur le quai et se dirigea rapidement vers les bureaux du consul. Aussitôt, et sur sa demande pressante, il fut introduit près de ce fonctionnaire.

« Monsieur le consul, lui dit-il sans autre préambule, j’ai de fortes présomptions de croire que notre homme a pris passage à bord du Mongolia . »

Et Fix raconta ce qui s’était passé entre ce domestique et lui à propos du passe-port.

« Bien, monsieur Fix, répondit le consul, je ne serais pas fâché de voir la figure de ce coquin. Mais peut-être ne se présentera-t-il pas à mon bureau, s’il est ce que vous supposez. Un voleur n’aime pas à laisser derrière lui des traces de son passage, et d’ailleurs la formalité des passe-ports n’est plus obligatoire.

— Monsieur le consul, répondit l’agent, si c’est un homme fort comme on doit le penser, il viendra !

— Faire viser son passe-port ?

— Oui. Les passe-ports ne servent jamais qu’à gêner les honnêtes gens et à favoriser la fuite des coquins. Je vous affirme que celui-ci sera en règle, mais j’espère bien que vous ne le viserez pas…

— Et pourquoi pas ? Si ce passe-port est régulier, répondit le consul, je n’ai pas le droit de refuser mon visa.

— Cependant, monsieur le consul, il faut bien que je retienne ici cet homme jusqu’à ce que j’aie reçu de Londres un mandat d’arrestation.

— Ah ! cela, monsieur Fix, c’est votre affaire, répondit le consul, mais moi, je ne puis… »

Le consul n’acheva pas sa phrase. En ce moment, on frappait à la porte de son cabinet, et le garçon de bureau introduisit deux étrangers, dont l’un était précisément ce domestique qui s’était entretenu avec le détective.

C’étaient, en effet, le maître et le serviteur. Le maître présenta son passe-port, en priant laconiquement le consul de vouloir bien y apposer son visa.

Celui-ci prit le passe-port et le lut attentivement, tandis que Fix, dans un coin du cabinet, observait ou plutôt dévorait l’étranger des yeux.

Quand le consul eut achevé sa lecture :

« Vous êtes Phileas Fogg, esquire ? demanda-t-il.

— Oui, monsieur, répondit le gentleman.

— Et cet homme est votre domestique ?

— Oui. Un Français nommé Passepartout.

— Vous venez de Londres ?

— Et vous allez ?

— À Bombay.

— Bien, monsieur. Vous savez que cette formalité du visa est inutile, et que nous n’exigeons plus la présentation du passe-port ?

— Je le sais, monsieur, répondit Phileas Fogg, mais je désire constater par votre visa mon passage à Suez.

— Soit, monsieur. »

Et le consul, ayant signé et daté le passe-port, y apposa son cachet. Mr. Fogg acquitta les droits de visa, et, après avoir froidement salué, il sortit, suivi de son domestique.

« Eh bien ? demanda l’inspecteur.

— Eh bien, répondit le consul, il a l’air d’un parfait honnête homme !

— Possible, répondit Fix, mais ce n’est point ce dont il s’agit. Trouvez-vous, monsieur le consul, que ce flegmatique gentleman ressemble trait pour trait au voleur dont j’ai reçu le signalement ?

— J’en conviens, mais vous le savez, tous les signalements…

— J’en aurai le cœur net, répondit Fix. Le domestique me paraît être moins indéchiffrable que le maître. De plus, c’est un Français, qui ne pourra se retenir de parler. À bientôt, monsieur le consul. »

Cela dit, l’agent sortit et se mit à la recherche de Passepartout.

Cependant Mr. Fogg, en quittant la maison consulaire, s’était dirigé vers le quai. Là, il donna quelques ordres à son domestique ; puis il s’embarqua dans un canot, revint à bord du Mongolia et rentra dans sa cabine. Il prit alors son carnet, qui portait les notes suivantes :

« Quitté Londres, mercredi 2 octobre, 8 heures 45 soir.

« Arrivé à Paris, jeudi 3 octobre, 7 heures 20 matin.

« Quitté Paris, jeudi, 8 heures 40 matin.

« Arrivé par le Mont-Cenis à Turin, vendredi 4 octobre, 6 heures 35 matin.

« Quitté Turin, vendredi, 7 heures 20 matin.

« Arrivé à Brindisi, samedi 5 octobre, 4 heures soir.

« Embarqué sur le Mongolia , samedi, 5 heures soir.

« Arrivé à Suez, mercredi 9 octobre, 11 heures matin.

« Total des heures dépensées : 158 1/2, soit en jours : 6 jours 1/2. »

Mr. Fogg inscrivit ces dates sur un itinéraire disposé par colonnes, qui indiquait — depuis le 2 octobre jusqu’au 21 décembre — le mois, le quantième, le jour, les arrivées réglementaires et les arrivées effectives en chaque point principal, Paris, Brindisi, Suez, Bombay, Calcutta, Singapore, Hong-Kong, Yokohama, San-Francisco, New-York, Liverpool, Londres, et qui permettait de chiffrer le gain obtenu ou la perte éprouvée à chaque endroit du parcours.

Ce méthodique itinéraire tenait ainsi compte de tout, et Mr. Fogg savait toujours s’il était en avance ou en retard.

Il inscrivit donc, ce jour-là, mercredi 9 octobre, son arrivée à Suez, qui, concordant avec l’arrivée réglementaire, ne le constituait ni en gain ni en perte.

Puis il se fit servir à déjeuner dans sa cabine. Quant à voir la ville, il n’y pensait même pas, étant de cette race d’Anglais qui font visiter par leur domestique les pays qu’ils traversent.

VIII dans lequel passepartout parle un peu plus peut-être qu’il ne conviendrait.

Fix avait en peu d’instants rejoint sur le quai Passepartout, qui flânait et regardait, ne se croyant pas, lui, obligé à ne point voir.

« Eh bien, mon ami, lui dit Fix en l’abordant, votre passe-port est-il visé ?

— Ah ! c’est vous, monsieur, répondit le Français. Bien obligé. Nous sommes parfaitement en règle.

— Et vous regardez le pays ?

— Oui, mais nous allons si vite qu’il me semble que je voyage en rêve. Et comme cela, nous sommes à Suez ?

— En Égypte ?

— En Égypte, parfaitement.

— Et en Afrique ?

— En Afrique.

— En Afrique ! répéta Passepartout. Je ne peux y croire. Figurez-vous, monsieur, que je m’imaginais ne pas aller plus loin que Paris, et cette fameuse capitale, je l’ai revue tout juste de sept heures vingt du matin à huit heures quarante, entre la gare du Nord et la gare de Lyon, à travers les vitres d’un fiacre et par une pluie battante ! Je le regrette ! J’aurais aimé à revoir le Père-Lachaise et le Cirque des Champs-Élysées  !

— Vous êtes donc bien pressé ? demanda l’inspecteur de police.

— Moi, non, mais c’est mon maître. À propos, il faut que j’achète des chaussettes et des chemises ! Nous sommes partis sans malles, avec un sac de nuit seulement.

— Je vais vous conduire à un bazar où vous trouverez tout ce qu’il faut.

— Monsieur, répondit Passepartout, vous êtes vraiment d’une complaisance !… »

Et tous deux se mirent en route. Passepartout causait toujours.

« Surtout, dit-il, que je prenne bien garde de ne pas manquer le bateau !

— Vous avez le temps, répondit Fix, il n’est encore que midi ! »

Passepartout tira sa grosse montre.

« Midi, dit-il. Allons donc ! il est neuf heures cinquante-deux minutes !

— Votre montre retarde, répondit Fix.

— Ma montre ! Une montre de famille, qui vient de mon arrière-grand-père ! Elle ne varie pas de cinq minutes par an. C’est un vrai chronomètre !

tour du monde 3 jours

— Je vois ce que c’est, répondit Fix. Vous avez gardé l’heure de Londres, qui retarde de deux heures environ sur Suez. Il faut avoir soin de remettre votre montre au midi de chaque pays.

— Moi ! toucher à ma montre ! s’écria Passepartout, jamais !

— Eh bien, elle ne sera plus d’accord avec le soleil.

— Tant pis pour le soleil, monsieur ! C’est lui qui aura tort ! »

Et le brave garçon remit sa montre dans son gousset avec un geste superbe.

Quelques instants après, Fix lui disait :

« Vous avez donc quitté Londres précipitamment ?

— Je le crois bien ! Mercredi dernier, à huit heures du soir, contre toutes ses habitudes, Mr. Fogg revint de son cercle, et trois quarts d’heure après nous étions partis.

— Mais où va-t-il donc, votre maître ?

— Toujours devant lui ! Il fait le tour du monde !

— Le tour du monde ? s’écria Fix.

— Oui, en quatre-vingts jours ! Un pari, dit-il, mais, entre nous, je n’en crois rien. Cela n’aurait pas le sens commun. Il y a autre chose.

— Ah ! c’est un original, ce Mr. Fogg ?

— Je le crois.

— Il est donc riche ?

— Évidemment, et il emporte une jolie somme avec lui, en bank-notes toutes neuves ! Et il n’épargne pas l’argent en route ! Tenez ! il a promis une prime magnifique au mécanicien du Mongolia , si nous arrivions à Bombay avec une belle avance !

— Et vous le connaissez depuis longtemps, votre maître ?

— Moi ! répondit Passepartout, je suis entré à son service le jour même de notre départ. »

On s’imagine aisément l’effet que ces réponses devaient produire sur l’esprit déjà surexcité de l’inspecteur de police.

Ce départ précipité de Londres, peu de temps après le vol, cette grosse somme emportée, cette hâte d’arriver en des pays lointains, ce prétexte d’un pari excentrique, tout confirmait et devait confirmer Fix dans ses idées. Il fit encore parler le Français et acquit la certitude que ce garçon ne connaissait aucunement son maître, que celui-ci vivait isolé à Londres, qu’on le disait riche sans savoir l’origine de sa fortune, que c’était un homme impénétrable, etc. Mais, en même temps, Fix put tenir pour certain que Phileas Fogg ne débarquait point à Suez, et qu’il allait réellement à Bombay.

« Est-ce loin Bombay ? demanda Passepartout.

— Assez loin, répondit l’agent. Il vous faut encore une dizaine de jours de mer.

— Et où prenez-vous Bombay ?

— Dans l’Inde.

— En Asie ?

— Naturellement.

— Diable ! C’est que je vais vous dire… il y a une chose qui me tracasse… c’est mon bec !

— Quel bec ?

— Mon bec de gaz que j’ai oublié d’éteindre et qui brûle à mon compte. Or, j’ai calculé que j’en avais pour deux shillings par vingt-quatre heures, juste six pence de plus que je ne gagne, et vous comprenez que pour peu que le voyage se prolonge… »

Fix comprit-il l’affaire du gaz ? C’est peu probable. Il n’écoutait plus et prenait un parti. Le Français et lui étaient arrivés au bazar. Fix laissa son compagnon y faire ses emplettes, il lui recommanda de ne pas manquer le départ du Mongolia , et il revint en toute hâte aux bureaux de l’agent consulaire.

Fix, maintenant que sa conviction était faite, avait repris tout son sang-froid.

« Monsieur, dit-il au consul, je n’ai plus aucun doute. Je tiens mon homme. Il se fait passer pour un excentrique qui veut faire le tour du monde en quatre-vingts jours.

— Alors c’est un malin, répondit le consul, et il compte revenir à Londres, après avoir dépisté toutes les polices des deux continents !

— Nous verrons bien, répondit Fix.

— Mais ne vous trompez-vous pas ? demanda encore une fois le consul.

— Je ne me trompe pas.

— Alors, pourquoi ce voleur a-t-il tenu à faire constater par un visa son passage à Suez ?

— Pourquoi ?… je n’en sais rien, monsieur le consul, répondit le détective, mais écoutez-moi. »

Et, en quelques mots, il rapporta les points saillants de sa conversation avec le domestique dudit Fogg.

« En effet, dit le consul, toutes les présomptions sont contre cet homme. Et qu’allez-vous faire ?

— Lancer une dépêche à Londres avec demande instante de m’adresser un mandat d’arrestation à Bombay, m’embarquer sur le Mongolia , filer mon voleur jusqu’aux Indes, et là, sur cette terre anglaise, l’accoster poliment, mon mandat à la main et la main sur l’épaule. »

Ces paroles prononcées froidement, l’agent prit congé du consul et se rendit au bureau télégraphique. De là, il lança au directeur de la police métropolitaine cette dépêche que l’on connaît.

IX où la mer rouge et la mer des indes se montrent propices aux desseins de phileas fogg.

La distance entre Suez et Aden est exactement de treize cent dix milles, et le cahier des charges de la Compagnie alloue à ses paquebots un laps de temps de cent trente-huit heures pour la franchir. Le Mongolia , dont les feux étaient activement poussés, marchait de manière à devancer l’arrivée réglementaire.

La plupart des passagers embarqués à Brindisi avaient presque tous l’Inde pour destination. Les uns se rendaient à Bombay, les autres à Calcutta, mais via Bombay, car depuis qu’un chemin de fer traverse dans toute sa largeur la péninsule indienne, il n’est plus nécessaire de doubler la pointe de Ceylan.

Parmi ces passagers du Mongolia , on comptait divers fonctionnaires civils et des officiers de tout grade. De ceux-ci, les uns appartenaient à l’armée britannique proprement dite, les autres commandaient les troupes indigènes de cipayes , tous chèrement appointés, même à présent que le gouvernement s’est substitué aux droits et aux charges de l’ancienne Compagnie des Indes : sous-lieutenants à 7,000 francs, brigadiers à 60,000, généraux à 100,000. [1]

On vivait donc bien à bord du Mongolia , dans cette société de fonctionnaires, auxquels se mêlaient quelques jeunes Anglais, qui, le million en poche, allaient fonder au loin des comptoirs de commerce. Le « purser », l’homme de confiance de la Compagnie, l’égal du capitaine à bord, faisait somptueusement les choses. Au déjeuner du matin, au lunch de deux heures, au dîner de cinq heures et demie, au souper de huit heures, les tables pliaient sous les plats de viande fraîche et les entremets fournis par la boucherie et les offices du paquebot. Les passagères — il y en avait quelques-unes — changeaient de toilette deux fois par jour. On faisait de la musique, on dansait même, quand la mer le permettait.

Mais la mer Rouge est fort capricieuse et trop souvent mauvaise, comme tous ces golfes étroits et longs. Quand le vent soufflait soit de la côte d’Asie, soit de la côte d’Afrique, le Mongolia , long fuseau à hélice, pris par le travers, roulait épouvantablement. Les dames disparaissaient alors ; les pianos se taisaient ; chants et danses cessaient à la fois. Et pourtant, malgré la rafale, malgré la houle, le paquebot, poussé par sa puissante machine, courait sans retard vers le détroit de Bab-el-Mandeb.

Que faisait Phileas Fogg pendant ce temps ? On pourrait croire que, toujours inquiet et anxieux, il se préoccupait des changements de vent nuisibles à la marche du navire, des mouvements désordonnés de la houle qui risquaient d’occasionner un accident à la machine, enfin de toutes les avaries possibles qui, en obligeant le Mongolia à relâcher dans quelque port, auraient compromis son voyage ?

Aucunement, ou tout au moins, si ce gentleman songeait à ces éventualités, il n’en laissait rien paraître. C’était toujours l’homme impassible, le membre imperturbable du Reform-Club, qu’aucun incident ou accident ne pouvait surprendre. Il ne paraissait pas plus ému que les chronomètres du bord. On le voyait rarement sur le pont. Il s’inquiétait peu d’observer cette mer Rouge, si féconde en souvenirs, ce théâtre des premières scènes historiques de l’humanité. Il ne venait pas reconnaître les curieuses villes semées sur ses bords, et dont la pittoresque silhouette se découpait quelquefois à l’horizon. Il ne rêvait même pas aux dangers de ce golfe Arabique, dont les anciens historiens, Strabon , Arrien , Arthémidore , Edrisi , ont toujours parlé avec épouvante, et sur lequel les navigateurs ne se hasardaient jamais autrefois sans avoir consacré leur voyage par des sacrifices propitiatoires.

Que faisait donc cet original, emprisonné dans le Mongolia  ? D’abord il faisait ses quatre repas par jour, sans que jamais ni roulis ni tangage pussent détraquer une machine si merveilleusement organisée. Puis il jouait au whist.

Oui ! il avait rencontré des partenaires, aussi enragés que lui : un collecteur de taxes qui se rendait à son poste à Goa, un ministre, le révérend Décimus Smith, retournant à Bombay, et un brigadier général de l’armée anglaise, qui rejoignait son corps à Bénarès. Ces trois passagers avaient pour le whist la même passion que Mr. Fogg, et ils jouaient pendant des heures entières, non moins silencieusement que lui.

Quant à Passepartout, le mal de mer n’avait aucune prise sur lui. Il occupait une cabine à l’avant et mangeait, lui aussi, consciencieusement. Il faut dire que, décidément, ce voyage, fait dans ces conditions, ne lui déplaisait plus. Il en prenait son parti. Bien nourri, bien logé, il voyait du pays et d’ailleurs il s’affirmait à lui-même que toute cette fantaisie finirait à Bombay.

Le lendemain du départ de Suez, le 10 octobre, ce ne fut pas sans un certain plaisir qu’il rencontra sur le pont l’obligeant personnage auquel il s’était adressé en débarquant en Égypte.

« Je ne me trompe pas, dit-il en l’abordant avec son plus aimable sourire, c’est bien vous, monsieur, qui m’avez si complaisamment servi de guide à Suez ?

— En effet, répondit le détective, je vous reconnais ! Vous êtes le domestique de cet Anglais original…

— Précisément, monsieur… ?

— Monsieur Fix, répondit Passepartout. Enchanté de vous retrouver à bord. Et où allez-vous donc ?

— Mais, ainsi que vous, à Bombay.

— C’est au mieux ! Est-ce que vous avez déjà fait ce voyage ?

— Plusieurs fois, répondit Fix. Je suis un agent de la Compagnie péninsulaire.

— Alors vous connaissez l’Inde ?

— Mais… oui…, répondit Fix, qui ne voulait pas trop s’avancer.

— Et c’est curieux, cette Inde-là ?

— Très-curieux ! Des mosquées, des minarets, des temples, des fakirs, des pagodes, des tigres, des serpents, des bayadères ! Mais il faut espérer que vous aurez le temps de visiter le pays ?

— Je l’espère, monsieur Fix. Vous comprenez bien qu’il n’est pas permis à un homme sain d’esprit de passer sa vie à sauter d’un paquebot dans un chemin de fer et d’un chemin de fer dans un paquebot, sous prétexte de faire le tour du monde en quatre-vingts jours ! Non. Toute cette gymnastique cessera à Bombay, n’en doutez pas.

— Et il se porte bien, Mr. Fogg ? demanda Fix du ton le plus naturel.

— Très-bien, monsieur Fix. Moi aussi, d’ailleurs. Je mange comme un ogre qui serait à jeun. C’est l’air de la mer.

— Et votre maître, je ne le vois jamais sur le pont.

— Jamais. Il n’est pas curieux.

— Savez-vous, monsieur Passepartout, que ce prétendu voyage en quatre-vingts jours pourrait bien cacher quelque mission secrète… une mission diplomatique, par exemple !

— Ma foi, monsieur Fix, je n’en sais rien, je vous l’avoue, et, au fond, je ne donnerais pas une demi-couronne pour le savoir. »

Depuis cette rencontre, Passepartout et Fix causèrent souvent ensemble. L’inspecteur de police tenait à se lier avec le domestique du sieur Fogg. Cela pouvait le servir à l’occasion. Il lui offrait donc souvent, au bar-room du Mongolia , quelques verres de whisky ou de pale-ale, que le brave garçon acceptait sans cérémonie et rendait même pour ne pas être en reste, — trouvant, d’ailleurs, ce Fix un gentleman bien honnête.

Cependant le paquebot s’avançait rapidement. Le 13, on eut connaissance de Moka, qui apparut dans sa ceinture de murailles ruinées, au-dessus desquelles se détachaient quelques dattiers verdoyants. Au loin, dans les montagnes, se développaient de vastes champs de caféiers. Passepartout fut ravi de contempler cette ville célèbre, et il trouva même qu’avec ses murs circulaires et un fort démantelé qui se dessinait comme une anse, elle ressemblait à une énorme demi-tasse.

tour du monde 3 jours

Pendant la nuit suivante, le Mongolia franchit le détroit de Bab-el-Mandeb, dont le nom arabe signifie la Porte des Larmes , et le lendemain, 14, il faisait escale à Steamer-Point, au nord-ouest de la rade d’Aden. C’est là qu’il devait se réapprovisionner de combustible.

Grave et importante affaire que cette alimentation du foyer des paquebots à de telles distances des centres de production. Rien que pour la Compagnie péninsulaire, c’est une dépense annuelle qui se chiffre par huit cent mille livres (20 millions de francs). Il a fallu, en effet, établir des dépôts en plusieurs ports, et, dans ces mers éloignées, le charbon revient à quatre-vingts francs la tonne.

Le Mongolia avait encore seize cent cinquante milles à faire avant d’atteindre Bombay, et il devait rester quatre heures à Steamer-Point, afin de remplir ses soutes.

Mais ce retard ne pouvait nuire en aucune façon au programme de Phileas Fogg. Il était prévu. D’ailleurs le Mongolia , au lieu d’arriver à Aden le 15 octobre seulement au matin, y entrait le 14 au soir. C’était un gain de quinze heures.

Mr. Fogg et son domestique descendirent à terre. Le gentleman voulait faire viser son passe-port. Fix le suivit sans être remarqué. La formalité du visa accomplie, Phileas Fogg revint à bord reprendre sa partie interrompue.

Passepartout, lui, flâna, suivant sa coutume, au milieu de cette population de Somanlis, de Banians, de Parsis, de juifs, d’Arabes, d’Européens, composant les vingt-cinq mille habitants d’Aden. Il admira les fortifications qui font de cette ville le Gibraltar de la mer des Indes, et de magnifiques citernes auxquelles travaillaient encore les ingénieurs anglais, deux mille ans après les ingénieurs du roi Salomon.

tour du monde 3 jours

« Très-curieux, très-curieux ! se disait Passepartout en revenant à bord. Je m’aperçois qu’il n’est pas inutile de voyager, si l’on veut voir du nouveau. »

À six heures du soir, le Mongolia battait des branches de son hélice les eaux de la rade d’Aden et courait bientôt sur la mer des Indes. Il lui était accordé cent soixante-huit heures pour accomplir la traversée entre Aden et Bombay. Du reste, cette mer indienne lui fut favorable. Le vent tenait dans le nord-ouest. Les voiles vinrent en aide à la vapeur.

Le navire, mieux appuyé, roula moins. Les passagères, en fraîches toilettes, reparurent sur le pont. Les chants et les danses recommencèrent.

Le voyage s’accomplit donc dans les meilleures conditions. Passepartout était enchanté de l’aimable compagnon que le hasard lui avait procuré en la personne de Fix.

Le dimanche 20 octobre, vers midi, on eut connaissance de la côte indienne. Deux heures plus tard, le pilote montait à bord du Mongolia . À l’horizon, un arrière-plan de collines se profilait harmonieusement sur le fond du ciel. Bientôt, les rangs de palmiers qui couvrent la ville se détachèrent vivement. Le paquebot pénétra dans cette rade formée par les îles Salcette, Colaba, Éléphanta, Butcher, et à quatre heures et demie il accostait les quais de Bombay.

Phileas Fogg achevait alors le trente-troisième robbre de la journée, et son partenaire et lui, grâce à une manœuvre audacieuse, ayant fait les treize levées, terminèrent cette belle traversée par un chelem admirable.

Le Mongolia ne devait arriver que le 22 octobre à Bombay. Or, il y arrivait le 20. C’était donc, depuis son départ de Londres, un gain de deux jours, que Phileas Fogg inscrivit méthodiquement sur son itinéraire à la colonne des bénéfices.

X où passepartout est trop heureux d’en être quitte en perdant sa chaussure.

Personne n’ignore que l’Inde — ce grand triangle renversé dont la base est au nord et la pointe au sud — comprend une superficie de quatorze cent mille milles carrés, sur laquelle est inégalement répandue une population de cent quatre-vingts millions d’habitants. Le gouvernement britannique exerce une domination réelle sur une certaine partie de cet immense pays. Il entretient un gouverneur général à Calcutta, des gouverneurs à Madras, à Bombay, au Bengale, et un lieutenant-gouverneur à Agra.

Mais l’Inde anglaise proprement dite ne compte qu’une superficie de sept cent mille milles carrés et une population de cent à cent dix millions d’habitants. C’est assez dire qu’une notable partie du territoire échappe encore à l’autorité de la reine ; et, en effet, chez certains rajahs de l’intérieur, farouches et terribles, l’indépendance indoue est encore absolue.

Depuis 1756 — époque à laquelle fut fondé le premier établissement anglais sur l’emplacement aujourd’hui occupé par la ville de Madras — jusqu’à cette année dans laquelle éclata la grande insurrection des cipayes , la célèbre Compagnie des Indes fut toute-puissante. Elle s’annexait peu à peu les diverses provinces, achetées aux rajahs au prix de rentes qu’elle payait peu ou point ; elle nommait son gouverneur général et tous ses employés civils ou militaires ; mais maintenant elle n’existe plus, et les possessions anglaises de l’Inde relèvent directement de la couronne.

Aussi l’aspect, les mœurs, les divisions ethnographiques de la péninsule tendent à se modifier chaque jour. Autrefois, on y voyageait par tous les antiques moyens de transport, à pied, à cheval, en charrette, en brouette, en palanquin, à dos d’homme, en coach, etc. Maintenant, des steamboats parcourent à grande vitesse l’Indus, le Gange, et un chemin de fer, qui traverse l’Inde dans toute sa largeur en se ramifiant sur son parcours, met Bombay à trois jours seulement de Calcutta.

Le tracé de ce chemin de fer ne suit pas la ligne droite à travers l’Inde. La distance à vol d’oiseau n’est que de mille à onze cents milles, et des trains, animés d’une vitesse moyenne seulement, n’emploieraient pas trois jours à la franchir ; mais cette distance est accrue d’un tiers, au moins, par la corde que décrit le railway en s’élevant jusqu’à Allahabad dans le nord de la péninsule.

Voici, en somme, le tracé à grands points du « Great Indian peninsular railway ». En quittant l’île de Bombay, il traverse Salcette, saute sur le continent en face de Tannah, franchit la chaîne des Ghâtes-Occidentales, court au nord-est jusqu’à Burhampour, sillonne le territoire à peu près indépendant du Bundelkund, s’élève jusqu’à Allahabad, s’infléchit vers l’est, rencontre le Gange à Bénarès, s’en écarte légèrement, et, redescendant au sud-est par Burdivan et la ville française de Chandernagor, il fait tête de ligne à Calcutta.

C’était à quatre heures et demie du soir que les passagers du Mongolia avaient débarqué à Bombay, et le train de Calcutta partait à huit heures précises.

Mr. Fogg prit donc congé de ses partenaires, quitta le paquebot, donna à son domestique le détail de quelques emplettes à faire, lui recommanda expressément de se trouver avant huit heures à la gare, et, de son pas régulier qui battait la seconde comme le pendule d’une horloge astronomique, il se dirigea vers le bureau des passe-ports.

Ainsi donc, des merveilles de Bombay, il ne songeait à rien voir, ni l’hôtel de ville, ni la magnifique bibliothèque, ni les forts, ni les docks, ni le marché au coton, ni les bazars, ni les mosquées, ni les synagogues, ni les églises arméniennes, ni la splendide pagode de Malebar-Hill, ornée de deux tours polygones. Il ne contemplerait ni les chefs-d’œuvre d’Éléphanta , ni ses mystérieuses hypogées, cachées au sud-est de la rade, ni les grottes Kanhérie de l’île Salcette, ces admirables restes de l’architecture bouddhiste !

Non ! rien. En sortant du bureau des passe-ports, Phileas Fogg se rendit tranquillement à la gare, et là il se fit servir à dîner. Entre autres mets, le maître d’hôtel crut devoir lui recommander une certaine gibelotte de « lapin du pays », dont il lui dit merveille.

Phileas Fogg accepta la gibelotte et la goûta consciencieusement ; mais, en dépit de sa sauce épicée, il la trouva détestable.

Il sonna le maître d’hôtel.

« Monsieur, lui dit-il en le regardant fixement, c’est du lapin, cela ?

— Oui, mylord, répondit effrontément le drôle, du lapin des jungles.

— Et ce lapin-là n’a pas miaulé quand on l’a tué ?

— Miaulé ! Oh ! mylord ! un lapin ! Je vous jure…

— Monsieur le maître d’hôtel, reprit froidement Mr. Fogg, ne jurez pas et rappelez-vous ceci : autrefois, dans l’Inde, les chats étaient considérés comme des animaux sacrés. C’était le bon temps.

— Pour les chats, mylord ?

— Et peut-être aussi pour les voyageurs ! »

Cette observation faite, Mr. Fogg continua tranquillement à dîner.

Quelques instants après Mr. Fogg, l’agent Fix avait, lui aussi, débarqué du Mongolia et couru chez le directeur de la police de Bombay. Il fit reconnaître sa qualité de détective, la mission dont il était chargé, sa situation vis-à-vis de l’auteur présumé du vol. Avait-on reçu de Londres un mandat d’arrêt ?… On n’avait rien reçu. Et, en effet, le mandat, parti après Fogg, ne pouvait être encore arrivé.

Fix resta fort décontenancé. Il voulut obtenir du directeur un ordre d’arrestation contre le sieur Fogg. Le directeur refusa. L’affaire regardait l’administration métropolitaine, et celle-ci seule pouvait légalement délivrer un mandat. Cette sévérité de principes, cette observance rigoureuse de la légalité est parfaitement explicable avec les mœurs anglaises, qui, en matière de liberté individuelle, n’admettent aucun arbitraire.

Fix n’insista pas et comprit qu’il devait se résigner à attendre son mandat. Mais il résolut de ne point perdre de vue son impénétrable coquin, pendant tout le temps que celui-ci demeurerait à Bombay. Il ne doutait pas que Phileas Fogg n’y séjournât, et, on le sait, c’était aussi la conviction de Passepartout, — ce qui laisserait au mandat d’arrêt le temps d’arriver.

Mais depuis les derniers ordres que lui avait donnés son maître en quittant le Mongolia , Passepartout avait bien compris qu’il en serait de Bombay comme de Suez et de Paris, que le voyage ne finirait pas ici, qu’il se poursuivrait au moins jusqu’à Calcutta, et peut-être plus loin. Et il commença à se demander si ce pari de Mr. Fogg n’était pas absolument sérieux, et si la fatalité ne l’entraînait pas, lui qui voulait vivre en repos, à accomplir le tour du monde en quatre-vingts jours !

En attendant, et après avoir fait acquisition de quelques chemises et chaussettes, il se promenait dans les rues de Bombay. Il y avait grand concours de populaire, et, au milieu d’Européens de toutes nationalités, des Persans à bonnets pointus, des Bunhyas à turbans ronds, des Sindes à bonnets carrés, des Arméniens en longues robes, des Parsis à mitre noire. C’était précisément une fête célébrée par ces Parsis ou Guèbres, descendants directs des sectateurs de Zoroastre, qui sont les plus industrieux, les plus civilisés, les plus intelligents, les plus austères des Indous, — race à laquelle appartiennent actuellement les riches négociants indigènes de Bombay. Ce jour-là, ils célébraient une sorte de carnaval religieux, avec processions et divertissements, dans lesquels figuraient des bayadères vêtues de gazes roses brochées d’or et d’argent, qui, au son des violes et au bruit des tam-tams, dansaient merveilleusement, et avec une décence parfaite, d’ailleurs.

Si Passepartout regardait ces curieuses cérémonies, si ses yeux et ses oreilles s’ouvraient démesurément pour voir et entendre, si son air, sa physionomie était bien celle du « booby » le plus neuf qu’on pût imaginer, il est superflu d’y insister ici.

Malheureusement pour lui et pour son maître, dont il risqua de compromettre le voyage, sa curiosité l’entraîna plus loin qu’il ne convenait.

En effet, après avoir entrevu ce carnaval parsi, Passepartout se dirigeait vers la gare, quand, passant devant l’admirable pagode de Malebar-Hill, il eut la malencontreuse idée d’en visiter l’intérieur.

Il ignorait deux choses : d’abord que l’entrée de certaines pagodes indoues est formellement interdite aux chrétiens, et ensuite que les croyants eux-mêmes ne peuvent y pénétrer sans avoir laissé leurs chaussures à la porte. Il faut remarquer ici que, par raison de saine politique, le gouvernement anglais, respectant et faisant respecter jusque dans ses plus insignifiants détails la religion du pays, punit sévèrement quiconque en viole les pratiques.

Passepartout, entré là, sans penser à mal, comme un simple touriste, admirait, à l’intérieur de Malebar-Hill, ce clinquant éblouissant de l’ornementation brahmanique, quand soudain il fut renversé sur les dalles sacrées. Trois prêtres, le regard plein de fureur, se précipitèrent sur lui, arrachèrent ses souliers et ses chaussettes, et commencèrent à le rouer de coups, en proférant des cris sauvages.

tour du monde 3 jours

Le Français, vigoureux et agile, se releva vivement. D’un coup de poing et d’un coup de pied, il renversa deux de ses adversaires, fort empêtrés dans leurs longues robes, et, s’élançant hors de la pagode de toute la vitesse de ses jambes, il eut bientôt distancé le troisième Indou, qui s’était jeté sur ses traces, en ameutant la foule.

À huit heures moins cinq, quelques minutes seulement avant le départ du train, sans chapeau, pieds nus, ayant perdu dans la bagarre le paquet contenant ses emplettes, Passepartout arrivait à la gare du chemin de fer.

Fix était là, sur le quai d’embarquement. Ayant suivi le sieur Fogg à la gare, il avait compris que ce coquin allait quitter Bombay. Son parti fut aussitôt pris de l’accompagner jusqu’à Calcutta et plus loin s’il le fallait. Passepartout ne vit pas Fix, qui se tenait dans l’ombre, mais Fix entendit le récit de ses aventures, que Passepartout narra en peu de mots à son maître.

« J’espère que cela ne vous arrivera plus », répondit simplement Phileas Fogg, en prenant place dans un des wagons du train.

Le pauvre garçon, pieds nus et tout déconfit, suivit son maître sans mot dire.

Fix allait monter dans un wagon séparé, quand une pensée le retint et modifia subitement son projet de départ.

« Non, je reste, se dit-il. Un délit commis sur le territoire indien… Je tiens mon homme. »

En ce moment, la locomotive lança un vigoureux sifflet, et le train disparut dans la nuit.

XI où phileas fogg achète une monture à un prix fabuleux.

Le train était parti à l’heure réglementaire. Il emportait un certain nombre de voyageurs, quelques officiers, des fonctionnaires civils et des négociants en opium et en indigo, que leur commerce appelait dans la partie orientale de la péninsule.

Passepartout occupait le même compartiment que son maître. Un troisième voyageur se trouvait placé dans le coin opposé.

C’était le brigadier général, sir Francis Cromarty, l’un des partenaires de Mr. Fogg pendant la traversée de Suez à Bombay, qui rejoignait ses troupes cantonnées auprès de Bénarès.

Sir Francis Cromarty, grand, blond, âgé de cinquante ans environ, qui s’était fort distingué pendant la dernière révolte des cipayes, eût véritablement mérité la qualification d’indigène. Depuis son jeune âge, il habitait l’Inde et n’avait fait que de rares apparitions dans son pays natal. C’était un homme instruit, qui aurait volontiers donné des renseignements sur les coutumes, l’histoire, l’organisation du pays indou, si Phileas Fogg eût été homme à les demander. Mais ce gentleman ne demandait rien. Il ne voyageait pas, il décrivait une circonférence. C’était un corps grave, parcourant une orbite autour du globe terrestre, suivant les lois de la mécanique rationnelle. En ce moment, il refaisait dans son esprit le calcul des heures dépensées depuis son départ de Londres, et il se fût frotté les mains, s’il eût été dans sa nature de faire un mouvement inutile.

Sir Francis Cromarty n’était pas sans avoir reconnu l’originalité de son compagnon de route, bien qu’il ne l’eût étudié que les cartes à la main et entre deux robbres. Il était donc fondé à se demander si un cœur humain battait sous cette froide enveloppe, si Phileas Fogg avait une âme sensible aux beautés de la nature, aux aspirations morales. Pour lui, cela faisait question. De tous les originaux que le brigadier général avait rencontrés, aucun n’était comparable à ce produit des sciences exactes.

Phileas Fogg n’avait point caché à sir Francis Cromarty son projet de voyage autour du monde, ni dans quelles conditions il l’opérait. Le brigadier général ne vit dans ce pari qu’une excentricité sans but utile et à laquelle manquerait nécessairement le transire benefaciendo qui doit guider tout homme raisonnable. Au train dont marchait le bizarre gentleman, il passerait évidemment sans « rien faire », ni pour lui, ni pour les autres.

Une heure après avoir quitté Bombay, le train, franchissant les viaducs, avait traversé l’île Salcette et courait sur le continent. À la station de Callyan, il laissa sur la droite l’embranchement qui, par Kandallah et Pounah, descend vers le sud-est de l’Inde, et il gagna la station de Pauwell. À ce point, il s’engagea dans les montagnes très-ramifiées des Ghâtes-Occidentales, chaînes à base de trapp et de basalte, dont les plus hauts sommets sont couverts de bois épais.

De temps à autre, sir Francis Cromarty et Phileas Fogg échangeaient quelques paroles, et, à ce moment, le brigadier général, relevant une conversation qui tombait souvent, dit :

« Il y a quelques années, monsieur Fogg, vous auriez éprouvé en cet endroit un retard qui eût probablement compromis votre itinéraire.

— Pourquoi cela, sir Francis ?

— Parce que le chemin de fer s’arrêtait à la base de ces montagnes, qu’il fallait traverser en palanquin ou à dos de poney jusqu’à la station de Kandallah, située sur le versant opposé.

— Ce retard n’eût aucunement dérangé l’économie de mon programme, répondit Mr. Fogg. Je ne suis pas sans avoir prévu l’éventualité de certains obstacles.

— Cependant, monsieur Fogg, reprit le brigadier général, vous risquiez d’avoir une fort mauvaise affaire sur les bras avec l’aventure de ce garçon. »

Passepartout, les pieds entortillés dans sa couverture de voyage, dormait profondément et ne rêvait guère que l’on parlât de lui.

« Le gouvernement anglais est extrêmement sévère et avec raison pour ce genre de délit, reprit sir Francis Cromarty. Il tient par-dessus tout à ce que l’on respecte les coutumes religieuses des Indous, et si votre domestique eût été pris…

— Eh bien, s’il eût été pris, Sir Francis, répondit Mr. Fogg, il aurait été condamné, il aurait subi sa peine, et puis il serait revenu tranquillement en Europe. Je ne vois pas en quoi cette affaire eût pu retarder son maître ! »

Et, là-dessus, la conversation retomba. Pendant la nuit, le train franchit les Ghâtes, passa à Nassik, et le lendemain, 21 octobre, il s’élançait à travers un pays relativement plat, formé par le territoire du Khandeish. La campagne, bien cultivée, était semée de bourgades, au-dessus desquelles le minaret de la pagode remplaçait le clocher de l’église européenne. De nombreux petits cours d’eau, la plupart affluents ou sous-affluents du Godavery, irriguaient cette contrée fertile.

Passepartout, réveillé, regardait, et ne pouvait croire qu’il traversait le pays des Indous dans un train du « Great peninsular railway ». Cela lui paraissait invraisemblable. Et cependant rien de plus réel ! La locomotive, dirigée par le bras d’un mécanicien anglais et chauffée de houille anglaise, lançait sa fumée sur les plantations de caféiers, de muscadiers, de girofliers, de poivriers rouges. La vapeur se contournait en spirales autour des groupes de palmiers, entre lesquels apparaissaient de pittoresques bungalows, quelques viharis, sortes de monastères abandonnés, et des temples merveilleux qu’enrichissait l’inépuisable ornementation de l’architecture indienne. Puis, d’immenses étendues de terrain se dessinaient à perte de vue, des jungles où ne manquaient ni les serpents ni les tigres qu’épouvantaient les hennissements du train, et enfin des forêts, fendues par le tracé de la voie, encore hantées d’éléphants, qui, d’un œil pensif, regardaient passer le convoi échevelé.

tour du monde 3 jours

Pendant cette matinée, au-delà de la station de Malligaum, les voyageurs traversèrent ce territoire funeste, qui fut si souvent ensanglanté par les sectateurs de la déesse Kâli. Non loin s’élevaient Ellora et ses pagodes admirables, non loin la célèbre Aurungabad, la capitale du farouche Aureng-Zeb, maintenant simple chef-lieu de l’une des provinces détachées du royaume du Nizam. C’était sur cette contrée que Feringhea, le chef des Thugs, le roi des Etrangleurs, exerçait sa domination. Ces assassins, unis dans une association insaisissable, étranglaient, en l’honneur de la déesse de la Mort, des victimes de tout âge, sans jamais verser de sang, et il fut un temps où l’on ne pouvait fouiller un endroit quelconque de ce sol sans y trouver un cadavre. Le gouvernement anglais a bien pu empêcher ces meurtres dans une notable proportion, mais l’épouvantable association existe toujours et fonctionne encore.

À midi et demi, le train s’arrêta à la station de Burhampour, et Passepartout put s’y procurer à prix d’or une paire de babouches, agrémentées de perles fausses, qu’il chaussa avec un sentiment d’évidente vanité.

Les voyageurs déjeunèrent rapidement, et repartirent pour la station d’Assurghur, après avoir un instant côtoyé la rive du Tapty, petit fleuve qui va se jeter dans le golfe de Cambaye, près de Surate.

Il est opportun de faire connaître quelles pensées occupaient alors l’esprit de Passepartout. Jusqu’à son arrivée à Bombay, il avait cru et pu croire que ces choses en resteraient là. Mais maintenant, depuis qu’il filait à toute vapeur à travers l’Inde, un revirement s’était fait dans son esprit. Son naturel lui revenait au galop. Il retrouvait les idées fantaisistes de sa jeunesse, il prenait au sérieux les projets de son maître, il croyait à la réalité du pari, conséquemment à ce tour du monde et à ce maximum de temps, qu’il ne fallait pas dépasser. Déjà même, il s’inquiétait des retards possibles, des accidents qui pouvaient survenir en route. Il se sentait comme intéressé dans cette gageure, et tremblait à la pensée qu’il avait pu la compromettre la veille par son impardonnable badauderie. Aussi, beaucoup moins flegmatique que Mr. Fogg, il était beaucoup plus inquiet. Il comptait et recomptait les jours écoulés, maudissait les haltes du train, l’accusait de lenteur et blâmait in petto Mr. Fogg de n’avoir pas promis une prime au mécanicien. Il ne savait pas, le brave garçon, que ce qui était possible sur un paquebot ne l’était plus sur un chemin de fer, dont la vitesse est réglementée.

Vers le soir, on s’engagea dans les défilés des montagnes de Sutpour, qui séparent le territoire du Khandeish de celui du Bundelkund.

Le lendemain, 22 octobre, sur une question de sir Francis Cromarty, Passepartout, ayant consulté sa montre, répondit qu’il était trois heures du matin. Et, en effet, cette fameuse montre, toujours réglée sur le méridien de Greenwich, qui se trouvait à près de soixante-dix-sept degrés dans l’ouest, devait retarder et retardait en effet de quatre heures.

Sir Francis rectifia donc l’heure donnée par Passepartout, auquel il fit la même observation que celui-ci avait déjà reçue de la part de Fix. Il essaya de lui faire comprendre qu’il devait se régler sur chaque nouveau méridien, et que, puisqu’il marchait constamment vers l’est, c’est-à-dire au-devant du soleil, les jours étaient plus courts d’autant de fois quatre minutes qu’il y avait de degrés parcourus. Ce fut inutile. Que l’entêté garçon eût compris ou non l’observation du brigadier général, il s’obstina à ne pas avancer sa montre, qu’il maintint invariablement à l’heure de Londres. Innocente manie, d’ailleurs, et qui ne pouvait nuire à personne.

À huit heures du matin et à quinze milles en avant de la station de Rothal, le train s’arrêta au milieu d’une vaste clairière, bordée de quelques bungalows et de cabanes d’ouvriers. Le conducteur du train passa devant la ligne des wagons en disant :

« Les voyageurs descendent ici. »

Phileas Fogg regarda sir Francis Cromarty, qui parut ne rien comprendre à cette halte au milieu d’une forêt de tamarins et de khajours.

Passepartout, non moins surpris, s’élança sur la voie et revint presque aussitôt, s’écriant :

« Monsieur, plus de chemin de fer !

— Que voulez-vous dire ? demanda sir Francis Cromarty.

— Je veux dire que le train ne continue pas ! »

Le brigadier général descendit aussitôt de wagon. Phileas Fogg le suivit, sans se presser. Tous deux s’adressèrent au conducteur :

« Où sommes-nous ? demanda sir Francis Cromarty.

— Au hameau de Kholby, répondit le conducteur.

— Nous nous arrêtons ici ?

— Sans doute. Le chemin de fer n’est point achevé…

— Comment ! il n’est point achevé ?

— Non ! il y a encore un tronçon d’une cinquantaine de milles à établir entre ce point et Allahabad, où la voie reprend.

— Les journaux ont pourtant annoncé l’ouverture complète du railway !

— Que voulez-vous, mon officier, les journaux se sont trompés.

— Et vous donnez des billets de Bombay à Calcutta ! reprit sir Francis Cromarty, qui commençait à s’échauffer.

— Sans doute, répondit le conducteur, mais les voyageurs savent bien qu’ils doivent se faire transporter de Kholby jusqu’à Allahabad. »

Sir Francis Cromarty était furieux. Passepartout eût volontiers assommé le conducteur, qui n’en pouvait mais. Il n’osait regarder son maître.

« Sir Francis, dit simplement Mr. Fogg, nous allons, si vous le voulez bien, aviser au moyen de gagner Allahabad.

— Monsieur Fogg, il s’agit ici d’un retard absolument préjudiciable à vos intérêts ?

— Non, sir Francis, cela était prévu.

— Quoi ! vous saviez que la voie…

— En aucune façon, mais je savais qu’un obstacle quelconque surgirait tôt ou tard sur ma route. Or, rien n’est compromis. J’ai deux jours d’avance à sacrifier. Il y a un steamer qui part de Calcutta pour Hong-Kong le 25 à midi. Nous ne sommes qu’au 22, et nous arriverons à temps à Calcutta. »

Il n’y avait rien à dire à une réponse faite avec une si complète assurance.

Il n’était que trop vrai que les travaux du chemin de fer s’arrêtaient à ce point. Les journaux sont comme certaines montres qui ont la manie d’avancer, et ils avaient prématurément annoncé l’achèvement de la ligne. La plupart des voyageurs connaissaient cette interruption de la voie, et, en descendant du train, ils s’étaient emparés des véhicules de toutes sortes que possédait la bourgade, palkigharis à quatre roues, charrettes traînées par des zébus, sortes de bœufs à bosses, chars de voyage ressemblant à des pagodes ambulantes, palanquins, poneys, etc. Aussi Mr. Fogg et sir Francis Cromarty, après avoir cherché dans toute la bourgade, revinrent-ils sans avoir rien trouvé.

« J’irai à pied », dit Phileas Fogg.

Passepartout qui rejoignait alors son maître, fit une grimace significative, en considérant ses magnifiques mais insuffisantes babouches. Fort heureusement il avait été de son côté à la découverte, et en hésitant un peu :

« Monsieur, dit-il, je crois que j’ai trouvé un moyen de transport.

— Lequel ?

— Un éléphant ! Un éléphant qui appartient à un Indien logé à cent pas d’ici.

— Allons voir l’éléphant », répondit Mr. Fogg.

tour du monde 3 jours

Cinq minutes plus tard, Phileas Fogg, sir Francis Cromarty et Passepartout arrivaient près d’une hutte qui attenait à un enclos fermé de hautes palissades. Dans la hutte, il y avait un Indien, et dans l’enclos, un éléphant. Sur leur demande, l’Indien introduisit Mr. Fogg et ses deux compagnons dans l’enclos.

Là, ils se trouvèrent en présence d’un animal, à demi domestiqué, que son propriétaire élevait, non pour en faire une bête de somme, mais une bête de combat. Dans ce but, il avait commencé à modifier le caractère naturellement doux de l’animal, de façon à le conduire graduellement à ce paroxysme de rage appelé « mutsh » dans la langue indoue, et cela, en le nourrissant pendant trois mois de sucre et de beurre. Ce traitement peut paraître impropre à donner un tel résultat, mais il n’en est pas moins employé avec succès par les éleveurs. Très-heureusement pour Mr. Fogg, l’éléphant en question venait à peine d’être mis à ce régime, et le «  mutsh  » ne s’était point encore déclaré.

Kiouni — c’était le nom de la bête — pouvait, comme tous ses congénères, fournir pendant longtemps une marche rapide, et, à défaut d’autre monture, Phileas Fogg résolut de l’employer.

Mais les éléphants sont chers dans l’Inde, où ils commencent à devenir rares. Les mâles, qui seuls conviennent aux luttes des cirques, sont extrêmement recherchés. Ces animaux ne se reproduisent que rarement, quand ils sont réduits à l’état de domesticité, de telle sorte qu’on ne peut s’en procurer que par la chasse. Aussi sont-ils l’objet de soins extrêmes, et lorsque Mr. Fogg demanda à l’Indien s’il voulait lui louer son éléphant, l’Indien refusa net.

Fogg insista et offrit de la bête un prix excessif, dix livres (250 fr.) l’heure. Refus. Vingt livres ? Refus encore. Quarante livres ? Refus toujours. Passepartout bondissait à chaque surenchère. Mais l’Indien ne se laissait pas tenter.

La somme était belle, cependant. En admettant que l’éléphant employât quinze heures à se rendre à Allahabad, c’était six cents livres (15,000 fr.) qu’il rapporterait à son propriétaire.

Phileas Fogg, sans s’animer en aucune façon, proposa alors à l’Indien de lui acheter sa bête et lui en offrit tout d’abord mille livres (25,000 fr.).

L’Indien ne voulait pas vendre ! Peut-être le drôle flairait-il une magnifique affaire.

Sir Francis Cromarty prit Mr. Fogg à part et l’engagea à réfléchir avant d’aller plus loin. Phileas Fogg répondit à son compagnon qu’il n’avait pas l’habitude d’agir sans réflexion, qu’il s’agissait en fin de compte d’un pari de vingt mille livres, que cet éléphant lui était nécessaire, et que, dût-il le payer vingt fois sa valeur, il aurait cet éléphant.

Mr. Fogg revint trouver l’Indien, dont les petits yeux, allumés par la convoitise, laissaient bien voir que pour lui ce n’était qu’une question de prix. Phileas Fogg offrit successivement douze cents livres, puis quinze cents, puis dix-huit cents, enfin deux mille (50,000 fr.). Passepartout, si rouge d’ordinaire, était pâle d’émotion.

À deux mille livres, l’Indien se rendit.

« Par mes babouches, s’écria Passepartout, voilà qui met à un beau prix la viande d’éléphant ! »

L’affaire conclue, il ne s’agissait plus que de trouver un guide. Ce fut plus facile. Un jeune Parsi, à la figure intelligente, offrit ses services. Mr. Fogg accepta et lui promit une forte rémunération, qui ne pouvait que doubler son intelligence.

L’éléphant fut amené et équipé sans retard. Le Parsi connaissait parfaitement le métier de « mahout » ou cornac. Il couvrit d’une sorte de housse le dos de l’éléphant et disposa, de chaque côté sur ses flancs, deux espèces de cacolets assez peu confortables.

Phileas Fogg paya l’Indien en bank-notes qui furent extraites du fameux sac. Il semblait vraiment qu’on les tirât des entrailles de Passepartout. Puis Mr. Fogg offrit à sir Francis Cromarty de le transporter à la station d’Allahabad. Le brigadier général accepta. Un voyageur de plus n’était pas pour fatiguer le gigantesque animal.

XII où phileas fogg et ses compagnons s’aventurent à travers les forêts de l’inde et ce qui s’ensuit.

Le guide, afin d’abréger la distance à parcourir, laissa sur sa droite le tracé de la voie dont les travaux étaient en cours d’exécution. Ce tracé, très-contrarié par les capricieuses ramifications des monts Vindhias, ne suivait pas le plus court chemin, que Phileas Fogg avait intérêt à prendre. Le Parsi, très-familiarisé avec les routes et sentiers du pays, prétendait gagner une vingtaine de milles en coupant à travers la forêt, et on s’en rapporta à lui.

Phileas Fogg et Sir Francis Cromarty, enfouis jusqu’au cou dans leurs cacolets, étaient fort secoués par le trot raide de l’éléphant, auquel son mahout imprimait une allure rapide. Mais ils enduraient la situation avec le flegme le plus britannique, causant peu d’ailleurs, et se voyant à peine l’un l’autre.

tour du monde 3 jours

Quant à Passepartout, posté sur le dos de la bête et directement soumis aux coups et aux contrecoups, il se gardait bien, sur une recommandation de son maître, de tenir sa langue entre ses dents, car elle eût été coupée net. Le brave garçon, tantôt lancé sur le cou de l’éléphant, tantôt rejeté sur la croupe, faisait de la voltige, comme un clown sur un tremplin. Mais il plaisantait, il riait au milieu de ses sauts de carpe, et, de temps en temps, il tirait de son sac un morceau de sucre, que l’intelligent Kiouni prenait du bout de sa trompe, sans interrompre un instant son trot régulier.

Après deux heures de marche, le guide arrêta l’éléphant et lui donna une heure de repos. L’animal dévora des branchages et des arbrisseaux, après s’être d’abord désaltéré à une mare voisine. Sir Francis Cromarty ne se plaignit pas de cette halte. Il était brisé. Mr. Fogg paraissait être aussi dispos que s’il fût sorti de son lit.

« Mais il est donc de fer ! dit le brigadier général en le regardant avec admiration.

— De fer forgé », répondit Passepartout, qui s’occupa de préparer un déjeuner sommaire.

À midi, le guide donna le signal du départ. Le pays prit bientôt un aspect très-sauvage. Aux grandes forêts succédèrent des taillis de tamarins et de palmiers-nains, puis de vastes plaines arides, hérissées de maigres arbrisseaux et semées de gros blocs de syénites. Toute cette partie du haut Bundelkund, peu fréquentée des voyageurs, est habitée par une population fanatique, endurcie dans les pratiques les plus terribles de la religion indoue. La domination des Anglais n’a pu s’établir régulièrement sur un territoire soumis à l’influence des rajahs, qu’il eût été difficile d’atteindre dans leurs inaccessibles retraites des Vindhias.

Plusieurs fois, on aperçut des bandes d’Indiens farouches, qui faisaient un geste de colère en voyant passer le rapide quadrupède. D’ailleurs, le Parsi les évitait autant que possible, les tenant pour des gens de mauvaise rencontre. On vit peu d’animaux pendant cette journée, à peine quelques singes, qui fuyaient avec mille contorsions et grimaces dont s’amusait fort Passepartout.

Une pensée au milieu de bien d’autres inquiétait ce garçon. Qu’est-ce que Mr. Fogg ferait de l’éléphant, quand il serait arrivé à la station d’Allahabad ? L’emmènerait-il ? Impossible ! Le prix du transport ajouté au prix d’acquisition en ferait un animal ruineux. Le vendrait-on, le rendrait-on à la liberté ? Cette estimable bête méritait bien qu’on eût des égards pour elle. Si, par hasard, Mr. Fogg lui en faisait cadeau, à lui, Passepartout, il en serait très-embarrassé. Cela ne laissait pas de le préoccuper.

À huit heures du soir, la principale chaîne des Vindhias avait été franchie, et les voyageurs firent halte au pied du versant septentrional, dans un bungalow en ruine.

La distance parcourue pendant cette journée était d’environ vingt-cinq milles, et il en restait autant à faire pour atteindre la station d’Allahabad.

La nuit était froide. À l’intérieur du bungalow, le Parsi alluma un feu de branches sèches, dont la chaleur fut très-appréciée. Le souper se composa des provisions achetées à Kholby. Les voyageurs mangèrent en gens harassés et moulus. La conversation, qui commença par quelques phrases entrecoupées, se termina bientôt par des ronflements sonores. Le guide veilla près de Kiouni, qui s’endormit debout, appuyé au tronc d’un gros arbre.

Nul incident ne signala cette nuit. Quelques rugissements de guépards et de panthères troublèrent parfois le silence, mêlés à des ricanements aigus de singes. Mais les carnassiers s’en tinrent à des cris et ne firent aucune démonstration hostile contre les hôtes du bungalow. Sir Francis Cromarty dormit lourdement comme un brave militaire rompu de fatigues. Passepartout, dans un sommeil agité, recommença en rêve les culbutes de la veille. Quant à Mr. Fogg, il reposa aussi paisiblement que s’il eût été dans sa tranquille maison de Saville-row.

À six heures du matin, on se remit en marche. Le guide espérait arriver à la station d’Allahabad le soir même. De cette façon, Mr. Fogg ne perdrait qu’une partie des quarante-huit heures économisées depuis le commencement du voyage.

On descendit les dernières rampes des Vindhias. Kiouni avait repris son allure rapide. Vers midi, le guide tourna la bourgade de Kallenger, située sur le Cani, un des sous-affluents du Gange. Il évitait toujours les lieux habités, se sentant plus en sûreté dans ces campagnes désertes, qui marquent les premières dépressions du bassin du grand fleuve. La station d’Allahabad n’était pas à douze milles dans le nord-est. On fit halte sous un bouquet de bananiers, dont les fruits, aussi sains que le pain, « aussi succulents que la crème », disent les voyageurs, furent extrêmement appréciés.

À deux heures, le guide entra sous le couvert d’une épaisse forêt, qu’il devait traverser sur un espace de plusieurs milles. Il préférait voyager ainsi à l’abri des bois. En tout cas, il n’avait fait jusqu’alors aucune rencontre fâcheuse, et le voyage semblait devoir s’accomplir sans accident, quand l’éléphant, donnant quelques signes d’inquiétude, s’arrêta soudain.

Il était quatre heures alors.

« Qu’y a-t-il ? demanda sir Francis Cromarty, qui releva la tête au-dessus de son cacolet.

— Je ne sais, mon officier », répondit le Parsi, en prêtant l’oreille à un murmure confus qui passait sous l’épaisse ramure.

Quelques instants après, ce murmure devint plus définissable. On eût dit un concert, encore fort éloigné, de voix humaines et d’instruments de cuivre.

Passepartout était tout yeux, tout oreilles. Mr. Fogg attendait patiemment, sans prononcer une parole.

Le Parsi sauta à terre, attacha l’éléphant à un arbre et s’enfonça au plus épais du taillis. Quelques minutes plus tard, il revint, disant :

« Une procession de brahmanes qui se dirige de ce côté. S’il est possible, évitons d’être vus. »

Le guide détacha l’éléphant et le conduisit dans un fourré, en recommandant aux voyageurs de ne point mettre pied à terre. Lui-même se tint prêt à enfourcher rapidement sa monture, si la fuite devenait nécessaire. Mais il pensa que la troupe des fidèles passerait sans l’apercevoir, car l’épaisseur du feuillage le dissimulait entièrement.

Le bruit discordant des voix et des instruments se rapprochait. Des chants monotones se mêlaient au son des tambours et des cymbales. Bientôt la tête de la procession apparut sous les arbres, à une cinquantaine de pas du poste occupé par Mr. Fogg et ses compagnons. Ils distinguaient aisément à travers les branches le curieux personnel de cette cérémonie religieuse.

En première ligne s’avançaient des prêtres, coiffés de mitres et vêtus de longues robes chamarrées. Ils étaient entourés d’hommes, de femmes, d’enfants, qui faisaient entendre une sorte de psalmodie funèbre, interrompue à intervalles égaux par des coups de tam-tams et de cymbales. Derrière eux, sur un char aux larges roues dont les rayons et la jante figuraient un entrelacement de serpents, apparut une statue hideuse, traînée par deux couples de zébus richement caparaçonnés. Cette statue avait quatre bras, le corps colorié d’un rouge sombre, les yeux hagards, les cheveux emmêlés, la langue pendante, les lèvres teintes de henné et de bétel. À son cou s’enroulait un collier de têtes de mort, à ses flancs une ceinture de mains coupées. Elle se tenait debout sur un géant terrassé auquel le chef manquait.

Sir Francis Cromarty reconnut cette statue.

« La déesse Kâli, murmura-t-il, la déesse de l’amour et de la mort.

— De la mort, j’y consens, mais de l’amour, jamais ! dit Passepartout. La vilaine bonne femme ! »

Le Parsi lui fit signe de se taire.

tour du monde 3 jours

Autour de la statue s’agitait, se démenait, se convulsionnait un groupe de vieux fakirs, zébrés de bandes d’ocre, couverts d’incisions cruciales qui laissaient échapper leur sang goutte à goutte, énergumènes stupides qui, dans les grandes cérémonies indoues, se précipitent encore sous les roues du char de Jaggernaut.

Derrière eux, quelques brahmanes, dans toute la somptuosité de leur costume oriental, traînaient une femme qui se soutenait à peine.

Cette femme était jeune, blanche comme une Européenne. Sa tête, son cou, ses épaules, ses oreilles, ses bras, ses mains, ses orteils étaient surchargés de bijoux, colliers, bracelets, boucles et bagues. Une tunique lamée d’or, recouverte d’une mousseline légère, dessinait les contours de sa taille.

Derrière cette jeune femme, — contraste violent pour les yeux, — des gardes, armés de sabres nus passés à leur ceinture et de longs pistolets damasquinés, portaient un cadavre sur un palanquin.

C’était le corps d’un vieillard, revêtu de ses opulents habits de rajah, ayant, comme en sa vie, le turban brodé de perles, la robe tissue de soie et d’or, la ceinture de cachemire diamanté, et ses magnifiques armes de prince indien.

Puis des musiciens et une arrière-garde de fanatiques, dont les cris couvraient parfois l’assourdissant fracas des instruments, fermaient le cortège.

Sir Francis Cromarty regardait toute cette pompe d’un air singulièrement attristé, et se tournant vers le guide :

« Un sutty  ! » dit-il.

Le Parsi fit un signe affirmatif et mit un doigt sur ses lèvres. La longue procession se déroula lentement sous les arbres, et bientôt ses derniers rangs disparurent dans la profondeur de la forêt.

Peu à peu, les chants s’éteignirent. Il y eut encore quelques éclats de cris lointains, et enfin à tout ce tumulte succéda un profond silence.

Phileas Fogg avait entendu ce mot, prononcé par sir Francis Cromarty, et aussitôt que la procession eut disparu :

« Qu’est-ce qu’un sutty ? demanda-t-il.

— Un sutty, monsieur Fogg, répondit le brigadier général, c’est un sacrifice humain, mais un sacrifice volontaire. Cette femme que vous venez de voir sera brûlée demain aux premières heures du jour.

— Ah ! les gueux ! s’écria Passepartout, qui ne put retenir ce cri d’indignation.

— Et ce cadavre ? demanda Mr. Fogg.

— C’est celui du prince, son mari, répondit le guide, un rajah indépendant du Bundelkund.

— Comment, reprit Phileas Fogg, sans que sa voix trahît la moindre émotion, ces barbares coutumes subsistent encore dans l’Inde, et les Anglais n’ont pu les détruire ?

— Dans la plus grande partie de l’Inde, répondit sir Francis Cromarty, ces sacrifices ne s’accomplissent plus, mais nous n’avons aucune influence sur ces contrées sauvages, et principalement sur ce territoire du Bundelkund. Tout le revers septentrional des Vindhias est le théâtre de meurtres et de pillages incessants.

— La malheureuse ! murmurait Passepartout, brûlée vive !

— Oui, reprit le brigadier général, brûlée, et si elle ne l’était pas, vous ne sauriez croire à quelle misérable condition elle se verrait réduite par ses proches. On lui raserait les cheveux, on la nourrirait à peine de quelques poignées de riz, on la repousserait, elle serait considérée comme une créature immonde et mourrait dans quelque coin comme un chien galeux. Aussi la perspective de cette affreuse existence pousse-t-elle souvent ces malheureuses au supplice, bien plus que l’amour ou le fanatisme religieux. Quelquefois, cependant, le sacrifice est réellement volontaire, et il faut l’intervention énergique du gouvernement pour l’empêcher. Ainsi, il y a quelques années, je résidais à Bombay, quand une jeune veuve vint demander au gouverneur l’autorisation de se brûler avec le corps de son mari. Comme vous le pensez bien, le gouverneur refusa. Alors la veuve quitta la ville, se réfugia chez un rajah indépendant, et là elle consomma son sacrifice. »

Pendant le récit du brigadier général, le guide secouait la tête, et, quand le récit fut achevé :

« Le sacrifice qui aura lieu demain au lever du jour n’est pas volontaire, dit-il.

— Comment le savez-vous ?

— C’est une histoire que tout le monde connaît dans le Bundelkund, répondit le guide.

— Cependant cette infortunée ne paraissait faire aucune résistance, fit observer sir Francis Cromarty.

— Cela tient à ce qu’on l’a enivrée de la fumée du chanvre et de l’opium.

— Mais où la conduit-on ?

— À la pagode de Pillaji, à deux milles d’ici. Là, elle passera la nuit en attendant l’heure du sacrifice.

— Et ce sacrifice aura lieu ?…

— Demain, dès la première apparition du jour. »

Après cette réponse, le guide fit sortir l’éléphant de l’épais fourré et se hissa sur le cou de l’animal. Mais au moment où il allait l’exciter par un sifflement particulier, Mr. Fogg l’arrêta, et, s’adressant à sir Francis Cromarty :

« Si nous sauvions cette femme ? dit-il.

— Sauver cette femme, monsieur Fogg !… s’écria le brigadier général.

— J’ai encore douze heures d’avance. Je puis les consacrer à cela.

— Tiens ! Mais vous êtes un homme de cœur ! dit sir Francis Cromarty.

— Quelquefois, répondit simplement Phileas Fogg. Quand j’ai le temps. »

XIII dans lequel passepartout prouve une fois de plus que la fortune sourit aux audacieux.

Le dessein était hardi, hérissé de difficultés, impraticable peut-être. Mr. Fogg allait risquer sa vie, ou tout au moins sa liberté, et par conséquent la réussite de ses projets, mais il n’hésita pas. Il trouva, d’ailleurs, dans sir Francis Cromarty, un auxiliaire décidé.

Quant à Passepartout, il était prêt, on pouvait disposer de lui. L’idée de son maître l’exaltait. Il sentait un cœur, une âme sous cette enveloppe de glace. Il se prenait à aimer Phileas Fogg.

Restait le guide. Quel parti prendrait-il dans l’affaire ? Ne serait-il pas porté pour les Indous ? À défaut de son concours, il fallait au moins s’assurer sa neutralité.

Sir Francis Cromarty lui posa franchement la question.

« Mon officier, répondit le guide, je suis Parsi, et cette femme est Parsie. Disposez de moi.

— Bien, guide, répondit Mr. Fogg.

— Toutefois, sachez-le bien, reprit le Parsi, non-seulement nous risquons notre vie, mais des supplices horribles, si nous sommes pris. Ainsi, voyez.

— C’est vu, répondit Mr. Fogg. Je pense que nous devrons attendre la nuit pour agir ?

— Je le pense aussi », répondit le guide.

Ce brave Indou donna alors quelques détails sur la victime. C’était une Indienne d’une beauté célèbre, de race parsie, fille de riches négociants de Bombay. Elle avait reçu dans cette ville une éducation absolument anglaise, et à ses manières, à son instruction, on l’eût crue Européenne. Elle se nommait Aouda.

Orpheline, elle fut mariée malgré elle à ce vieux rajah du Bundelkund. Trois mois après, elle devint veuve. Sachant le sort qui l’attendait, elle s’échappa, fut reprise aussitôt, et les parents du rajah, qui avaient intérêt à sa mort, la vouèrent à ce supplice auquel il ne semblait pas qu’elle pût échapper.

Ce récit ne pouvait qu’enraciner Mr. Fogg et ses compagnons dans leur généreuse résolution. Il fut décidé que le guide dirigerait l’éléphant vers la pagode de Pillaji, dont il se rapprocherait autant que possible.

Une demi-heure après, halte fut faite sous un taillis, à cinq cents pas de la pagode, que l’on ne pouvait apercevoir ; mais les hurlements des fanatiques se laissaient entendre distinctement.

Les moyens de parvenir jusqu’à la victime furent alors discutés. Le guide connaissait cette pagode de Pillaji, dans laquelle il affirmait que la jeune femme était emprisonnée. Pourrait-on y pénétrer par une des portes, quand toute la bande serait plongée dans le sommeil de l’ivresse, ou faudrait-il pratiquer un trou dans une muraille ? C’est ce qui ne pourrait être décidé qu’au moment et au lieu même. Mais ce qui ne fit aucun doute, c’est que l’enlèvement devait s’opérer cette nuit même, et non quand, le jour venu, la victime serait conduite au supplice. À cet instant, aucune intervention humaine n’eût pu la sauver.

Mr. Fogg et ses compagnons attendirent la nuit. Dès que l’ombre se fit, vers six heures du soir, ils résolurent d’opérer une reconnaissance autour de la pagode. Les derniers cris des fakirs s’éteignaient alors. Suivant leur habitude, ces Indiens devaient être plongés dans l’épaisse ivresse du « hang », — opium liquide, mélangé d’une infusion de chanvre, — et il serait peut-être possible de se glisser entre eux jusqu’au temple.

Le Parsi, guidant Mr. Fogg, sir Francis Cromarty et Passepartout, s’avança sans bruit à travers la forêt. Après dix minutes de reptation sous les ramures, ils arrivèrent au bord d’une petite rivière, et là, à la lueur de torches de fer à la pointe desquelles brûlaient des résines, ils aperçurent un monceau de bois empilé. C’était le bûcher, fait de précieux sandal, et déjà imprégné d’une huile parfumée. À sa partie supérieure reposait le corps embaumé du rajah, qui devait être brûlé en même temps que sa veuve. À cent pas de ce bûcher s’élevait la pagode, dont les minarets perçaient dans l’ombre la cime des arbres.

« Venez ! » dit le guide à voix basse.

Et, redoublant de précaution, suivi de ses compagnons, il se glissa silencieusement à travers les grandes herbes.

Le silence n’était plus interrompu que par le murmure du vent dans les branches.

tour du monde 3 jours

Bientôt le guide s’arrêta à l’extrémité d’une clairière. Quelques résines éclairaient la place. Le sol était jonché de groupes de dormeurs, appesantis par l’ivresse. On eût dit un champ de bataille couvert de morts. Hommes, femmes, enfants, tout était confondu. Quelques ivrognes râlaient encore çà et là.

À l’arrière-plan, entre la masse des arbres, le temple de Pillaji se dressait confusément. Mais au grand désappointement du guide, les gardes des rajahs, éclairés par des torches fuligineuses, veillaient aux portes et se promenaient, le sabre nu. On pouvait supposer qu’à l’intérieur les prêtres veillaient aussi.

Le Parsi ne s’avança pas plus loin. Il avait reconnu l’impossibilité de forcer l’entrée du temple, et il ramena ses compagnons en arrière.

Phileas Fogg et sir Francis Cromarty avaient compris comme lui qu’ils ne pouvaient rien tenter de ce côté.

Ils s’arrêtèrent et s’entretinrent à voix basse.

« Attendons, dit le brigadier général, il n’est que huit heures encore, et il est possible que ces gardes succombent aussi au sommeil.

— Cela est possible, en effet, » répondit le Parsi.

Phileas Fogg et ses compagnons s’étendirent donc au pied d’un arbre et attendirent.

Le temps leur parut long ! Le guide les quittait parfois et allait observer la lisière du bois. Les gardes du rajah veillaient toujours à la lueur des torches, et une vague lumière filtrait à travers les fenêtres de la pagode.

On attendit ainsi jusqu’à minuit. La situation ne changea pas. Même surveillance au dehors. Il était évident qu’on ne pouvait compter sur l’assoupissement des gardes. L’ivresse du « hang » leur avait été probablement épargnée. Il fallait donc agir autrement et pénétrer par une ouverture pratiquée aux murailles de la pagode. Restait la question de savoir si les prêtres veillaient auprès de leur victime avec autant de soin que les soldats à la porte du temple.

Après une dernière conversation, le guide se dit prêt à partir. Mr. Fogg, sir Francis et Passepartout le suivirent. Ils firent un détour assez long, afin d’atteindre la pagode par son chevet.

Vers minuit et demi, ils arrivèrent au pied des murs sans avoir rencontré personne. Aucune surveillance n’avait été établie de ce côté, mais il est vrai de dire que fenêtres et portes manquaient absolument.

La nuit était sombre. La lune, alors dans son dernier quartier, quittait à peine l’horizon, encombré de gros nuages. La hauteur des arbres accroissait encore l’obscurité.

Mais il ne suffisait pas d’avoir atteint le pied des murailles, il fallait encore y pratiquer une ouverture. Pour cette opération, Phileas Fogg et ses compagnons n’avaient absolument que leurs couteaux de poche. Très-heureusement, les parois du temple se composaient d’un mélange de briques et de bois qui ne pouvait être difficile à percer. La première brique une fois enlevée, les autres viendraient facilement.

On se mit à la besogne, en faisant le moins de bruit possible. Le Parsi d’un côté, Passepartout, de l’autre, travaillaient à desceller les briques, de manière à obtenir une ouverture large de deux pieds.

Le travail avançait, quand un cri se fit entendre à l’intérieur du temple, et presque aussitôt d’autres cris lui répondirent du dehors.

Passepartout et le guide interrompirent leur travail. Les avait-on surpris ? L’éveil était-il donné ? La plus vulgaire prudence leur commandait de s’éloigner, — ce qu’ils firent en même temps que Phileas Fogg et sir Francis Cromarty. Ils se blottirent de nouveau sous le couvert du bois, attendant que l’alerte, si c’en était une, se fût dissipée, et prêts, dans ce cas, à reprendre leur opération.

Mais — contre-temps funeste — des gardes se montrèrent au chevet de la pagode, et s’y installèrent de manière à empêcher toute approche.

Il serait difficile de décrire le désappointement de ces quatre hommes, arrêtés dans leur œuvre. Maintenant qu’ils ne pouvaient plus parvenir jusqu’à la victime, comment la sauveraient-ils ? Sir Francis Cromarty se rongeait les poings. Passepartout était hors de lui, et le guide avait quelque peine à le contenir. L’impassible Fogg attendait sans manifester ses sentiments.

« N’avons-nous plus qu’à partir ? demanda le brigadier général à voix basse.

— Nous n’avons plus qu’à partir, répondit le guide.

— Attendez, dit Fogg. Il suffit que je sois demain à Allahabad avant midi.

— Mais qu’espérez-vous ? répondit sir Francis Cromarty. Dans quelques heures le jour va paraître, et…

— La chance qui nous échappe peut se représenter au moment suprême. »

Le brigadier général aurait voulu pouvoir lire dans les yeux de Phileas Fogg.

Sur quoi comptait donc ce froid Anglais ? Voulait-il, au moment du supplice, se précipiter vers la jeune femme et l’arracher ouvertement à ses bourreaux ?

C’eût été une folie, et comment admettre que cet homme fût fou à ce point ? Néanmoins, sir Francis Cromarty consentit à attendre jusqu’au dénouement de cette terrible scène. Toutefois, le guide ne laissa pas ses compagnons à l’endroit où ils s’étaient réfugiés, et il les ramena vers la partie antérieure de la clairière. Là, abrités par un bouquet d’arbres, ils pouvaient observer les groupes endormis.

Cependant Passepartout, juché sur les premières branches d’un arbre, ruminait une idée qui avait d’abord traversé son esprit comme un éclair, et qui finit par s’incruster dans son cerveau.

Il avait commencé par se dire : « Quelle folie ! » et maintenant il répétait : « Pourquoi pas, après tout ? C’est une chance, peut-être la seule, et avec de tels abrutis !… »

En tout cas, Passepartout ne formula pas autrement sa pensée, mais il ne tarda pas à se glisser avec la souplesse d’un serpent sur les basses branches de l’arbre dont l’extrémité se courbait vers le sol.

Les heures s’écoulaient, et bientôt quelques nuances moins sombres annoncèrent l’approche du jour. Cependant l’obscurité était profonde encore.

C’était le moment. Il se fit comme une résurrection dans cette foule assoupie. Les groupes s’animèrent. Des coups de tam-tams retentirent. Chants et cris éclatèrent de nouveau. L’heure était venue à laquelle l’infortunée allait mourir.

En effet, les portes de la pagode s’ouvrirent. Une lumière plus vive s’échappa de l’intérieur. Mr. Fogg et sir Francis Cromarty purent apercevoir la victime, vivement éclairée, que deux prêtres traînaient au dehors. Il leur sembla même que, secouant l’engourdissement de l’ivresse par un suprême instinct de conservation, la malheureuse tentait d’échapper à ses bourreaux. Le cœur de sir Francis Cromarty bondit, et par un mouvement convulsif, saisissant la main de Phileas Fogg, il sentit que cette main tenait un couteau ouvert.

En ce moment, la foule s’ébranla. La jeune femme était retombée dans cette torpeur provoquée par les fumées du chanvre. Elle passa à travers les fakirs, qui l’escortaient de leurs vociférations religieuses.

Phileas Fogg et ses compagnons, se mêlant aux derniers rangs de la foule, la suivirent.

Deux minutes après, ils arrivaient sur le bord de la rivière et s’arrêtaient à moins de cinquante pas du bûcher, sur lequel était couché le corps du rajah. Dans la demi-obscurité, ils virent la victime absolument inerte, étendue auprès du cadavre de son époux.

Puis une torche fut approchée et le bois imprégné d’huile, s’enflamma aussitôt.

À ce moment, sir Francis Cromarty et le guide retinrent Phileas Fogg, qui, dans un moment de folie généreuse, s’élançait vers le bûcher…

Mais Phileas Fogg les avait déjà repoussés, quand la scène changea soudain. Un cri de terreur s’éleva. Toute cette foule se précipita à terre, épouvantée.

tour du monde 3 jours

Le vieux rajah n’était donc pas mort, qu’on le vit se redresser tout à coup, comme un fantôme, soulever la jeune femme dans ses bras, descendre du bûcher au milieu des tourbillons de vapeurs qui lui donnaient une apparence spectrale ?

Les fakirs, les gardes, les prêtres, pris d’une terreur subite, étaient là, face à terre, n’osant lever les yeux et regarder un tel prodige !

La victime inanimée passa entre les bras vigoureux qui la portaient, et sans qu’elle parût leur peser. Mr. Fogg et sir Francis Cromarty étaient demeurés debout. Le Parsi avait courbé la tête, et Passepartout, sans doute, n’était pas moins stupéfié !…

Ce ressuscité arriva ainsi près de l’endroit où se tenaient Mr. Fogg et sir Francis Cromarty, et là, d’une voix brève :

« Filons !… » dit-il.

C’était Passepartout lui-même qui s’était glissé vers le bûcher au milieu de la fumée épaisse ! C’était Passepartout qui, profitant de l’obscurité profonde encore, avait arraché la jeune femme à la mort ! C’était Passepartout qui, jouant son rôle avec un audacieux bonheur, passait au milieu de l’épouvante générale !

Un instant après, tous quatre disparaissaient dans le bois, et l’éléphant les emportait d’un trot rapide. Mais des cris, des clameurs et même une balle, perçant le chapeau de Phileas Fogg, leur apprirent que la ruse était découverte.

En effet, sur le bûcher enflammé se détachait alors le corps du vieux rajah. Les prêtres, revenus de leur frayeur, avaient compris qu’un enlèvement venait de s’accomplir.

Aussitôt ils s’étaient précipités dans la forêt. Les gardes les avaient suivis. Une décharge avait eu lieu, mais les ravisseurs fuyaient rapidement, et, en quelques instants, ils se trouvaient hors de la portée des balles et des flèches.

XIV dans lequel phileas fogg descend toute l’admirable vallée du gange sans même songer à la voir.

Le hardi enlèvement avait réussi. Une heure après, Passepartout riait encore de son succès. Sir Francis Cromarty avait serré la main de l’intrépide garçon. Son maître lui avait dit : « Bien, » ce qui, dans la bouche de ce gentleman, équivalait à une haute approbation. À quoi Passepartout avait répondu que tout l’honneur de l’affaire appartenait à son maître. Pour lui, il n’avait eu qu’une idée « drôle », et il riait en songeant que, pendant quelques instants, lui, Passepartout, ancien gymnaste, ex-sergent de pompiers, avait été le veuf d’une charmante femme, un vieux rajah embaumé !

Quant à la jeune Indienne, elle n’avait pas eu conscience de ce qui s’était passé. Enveloppée dans les couvertures de voyage, elle reposait sur l’un des cacolets.

Cependant l’éléphant, guidé avec une extrême sûreté par le Parsi, courait rapidement dans la forêt encore obscure. Une heure après avoir quitté la pagode de Pillaji, il se lançait à travers une immense plaine. À sept heures, on fit halte. La jeune femme était toujours dans une prostration complète. Le guide lui fit boire quelques gorgées d’eau et de brandy, mais cette influence stupéfiante qui l’accablait devait se prolonger quelque temps encore.

Sir Francis Cromarty, qui connaissait les effets de l’ivresse produite par l’inhalation des vapeurs du chanvre, n’avait aucune inquiétude sur son compte.

Mais si le rétablissement de la jeune Indienne ne fit pas question dans l’esprit du brigadier général, celui-ci se montrait moins rassuré pour l’avenir. Il n’hésita pas à dire à Phileas Fogg que si Mrs. Aouda restait dans l’Inde, elle retomberait inévitablement entre les mains de ses bourreaux. Ces énergumènes se tenaient dans toute la péninsule, et certainement, malgré la police anglaise, ils sauraient reprendre leur victime, fût-ce à Madras, à Bombay, à Calcutta. Et sir Francis Cromarty citait, à l’appui de ce dire, un fait de même nature qui s’était passé récemment. À son avis, la jeune femme ne serait véritablement en sûreté qu’après avoir quitté l’Inde.

Phileas Fogg répondit qu’il tiendrait compte de ces observations et qu’il aviserait.

Vers dix heures, le guide annonçait la station d’Allahabad. Là reprenait la voie interrompue du chemin de fer, dont les trains franchissent, en moins d’un jour et d’une nuit, la distance qui sépare Allahabad de Calcutta.

Phileas Fogg devait donc arriver à temps pour prendre un paquebot qui ne partait que le lendemain seulement, 25 octobre, à midi, pour Hong-Kong.

La jeune femme fut déposée dans une chambre de la gare. Passepartout fut chargé d’aller acheter pour elle divers objets de toilette, robe, châle, fourrures, etc., ce qu’il trouverait. Son maître lui ouvrait un crédit illimité.

Passepartout partit aussitôt et courut les rues de la ville. Allahabad, c’est la cité de Dieu, l’une des plus vénérées de l’Inde, en raison de ce qu’elle est bâtie au confluent de deux fleuves sacrés, le Gange et la Jumna, dont les eaux attirent les pèlerins de toute la péninsule. On sait d’ailleurs que, suivant les légendes du Ramayana, le Gange prend sa source dans le ciel, d’où, grâce à Brahma, il descend sur la terre.

Tout en faisant ses emplettes, Passepartout eut bientôt vu la ville, autrefois défendue par un fort magnifique qui est devenu une prison d’État. Plus de commerce, plus d’industrie dans cette cité, jadis industrielle et commerçante. Passepartout, qui cherchait vainement un magasin de nouveautés, comme s’il eût été dans Regent-street à quelques pas de Farmer et Co., ne trouva que chez un revendeur, vieux juif difficultueux, les objets dont il avait besoin, une robe en étoffe écossaise, un vaste manteau, et une magnifique pelisse en peaux de loutres qu’il n’hésita pas à payer soixante-quinze livres (1,875 fr.). Puis, tout triomphant, il retourna à la gare.

Mrs. Aouda commençait à revenir à elle. Cette influence à laquelle les prêtres de Pillaji l’avaient soumise se dissipait peu à peu, et ses beaux yeux reprenaient toute leur douceur indienne.

Lorsque le roi-poète, Uçaf Uddaul , célèbre les charmes de la reine d’Ahméhnagara, il s’exprime ainsi :

« Sa luisante chevelure, régulièrement divisée en deux parts, encadre les contours harmonieux de ses joues délicates et blanches, brillantes de poli et de fraîcheur. Ses sourcils d’ébène ont la forme et la puissance de l’arc de Kama, dieu d’amour, et sous ses longs cils soyeux, dans la pupille noire de ses grands yeux limpides, nagent comme dans les lacs sacrés de l’Himalaya les reflets les plus purs de la lumière céleste. Fines, égales et blanches, ses dents resplendissent entre ses lèvres souriantes, comme des gouttes de rosée dans le sein mi-clos d’une fleur de grenadier. Ses oreilles mignonnes aux courbes symétriques, ses mains vermeilles, ses petits pieds bombés et tendres comme les bourgeons du lotus, brillent de l’éclat des plus belles perles de Ceylan, des plus beaux diamants de Golconde. Sa mince et souple ceinture, qu’une main suffit à enserrer, rehausse l’élégante cambrure de ses reins arrondis et la richesse de son buste où la jeunesse en fleur étale ses plus parfaits trésors, et, sous les plis soyeux de sa tunique, elle semble avoir été modelée en argent pur de la main divine de Vicvacarma, l’éternel statuaire. »

Mais, sans toute cette amplification poétique, il suffit de dire que Mrs. Aouda, la veuve du rajah du Bundelkund, était une charmante femme dans toute l’acception européenne du mot. Elle parlait l’anglais avec une grande pureté, et le guide n’avait point exagéré en affirmant que cette jeune Parsie avait été transformée par l’éducation.

Cependant le train allait quitter la station d’Allahabad. Le Parsi attendait. Mr. Fogg lui régla son salaire au prix convenu, sans le dépasser d’un farthing. Ceci étonna un peu Passepartout, qui savait tout ce que son maître devait au dévouement du guide. Le Parsi avait, en effet, risqué volontairement sa vie dans l’affaire de Pillaji, et si, plus tard, les Indous l’apprenaient, il échapperait difficilement à leur vengeance.

Restait aussi la question de Kiouni. Que ferait-on d’un éléphant acheté si cher ?

Mais Phileas Fogg avait déjà pris une résolution à cet égard.

« Parsi, dit-il au guide, tu as été serviable et dévoué. J’ai payé ton service, mais non ton dévouement. Veux-tu cet éléphant ? Il est à toi. »

Les yeux du guide brillèrent.

« C’est une fortune que Votre Honneur me donne ! s’écria-t-il.

— Accepte, guide, répondit Mr. Fogg, et c’est moi qui serai encore ton débiteur.

— À la bonne heure ! s’écria Passepartout. Prends, ami ! Kiouni est un brave et courageux animal ! »

Et, allant à la bête, il lui présenta quelques morceaux de sucre, disant :

« Tiens, Kiouni, tiens, tiens ! »

L’éléphant fit entendre quelques grognement de satisfaction. Puis, prenant Passepartout par la ceinture et l’enroulant de sa trompe, il l’enleva jusqu’à la hauteur de sa tête. Passepartout, nullement effrayé, fit une bonne caresse à l’animal, qui le replaça doucement à terre, et, à la poignée de trompe de l’honnête Kiouni, répondit une vigoureuse poignée de main de l’honnête garçon.

tour du monde 3 jours

Quelques instants après, Phileas Fogg, sir Francis Cromarty et Passepartout, installés dans un confortable wagon dont Mrs. Aouda occupait la meilleure place, couraient à toute vapeur vers Bénarès.

Quatre-vingts milles au plus séparent cette ville d’Allahabad, et ils furent franchis en deux heures.

Pendant ce trajet, la jeune femme revint complètement à elle ; les vapeurs assoupissantes du hang se dissipèrent.

Quel fut son étonnement de se trouver sur le railway, dans ce compartiment, recouverte de vêtements européens, au milieu de voyageurs qui lui étaient absolument inconnus !

Tout d’abord, ses compagnons lui prodiguèrent leurs soins et la ranimèrent avec quelques gouttes de liqueur ; puis le brigadier général lui raconta son histoire. Il insista sur le dévouement de Phileas Fogg, qui n’avait pas hésité à jouer sa vie pour la sauver, et sur le dénouement de l’aventure, dû à l’audacieuse imagination de Passepartout.

Mr. Fogg laissa dire sans prononcer une parole. Passepartout, tout honteux, répétait que « ça n’en valait pas la peine » !

Mrs. Aouda remercia ses sauveurs avec effusion, par ses larmes plus que par ses paroles. Ses beaux yeux, mieux que ses lèvres, furent les interprètes de sa reconnaissance. Puis, sa pensée la reportant aux scènes du sutty, ses regards revoyant cette terre indienne où tant de dangers l’attendaient encore, elle fut prise d’un frisson de terreur.

Phileas Fogg comprit ce qui se passait dans l’esprit de Mrs. Aouda, et, pour la rassurer, il lui offrit, très-froidement d’ailleurs, de la conduire à Hong-Kong, où elle demeurerait jusqu’à ce que cette affaire fût assoupie.

Mrs. Aouda accepta l’offre avec reconnaissance. Précisément, à Hong-Kong, résidait un de ses parents, Parsi comme elle, et l’un des principaux négociants de cette ville, qui est absolument anglaise, tout en occupant un point de la côte chinoise.

À midi et demi, le train s’arrêtait à la station de Bénarès. Les légendes brahmaniques affirment que cette ville occupe l’emplacement de l’ancienne Casi, qui était autrefois suspendue dans l’espace, entre le zénith et le nadir, comme la tombe de Mahomet. Mais, à cette époque plus réaliste, Bénarès, Athènes de l’Inde au dire des orientalistes, reposait tout prosaïquement sur le sol, et Passepartout put un instant entrevoir ses maisons de briques, ses huttes en clayonnage, qui lui donnaient un aspect absolument désolé, sans aucune couleur locale.

C’était là que devait s’arrêter sir Francis Cromarty. Les troupes qu’il rejoignait campaient à quelques milles au nord de la ville. Le brigadier général fit donc ses adieux à Phileas Fogg, lui souhaitant tout le succès possible, et exprimant le vœu qu’il recommençât ce voyage d’une façon moins originale, mais plus profitable. Mr. Fogg pressa légèrement les doigts de son compagnon. Les compliments de Mrs. Aouda furent plus affectueux. Jamais elle n’oublierait ce qu’elle devait à sir Francis Cromarty. Quant à Passepartout, il fut honoré d’une vraie poignée de main de la part du brigadier général. Tout ému, il se demanda où et quand il pourrait bien se dévouer pour lui. Puis on se sépara.

tour du monde 3 jours

À partir de Bénarès, la voie ferrée suivait en partie la vallée du Gange. À travers les vitres du wagon, par un temps assez clair, apparaissait le paysage varié du Béhar, puis des montagnes couvertes de verdure, les champs d’orge, de maïs et de froment, des rios et des étangs peuplés d’alligators verdâtres, des villages bien entretenus, des forêts encore verdoyantes. Quelques éléphants, des zébus à grosse bosse, venaient se baigner dans les eaux du fleuve sacré, et aussi, malgré la saison avancée et la température déjà froide, des bandes d’Indous des deux sexes, qui accomplissaient pieusement leurs saintes ablutions. Ces fidèles, ennemis acharnés du bouddhisme, sont sectateurs fervents de la religion brahmanique, qui s’incarne en ces trois personnes : Whisnou, la divinité solaire, Shiva, la personnification divine des forces naturelles, et Brahma, le maître suprême des prêtres et des législateurs. Mais de quel œil Brahma, Shiva et Whisnou devaient-ils considérer cette Inde, maintenant « britannisée », lorsque quelque steam-boat passait en hennissant et troublait les eaux consacrées du Gange, effarouchant les mouettes qui volaient à sa surface, les tortues qui pullulaient sur ses bords, et les dévots étendus au long de ses rives !

Tout ce panorama défila comme un éclair, et souvent un nuage de vapeur blanche en cacha les détails. À peine les voyageurs purent-ils entrevoir le fort de Chunar, à vingt milles au sud-est de Bénarès, ancienne forteresse des rajahs du Béhar, Ghazepour et ses importantes fabriques d’eau de rose, le tombeau de Lord Cornwallis qui s’élève sur la rive gauche du Gange, la ville fortifiée de Buxar, Patna, grande cité industrielle et commerçante, où se tient le principal marché d’opium de l’Inde, Monghir, ville plus qu’européenne, anglaise comme Manchester ou Birmingham, renommée pour ses fonderies de fer, ses fabriques de taillanderie et d’armes blanches, et dont les hautes cheminées encrassaient d’une fumée noire le ciel de Brahma, — un véritable coup de poing dans le pays du rêve !

Puis la nuit vint et, au milieu des hurlements des tigres, des ours, des loups qui fuyaient devant la locomotive, le train passa à toute vitesse, et on n’aperçut plus rien des merveilles du Bengale, ni Golgonde, ni Gour en ruine, ni Mourshedabad, qui fut autrefois capitale, ni Burdwan, ni Hougly, ni Chandernagor, ce point français du territoire indien sur lequel Passepartout eût été fier de voir flotter le drapeau de sa patrie !

Enfin, à sept heures du matin, Calcutta était atteint. Le paquebot, en partance pour Hong-Kong, ne levait l’ancre qu’à midi. Phileas Fogg avait donc cinq heures devant lui.

D’après son itinéraire, ce gentleman devait arriver dans la capitale des Indes le 25 octobre, vingt-trois jours après avoir quitté Londres, et il y arrivait au jour fixé. Il n’avait donc ni retard ni avance. Malheureusement, les deux jours gagnés par lui entre Londres et Bombay avaient été perdus, on sait comment, dans cette traversée de la péninsule indienne, — mais il est à supposer que Phileas Fogg ne les regrettait pas.

XV où le sac aux bank-notes s’allège encore de quelques milliers de livres.

Le train s’était arrêté en gare. Passepartout descendit le premier du wagon, et fut suivi de Mr. Fogg, qui aida sa jeune compagne à mettre pied sur le quai. Phileas Fogg comptait se rendre directement au paquebot de Hong-Kong, afin d’y installer confortablement Mrs. Aouda, qu’il ne voulait pas quitter, tant qu’elle serait en ce pays si dangereux pour elle.

Au moment où Mr. Fogg allait sortir de la gare, un policeman s’approcha de lui et dit :

« Monsieur Phileas Fogg ?

— C’est moi.

— Cet homme est votre domestique ? ajouta le policeman en désignant Passepartout.

— Veuillez me suivre tous les deux. »

Mr. Fogg ne fit pas un mouvement qui pût marquer en lui une surprise quelconque. Cet agent était un représentant de la loi, et, pour tout Anglais, la loi est sacrée. Passepartout, avec ses habitudes françaises, voulut raisonner, mais le policeman le toucha de sa baguette, et Phileas Fogg lui fit signe d’obéir.

« Cette jeune dame peut nous accompagner ? demanda Mr. Fogg.

— Elle le peut, » répondit le policeman.

Le policeman conduisit Mr. Fogg, Mrs. Aouda et Passepartout vers un palki-ghari, sorte de voiture à quatre roues et à quatre places, attelée de deux chevaux. On partit. Personne ne parla pendant le trajet, qui dura vingt minutes environ.

La voiture traversa d’abord la « ville noire », aux rues étroites, bordées de cahutes dans lesquelles grouillait une population cosmopolite, sale et déguenillée ; puis elle passa à travers la ville européenne, égayée de maisons de briques, ombragée de cocotiers, hérissée de mâtures, que parcouraient déjà, malgré l’heure matinale, des cavaliers élégants et de magnifiques attelages.

Le palki-ghari s’arrêta devant une habitation d’apparence simple, mais qui ne devait pas être affectée aux usages domestiques. Le policeman fit descendre ses prisonniers, — on pouvait vraiment leur donner ce nom, — et il les conduisit dans une chambre aux fenêtres grillées, en leur disant :

« C’est à huit heures et demie que vous comparaîtrez devant le juge Obadiah. »

Puis il se retira et ferma la porte.

« Allons ! nous sommes pris ! » s’écria Passepartout, en se laissant aller sur une chaise.

Mrs. Aouda, s’adressant aussitôt à Mr. Fogg, lui dit d’une voix dont elle cherchait en vain à déguiser l’émotion :

« Monsieur, il faut m’abandonner ! C’est pour moi que vous êtes poursuivi ! C’est pour m’avoir sauvée ! »

Phileas Fogg se contenta de répondre que cela n’était pas possible. Poursuivi pour cette affaire du sutty ! Inadmissible ! Comment les plaignants oseraient-ils se présenter ? Il y avait méprise. Mr. Fogg ajouta que, dans tous les cas, il n’abandonnerait pas la jeune femme, et qu’il la conduirait à Hong-Kong.

« Mais le bateau part à midi ! fit observer Passepartout.

— Avant midi nous serons à bord, » répondit simplement l’impassible gentleman.

Cela fut affirmé si nettement, que Passepartout ne put s’empêcher de se dire à lui-même :

« Parbleu ! cela est certain ! avant midi nous serons à bord ! » Mais il n’était pas rassuré du tout.

À huit heures et demie, la porte de la chambre s’ouvrit. Le policeman reparut, et il introduisit les prisonniers dans la salle voisine. C’était une salle d’audience, et un public assez nombreux, composé d’Européens et d’indigènes, en occupait déjà le prétoire.

Mr. Fogg, Mrs. Aouda et Passepartout s’assirent sur un banc en face des sièges réservés au magistrat et au greffier.

Ce magistrat, le juge Obadiah, entra presque aussitôt, suivi du greffier. C’était un gros homme tout rond. Il décrocha une perruque pendue à un clou et s’en coiffa lestement.

« La première cause, » dit-il.

Mais, portant la main à sa tête :

« Hé ! ce n’est pas ma perruque !

— En effet, monsieur Obadiah, c’est la mienne, répondit le greffier.

— Cher monsieur Oysterpuf, comment voulez-vous qu’un juge puisse rendre une bonne sentence avec la perruque d’un greffier ! »

L’échange des perruques fut fait. Pendant ces préliminaires, Passepartout bouillait d’impatience, car l’aiguille lui paraissait marcher terriblement vite sur le cadran de la grosse horloge du prétoire.

« La première cause, reprit alors le juge Obadiah.

— Phileas Fogg ? dit le greffier Oysterpuf.

— Me voici, répondit Mr. Fogg.

— Passepartout ?

— Présent ! répondit Passepartout.

— Bien ! dit le juge Obadiah. Voilà deux jours, accusés, que l’on vous guette à tous les trains de Bombay.

— Mais de quoi nous accuse-t-on ? s’écria Passepartout, impatienté.

— Vous allez le savoir, répondit le juge.

— Monsieur, dit alors Mr. Fogg, je suis citoyen anglais, et j’ai droit…

— Vous a-t-on manqué d’égards ? demanda Mr. Obadiah.

— Aucunement.

— Bien ! faites entrer les plaignants. »

Sur l’ordre du juge, une porte s’ouvrit, et trois prêtres indous furent introduits par un huissier.

« C’est bien cela ! murmura Passepartout, ce sont ces coquins qui voulaient brûler notre jeune dame ! »

Les prêtres se tinrent debout devant le juge, et le greffier lut à haute voix une plainte en sacrilège, formulée contre le sieur Phileas Fogg et son domestique, accusés d’avoir violé un lieu consacré par la religion brahmanique.

« Vous avez entendu ? demanda le juge à Phileas Fogg.

— Oui, monsieur, répondit Mr. Fogg en consultant sa montre, et j’avoue.

— Ah ! vous avouez ?…

— J’avoue et j’attends que ces trois prêtres avouent à leur tour ce qu’ils voulaient faire à la pagode de Pillaji. »

Les prêtres se regardèrent. Ils semblaient ne rien comprendre aux paroles de l’accusé.

« Sans doute ! s’écria impétueusement Passepartout, à cette pagode de Pillaji, devant laquelle ils allaient brûler leur victime ! »

Nouvelle stupéfaction des prêtres, et profond étonnement du juge Obadiah.

« Quelle victime ? demanda-t-il. Brûler qui ! En pleine ville de Bombay ?

— Bombay ? s’écria Passepartout.

— Sans doute. Il ne s’agit pas de la pagode de Pillaji, mais de la pagode de Malebar-Hill, à Bombay.

— Et comme pièce de conviction, voici les souliers du profanateur, ajouta le greffier, en posant une paire de chaussures sur son bureau.

— Mes souliers ! » s’écria Passepartout, qui, surpris au dernier chef, ne put retenir cette involontaire exclamation.

tour du monde 3 jours

On devine la confusion qui s’était opérée dans l’esprit du maître et du domestique. Cet incident de la pagode de Bombay, ils l’avaient oublié, et c’était celui-là même qui les amenait devant le magistrat de Calcutta.

En effet, l’agent Fix avait compris tout le parti qu’il pouvait tirer de cette malencontreuse affaire. Retardant son départ de douze heures, il s’était fait le conseil des prêtres de Malebar-Hill ; il leur avait promis des dommages-intérêts considérables, sachant bien que le gouvernement anglais se montrait très-sévère pour ce genre de délit ; puis, par le train suivant, il les avait lancés sur les traces du sacrilège. Mais, par suite du temps employé à la délivrance de la jeune veuve, Fix et les Indous arrivèrent à Calcutta avant Phileas Fogg et son domestique, que les magistrats, prévenus par dépêche, devaient arrêter à leur descente du train. Que l’on juge du désappointement de Fix, quand il apprit que Phileas Fogg n’était point encore arrivé dans la capitale de l’Inde. Il dut croire que son voleur, s’arrêtant à une des stations du Peninsular-railway, s’était réfugié dans les provinces septentrionales. Pendant vingt-quatre heures, au milieu de mortelles inquiétudes, Fix le guetta à la gare. Quelle fut donc sa joie quand, ce matin même, il le vit descendre du wagon, en compagnie, il est vrai, d’une jeune femme dont il ne pouvait s’expliquer la présence. Aussitôt il lança sur lui un policeman, et voilà comment Mr. Fogg, Passepartout et la veuve du rajah du Bundelkund furent conduits devant le juge Obadiah.

Et si Passepartout eût été moins préoccupé de son affaire, il aurait aperçu, dans un coin du prétoire, le détective, qui suivait le débat avec un intérêt facile à comprendre, — car à Calcutta, comme à Bombay, comme à Suez, le mandat d’arrestation lui manquait encore !

Cependant le juge Obadiah avait pris acte de l’aveu échappé à Passepartout, qui aurait donné tout ce qu’il possédait pour reprendre ses imprudentes paroles.

« Les faits sont avoués ? dit le juge.

— Avoués, répondit froidement Mr. Fogg.

— Attendu, reprit le juge, attendu que la loi anglaise entend protéger également et rigoureusement toutes les religions des populations de l’Inde, le délit étant avoué par le sieur Passepartout, convaincu d’avoir violé d’un pied sacrilège le pavé de la pagode de Malebar-Hill, à Bombay, dans la journée du 20 octobre, condamne ledit Passepartout à quinze jours de prison et à une amende de trois cents livres (7,500 fr.).

— Trois cents livres ? s’écria Passepartout, qui n’était véritablement sensible qu’à l’amende.

— Silence ! fit l’huissier d’une voix glapissante.

— Et, ajouta le juge Obadiah, attendu qu’il n’est pas matériellement prouvé qu’il n’y ait pas eu connivence entre le domestique et le maître, qu’en tout cas celui-ci doit être tenu responsable des faits et gestes d’un serviteur à ses gages, retient ledit Phileas Fogg et le condamne à huit jours de prison et cent cinquante livres d’amende. Greffier, appelez une autre cause ! »

Fix, dans son coin, éprouvait une indicible satisfaction. Phileas Fogg retenu huit jours à Calcutta, c’était plus qu’il n’en fallait pour donner au mandat le temps de lui arriver.

Passepartout était abasourdi. Cette condamnation ruinait son maître. Un pari de vingt mille livres perdu, et tout cela parce que, en vrai badaud, il était entré dans cette maudite pagode !

Phileas Fogg, aussi maître de lui que si cette condamnation ne l’eût pas concerné, n’avait pas même froncé le sourcil. Mais au moment où le greffier appelait une autre cause, il se leva et dit :

« J’offre caution.

— C’est votre droit, » répondit le juge.

Fix se sentit froid dans le dos, mais il reprit son assurance, quand il entendit le juge, « attendu la qualité d’étrangers de Phileas Fogg et de son domestique, » fixer la caution pour chacun d’eux à la somme énorme de mille livres (25,000 fr.).

C’était deux mille livres qu’il en coûterait à Mr. Fogg, s’il ne purgeait pas sa condamnation.

« Je paie, » dit ce gentleman.

Et du sac que portait Passepartout, il retira un paquet de bank-notes qu’il déposa sur le bureau du greffier.

« Cette somme vous sera restituée à votre sortie de prison, dit le juge. En attendant, vous êtes libres sous caution.

— Venez, dit Phileas Fogg à son domestique.

— Mais, au moins, qu’ils rendent les souliers ! » s’écria Passepartout avec un mouvement de rage.

On lui rendit ses souliers.

« En voilà qui coûtent cher ! murmura-t-il ! Plus de mille livres chacun ! Sans compter qu’ils me gênent ! »

Passepartout, absolument piteux, suivit Mr. Fogg, qui avait offert son bras à la jeune femme. Fix espérait encore que son voleur ne se déciderait jamais à abandonner cette somme de deux mille livres et qu’il ferait ses huit jours de prison. Il se jeta donc sur les traces de Fogg.

Mr. Fogg prit une voiture, dans laquelle Mrs. Aouda, Passepartout et lui montèrent aussitôt. Fix courut derrière la voiture, qui s’arrêta bientôt sur l’un des quais de la ville.

À un demi-mille en rade, le Rangoon était mouillé, son pavillon de partance hissé en tête de mât. Onze heures sonnaient. Mr. Fogg était en avance d’une heure. Fix le vit descendre de voiture et s’embarquer dans un canot avec Mrs. Aouda et son domestique. Le détective frappa la terre du pied.

« Le gueux ! s’écria-t-il, il part ! Deux mille livres sacrifiées ! Prodigue comme un voleur ! Ah ! je le filerai jusqu’au bout du monde s’il le faut ; mais du train dont il va, tout l’argent du vol y aura passé ! »

L’inspecteur de police était fondé à faire cette réflexion. En effet, depuis qu’il avait quitté Londres, tant en frais de voyage qu’en primes, en achat d’éléphant, en cautions et en amendes, Phileas Fogg avait déjà semé plus de cinq mille livres (125,000 fr.) sur sa route, et le tant pour cent de la somme recouvrée, attribué aux détectives, allait diminuant toujours.

tour du monde 3 jours

XVI où fix n’a pas l’air de connaître du tout les choses dont on lui parle.

Le Rangoon , l’un des paquebots que la Compagnie péninsulaire et orientale emploie au service des mers de la Chine et du Japon, était un steamer en fer, à hélice, jaugeant brut dix-sept cent soixante-dix tonnes, et d’une force nominale de quatre cents chevaux. Il égalait le Mongolia en vitesse, mais non en confortable. Aussi Mrs. Aouda ne fut-elle point aussi bien installée que l’eût désiré Phileas Fogg. Après tout, il ne s’agissait que d’une traversée de trois mille cinq cents milles, soit de onze à douze jours, et la jeune femme ne se montra pas une difficile passagère.

Pendant les premiers jours de cette traversée, Mrs. Aouda fit plus ample connaissance avec Phileas Fogg. En toute occasion, elle lui témoignait la plus vive reconnaissance. Le flegmatique gentleman l’écoutait, en apparence au moins, avec la plus extrême froideur, sans qu’une intonation, un geste décelât en lui la plus légère émotion. Il veillait à ce que rien ne manquât à la jeune femme. À de certaines heures il venait régulièrement, sinon causer, du moins l’écouter. Il accomplissait envers elle les devoirs de la politesse la plus stricte, mais avec la grâce et l’imprévu d’un automate dont les mouvements auraient été combinés pour cet usage. Mrs. Aouda ne savait trop que penser, mais Passepartout lui avait un peu expliqué l’excentrique personnalité de son maître. Il lui avait appris quelle gageure entraînait ce gentleman autour du monde. Mrs. Aouda avait souri ; mais après tout, elle lui devait la vie, et son sauveur ne pouvait perdre à ce qu’elle le vît à travers sa reconnaissance.

Mrs. Aouda confirma le récit que le guide indou avait fait de sa touchante histoire. Elle était, en effet, de cette race qui tient le premier rang parmi les races indigènes. Plusieurs négociants parsis ont fait de grandes fortunes aux Indes, dans le commerce des cotons. L’un d’eux, sir James Jejeebhoy , a été anobli par le gouvernement anglais, et Mrs. Aouda était parente de ce riche personnage qui habitait Bombay. C’était même un cousin de sir Jejeebhoy, l’honorable Jejeeh, qu’elle comptait rejoindre à Hong-Kong. Trouverait-elle près de lui refuge et assistance ? Elle ne pouvait l’affirmer. À quoi Mr. Fogg répondait qu’elle n’eût pas à s’inquiéter, et que tout s’arrangerait mathématiquement ! Ce fut son mot.

La jeune femme comprenait-elle cet horrible adverbe ? On ne sait. Toutefois, ses grands yeux se fixaient sur ceux de Mr. Fogg, ses grands yeux « limpides comme les lacs sacrés de l’Himalaya ! » Mais l’intraitable Fogg, aussi boutonné que jamais, ne semblait point homme à se jeter dans ce lac.

Cette première partie de la traversée du Rangoon s’accomplit dans des conditions excellentes. Le temps était maniable. Toute cette portion de l’immense baie que les marins appellent « les brasses du Bengale » se montra favorable à la marche du paquebot. Le Rangoon eut bientôt connaissance du Grand-Andaman, la principale du groupe, que sa pittoresque montagne de Saddle-Peak, haute de deux mille quatre cents pieds, signale de fort loin aux navigateurs.

La côte fut prolongée d’assez près. Les sauvages Papouas de l’île ne se montrèrent point. Ce sont des êtres placés au dernier degré de l’échelle humaine, mais dont on a fait à tort des anthropophages.

Le développement panoramique de ces îles était superbe. D’immenses forêts de lataniers, d’arecs, de bambousiers, de muscadiers, de tecks, de gigantesques mimosées, de fougères arborescentes, couvraient le pays en premier plan, et en arrière se profilait l’élégante silhouette des montagnes. Sur la côte pullulaient par milliers ces précieuses salanganes, dont les nids comestibles forment un mets recherché dans le Céleste Empire. Mais tout ce spectacle varié, offert aux regards par le groupe des Andaman, passa vite, et le Rangoon s’achemina rapidement vers le détroit de Malacca, qui devait lui donner accès dans les mers de la Chine.

Que faisait pendant cette traversée l’inspecteur Fix, si malencontreusement entraîné dans un voyage de circumnavigation ? Au départ de Calcutta, après avoir laissé des instructions pour que le mandat, s’il arrivait enfin, lui fût adressé à Hong-Kong, il avait pu s’embarquer à bord du Rangoon sans avoir été aperçu de Passepartout, et il espérait bien dissimuler sa présence jusqu’à l’arrivée du paquebot. En effet, il lui eût été difficile d’expliquer pourquoi il se trouvait à bord, sans éveiller les soupçons de Passepartout, qui devait le croire à Bombay. Mais il fut amené à renouer connaissance avec l’honnête garçon par la logique même des circonstances. Comment ? On va le voir.

Toutes les espérances, tous les désirs de l’inspecteur de police, étaient maintenant concentrés sur un unique point du monde, Hong-Kong, car le paquebot s’arrêtait trop peu de temps à Singapore pour qu’il pût opérer en cette ville. C’était donc à Hong-Kong que l’arrestation du voleur devait se faire, ou le voleur lui échappait, pour ainsi dire, sans retour.

En effet, Hong-Kong était encore une terre anglaise, mais la dernière qui se rencontrât sur le parcours. Au-delà, la Chine, le Japon, l’Amérique offraient un refuge à peu près assuré au sieur Fogg. À Hong-Kong, s’il y trouvait enfin le mandat d’arrestation qui courait évidemment après lui, Fix arrêtait Fogg et le remettait entre les mains de la police locale. Nulle difficulté. Mais après Hong-Kong, un simple mandat d’arrestation ne suffirait plus. Il faudrait un acte d’extradition. De là retards, lenteurs, obstacles de toute nature, dont le coquin profiterait pour échapper définitivement. Si l’opération manquait à Hong-Kong, il serait, sinon impossible, du moins bien difficile, de la reprendre avec quelque chance de succès.

« Donc, se répétait Fix pendant ces longues heures qu’il passait dans sa cabine, donc, ou le mandat sera à Hong-Kong, et j’arrête mon homme, ou il n’y sera pas, et cette fois il faut à tout prix que je retarde son départ ! J’ai échoué à Bombay, j’ai échoué à Calcutta ! Si je manque mon coup à Hong-Kong, je suis perdu de réputation ! Coûte que coûte, il faut réussir. Mais quel moyen employer pour retarder, si cela est nécessaire, le départ de ce maudit Fogg ? »

En dernier ressort, Fix était bien décidé à tout avouer à Passepartout, à lui faire connaître ce maître qu’il servait et dont il n’était certainement pas le complice. Passepartout, éclairé par cette révélation, devant craindre d’être compromis, se rangerait sans doute à lui, Fix. Mais enfin c’était un moyen hasardeux, qui ne pouvait être employé qu’à défaut de tout autre. Un mot de Passepartout à son maître eût suffi à compromettre irrévocablement l’affaire.

L’inspecteur de police était donc extrêmement embarrassé, quand la présence de Mrs. Aouda à bord du Rangoon , en compagnie de Phileas Fogg, lui ouvrit de nouvelles perspectives.

Quelle était cette femme ? Quel concours de circonstances en avait fait la compagne de Fogg ? C’était évidemment entre Bombay et Calcutta que la rencontre avait eu lieu. Mais en quel point de la péninsule ? Était-ce le hasard qui avait réuni Phileas Fogg et la jeune voyageuse ? Ce voyage à travers l’Inde, au contraire, n’avait-il pas été entrepris par ce gentleman dans le but de rejoindre cette charmante personne ? car elle était charmante ! Fix l’avait bien vu dans la salle d’audience du tribunal de Calcutta.

On comprend à quel point l’agent devait être intrigué. Il se demanda s’il n’y avait pas dans cette affaire quelque criminel enlèvement. Oui ! cela devait être ! Cette idée s’incrusta dans le cerveau de Fix, et il reconnut tout le parti qu’il pouvait tirer de cette circonstance. Que cette jeune femme fût mariée ou non, il y avait enlèvement, et il était possible, à Hong-Kong, de susciter au ravisseur des embarras tels, qu’il ne pût s’en tirer à prix d’argent.

Mais il ne fallait pas attendre l’arrivée du Rangoon à Hong-Kong. Ce Fogg avait la détestable habitude de sauter d’un bateau dans un autre, et, avant que l’affaire fût entamée, il pouvait être déjà loin.

L’important était donc de prévenir les autorités anglaises et de signaler le passage du Rangoon avant son débarquement. Or, rien n’était plus facile, puisque le paquebot faisait escale à Singapore, et que Singapore est reliée à la côte chinoise par un fil télégraphique.

Toutefois, avant d’agir et pour opérer plus sûrement, Fix résolut d’interroger Passepartout. Il savait qu’il n’était pas très-difficile de faire parler ce garçon, et il se décida à rompre l’incognito qu’il avait gardé jusqu’alors. Or, il n’y avait pas de temps à perdre. On était au 31 octobre, et le lendemain même le Rangoon devait relâcher à Singapore.

Donc, ce jour-là, Fix, sortant de sa cabine, monta sur le pont, dans l’intention d’aborder Passepartout « le premier » avec les marques de la plus extrême surprise. Passepartout se promenait à l’avant, quand l’inspecteur se précipita vers lui, s’écriant :

« Vous, sur le Rangoon  !

— Monsieur Fix à bord ! répondit Passepartout, absolument surpris, en reconnaissant son compagnon de traversée du Mongolia . Quoi ! je vous laisse à Bombay, et je vous retrouve sur la route de Hong-Kong ! Mais vous faites donc, vous aussi, le tour du monde ?

— Non, non, répondit Fix, et je compte m’arrêter à Hong-Kong, — au moins quelques jours.

— Ah ! dit Passepartout, qui parut un instant étonné. Mais comment ne vous ai-je pas aperçu à bord depuis notre départ de Calcutta ?

— Ma foi, un malaise… un peu de mal de mer… Je suis resté couché dans ma cabine… Le golfe du Bengale ne me réussit pas aussi bien que l’océan Indien. Et votre maître, monsieur Phileas Fogg ?

— En parfaite santé, et aussi ponctuel que son itinéraire ! Pas un jour de retard ! Ah ! monsieur Fix, vous ne savez pas cela, vous, mais nous avons aussi une jeune dame avec nous.

— Une jeune dame ? » répondit l’agent, qui avait parfaitement l’air de ne pas comprendre ce que son interlocuteur voulait dire.

Mais Passepartout l’eut bientôt mis au courant de son histoire. Il raconta l’incident de la pagode de Bombay, l’acquisition de l’éléphant au prix de deux mille livres, l’affaire du sutty, l’enlèvement d’Aouda, la condamnation du tribunal de Calcutta, la liberté sous caution. Fix, qui connaissait la dernière partie de ces incidents, semblait les ignorer tous, et Passepartout se laissait aller au charme de narrer ses aventures devant un auditeur qui lui marquait tant d’intérêt.

« Mais, en fin de compte, demanda Fix, est-ce que votre maître a l’intention d’emmener cette jeune femme en Europe ?

— Non pas, monsieur Fix, non pas ! Nous allons tout simplement la remettre aux soins de l’un de ses parents, riche négociant de Hong-Kong.

— Rien à faire ! se dit le détective en dissimulant son désappointement. Un verre de gin, monsieur Passepartout ?

— Volontiers, monsieur Fix. C’est bien le moins que nous buvions à notre rencontre à bord du Rangoon  ! »

tour du monde 3 jours

XVII où il est question de choses et d’autres pendant la traversée de singapore à hong-kong.

Depuis ce jour, Passepartout et le détective se rencontrèrent fréquemment, mais l’agent se tint dans une extrême réserve vis-à-vis de son compagnon, et il n’essaya point de le faire parler. Une ou deux fois seulement, il entrevit Mr. Fogg, qui restait volontiers dans le grand salon du Rangoon , soit qu’il tînt compagnie à Mrs. Aouda, soit qu’il jouât au whist, suivant son invariable habitude.

Quant à Passepartout, il s’était pris très-sérieusement à méditer sur le singulier hasard qui avait mis, encore une fois, Fix sur la route de son maître. Et, en effet, on eût été étonné à moins. Ce gentleman, très-aimable, très-complaisant à coup sûr, que l’on rencontre d’abord à Suez, qui s’embarque sur le Mongolia , qui débarque à Bombay, où il dit devoir séjourner, que l’on retrouve sur le Rangoon , faisant route pour Hong-Kong, en un mot, suivant pas à pas l’itinéraire de Mr. Fogg, cela valait la peine qu’on y réfléchît. Il y avait là une concordance au moins bizarre. À qui en avait ce Fix ? Passepartout était prêt à parier ses babouches — il les avait précieusement conservées — que le Fix quitterait Hong-Kong en même temps qu’eux, et probablement sur le même paquebot.

Passepartout eût réfléchi pendant un siècle, qu’il n’aurait jamais deviné de quelle mission l’agent avait été chargé. Jamais il n’eût imaginé que Phileas Fogg fût « filé », à la façon d’un voleur, autour du globe terrestre. Mais comme il est dans la nature humaine de donner une explication à toute chose, voici comment Passepartout, soudainement illuminé, interpréta la présence permanente de Fix, et, vraiment, son interprétation était fort plausible. En effet, suivant lui, Fix n’était et ne pouvait être qu’un agent lancé sur les traces de Mr. Fogg par ses collègues du Reform-Club, afin de constater que ce voyage s’accomplissait régulièrement autour du monde, suivant l’itinéraire convenu.

« C’est évident ! c’est évident ! se répétait l’honnête garçon, tout fier de sa perspicacité. C’est un espion que ces gentlemen ont mis à nos trousses ! Voilà qui n’est pas digne ! Mr. Fogg si probe, si honorable ! Le faire épier par un agent ! Ah ! messieurs du Reform-Club, cela vous coûtera cher ! »

Passepartout, enchanté de sa découverte, résolut cependant de n’en rien dire à son maître, craignant que celui-ci ne fût justement blessé de cette défiance que lui montraient ses adversaires. Mais il se promit bien de gouailler Fix à l’occasion, à mots couverts et sans se compromettre.

Le mercredi 30 octobre, dans l’après-midi, le Rangoon embouquait le détroit de Malacca, qui sépare la presqu’île de ce nom des terres de Sumatra. Des îlots montagneux très-escarpés, très-pittoresques dérobaient aux passagers la vue de la grande île.

Le lendemain, à quatre heures du matin, le Rangoon , ayant gagné une demi-journée sur sa traversée réglementaire, relâchait à Singapore, afin d’y renouveler sa provision de charbon.

Phileas Fogg inscrivit cette avance à la colonne des gains, et, cette fois, il descendit à terre, accompagnant Mrs. Aouda, qui avait manifesté le désir de se promener pendant quelques heures.

Fix, à qui toute action de Fogg paraissait suspecte, le suivit sans se laisser apercevoir. Quant à Passepartout, qui riait in petto à voir la manœuvre de Fix, il alla faire ses emplettes ordinaires.

tour du monde 3 jours

L’île de Singapore n’est ni grande ni imposante d’aspect. Les montagnes, c’est-à-dire les profils, lui manquent. Toutefois, elle est charmante dans sa maigreur. C’est un parc coupé de belles routes. Un joli équipage, attelé de ces chevaux élégants qui ont été importés de la Nouvelle-Hollande, transporta Mrs. Aouda et Phileas Fogg au milieu des massifs de palmiers à l’éclatant feuillage, et de girofliers dont les clous sont formés du bouton même de la fleur entr’ouverte. Là, les buissons de poivriers remplaçaient les haies épineuses des campagnes européennes ; des sagoutiers, de grandes fougères avec leur ramure superbe, variaient l’aspect de cette région tropicale ; des muscadiers au feuillage verni saturaient l’air d’un parfum pénétrant. Les singes, bandes alertes et grimaçantes, ne manquaient pas dans les bois, ni peut-être les tigres dans les jungles. À qui s’étonnerait d’apprendre que dans cette île, si petite relativement, ces terribles carnassiers ne fussent pas détruits jusqu’au dernier, on répondra qu’ils viennent de Malacca, en traversant le détroit à la nage.

Après avoir parcouru la campagne pendant deux heures, Mrs. Aouda et son compagnon — qui regardait un peu sans voir — rentrèrent dans la ville, vaste agglomération de maisons lourdes et écrasées, qu’entourent de charmants jardins où poussent des mangoustes, des ananas et tous les meilleurs fruits du monde.

À dix heures, ils revenaient au paquebot, après avoir été suivis, sans s’en douter, par l’inspecteur, qui avait dû lui aussi se mettre en frais d’équipage.

Passepartout les attendait sur le pont du Rangoon . Le brave garçon avait acheté quelques douzaines de mangoustes, grosses comme des pommes moyennes, d’un brun foncé au dehors, d’un rouge éclatant au dedans, et dont le fruit blanc, en fondant entre les lèvres, procure aux vrais gourmets une jouissance sans pareille. Passepartout fut trop heureux de les offrir à Mrs. Aouda, qui le remercia avec beaucoup de grâce.

À onze heures, le Rangoon , ayant son plein de charbon, larguait ses amarres, et, quelques heures plus tard, les passagers perdaient de vue ces hautes montagnes de Malacca, dont les forêts abritent les plus beaux tigres de la terre.

Treize cents milles environ séparent Singapore de l’île de Hong-Kong, petit territoire anglais détaché de la côte chinoise. Phileas Fogg avait intérêt à les franchir en six jours au plus, afin de prendre à Hong-Kong le bateau qui devait partir le 6 novembre pour Yokohama, l’un des principaux ports du Japon.

Le Rangoon était fort chargé. De nombreux passagers s’étaient embarqués à Singapore, des Indous, des Ceylandais, des Chinois, des Malais, des Portugais, qui, pour la plupart, occupaient les secondes places.

Le temps, assez beau jusqu’alors, changea avec le dernier quartier de la lune. Il y eut grosse mer. Le vent souffla quelquefois en grande brise, mais très-heureusement de la partie du sud-est, ce qui favorisait la marche du steamer. Quand il était maniable, le capitaine faisait établir la voilure. Le Rangoon , gréé en brick, navigua souvent avec ses deux huniers et sa misaine, et sa rapidité s’accrut sous la double action de la vapeur et du vent. C’est ainsi que l’on prolongea, sur une lame courte et parfois très-fatigante, les côtes d’Annam et de Cochinchine.

Mais la faute en était plutôt au Rangoon qu’à la mer, et c’est à ce paquebot que les passagers, dont la plupart furent malades, durent s’en prendre de cette fatigue.

En effet, les navires de la Compagnie péninsulaire, qui font le service des mers de Chine, ont un sérieux défaut de construction. Le rapport de leur tirant d’eau en charge avec leur creux a été mal calculé, et, par suite, ils n’offrent qu’une faible résistance à la mer. Leur volume, clos, impénétrable à l’eau, est insuffisant. Ils sont « noyés », pour employer l’expression maritime, et, en conséquence de cette disposition, il ne faut que quelques paquets de mer, jetés à bord, pour modifier leur allure. Ces navires sont donc très-inférieurs — sinon par le moteur et l’appareil évaporatoire, du moins par la construction, — aux types des Messageries françaises, tels que l’ Impératrice et le Cambodge . Tandis que, suivant les calculs des ingénieurs, ceux-ci peuvent embarquer un poids d’eau égal à leur propre poids avant de sombrer, les bateaux de la Compagnie péninsulaire, le Golgonda , le Corea , et enfin le Rangoon , ne pourraient pas embarquer le sixième de leur poids sans couler par le fond.

Donc, par le mauvais temps, il convenait de prendre de grandes précautions. Il fallait quelquefois mettre à la cape sous petite vapeur. C’était une perte de temps qui ne paraissait affecter Phileas Fogg en aucune façon, mais dont Passepartout se montrait extrêmement irrité. Il accusait alors le capitaine, le mécanicien, la Compagnie, et envoyait au diable tous ceux qui se mêlent de transporter des voyageurs. Peut-être aussi la pensée de ce bec de gaz qui continuait de brûler à son compte dans la maison de Saville-row entrait-elle pour beaucoup dans son impatience.

« Mais vous êtes donc bien pressé d’arriver à Hong-Kong ? lui demanda un jour le détective.

— Très-pressé ! répondit Passepartout.

— Vous pensez que Mr. Fogg a hâte de prendre le paquebot de Yokohama ?

— Une hâte effroyable.

— Vous croyez donc maintenant à ce singulier voyage autour du monde ?

— Absolument. Et vous, monsieur Fix ?

— Moi ? je n’y crois pas !

— Farceur ! » répondit Passepartout en clignant de l’œil.

Ce mot laissa l’agent rêveur. Ce qualificatif l’inquiéta, sans qu’il sût trop pourquoi. Le Français l’avait-il deviné ? Il ne savait trop que penser. Mais sa qualité de détective, dont seul il avait le secret, comment Passepartout aurait-il pu la reconnaître ? Et cependant, en lui parlant ainsi, Passepartout avait certainement eu une arrière-pensée.

Il arriva même que le brave garçon alla plus loin, un autre jour, mais c’était plus fort que lui. Il ne pouvait tenir sa langue.

« Voyons, monsieur Fix, demanda-t-il à son compagnon d’un ton malicieux, est-ce que, une fois arrivés à Hong-Kong, nous aurons le malheur de vous y laisser ?

— Mais, répondit Fix assez embarrassé, je ne sais !… Peut-être que…

— Ah ! dit Passepartout, si vous nous accompagniez, ce serait un bonheur pour moi ! Voyons ! un agent de la Compagnie péninsulaire ne saurait s’arrêter en route ! Vous n’alliez qu’à Bombay, et vous voici bientôt en Chine ! L’Amérique n’est pas loin, et de l’Amérique à l’Europe il n’y a qu’un pas ! »

Fix regardait attentivement son interlocuteur, qui lui montrait la figure la plus aimable du monde, et il prit le parti de rire avec lui. Mais celui-ci, qui était en veine, lui demanda si « ça lui rapportait beaucoup, ce métier-là ? »

« Oui et non, répondit Fix sans sourciller. Il y a de bonnes et de mauvaises affaires. Mais vous comprenez bien que je ne voyage pas à mes frais !

— Oh ! pour cela, j’en suis sûr ! » s’écria Passepartout, riant de plus belle.

La conversation finie, Fix rentra dans sa cabine et se mit à réfléchir. Il était évidemment deviné. D’une façon ou d’une autre, le Français avait reconnu sa qualité de détective. Mais avait-il prévenu son maître ? Quel rôle jouait-il dans tout ceci ? Était-il complice ou non ? L’affaire était-elle éventée, et par conséquent manquée ? L’agent passa là quelques heures difficiles, tantôt croyant tout perdu, tantôt espérant que Fogg ignorait la situation, enfin ne sachant quel parti prendre.

Cependant le calme se rétablit dans son cerveau, et il résolut d’agir franchement avec Passepartout. S’il ne se trouvait pas dans les conditions voulues pour arrêter Fogg à Hong-Kong, et si Fogg se préparait à quitter définitivement cette fois le territoire anglais, lui, Fix, dirait tout à Passepartout. Ou le domestique était le complice de son maître, — et celui-ci savait tout, et dans ce cas l’affaire était définitivement compromise — ou le domestique n’était pour rien dans le vol, et alors son intérêt serait d’abandonner le voleur.

Telle était donc la situation respective de ces deux hommes, et au-dessus d’eux Phileas Fogg planait dans sa majestueuse indifférence. Il accomplissait rationnellement son orbite autour du monde, sans s’inquiéter des astéroïdes qui gravitaient autour de lui.

Et cependant, dans le voisinage, il y avait — suivant l’expression des astronomes — un astre troublant qui aurait dû produire certaines perturbations sur le cœur de ce gentleman. Mais non ! Le charme de Mrs. Aouda n’agissait point, à la grande surprise de Passepartout, et les perturbations, si elles existaient, eussent été plus difficiles à calculer que celles d’Uranus qui ont amené la découverte de Neptune.

Oui ! c’était un étonnement de tous les jours pour Passepartout, qui lisait tant de reconnaissance envers son maître dans les yeux de la jeune femme ! Décidément Phileas Fogg n’avait de cœur que ce qu’il en fallait pour se conduire héroïquement, mais amoureusement, non ! Quant aux préoccupations que les chances de ce voyage pouvaient faire naître en lui, il n’y en avait pas trace. Mais Passepartout, lui, vivait dans des transes continuelles. Un jour, appuyé sur la rambarde de « l’engine-room », il regardait la puissante machine qui s’emportait parfois, quand dans un violent mouvement de tangage, l’hélice s’affolait hors des flots. La vapeur fusait alors par les soupapes, ce qui provoqua la colère du digne garçon.

« Elles ne sont pas assez chargées, ces soupapes ! s’écria-t-il. On ne marche pas ! Voilà bien ces Anglais ! Ah ! si c’était un navire américain, on sauterait peut-être, mais on irait plus vite ! »

XVIII dans lequel phileas fogg, passepartout, fix, chacun de son côté, va à ses affaires.

Pendant les derniers jours de la traversée, le temps fut assez mauvais. Le vent devint très-fort. Fixé dans la partie du nord-ouest, il contraria la marche du paquebot. Le Rangoon , trop instable, roula considérablement, et les passagers furent en droit de garder rancune à ces longues lames affadissantes que le vent soulevait du large.

Pendant les journées du 3 et du 4 novembre, ce fut une sorte de tempête. La bourrasque battit la mer avec véhémence. Le Rangoon dut mettre à la cape pendant un demi-jour, se maintenant avec dix tours d’hélice seulement, de manière à biaiser avec les lames. Toutes les voiles avaient été serrées, et c’était encore trop de ces agrès qui sifflaient au milieu des rafales.

La vitesse du paquebot, on le conçoit, fut notablement diminuée, et l’on put estimer qu’il arriverait à Hong-Kong avec vingt heures de retard sur l’heure réglementaire, et plus même, si la tempête ne cessait pas.

Phileas Fogg assistait à ce spectacle d’une mer furieuse, qui semblait lutter directement contre lui, avec son habituelle impassibilité. Son front ne s’assombrit pas un instant, et, cependant, un retard de vingt heures pouvait compromettre son voyage en lui faisant manquer le départ du paquebot de Yokohama. Mais cet homme sans nerfs ne ressentait ni impatience ni ennui. Il semblait vraiment que cette tempête rentrât dans son programme, qu’elle fût prévue. Mrs. Aouda, qui s’entretint avec son compagnon de ce contre-temps, le trouva aussi calme que par le passé.

Fix, lui, ne voyait pas ces choses du même œil. Bien au contraire. Cette tempête lui plaisait. Sa satisfaction aurait même été sans bornes, si le Rangoon eût été obligé de fuir devant la tourmente. Tous ces retards lui allaient, car ils obligeraient le sieur Fogg à rester quelques jours à Hong-Kong. Enfin, le ciel, avec ses rafales et ses bourrasques, entrait dans son jeu. Il était bien un peu malade, mais qu’importe ! Il ne comptait pas ses nausées, et, quand son corps se tordait sous le mal de mer, son esprit s’ébaudissait d’une immense satisfaction.

Quant à Passepartout, on devine dans quelle colère peu dissimulée il passa ce temps d’épreuve. Jusqu’alors tout avait si bien marché ! La terre et l’eau semblaient être à la dévotion de son maître. Steamers et railways lui obéissaient. Le vent et la vapeur s’unissaient pour favoriser son voyage. L’heure des mécomptes avait-elle donc enfin sonné ? Passepartout, comme si les vingt mille livres du pari eussent dû sortir de sa bourse, ne vivait plus. Cette tempête l’exaspérait, cette rafale le mettait en fureur, et il eût volontiers fouetté cette mer désobéissante ! Pauvre garçon ! Fix lui cacha soigneusement sa satisfaction personnelle, et il fit bien, car si Passepartout eût deviné le secret contentement de Fix, Fix eût passé un mauvais quart d’heure.

tour du monde 3 jours

Passepartout, pendant toute la durée de la bourrasque, demeura sur le pont du Rangoon . Il n’aurait pu rester en bas ; il grimpait dans la mâture ; il étonnait l’équipage et aidait à tout avec une adresse de singe. Cent fois il interrogea le capitaine, les officiers, les matelots, qui ne pouvaient s’empêcher de rire en voyant un garçon si décontenancé. Passepartout voulait absolument savoir combien de temps durerait la tempête. On le renvoyait alors au baromètre, qui ne se décidait pas à remonter. Passepartout secouait le baromètre, mais rien n’y faisait, ni les secousses, ni les injures dont il accablait l’irresponsable instrument.

Enfin la tourmente s’apaisa. L’état de la mer se modifia dans la journée du 4 novembre. Le vent sauta de deux quarts dans le sud et redevint favorable.

Passepartout se rasséréna avec le temps. Les huniers et les basses voiles purent être établis, et le Rangoon reprit sa route avec une merveilleuse vitesse.

Mais on ne pouvait regagner tout le temps perdu. Il fallait bien en prendre son parti, et la terre ne fut signalée que le 6, à cinq heures du matin. L’itinéraire de Phileas Fogg portait l’arrivée du paquebot au 5. Or, il n’arrivait que le 6. C’était donc vingt-quatre heures de retard, et le départ pour Yokohama serait nécessairement manqué.

À six heures, le pilote monta à bord du Rangoon et prit place sur la passerelle, afin de diriger le navire à travers les passes jusqu’au port de Hong-Kong.

Passepartout mourait du désir d’interroger cet homme, de lui demander si le paquebot de Yokohama avait quitté Hong-Kong. Mais il n’osait pas, aimant mieux conserver un peu d’espoir jusqu’au dernier instant. Il avait confié ses inquiétudes à Fix, qui — le fin renard — essayait de le consoler, en lui disant que Mr. Fogg en serait quitte pour prendre le prochain paquebot. Ce qui mettait Passepartout dans une colère bleue.

Mais si Passepartout ne se hasarda pas à interroger le pilote, Mr. Fogg, après avoir consulté son Bradshaw , demanda de son air tranquille audit pilote s’il savait quand il partirait un bateau de Hong-Kong pour Yokohama.

« Demain, à la marée du matin, répondit le pilote.

— Ah ! » fit Mr. Fogg, sans manifester aucun étonnement.

Passepartout, qui était présent, eût volontiers embrassé le pilote, auquel Fix aurait voulu tordre le cou.

« Quel est le nom de ce steamer ? demanda Mr. Fogg.

— Le Carnatic , répondit le pilote.

— N’était-ce pas hier qu’il devait partir ?

— Oui, monsieur, mais on a dû réparer une de ses chaudières, et son départ a été remis à demain.

— Je vous remercie, » répondit Mr. Fogg, qui de son pas automatique redescendit dans le salon du Rangoon .

Quant à Passepartout, il saisit la main du pilote et l’étreignit vigoureusement en disant :

« Vous, pilote, vous êtes un brave homme ! »

Le pilote ne sut jamais, sans doute, pourquoi ses réponses lui valurent cette amicale expansion. À un coup de sifflet, il remonta sur la passerelle et dirigea le paquebot au milieu de cette flottille de jonques, de tankas, de bateaux-pêcheurs, de navires de toutes sortes, qui encombraient les pertuis de Hong-Kong.

À une heure, le Rangoon était à quai, et les passagers débarquaient.

En cette circonstance, le hasard avait singulièrement servi Phileas Fogg, il faut en convenir. Sans cette nécessité de réparer ses chaudières, le Carnatic fût parti à la date du 5 novembre, et les voyageurs pour le Japon auraient dû attendre pendant huit jours le départ du paquebot suivant. Mr. Fogg, il est vrai, était en retard de vingt-quatre heures, mais ce retard ne pouvait avoir de conséquences fâcheuses pour le reste du voyage.

En effet, le steamer qui fait de Yokohama à San-Francisco la traversée du Pacifique était en correspondance directe avec le paquebot de Hong-Kong, et il ne pouvait partir avant que celui-ci fût arrivé. Évidemment il y aurait vingt-quatre heures de retard à Yokohama, mais, pendant les vingt-deux jours que dure la traversée du Pacifique, il serait facile de les regagner. Phileas Fogg se trouvait donc, à vingt-quatre heures près, dans les conditions de son programme, trente-cinq jours après avoir quitté Londres.

Le Carnatic ne devant partir que le lendemain matin à cinq heures, Mr. Fogg avait devant lui seize heures pour s’occuper de ses affaires, c’est-à-dire de celles qui concernaient Mrs. Aouda. Au débarqué du bateau, il offrit son bras à la jeune femme et la conduisit vers un palanquin. Il demanda aux porteurs de lui indiquer un hôtel, et ceux-ci lui désignèrent l’ Hôtel du Club . Le palanquin se mit en route, suivi de Passepartout, et vingt minutes après il arrivait à destination.

Un appartement fut retenu pour la jeune femme et Phileas Fogg veilla à ce qu’elle ne manquât de rien. Puis il dit à Mrs. Aouda qu’il allait immédiatement se mettre à la recherche de ce parent aux soins duquel il devait la laisser à Hong-Kong. En même temps il donnait à Passepartout l’ordre de demeurer à l’hôtel jusqu’à son retour, afin que la jeune femme n’y restât pas seule.

Le gentleman se fit conduire à la Bourse. Là, on connaîtrait immanquablement un personnage tel que l’honorable Jejeeh, qui comptait parmi les plus riches commerçants de la ville.

Le courtier auquel s’adressa Mr. Fogg connaissait en effet le négociant parsi. Mais, depuis deux ans, celui-ci n’habitait plus la Chine. Sa fortune faite, il s’était établi en Europe, — en Hollande, croyait-on, — ce qui s’expliquait par suite de nombreuses relations qu’il avait eues avec ce pays pendant son existence commerciale.

Phileas Fogg revint à l’ Hôtel du Club . Aussitôt il fit demander à Mrs. Aouda la permission de se présenter devant elle, et, sans autre préambule, il lui apprit que l’honorable Jejeeh ne résidait plus à Hong-Kong, et qu’il habitait vraisemblablement la Hollande.

À cela, Mrs. Aouda ne répondit rien d’abord. Elle passa sa main sur son front, et resta quelques instants à réfléchir. Puis, de sa douce voix :

« Que dois-je faire, monsieur Fogg ? dit-elle.

— C’est très-simple, répondit le gentleman. Revenir en Europe.

— Mais je ne puis abuser…

— Vous n’abusez pas, et votre présence ne gêne en rien mon programme. — Passepartout ?

— Monsieur ? répondit Passepartout.

— Allez au Carnatic , et retenez trois cabines. »

Passepartout, enchanté de continuer son voyage dans la compagnie de la jeune femme, qui était fort gracieuse pour lui, quitta aussitôt l’ Hôtel du Club .

XIX où passepartout prend un trop vif intérêt à son maître, et ce qui s’ensuit.

Hong-Kong n’est qu’un îlot, dont le traité de Nanking, après la guerre de 1842, assura la possession à l’Angleterre. En quelques années, le génie colonisateur de la Grande-Bretagne y avait fondé une ville importante et créé un port, le port Victoria. Cette île est située à l’embouchure de la rivière de Canton, et soixante milles seulement la séparent de la cité portugaise de Macao, bâtie sur l’autre rive. Hong-Kong devait nécessairement vaincre Macao dans une lutte commerciale, et maintenant la plus grande partie du transit chinois s’opère par la ville anglaise. Des docks, des hôpitaux, des wharfs, des entrepôts, une cathédrale gothique, un « government-house », des rues macadamisées, tout ferait croire qu’une des cités commerçantes des comtés de Kent ou de Surrey, traversant le sphéroïde terrestre, est venue ressortir en ce point de la Chine, presque à ses antipodes.

Passepartout, les mains dans les poches, se rendit donc vers le port Victoria, regardant les palanquins, les brouettes à voile, encore en faveur dans le Céleste Empire, et toute cette foule de Chinois, de Japonais et d’Européens, qui se pressait dans les rues. À peu de choses près, c’était encore Bombay, Calcutta ou Singapore, que le digne garçon retrouvait sur son parcours. Il y a ainsi comme une traînée de villes anglaises tout autour du monde.

tour du monde 3 jours

Passepartout arriva au port Victoria. Là, à l’embouchure de la rivière de Canton, c’était un fourmillement de navires de toutes nations, des anglais, des français, des américains, des hollandais, bâtiments de guerre et de commerce, des embarcations japonaises ou chinoises, des jonques, des sempas, des tankas, et même des bateaux-fleurs qui formaient autant de parterres flottants sur les eaux. En se promenant, Passepartout remarqua un certain nombre d’indigènes vêtus de jaune, tous très-avancés en âge. Étant entré chez un barbier chinois pour se faire raser « à la chinoise », il apprit par le Figaro de l’endroit, qui parlait un assez bon anglais, que ces vieillards avaient tous quatre-vingts ans au moins, et qu’à cet âge ils avaient le privilège de porter la couleur jaune, qui est la couleur impériale. Passepartout trouva cela fort drôle, sans trop savoir pourquoi.

Sa barbe faite, il se rendit au quai d’embarquement du Carnatic , et là il aperçut Fix qui se promenait de long en large, ce dont il ne fut point étonné. Mais l’inspecteur de police laissait voir sur son visage les marques d’un vif désappointement.

« Bon ! se dit Passepartout, cela va mal pour les gentlemen du Reform-Club ! »

Et il accosta Fix avec son joyeux sourire, sans vouloir remarquer l’air vexé de son compagnon.

Or, l’agent avait de bonnes raisons pour pester contre l’infernale chance qui le poursuivait. Pas de mandat ! Il était évident que le mandat courait après lui, et ne pourrait l’atteindre que s’il séjournait quelques jours en cette ville. Or, Hong-Kong étant la dernière terre anglaise du parcours, le sieur Fogg allait lui échapper définitivement, s’il ne parvenait pas à l’y retenir.

« Eh bien, monsieur Fix, êtes-vous décidé à venir avec nous jusqu’en Amérique ? demanda Passepartout.

— Oui, répondit Fix les dents serrées.

— Allons donc ! s’écria Passepartout en faisant entendre un retentissant éclat de rire ! Je savais bien que vous ne pourriez pas vous séparer de nous. Venez retenir votre place, venez ! »

Et tous deux entrèrent au bureau des transports maritimes et arrêtèrent des cabines pour quatre personnes. Mais l’employé leur fit observer que les réparations du Carnatic étant terminées, le paquebot partirait le soir même à huit heures, et non le lendemain matin, comme il avait été annoncé.

« Très-bien ! répondit Passepartout, cela arrangera mon maître. Je vais le prévenir. »

À ce moment, Fix prit un parti extrême. Il résolut de tout dire à Passepartout. C’était le seul moyen peut-être qu’il eût de retenir Phileas Fogg pendant quelques jours à Hong-Kong.

En quittant le bureau, Fix offrit à son compagnon de se rafraîchir dans une taverne. Passepartout avait le temps. Il accepta l’invitation de Fix.

Une taverne s’ouvrait sur le quai. Elle avait un aspect engageant. Tous deux y entrèrent. C’était une vaste salle bien décorée, au fond de laquelle s’étendait un lit de camp, garni de coussins. Sur ce lit étaient rangés un certain nombre de dormeurs.

Une trentaine de consommateurs occupaient dans la grande salle de petites tables en jonc tressé. Quelques-uns vidaient des pintes de bière anglaise, ale ou porter, d’autres, des brocs de liqueurs alcooliques, gin ou brandy. En outre, la plupart fumaient de longues pipes de terre rouge, bourrées de petites boulettes d’opium mélangé d’essence de rose. Puis, de temps en temps, quelque fumeur énervé glissait sous la table, et les garçons de l’établissement, le prenant par les pieds et par la tête, le portaient sur le lit de camp près d’un confrère. Une vingtaine de ces ivrognes étaient ainsi rangés côte à côte, dans le dernier degré d’abrutissement.

Fix et Passepartout comprirent qu’ils étaient entrés dans une tabagie hantée de ces misérables, hébétés, amaigris, idiots, auxquels la mercantile Angleterre vend annuellement pour deux cent soixante millions de francs de cette funeste drogue qui s’appelle l’opium ! Tristes millions que ceux-là, prélevés sur un des plus funestes vices de la nature humaine.

Le gouvernement chinois a bien essayé de remédier à un tel abus par des lois sévères, mais en vain. De la classe riche, à laquelle l’usage de l’opium était d’abord formellement réservé, cet usage descendit jusqu’aux classes inférieures, et les ravages ne purent plus être arrêtés. On fume l’opium partout et toujours dans l’empire du Milieu. Hommes et femmes s’adonnent à cette passion déplorable, et lorsqu’ils sont accoutumés à cette inhalation, ils ne peuvent plus s’en passer, à moins d’éprouver d’horribles contractions de l’estomac. Un grand fumeur peut fumer jusqu’à huit pipes par jour, mais il meurt en cinq ans.

Or, c’était dans une des nombreuses tabagies de ce genre, qui pullulent, même à Hong-Kong, que Fix et Passepartout étaient entrés avec l’intention de se rafraîchir. Passepartout n’avait pas d’argent, mais il accepta volontiers la « politesse » de son compagnon, quitte à la lui rendre en temps et lieu.

On demanda deux bouteilles de porto, auxquelles le Français fit largement honneur, tandis que Fix, plus réservé, observait son compagnon avec une extrême attention. On causa de choses et d’autres, et surtout de cette excellente idée qu’avait eue Fix de prendre passage sur le Carnatic . Et à propos de ce steamer, dont le départ se trouvait avancé de quelques heures, Passepartout, les bouteilles étant vides, se leva, afin d’aller prévenir son maître.

Fix le retint.

« Un instant, dit-il.

— Que voulez-vous, monsieur Fix ?

— J’ai à vous parler de choses sérieuses.

— De choses sérieuses ! s’écria Passepartout en vidant quelques gouttes de vin restées au fond au son verre. Eh bien, nous en parlerons demain. Je n’ai pas le temps aujourd’hui.

— Restez, répondit Fix. Il s’agit de votre maître ! »

Passepartout, à ce mot, regarda attentivement son interlocuteur.

L’expression du visage de Fix lui parut singulière. Il se rassit.

« Qu’est-ce donc que vous avez à me dire ? » demanda-t-il.

Fix appuya sa main sur le bras de son compagnon, et, baissant la voix :

« Vous avez deviné qui j’étais ? lui demanda-t-il.

— Parbleu ! dit Passepartout en souriant.

— Alors je vais tout vous avouer…

— Maintenant que je sais tout, mon compère ! Ah ! voilà qui n’est pas fort ! Enfin, allez toujours. Mais auparavant, laissez-moi vous dire que ces gentlemen se sont mis en frais bien inutilement !

— Inutilement ! dit Fix. Vous en parlez à votre aise ! On voit bien que vous ne connaissez pas l’importance de la somme !

— Mais si, je la connais, répondit Passepartout. Vingt mille livres !

— Cinquante-cinq mille ! reprit Fix, en serrant la main du Français.

— Quoi ! s’écria Passepartout, monsieur Fogg aurait osé !… Cinquante-cinq mille livres !… Eh bien ! raison de plus pour ne pas perdre un instant, ajouta-t-il en se levant de nouveau.

— Cinquante-cinq mille livres ! reprit Fix, qui força Passepartout à se rasseoir, après avoir fait apporter un flacon de brandy, — et si je réussis, je gagne une prime de deux mille livres. En voulez-vous cinq cents (12,500 fr.) à la condition de m’aider ?

— Vous aider ? s’écria Passepartout, dont les yeux étaient démesurément ouverts.

— Oui, m’aider à retenir le sieur Fogg pendant quelques jours à Hong-Kong !

— Hein ! fit Passepartout, que dites-vous là ? Comment, non content de faire suivre mon maître, de suspecter sa loyauté, ces gentlemen veulent encore lui susciter des obstacles ! J’en suis honteux pour eux !

— Ah çà ! que voulez-vous dire ? demanda Fix.

— Je veux dire que c’est de la pure indélicatesse. Autant dépouiller Mr. Fogg, et lui prendre l’argent dans la poche !

— Eh ! c’est bien à cela que nous comptons arriver !

— Mais c’est un guet-apens ! s’écria Passepartout, — qui s’animait alors sous l’influence du brandy que lui servait Fix, et qu’il buvait sans s’en apercevoir, — un guet-apens véritable ! Des gentlemen ! des collègues ! »

Fix commençait à ne plus comprendre.

« Des collègues ! s’écria Passepartout, des membres du Reform-Club ! Sachez, monsieur Fix, que mon maître est un honnête homme, et que, quand il a fait un pari, c’est loyalement qu’il prétend le gagner.

— Mais qui croyez-vous donc que je sois ? demanda Fix, en fixant son regard sur Passepartout.

— Parbleu ! un agent des membres du Reform-Club, qui a mission de contrôler l’itinéraire de mon maître, ce qui est singulièrement humiliant ! Aussi, bien que, depuis quelque temps déjà, j’aie deviné votre qualité, je me suis bien gardé de la révéler à Mr. Fogg !

— Il ne sait rien ?… demanda vivement Fix.

— Rien, » répondit Passepartout en vidant encore une fois son verre.

L’inspecteur de police passa sa main sur son front. Il hésitait avant de reprendre la parole. Que devait-il faire ? L’erreur de Passepartout semblait sincère, mais elle rendait son projet plus difficile. Il était évident que ce garçon parlait avec une absolue bonne foi, et qu’il n’était point le complice de son maître, — ce que Fix aurait pu craindre.

« Eh bien, se dit-il, puisqu’il n’est pas son complice, il m’aidera. »

Le détective avait une seconde fois pris son parti. D’ailleurs, il n’avait plus le temps d’attendre. À tout prix, il fallait arrêter Fogg à Hong-Kong.

tour du monde 3 jours

« Écoutez, dit Fix d’une voix brève, écoutez-moi bien. Je ne suis pas ce que vous croyez, c’est-à-dire un agent des membres du Reform-Club…

— Bah ! dit Passepartout en le regardant d’un air goguenard.

— Je suis un inspecteur de police, chargé d’une mission par l’administration métropolitaine…

— Vous… inspecteur de police !…

— Oui, et je le prouve, reprit Fix. Voici ma commission. »

Et l’agent, tirant un papier de son portefeuille, montra à son compagnon une commission signée du directeur de la police centrale. Passepartout, abasourdi, regardait Fix, sans pouvoir articuler une parole.

« Le pari du sieur Fogg, reprit Fix, n’est qu’un prétexte dont vous êtes dupes, vous et ses collègues du Reform-Club, car il avait intérêt à s’assurer votre inconsciente complicité.

— Mais pourquoi ?… s’écria Passepartout.

— Écoutez. Le 28 septembre dernier, un vol de cinquante-cinq mille livres a été commis à la Banque d’Angleterre par un individu dont le signalement a pu être relevé. Or, voici ce signalement, et c’est trait pour trait celui du sieur Fogg.

— Allons donc ! s’écria Passepartout en frappant la table de son robuste poing. Mon maître est le plus honnête homme du monde !

— Qu’en savez-vous ? répondit Fix. Vous ne le connaissez même pas ! Vous êtes entré à son service le jour de son départ, et il est parti précipitamment sous un prétexte insensé, sans malles, emportant une grosse somme en bank-notes ! Et vous osez soutenir que c’est un honnête homme !

— Oui ! oui ! répétait machinalement le pauvre garçon.

— Voulez-vous donc être arrêté comme son complice ? »

Passepartout avait pris sa tête à deux mains. Il n’était plus reconnaissable. Il n’osait regarder l’inspecteur de police. Phileas Fogg un voleur, lui, le sauveur d’Aouda, l’homme généreux et brave ! Et pourtant que de présomptions relevées contre lui ! Passepartout essayait de repousser les soupçons qui se glissaient dans son esprit. Il ne voulait pas croire à la culpabilité de son maître.

« Enfin, que voulez-vous de moi ? dit-il à l’agent de police, en se contenant par un suprême effort.

— Voici, répondit Fix. J’ai filé le sieur Fogg jusqu’ici, mais je n’ai pas encore reçu le mandat d’arrestation, que j’ai demandé à Londres. Il faut donc que vous m’aidiez à retenir à Hong-Kong…

— Moi ! que je…

— Et je partage avec vous la prime de deux mille livres promise par la Banque d’Angleterre !

— Jamais ! » répondit Passepartout, qui voulut se lever et retomba, sentant sa raison et ses forces lui échapper à la fois.

« Monsieur Fix, dit-il en balbutiant, quand bien même tout ce que vous m’avez dit serait vrai… quand mon maître serait le voleur que vous cherchez… ce que je nie… j’ai été… je suis à son service… je l’ai vu bon et généreux… Le trahir… jamais… non, pour tout l’or du monde… Je suis d’un village où l’on ne mange pas de ce pain-là !…

— Vous refusez ?

— Je refuse.

— Mettons que je n’ai rien dit, répondit Fix, et buvons.

— Oui, buvons ! »

Passepartout se sentait de plus en plus envahir par l’ivresse. Fix, comprenant qu’il fallait à tout prix le séparer de son maître, voulut l’achever. Sur la table se trouvaient quelques pipes chargées d’opium. Fix en glissa une dans la main de Passepartout, qui la prit, la porta à ses lèvres, l’alluma, respira quelques bouffées, et retomba, la tête alourdie sous l’influence du narcotique.

« Enfin, dit Fix en voyant Passepartout anéanti, le sieur Fogg ne sera pas prévenu à temps du départ du Carnatic , et s’il part, du moins partira-t-il sans ce maudit Français ! »

Puis il sortit, après avoir payé la dépense.

XX dans lequel fix entre directement en relation avec phileas fogg.

Pendant cette scène qui allait peut-être compromettre si gravement son avenir, Mr. Fogg, accompagnant Mrs. Aouda, se promenait dans les rues de la ville anglaise. Depuis que Mrs. Aouda avait accepté son offre de la conduire jusqu’en Europe, il avait dû songer à tous les détails que comporte un aussi long voyage. Qu’un Anglais comme lui fît le tour du monde un sac à la main, passe encore ; mais une femme ne pouvait entreprendre une pareille traversée dans ces conditions. De là, nécessité d’acheter les vêtements et objets nécessaires au voyage. Mr. Fogg s’acquitta de sa tâche avec le calme qui le caractérisait, et à toutes les excuses ou objections de la jeune veuve, confuse de tant de complaisance :

« C’est dans l’intérêt de mon voyage, c’est dans mon programme, » répondait-il invariablement.

Les acquisitions faites, Mr. Fogg et la jeune femme rentrèrent à l’hôtel et dînèrent à la table d’hôte, qui était somptueusement servie. Puis Mrs. Aouda, un peu fatiguée, remonta dans son appartement, après avoir « à l’anglaise » serré la main de son imperturbable sauveur.

L’honorable gentleman, lui, s’absorba pendant toute la soirée dans la lecture du Times et de l’ Illustrated London News .

S’il avait été homme à s’étonner de quelque chose, c’eût été de ne point voir apparaître son domestique à l’heure du coucher. Mais, sachant que le paquebot de Yokohama ne devait pas quitter Hong-Kong avant le lendemain matin, il ne s’en préoccupa pas autrement. Le lendemain, Passepartout ne vint point au coup de sonnette de Mr. Fogg.

Ce que pensa l’honorable gentleman en apprenant que son domestique n’était pas rentré à l’hôtel, nul n’aurait pu le dire. Mr. Fogg se contenta de prendre son sac, fit prévenir Mrs. Aouda, et envoya chercher un palanquin.

Il était alors huit heures, et la pleine mer, dont le Carnatic devait profiter pour sortir des passes, était indiquée pour neuf heures et demie.

Lorsque le palanquin fut arrivé à la porte de l’hôtel, Mr. Fogg et Mrs. Aouda montèrent dans ce confortable véhicule, et les bagages suivirent derrière sur une brouette.

Une demi-heure plus tard, les voyageurs descendaient sur le quai d’embarquement, et là Mr. Fogg apprenait que le Carnatic était parti depuis la veille.

Mr. Fogg, qui comptait trouver, à la fois, et le paquebot et son domestique, en était réduit à se passer de l’un et de l’autre. Mais aucune marque de désappointement ne parut sur son visage, et comme Mrs. Aouda le regardait avec inquiétude, il se contenta de répondre :

« C’est un incident, madame, rien de plus. »

En ce moment, un personnage qui l’observait avec attention s’approcha de lui. C’était l’inspecteur Fix, qui le salua et lui dit :

« N’êtes-vous pas comme moi, monsieur, un des passagers du Rangoon , arrivé hier ?

— Oui, monsieur, répondit froidement Mr. Fogg, mais je n’ai pas l’honneur…

— Pardonnez-moi, mais je croyais trouver ici votre domestique.

— Savez-vous où il est, monsieur ? demanda vivement la jeune femme.

— Quoi ! répondit Fix, feignant la surprise, n’est-il pas avec vous ?

— Non, répondit Mrs. Aouda. Depuis hier, il n’a pas reparu. Se serait-il embarqué sans nous à bord du Carnatic  ?

— Sans vous, madame ?… répondit l’agent. Mais, excusez ma question, vous comptiez donc partir sur ce paquebot ?

— Moi aussi, madame, et vous me voyez très-désappointé. Le Carnatic , ayant terminé ses réparations, a quitté Hong-Kong douze heures plus tôt sans prévenir personne, et maintenant il faudra attendre huit jours le prochain départ ! »

En prononçant ces mots : « huit jours », Fix sentait son cœur bondir de joie. Huit jours ! Fogg retenu huit jours à Hong-Kong ! On aurait le temps de recevoir le mandat d’arrêt. Enfin, la chance se déclarait pour le représentant de la loi.

Que l’on juge donc du coup d’assommoir qu’il reçut, quand il entendit Phileas Fogg dire de sa voix calme :

« Mais il y a d’autres navires que le Carnatic , il me semble, dans le port de Hong-Kong. »

Et Mr. Fogg, offrant son bras à Mrs. Aouda, se dirigea vers les docks à la recherche d’un navire en partance.

Fix, abasourdi, suivait. On eût dit qu’un fil le rattachait à cet homme.

Toutefois, la chance sembla véritablement abandonner celui qu’elle avait si bien servi jusqu’alors. Phileas Fogg, pendant trois heures, parcourut le port en tous sens, décidé, s’il le fallait, à fréter un bâtiment pour le transporter à Yokohama ; mais il ne vit que des navires en chargement ou en déchargement, et qui, par conséquent, ne pouvaient appareiller. Fix se reprit à espérer.

Cependant Mr. Fogg ne se déconcertait pas, et il allait continuer ses recherches, dût-il pousser jusqu’à Macao, quand il fut accosté par un marin sur l’avant-port.

tour du monde 3 jours

« Votre Honneur cherche un bateau ? lui dit le marin en se découvrant.

— Vous avez un bateau prêt à partir ? demanda Mr. Fogg.

— Oui, Votre Honneur, un bateau-pilote, n o  43, le meilleur de la flottille.

— Il marche bien ?

— Entre huit et neuf milles, au plus près. Voulez-vous le voir ?

— Votre Honneur sera satisfait. Il s’agit d’une promenade en mer ?

— Non. D’un voyage.

— Un voyage ?

— Vous chargez-vous de me conduire à Yokohama ? »

Le marin, à ces mots, demeura les bras ballants, les yeux écarquillés.

« Votre Honneur veut rire ? dit-il.

— Non ! j’ai manqué le départ du Carnatic , et il faut que je sois le 14, au plus tard, à Yokohama, pour prendre le paquebot de San-Francisco.

— Je le regrette, répondit le pilote, mais c’est impossible.

— Je vous offre cent livres (2,500 fr.) par jour, et une prime de deux cents livres si j’arrive à temps.

— C’est sérieux ? demanda le pilote.

— Très-sérieux, » répondit Mr. Fogg.

Le pilote s’était retiré à l’écart. Il regardait la mer, évidemment combattu entre le désir de gagner une somme énorme et la crainte de s’aventurer si loin. Fix était dans des transes mortelles.

Pendant ce temps, Mr. Fogg s’était retourné vers Mrs. Aouda.

« Vous n’aurez pas peur, madame ? lui demanda-t-il.

— Avec vous, non, monsieur Fogg, » répondit la jeune femme.

Le pilote s’était de nouveau avancé vers le gentleman, et tournait son chapeau entre ses mains.

« Eh bien, pilote ? dit Mr. Fogg.

— Eh bien, Votre Honneur, répondit le pilote, je ne puis risquer ni mes hommes, ni moi, ni vous-même, dans une si longue traversée sur un bateau de vingt tonneaux à peine, et à cette époque de l’année. D’ailleurs, nous n’arriverions pas à temps, car il y a seize cent cinquante milles de Hong-Kong à Yokohama.

— Seize cents seulement, dit Mr. Fogg.

— C’est la même chose. »

Fix respira un bon coup d’air.

« Mais, ajouta le pilote, il y aurait peut-être moyen de s’arranger autrement. »

Fix ne respira plus.

« Comment ? demanda Phileas Fogg.

— En allant à Nagasaki, l’extrémité sud du Japon, onze cents milles, ou seulement à Shangaï, à huit cents milles de Hong-Kong. Dans cette dernière traversée, on ne s’éloignerait pas de la côte chinoise, ce qui serait un grand avantage, d’autant plus que les courants y portent au nord.

— Pilote, répondit Phileas Fogg, c’est à Yokohama que je dois prendre la malle américaine, et non à Shangaï ou à Nagasaki.

— Pourquoi pas ? répondit le pilote. Le paquebot de San-Francisco ne part pas de Yokohama. Il fait escale à Yokohama et à Nagasaki, mais son port de départ est Shangaï.

— Vous êtes certain de ce vous dites ?

— Et quand le paquebot quitte-t-il Shangaï ?

— Le 11, à sept heures du soir. Nous avons donc quatre jours devant nous. Quatre jours, c’est quatre-vingt-seize heures, et avec une moyenne de huit milles à l’heure, si nous sommes bien servis, si le vent tient au sud-est, si la mer est calme, nous pouvons enlever les huit cents milles qui nous séparent de Shangaï.

— Et vous pourriez partir ?…

— Dans une heure. Le temps d’acheter des vivres et d’appareiller.

— Affaire convenue… Vous êtes le patron du bateau ?

— Oui, John Bunsby, patron de la Tankadère .

— Voulez-vous des arrhes ?

— Si cela ne désoblige pas Votre Honneur.

— Voici deux cents livres à-compte… Monsieur, ajouta Phileas Fogg en se retournant vers Fix, si vous voulez profiter…

— Monsieur, répondit résolument Fix, j’allais vous demander cette faveur.

— Bien. Dans une demi-heure nous serons à bord.

— Mais ce pauvre garçon… dit Mrs. Aouda, que la disparition de Passepartout préoccupait extrêmement.

— Je vais faire pour lui tout ce que je puis faire, » répondit Phileas Fogg.

Et, tandis que Fix, nerveux, fiévreux, rageant, se rendait au bateau-pilote, tous deux se dirigèrent vers les bureaux de la police de Hong-Kong. Là, Phileas Fogg donna le signalement de Passepartout, et laissa une somme suffisante pour le rapatrier. Même formalité fut remplie chez l’agent consulaire français, et le palanquin, après avoir touché à l’hôtel, où les bagages furent pris, ramena les voyageurs à l’avant-port.

Trois heures sonnaient. Le bateau-pilote n o  43, son équipage à bord, ses vivres embarqués, était prêt à appareiller.

C’était une charmante petite goëlette de vingt tonneaux que la Tankadère , bien pincée de l’avant, très-dégagée dans ses façons, très-allongée dans ses lignes d’eau. On eût dit un yacht de course. Ses cuivres brillants, ses ferrures galvanisées, son pont blanc comme de l’ivoire, indiquaient que le patron John Bunsby s’entendait à la tenir en bon état. Ses deux mâts s’inclinaient un peu sur l’arrière. Elle portait brigantine, misaine, trinquette, focs, flèches, et pouvait gréer une fortune pour le vent arrière. Elle devait merveilleusement marcher, et, de fait, elle avait déjà gagné plusieurs prix dans les « matches » de bateaux-pilotes.

L’équipage de la Tankadère se composait du patron John Bunsby et de quatre hommes. C’étaient de ces hardis marins qui, par tous les temps, s’aventurent à la recherche des navires, et connaissent admirablement ces mers. John Bunsby, un homme de quarante-cinq ans environ, vigoureux, noir de hâle, le regard vif, la figure énergique, bien d’aplomb, bien à son affaire, eût inspiré confiance aux plus craintifs.

Phileas Fogg et Mrs. Aouda passèrent à bord. Fix s’y trouvait déjà. Par le capot d’arrière de la goëlette, on descendait dans une chambre carrée, dont les parois s’évidaient en forme de cadres, au-dessus d’un divan circulaire. Au milieu, une table éclairée par une lampe de roulis. C’était petit, mais propre.

tour du monde 3 jours

« Je regrette de n’avoir pas mieux à vous offrir, » dit Mr. Fogg à Fix, qui s’inclina sans répondre.

L’inspecteur de police éprouvait comme une sorte d’humiliation à profiter ainsi des obligeances du sieur Fogg.

« À coup sûr, pensait-il, c’est un coquin fort poli, mais c’est un coquin ! »

À trois heures dix minutes, les voiles furent hissées. Le pavillon d’Angleterre battait à la corne de la goëlette. Les passagers étaient assis sur le pont. Mr. Fogg et Mrs. Aouda jetèrent un dernier regard sur le quai, afin de voir si Passepartout n’apparaîtrait pas.

Fix n’était pas sans appréhension, car le hasard aurait pu conduire en cet endroit même le malheureux garçon qu’il avait si indignement traité, et alors une explication eût éclaté, dont le détective ne se fût pas tiré à son avantage. Mais le Français ne se montra pas, et, sans doute, l’abrutissant narcotique le tenait encore sous son influence.

Enfin, le patron John Bunsby passa au large, et la Tankadère , prenant le vent sous sa brigantine, sa misaine et ses focs, s’élança en bondissant sur les flots.

XXI où le patron de la « tankadère » risque fort de perdre une prime de deux cents livres.

C’était une aventureuse expédition que cette navigation de huit cents milles, sur une embarcation de vingt tonneaux, et surtout à cette époque de l’année. Elles sont généralement mauvaises, ces mers de la Chine, exposées à des coups de vent terribles, principalement pendant les équinoxes, et on était encore aux premiers jours de novembre.

C’eût été, bien évidemment, l’avantage du pilote de conduire ses passagers jusqu’à Yokohama, puisqu’il était payé tant par jour. Mais son imprudence aurait été grande de tenter une telle traversée dans ces conditions, et c’était déjà faire acte d’audace, sinon de témérité, que de remonter jusqu’à Shangaï. Mais John Bunsby avait confiance en sa Tankadère , qui s’élevait à la lame comme une mauve, et peut-être n’avait-il pas tort.

Pendant les dernières heures de cette journée, la Tankadère navigua dans les passes capricieuses de Hong-Kong, et sous toutes les allures, au plus près ou vent arrière, elle se comporta admirablement.

« Je n’ai pas besoin, pilote, dit Phileas Fogg au moment où la goëlette donnait en pleine mer, de vous recommander toute la diligence possible.

— Que Votre Honneur s’en rapporte à moi, répondit John Bunsby. En fait de voiles, nous portons tout ce que le vent permet de porter. Nos flèches n’y ajouteraient rien, et ne serviraient qu’à assommer l’embarcation en nuisant à sa marche.

— C’est votre métier, et non le mien, pilote, et je me fie à vous. »

tour du monde 3 jours

Phileas Fogg, le corps droit, les jambes écartées, d’aplomb comme un marin, regardait sans broncher la mer houleuse. La jeune femme, assise à l’arrière, se sentait émue en contemplant cet océan, assombri déjà par le crépuscule, qu’elle bravait sur une frêle embarcation. Au-dessus de sa tête se déployaient les voiles blanches, qui l’emportaient dans l’espace comme de grandes ailes. La goëlette, soulevée par le vent, semblait voler dans l’air.

La nuit vint. La lune entrait dans son premier quartier, et son insuffisante lumière devait s’éteindre bientôt dans les brumes de l’horizon. Des nuages chassaient de l’est et envahissaient déjà une partie du ciel.

Le pilote avait disposé ses feux de position, — précaution indispensable à prendre dans ces mers très-fréquentées aux approches des atterrages. Les rencontres de navires n’y étaient pas rares, et, avec la vitesse dont elle était animée, la goëlette se fût brisée au moindre choc.

Fix rêvait à l’avant de l’embarcation. Il se tenait à l’écart, sachant Fogg d’un naturel peu causeur. D’ailleurs, il lui répugnait de parler à cet homme, dont il acceptait les services. Il songeait aussi à l’avenir. Cela lui paraissait certain que le sieur Fogg ne s’arrêterait pas à Yokohama, qu’il prendrait immédiatement le paquebot de San-Francisco afin d’atteindre l’Amérique, dont la vaste étendue lui assurerait l’impunité avec la sécurité. Le plan de Phileas Fogg lui semblait on ne peut plus simple.

Au lieu de s’embarquer en Angleterre pour les États-Unis, comme un coquin vulgaire, ce Fogg avait fait le grand tour et traversé les trois quarts du globe, afin de gagner plus sûrement le continent américain, où il mangerait tranquillement le million de la Banque, après avoir dépisté la police. Mais une fois sur la terre de l’Union, que ferait Fix ? Abandonnerait-il cet homme ? Non, cent fois non ! et jusqu’à ce qu’il eût obtenu un acte d’extradition, il ne le quitterait pas d’une semelle. C’était son devoir, et il l’accomplirait jusqu’au bout. En tout cas, une circonstance heureuse s’était produite : Passepartout n’était plus auprès de son maître, et surtout, après les confidences de Fix, il était important que le maître et le serviteur ne se revissent jamais.

Phileas Fogg, lui, n’était pas non plus sans songer à son domestique, si singulièrement disparu. Toutes réflexions faites, il ne lui sembla pas impossible que, par suite d’un malentendu, le pauvre garçon ne se fût embarqué sur le Carnatic , au dernier moment. C’était aussi l’opinion de Mrs. Aouda, qui regrettait profondément cet honnête serviteur, auquel elle devait tant. Il pouvait donc se faire qu’on le retrouvât à Yokohama, et, si le Carnatic l’y avait transporté, il serait aisé de le savoir.

Vers dix heures, la brise vint à fraîchir. Peut-être eût-il été prudent de prendre un ris, mais le pilote, après avoir soigneusement observé l’état du ciel, laissa la voilure telle qu’elle était établie. D’ailleurs, la Tankadère portait admirablement la toile, ayant un grand tirant d’eau, et tout était paré à amener rapidement, en cas de grain.

À minuit, Phileas Fogg et Mrs. Aouda descendirent dans la cabine. Fix les y avait précédés, et s’était étendu sur l’un des cadres. Quant au pilote et à ses hommes, ils demeurèrent toute la nuit sur le pont.

Le lendemain, 8 novembre, au lever du soleil, la goëlette avait fait plus de cent milles. Le loch, souvent jeté, indiquait que la moyenne de sa vitesse était entre huit et neuf milles. La Tankadère avait du largue dans ses voiles qui portaient toutes, et elle obtenait, sous cette allure, son maximum de rapidité. Si le vent tenait dans ces conditions, les chances étaient pour elle.

La Tankadère , pendant toute cette journée, ne s’éloigna pas sensiblement de la côte, dont les courants lui étaient favorables. Elle l’avait à cinq milles au plus par sa hanche de bâbord, et cette côte, irrégulièrement profilée, apparaissait parfois à travers quelques éclaircies. Le vent venant de terre, la mer était moins forte par là même : circonstance heureuse pour la goëlette, car les embarcations d’un petit tonnage souffrent surtout de la houle qui rompt leur vitesse, qui « les tue », pour employer l’expression maritime.

Vers midi, la brise mollit un peu et hâla le sud-est. Le pilote fit établir les flèches ; mais au bout de deux heures, il fallut les amener, car le vent fraîchissait à nouveau.

Mr. Fogg et la jeune femme, fort heureusement réfractaires au mal de mer, mangèrent avec appétit les conserves et le biscuit du bord. Fix fut invité à partager leur repas et dut accepter, sachant bien qu’il est aussi nécessaire de lester les estomacs que les bateaux, mais cela le vexait ! Voyager aux frais de cet homme, se nourrir de ses propres vivres, il trouvait à cela quelque chose de peu loyal. Il mangea cependant, — sur le pouce, il est vrai, — mais enfin il mangea.

Toutefois, ce repas terminé, il crut devoir prendre le sieur Fogg à part, et il lui dit :

« Monsieur… »

Ce « monsieur » lui écorchait les lèvres, et il se retenait pour ne pas mettre la main au collet de ce « monsieur ! »

« Monsieur, vous avez été fort obligeant en m’offrant passage à votre bord. Mais, bien que mes ressources ne me permettent pas d’agir aussi largement que vous, j’entends payer ma part…

— Ne parlons pas de cela, monsieur, répondit Mr. Fogg.

— Mais si, je tiens…

— Non, monsieur, répéta Fogg d’un ton qui n’admettait pas de réplique. Cela entre dans les frais généraux ! »

Fix s’inclina, il étouffait, et, allant s’étendre sur l’avant de la goëlette, il ne dit plus un mot de la journée.

Cependant on filait rapidement. John Bunsby avait bon espoir. Plusieurs fois il dit à Mr. Fogg qu’on arriverait en temps voulu à Shangaï. Mr. Fogg répondit simplement qu’il y comptait. D’ailleurs, tout l’équipage de la petite goëlette y mettait du zèle. La prime affriolait ces braves gens. Aussi, pas une écoute qui ne fût consciencieusement raidie ! Pas une voile qui ne fût vigoureusement étarquée ! Pas une embardée que l’on pût reprocher à l’homme de barre ! On n’eût pas manœuvré plus sévèrement dans une régate du Royal-Yacht-Club.

Le soir, le pilote avait relevé au loch un parcours de deux cent vingt milles depuis Hong-Kong, et Phileas Fogg pouvait espérer qu’en arrivant à Yokohama, il n’aurait aucun retard à inscrire à son programme. Ainsi donc, le premier contre-temps sérieux qu’il eût éprouvé depuis son départ de Londres ne lui causerait probablement aucun préjudice.

Pendant la nuit, vers les premières heures du matin, la Tankadère entrait franchement dans le détroit de Fo-Kien, qui sépare la grande île Formose de la côte chinoise, et elle coupait le tropique du Cancer. La mer était très-dure dans ce détroit, plein de remous formés par les contre-courants. La goëlette fatigua beaucoup. Les lames courtes brisaient sa marche. Il devint très-difficile de se tenir debout sur le pont.

Avec le lever du jour, le vent fraîchit encore. Il y avait dans le ciel l’apparence d’un coup de vent. Du reste, le baromètre annonçait un changement prochain de l’atmosphère ; sa marche diurne était irrégulière, et le mercure oscillait capricieusement. On voyait aussi la mer se soulever vers le sud-est en longues houles « qui sentaient la tempête ». La veille, le soleil s’était couché dans une brume rouge, au milieu des scintillations phosphorescentes de l’océan.

Le pilote examina longtemps ce mauvais aspect du ciel et murmura entre ses dents des choses peu intelligibles. À un certain moment, se trouvant près de son passager :

« On peut tout dire à Votre Honneur ? dit-il à voix basse.

— Tout, répondit Phileas Fogg.

— Eh bien, nous allons avoir un coup de vent.

— Viendra-t-il du nord ou du sud ? demanda simplement Mr. Fogg.

— Du sud. Voyez. C’est un typhon qui se prépare !

— Va pour le typhon du sud, puisqu’il nous poussera du bon côté, répondit Mr. Fogg.

— Si vous le prenez comme cela ! répliqua le pilote, je n’ai plus rien à dire. »

Les pressentiments de John Bunsby ne le trompaient pas. À une époque moins avancée de l’année, le typhon, suivant l’expression d’un célèbre météorologiste, se fût écoulé comme une cascade lumineuse de flammes électriques, mais en équinoxe d’hiver, il était à craindre qu’il ne se déchaînât avec violence.

Le pilote prit ses précautions par avance. Il fit serrer toutes les voiles de la goëlette et amener les vergues sur le pont. Les mâts de flèche furent dépassés. On rentra le bout-dehors. Les panneaux furent condamnés avec soin. Pas une goutte d’eau ne pouvait, dès lors, pénétrer dans la coque de l’embarcation. Une seule voile triangulaire, un tourmentin de forte toile, fut hissé en guise de trinquette, de manière à maintenir la goëlette vent arrière. Et on attendit.

John Bunsby avait engagé ses passagers à descendre dans la cabine ; mais, dans un étroit espace, à peu près privé d’air, et par les secousses de la houle, cet emprisonnement n’avait rien d’agréable. Ni Mr. Fogg, ni Mrs. Aouda, ni Fix lui-même, ne consentirent à quitter le pont.

Vers huit heures, la bourrasque de pluie et de rafale tomba à bord. Rien qu’avec son petit morceau de toile, la Tankadère fut enlevée comme une plume par ce vent dont on ne saurait donner une idée exacte, quand il souffle en tempête. Comparer sa vitesse à la quadruple vitesse d’une locomotive lancée à toute vapeur, ce serait rester au-dessous de la vérité.

tour du monde 3 jours

Pendant toute la journée, l’embarcation courut ainsi vers le nord, emportée par les lames monstrueuses, en conservant heureusement une rapidité égale à la leur. Vingt fois elle faillit être coiffée par une de ces montagnes d’eau qui se dressaient à l’arrière ; mais un adroit coup de barre, donné par le pilote, parait la catastrophe. Les passagers étaient quelquefois couverts en grand par les embruns qu’ils recevaient philosophiquement. Fix maugréait sans doute, mais l’intrépide Aouda, les yeux fixés sur son compagnon, dont elle ne pouvait qu’admirer le sang-froid, se montrait digne de lui et bravait la tourmente à ses côtés. Quant à Phileas Fogg, il semblait que ce typhon fît partie de son programme.

Jusqu’alors la Tankadère avait toujours fait route au nord ; mais vers le soir, comme on pouvait le craindre, le vent, tournant de trois quarts, hâla le nord-ouest. La goëlette, prêtant alors le flanc à la lame, fut effroyablement secouée. La mer la frappait avec une violence bien faite pour effrayer, quand on ne sait pas avec quelle solidité toutes les parties d’un bâtiment sont reliées entre elles.

Avec la nuit, la tempête s’accentua encore. En voyant l’obscurité se faire, et avec l’obscurité s’accroître la tourmente, John Bunsby ressentit de vives inquiétudes. Il se demanda s’il ne serait pas temps de relâcher, et il consulta son équipage.

Ses hommes consultés, John Bunsby s’approcha de Mr. Fogg, et lui dit :

« Je crois, Votre Honneur, que nous ferions bien de gagner un des ports de la côte.

— Je le crois aussi, répondit Phileas Fogg.

— Ah ! fit le pilote, mais lequel ?

— Je n’en connais qu’un, répondit tranquillement Mr. Fogg.

— Et c’est !…

— Shangaï. »

Cette réponse, le pilote fut d’abord quelques instants sans comprendre ce qu’elle signifiait, ce qu’elle renfermait d’obstination et de ténacité. Puis il s’écria :

« Eh bien, oui ! Votre Honneur a raison. À Shangaï ! »

Et la direction de la Tankadère fut imperturbablement maintenue vers le nord.

Nuit vraiment terrible ! Ce fut un miracle si la petite goëlette ne chavira pas. Deux fois elle fut engagée, et tout aurait été enlevé à bord, si les saisines eussent manqué. Mrs. Aouda était brisée, mais elle ne fit pas entendre une plainte. Plus d’une fois Mr. Fogg dut se précipiter vers elle pour la protéger contre la violence des lames.

Le jour reparut. La tempête se déchaînait encore avec une extrême fureur. Toutefois, le vent retomba dans le sud-est. C’était une modification favorable, et la Tankadère fit de nouveau route sur cette mer démontée, dont les lames se heurtaient alors à celles que provoquait la nouvelle aire du vent. De là un choc de contre-houles qui eût écrasé une embarcation moins solidement construite.

De temps en temps on apercevait la côte à travers les brumes déchirées, mais pas un navire en vue. La Tankadère était seule à tenir la mer.

À midi, il y eut quelques symptômes d’accalmie, qui, avec l’abaissement du soleil sur l’horizon, se prononcèrent plus nettement.

Le peu de durée de la tempête tenait à sa violence même. Les passagers, absolument brisés, purent manger un peu et prendre quelque repos.

La nuit fut relativement paisible. Le pilote fit rétablir ses voiles au bas ris. La vitesse de l’embarcation fut considérable. Le lendemain, 11, au lever du jour, reconnaissance faite de la côte, John Bunsby put affirmer qu’on n’était pas à cent milles de Shangaï.

Cent milles, et il ne restait plus que cette journée pour les faire ! C’était le soir même que Mr. Fogg devait arriver à Shangaï, s’il ne voulait pas manquer le départ du paquebot de Yokohama. Sans cette tempête, pendant laquelle il perdit plusieurs heures, il n’eût pas été en ce moment à trente milles du port.

La brise mollissait sensiblement, mais heureusement la mer tombait avec elle. La goëlette se couvrit de toile. Flèches, voiles d’étais, contre-foc, tout portait, et la mer écumait sous l’étrave.

À midi, la Tankadère n’était pas à plus de quarante-cinq milles de Shangaï. Il lui restait six heures encore pour gagner ce port avant le départ du paquebot de Yokohama.

Les craintes furent vives à bord. On voulait arriver à tout prix. Tous — Phileas Fogg excepté sans doute — sentaient leur cœur battre d’impatience. Il fallait que la petite goëlette se maintînt dans une moyenne de neuf milles à l’heure, et le vent mollissait toujours ! C’était une brise irrégulière, des bouffées capricieuses venant de la côte. Elles passaient, et la mer se déridait aussitôt après leur passage.

Cependant l’embarcation était si légère, ses voiles hautes, d’un fin tissu, ramassaient si bien les folles brises, que, le courant aidant, à six heures, John Bunsby ne comptait plus que dix milles jusqu’à la rivière de Shangaï, car la ville elle-même est située à une distance de douze milles au moins au-dessus de l’embouchure.

À sept heures, on était encore à trois milles de Shangaï. Un formidable juron s’échappa des lèvres du pilote… La prime de deux cents livres allait évidemment lui échapper. Il regarda Mr. Fogg. Mr. Fogg était impassible, et cependant sa fortune entière se jouait à ce moment…

À ce moment aussi, un long fuseau noir, couronné d’un panache de fumée, apparut au ras de l’eau. C’était le paquebot américain, qui sortait à l’heure réglementaire.

« Malédiction ! s’écria John Bunsby, qui repoussa la barre d’un bras désespéré.

— Des signaux ! » dit simplement Phileas Fogg.

Un petit canon de bronze s’allongeait à l’avant de la Tankadère . Il servait à faire des signaux par les temps de brume.

Le canon fut chargé jusqu’à la gueule, mais au moment où le pilote allait appliquer un charbon ardent sur la lumière :

« Le pavillon en berne, » dit Mr. Fogg.

Le pavillon fut amené à mi-mât. C’était un signal de détresse, et l’on pouvait espérer que le paquebot américain, l’apercevant, modifierait un instant sa route pour rallier l’embarcation.

« Feu ! » dit Mr. Fogg.

Et la détonation du petit canon de bronze éclata dans l’air.

XXII où passepartout voit bien que, même aux antipodes, il est prudent d’avoir quelque argent dans sa poche.

Le Carnatic ayant quitté Hong-Kong, le 7 novembre, à six heures et demie du soir, se dirigeait à toute vapeur vers les terres du Japon. Il emportait un plein chargement de marchandises et de passagers. Deux cabines de l’arrière restaient inoccupées. C’étaient celles qui avaient été retenues pour le compte de Mr. Phileas Fogg.

Le lendemain matin, les hommes de l’avant pouvaient voir, non sans quelque surprise, un passager, l’œil à demi hébété, la démarche branlante, la tête ébouriffée, qui sortait du capot des secondes et venait en titubant s’asseoir sur une drôme.

Ce passager, c’était Passepartout en personne. Voici ce qui était arrivé.

Quelques instants après que Fix eut quitté la tabagie, deux garçons avaient enlevé Passepartout profondément endormi, et l’avaient couché sur le lit réservé aux fumeurs. Mais trois heures plus tard, Passepartout, poursuivi jusque dans ses cauchemars par une idée fixe, se réveillait et luttait contre l’action stupéfiante du narcotique. La pensée du devoir non accompli secouait sa torpeur. Il quittait ce lit d’ivrognes, et trébuchant, s’appuyant aux murailles, tombant et se relevant, mais toujours et irrésistiblement poussé par une sorte d’instinct, il sortait de la tabagie, criant comme dans un rêve : « Le Carnatic  ! le Carnatic  ! »

Le paquebot était là fumant, prêt à partir. Passepartout n’avait que quelques pas à faire. Il s’élança sur le pont volant, il franchit la coupée et tomba inanimé à l’avant, au moment où le Carnatic larguait ses amarres.

Quelques matelots, en gens habitués à ces sortes de scènes, descendirent le pauvre garçon dans une cabine des secondes, et Passepartout ne se réveilla que le lendemain matin, à cent cinquante milles des terres de la Chine.

Voilà donc pourquoi, ce matin-là, Passepartout se trouvait sur le pont du Carnatic , et venait humer à pleine gorgées les fraîches brises de la mer. Cet air pur le dégrisa. Il commença à rassembler ses idées et n’y parvint pas sans peine. Mais, enfin, il se rappela les scènes de la veille, les confidences de Fix, la tabagie, etc.

« Il est évident, se dit-il, que j’ai été abominablement grisé ! Que va dire Mr. Fogg ? En tout cas, je n’ai pas manqué le bateau, et c’est le principal. »

Puis, songeant à Fix :

« Pour celui-là, se dit-il, j’espère bien que nous en sommes débarrassés, et qu’il n’a pas osé, après ce qu’il m’a proposé, nous suivre sur le Carnatic . Un inspecteur de police, un détective aux trousses de mon maître, accusé de ce vol commis à la Banque d’Angleterre ! Allons donc ! Mr. Fogg est un voleur comme je suis un assassin ! »

Passepartout devait-il raconter ces choses à son maître ? Convenait-il de lui apprendre le rôle joué par Fix dans cette affaire ? Ne ferait-il pas mieux d’attendre son arrivée à Londres, pour lui dire qu’un agent de la police métropolitaine l’avait filé autour du monde, et pour en rire avec lui ? Oui, sans doute. En tout cas, question à examiner. Le plus pressé, c’était de rejoindre Mr. Fogg et de lui faire agréer ses excuses pour cette inqualifiable conduite.

Passepartout se leva donc. La mer était houleuse, et le paquebot roulait fortement. Le digne garçon, aux jambes peu solides encore, gagna tant bien que mal l’arrière du navire.

Sur le pont, il ne vit personne qui ressemblât ni à son maître, ni à Mrs. Aouda.

« Bon, fit-il, Mrs. Aouda est encore couchée à cette heure. Quant à Mr. Fogg, il aura trouvé quelque joueur de whist, et suivant son habitude… »

Ce disant, Passepartout descendit au salon. Mr. Fogg n’y était pas. Passepartout n’avait qu’une chose à faire : c’était de demander au purser quelle cabine occupait Mr. Fogg. Le purser lui répondit qu’il ne connaissait aucun passager de ce nom.

« Pardonnez-moi, dit Passepartout en insistant. Il s’agit d’un gentleman, grand, froid, peu communicatif, accompagné d’une jeune dame…

— Nous n’avons pas de jeune dame à bord, répondit le purser. Au surplus, voici la liste des passagers. Vous pouvez la consulter. »

Passepartout consulta la liste… Le nom de son maître n’y figurait pas.

Il eut comme un éblouissement. Puis une idée lui traversa le cerveau.

« Ah çà ! je suis bien sur le Carnatic  ? s’écria-t-il.

— Oui, répondit le purser.

— En route pour Yokohama ?

— Parfaitement. »

Passepartout avait eu un instant cette crainte de s’être trompé de navire ! Mais s’il était sur le Carnatic , il était certain que son maître ne s’y trouvait pas.

Passepartout se laissa tomber sur un fauteuil. C’était un coup de foudre. Et, soudain, la lumière se fit en lui. Il se rappela que l’heure du départ du Carnatic avait été avancée, qu’il devait prévenir son maître, et qu’il ne l’avait pas fait ! C’était donc sa faute si Mr. Fogg et Mrs. Aouda avaient manqué ce départ !

Sa faute, oui, mais plus encore celle du traître qui, pour le séparer de son maître, pour retenir celui-ci à Hong-Kong, l’avait enivré ! Car il comprit enfin la manœuvre de l’inspecteur de police. Et maintenant, Mr. Fogg, à coup sûr ruiné, son pari perdu, arrêté, emprisonné peut-être !… Passepartout, à cette pensée, s’arracha les cheveux. Ah ! si jamais Fix lui tombait sous la main, quel règlement de comptes !

Enfin, après le premier moment d’accablement, Passepartout reprit son sang-froid et étudia la situation. Elle était peu enviable. Le Français se trouvait en route pour le Japon. Certain d’y arriver, comment en reviendrait-il ? Il avait la poche vide. Pas un shilling, pas un penny ! Toutefois, son passage et sa nourriture à bord étaient payés d’avance. Il avait donc cinq ou six jours devant lui pour prendre un parti. S’il mangea et but pendant cette traversée, cela ne saurait se décrire. Il mangea pour son maître, pour Mrs. Aouda et pour lui-même. Il mangea comme si le Japon, où il allait aborder, eût été un pays désert, dépourvu de toute substance comestible.

Le 13, à la marée du matin, le Carnatic entrait dans le port de Yokohama.

Ce point est une relâche importante du Pacifique, où font escale tous les steamers employés au service de la poste et des voyageurs entre l’Amérique du Nord, la Chine, le Japon et les îles de la Malaisie. Yokohama est située dans la baie même de Yeddo, à peu de distance de cette immense ville, seconde capitale de l’empire japonais, autrefois résidence du taïkoun, du temps que cet empereur civil existait, et rivale de Meako, la grande cité qu’habite le mikado, empereur ecclésiastique, descendant des dieux.

Le Carnatic vint se ranger au quai de Yokohama, près des jetées du port et des magasins de la douane, au milieu de nombreux navires appartenant à toutes les nations.

Passepartout mit le pied, sans aucun enthousiasme, sur cette terre si curieuse des Fils du Soleil. Il n’avait rien de mieux à faire que de prendre le hasard pour guide, et d’aller à l’aventure par les rues de la ville.

Passepartout se trouva d’abord dans une cité absolument européenne, avec des maisons à basses façades, ornées de vérandas sous lesquelles se développaient d’élégants péristyles, et qui couvrait de ses rues, de ses places, de ses docks, de ses entrepôts, tout l’espace compris depuis le promontoire du Traité jusqu’à la rivière. Là, comme à Hong-Kong, comme à Calcutta, fourmillait un pêle-mêle de gens de toutes races, Américains, Anglais, Chinois, Hollandais, marchands prêts à tout vendre et à tout acheter, au milieu desquels le Français se trouvait aussi étranger que s’il eût été jeté au pays des Hottentots.

Passepartout avait bien une ressource : c’était de se recommander près des agents consulaires français ou anglais établis à Yokohama ; mais il lui répugnait de raconter son histoire, si intimement mêlée à celle de son maître, et avant d’en venir là, il voulait avoir épuisé toutes les autres chances.

Donc, après avoir parcouru la partie européenne de la ville, sans que le hasard l’eût en rien servi, il entra dans la partie japonaise, décidé, s’il le fallait, à pousser jusqu’à Yeddo.

Cette portion indigène de Yokohama est appelée Benten, du nom d’une déesse de la mer, adorée sur les îles voisines. Là se voyaient d’admirables allées de sapins et de cèdres, des portes sacrées d’une architecture étrange, des ponts enfouis au milieu des bambous et des roseaux, des temples abrités sous le couvert immense et mélancolique des cèdres séculaires, des bonzeries au fond desquelles végétaient les prêtres du bouddhisme et les sectateurs de la religion de Confucius, des rues interminables où l’on eût pu recueillir une moisson d’enfants au teint rose et aux joues rouges, petits bonshommes qu’on eût dit découpés dans quelque paravent indigène, et qui se jouaient au milieu de caniches à jambes courtes et de chats jaunâtres, sans queue, très-paresseux et très-caressants.

Dans les rues, ce n’était que fourmillement, va-et-vient incessant : bonzes passant processionnellement en frappant leurs tambourins monotones, yakounines, officiers de douane ou de police, à chapeaux pointus incrustés de laque et portant deux sabres à leur ceinture, soldats vêtus de cotonnades bleues à raies blanches et armés de fusil à percussion, hommes d’armes du mikado, ensachés dans leur pourpoint de soie, avec haubert et cotte de mailles, et nombre d’autres militaires de toutes conditions, — car, au Japon, la profession de soldat est autant estimée qu’elle est dédaignée en Chine. Puis, des frères quêteurs, des pèlerins en longues robes, de simples civils, chevelure lisse et d’un noir d’ébène, tête grosse, buste long, jambes grêles, taille peu élevée, teint coloré depuis les sombres nuances du cuivre jusqu’au blanc mat, mais jamais jaune comme celui des Chinois, dont les Japonais diffèrent essentiellement. Enfin, entre les voitures, les palanquins, les chevaux, les porteurs, les brouettes à voile, les « norimons » à parois de laque, les « cangos » mœlleux, véritables litières en bambou, on voyait circuler, à petits pas de leur petit pied, chaussé de souliers de toile, de sandales de paille ou de socques en bois ouvragé, quelques femmes peu jolies, les yeux bridés, la poitrine déprimée, les dents noircies au goût du jour, mais portant avec élégance le vêtement national, le « kirimon », sorte de robe de chambre croisée d’une écharpe de soie, dont la large ceinture s’épanouissait derrière en un nœud extravagant, — que les modernes Parisiennes semblent avoir emprunté aux Japonaises.

Passepartout se promena pendant quelques heures au milieu de cette foule bigarrée, regardant aussi les curieuses et opulentes boutiques, les bazars où s’entasse tout le clinquant de l’orfèvrerie japonaise, les « restaurations » ornées de banderoles et de bannières, dans lesquelles il lui était interdit d’entrer, et ces maisons de thé où se boit à pleine tasse l’eau chaude odorante, avec le « saki », liqueur tirée du riz en fermentation, et ces confortables tabagies où l’on fume un tabac très-fin, et non l’opium, dont l’usage est à peu près inconnu au Japon.

Puis Passepartout se trouva dans les champs, au milieu des immenses rizières. Là s’épanouissaient, avec des fleurs qui jetaient leurs dernières couleurs et leurs derniers parfums, des camélias éclatants, portés non plus sur des arbrisseaux, mais sur des arbres, et, dans les enclos de bambous, des cerisiers, des pruniers, des pommiers, que les indigènes cultivent plutôt pour leurs fleurs que pour leurs fruits, et que des mannequins grimaçants, des tourniquets criards défendent contre le bec des moineaux, des pigeons, des corbeaux et autres volatiles voraces. Pas de cèdre majestueux qui n’abritât quelque grand aigle ; pas de saule pleureur qui ne recouvrît de son feuillage quelque héron, mélancoliquement perché sur une patte ; enfin, partout des corneilles, des canards, des éperviers, des oies sauvages, et grand nombre de ces grues que les Japonais traitent de « Seigneuries », et qui symbolisent pour eux la longévité et le bonheur.

En errant ainsi, Passepartout aperçut quelques violettes entre les herbes :

« Bon ! dit-il, voilà mon souper. »

Mais les ayant senties, il ne leur trouva aucun parfum.

« Pas de chance ! » pensa-t-il.

Certes, l’honnête garçon avait, par prévision, aussi copieusement déjeuné qu’il avait pu avant de quitter le Carnatic  ; mais après une journée de promenade, il se sentit l’estomac très-creux. Il avait bien remarqué que moutons, chèvres ou porcs, manquaient absolument aux étalages des bouchers indigènes, et, comme il savait que c’est un sacrilège de tuer les bœufs, uniquement réservés aux besoins de l’agriculture, il en avait conclu que la viande était rare au Japon. Il ne se trompait pas ; mais à défaut de viande de boucherie, son estomac se fût fort accommodé des quartiers de sanglier ou de daim, des perdrix ou des cailles, de la volaille ou du poisson, dont les Japonais se nourrissent presque exclusivement avec le produit des rizières. Mais il dut faire contre fortune bon cœur, et remit au lendemain le soin de pourvoir à sa nourriture.

tour du monde 3 jours

La nuit vint. Passepartout rentra dans la ville indigène, et il erra dans les rues au milieu des lanternes multicolores, regardant les groupes de baladins exécuter leurs prestigieux exercices, et les astrologues en plein vent qui amassaient la foule autour de leur lunette. Puis il revit la rade, émaillée des feux de pêcheurs, qui attiraient le poisson à la lueur de résines enflammées.

Enfin les rues se dépeuplèrent. À la foule succédèrent les rondes des yakounines. Ces officiers, dans leurs magnifiques costumes et au milieu de leur suite, ressemblaient à des ambassadeurs, et Passepartout répétait plaisamment, chaque fois qu’il rencontrait quelque patrouille éblouissante :

« Allons, bon ! encore une ambassade japonaise qui part pour l’Europe ! »

XXIII dans lequel le nez de passepartout s’allonge démesurément.

Le lendemain, Passepartout, éreinté, affamé, se dit qu’il fallait manger à tout prix, et que le plus tôt serait le mieux. Il avait bien cette ressource de vendre sa montre, mais il fût plutôt mort de faim. C’était alors le cas ou jamais, pour ce brave garçon, d’utiliser la voix forte, sinon mélodieuse, dont la nature l’avait gratifié.

Il savait quelques refrains de France et d’Angleterre, et il résolut de les essayer. Les Japonais devaient certainement être amateurs de musique, puisque tout se fait chez eux aux sons des cymbales, du tam-tam et des tambours, et ils ne pouvaient qu’apprécier les talents d’un virtuose européen.

Mais peut-être était-il un peu matin pour organiser un concert, et les dilettanti, inopinément réveillés, n’auraient peut-être pas payé le chanteur en monnaie à l’effigie du mikado.

Passepartout se décida donc à attendre quelques heures ; mais, tout en cheminant, il fit cette réflexion qu’il semblerait trop bien vêtu pour un artiste ambulant, et l’idée lui vint alors d’échanger ses vêtements contre une défroque plus en harmonie avec sa position. Cet échange devait, d’ailleurs, produire une soulte, qu’il pourrait immédiatement appliquer à satisfaire son appétit.

Cette résolution prise, restait à l’exécuter. Ce ne fut qu’après de longues recherches que Passepartout découvrit un brocanteur indigène, auquel il exposa sa demande. L’habit européen plut au brocanteur, et bientôt Passepartout sortait affublé d’une vieille robe japonaise et coiffé d’une sorte de turban à côtes, décoloré sous l’action du temps. Mais, en retour, quelques piécettes d’argent résonnaient dans sa poche.

tour du monde 3 jours

« Bon, pensa-t-il, je me figurerai que nous sommes en carnaval ! »

Le premier soin de Passepartout, ainsi « japonaisé », fut d’entrer dans une « tea-house » de modeste apparence, et là, d’un reste de volaille et de quelques poignées de riz, il déjeuna en homme pour qui le dîner serait encore un problème à résoudre.

« Maintenant, se dit-il quand il fut copieusement restauré, il s’agit de ne pas perdre la tête. Je n’ai plus la ressource de vendre cette défroque contre une autre encore plus japonaise. Il faut donc aviser au moyen de quitter le plus promptement possible ce pays du Soleil, dont je ne garderai qu’un lamentable souvenir ! »

Passepartout songea alors à visiter les paquebots en partance pour l’Amérique. Il comptait s’offrir en qualité de cuisinier ou de domestique, ne demandant pour toute rétribution que le passage et la nourriture. Une fois à San-Francisco, il verrait à se tirer d’affaire. L’important, c’était de traverser ces quatre mille sept cents milles du Pacifique qui s’étendent entre le Japon et le Nouveau-Monde.

Passepartout, n’étant point homme à laisser languir une idée, se dirigea vers le port de Yokohama. Mais à mesure qu’il s’approchait des docks, son projet, qui lui avait paru si simple au moment où il en avait eu l’idée, lui semblait de plus en plus inexécutable. Pourquoi aurait-on besoin d’un cuisinier ou d’un domestique à bord d’un paquebot américain, et quelle confiance inspirerait-il, affublé de la sorte ? Quelles recommandations faire valoir ? Quelles références indiquer ?

Comme il réfléchissait ainsi, ses regards tombèrent sur une immense affiche qu’une sorte de clown promenait dans les rues de Yokohama. Cette affiche était ainsi libellée en anglais :

TROUPE JAPONAISE ACROBATIQUE

L’HONORABLE WILLIAM BATULCAR

DERNIÈRES REPRÉSENTATIONS

Avant leur départ pour les États-Unis d’Amérique

LONGS-NEZ-LONGS-NEZ

Sous l’invocation directe du dieu Tingou

GRANDE ATTRACTION !

« Les États-Unis d’Amérique ! s’écria Passepartout, voilà justement mon affaire !… »

Il suivit l’homme-affiche, et, à sa suite, il rentra bientôt dans la ville japonaise. Un quart d’heure plus tard, il s’arrêtait devant une vaste case, que couronnaient plusieurs faisceaux de banderoles, et dont les parois extérieures représentaient, sans perspective, mais en couleurs violentes, toute une bande de jongleurs.

C’était l’établissement de l’honorable Batulcar, sorte de Barnum américain, directeur d’une troupe de saltimbanques, jongleurs, clowns, acrobates, équilibristes, gymnastes, qui, suivant l’affiche, donnait ses dernières représentations avant de quitter l’empire du Soleil pour les États de l’Union.

Passepartout entra sous un péristyle qui précédait la case, et demanda Mr. Batulcar. Mr. Batulcar apparut en personne.

« Que voulez-vous ? dit-il à Passepartout, qu’il prit d’abord pour un indigène.

— Avez-vous besoin d’un domestique ? demanda Passepartout.

— Un domestique, s’écria le Barnum en caressant l’épaisse barbiche grise qui foisonnait sous son menton, j’en ai deux, obéissants, fidèles, qui ne m’ont jamais quitté, et qui me servent pour rien, à condition que je les nourrisse… Et les voilà, ajouta-t-il en montrant ses deux bras robustes, sillonnés de veines grosses comme des cordes de contrebasse.

— Ainsi, je ne puis vous être bon à rien ?

— Diable ! ça m’aurait pourtant fort convenu de partir avec vous.

— Ah çà, dit l’honorable Batulcar, vous êtes Japonais comme je suis un singe ! Pourquoi donc êtes-vous habillé de la sorte ?

— On s’habille comme on peut !

— Vrai, cela. Vous êtes un Français, vous ?

— Oui, un Parisien de Paris.

— Alors, vous devez savoir faire des grimaces ?

— Ma foi, répondit Passepartout, vexé de voir sa nationalité provoquer cette demande, nous autres Français, nous savons faire des grimaces, c’est vrai, mais pas mieux que les Américains !

— Juste. Eh bien, si je ne vous prends pas comme domestique, je peux vous prendre comme clown. Vous comprenez, mon brave. En France, on exhibe des farceurs étrangers, et à l’étranger, des farceurs français !

— Ah !

— Vous êtes vigoureux, d’ailleurs ?

— Surtout quand je sors de table.

— Et vous savez chanter ?

— Oui, répondit Passepartout, qui avait autrefois fait sa partie dans quelques concerts de rue.

— Mais savez-vous chanter la tête en bas, avec une toupie tournante sur la plante du pied gauche, et un sabre en équilibre sur la plante du pied droit ?

— Parbleu ! répondit Passepartout, qui se rappelait les premiers exercices de son jeune âge.

— C’est que, voyez-vous, tout est là ! » répondit l’honorable Batulcar.

L’engagement fut conclu hic et nunc .

Enfin, Passepartout avait trouvé une position. Il était engagé pour tout faire dans la célèbre troupe japonaise. C’était peu flatteur, mais avant huit jours il serait en route pour San-Francisco.

La représentation, annoncée à grand fracas par l’honorable Batulcar, devait commencer à trois heures, et bientôt les formidables instruments d’un orchestre japonais, tambours et tam-tams, tonnaient à la porte. On comprend bien que Passepartout n’avait pu étudier un rôle, mais il devait prêter l’appui de ses solides épaules dans le grand exercice de la « grappe humaine » exécuté par les Longs-Nez du dieu Tingou . Ce « great attraction » de la représentation devait clore la série des exercices.

Avant trois heures, les spectateurs avaient envahi la vaste case. Européens et indigènes, Chinois et Japonais, hommes, femmes et enfants, se précipitaient sur les étroites banquettes et dans les loges qui faisaient face à la scène. Les musiciens étaient rentrés à l’intérieur, et l’orchestre au complet, gongs, tam-tams, cliquettes, flûtes, tambourins et grosses caisses, opéraient avec fureur.

Cette représentation fut ce que sont toutes ces exhibitions d’acrobates. Mais il faut bien avouer que les Japonais sont les premiers équilibristes du monde. L’un, armé de son éventail et de petits morceaux de papier, exécutait l’exercice si gracieux des papillons et des fleurs. Un autre, avec la fumée odorante de sa pipe, traçait rapidement dans l’air une série de mots bleuâtres, qui formaient un compliment à l’adresse de l’assemblée. Celui-ci jonglait avec des bougies allumées, qu’il éteignit successivement quand elles passèrent devant ses lèvres, et qu’il ralluma l’une à l’autre sans interrompre un seul instant sa prestigieuse jonglerie. Celui-là reproduisit, au moyen de toupies tournantes, les plus invraisemblables combinaisons ; sous sa main, ces ronflantes machines semblaient s’animer d’une vie propre dans leur interminable giration ; elles couraient sur des tuyaux de pipe, sur des tranchants de sabre, sur des fils de fer, véritables cheveux tendus d’un côté de la scène à l’autre ; elles faisaient le tour de grands vases de cristal, elles gravissaient des échelles de bambou, elles se dispersaient dans tous les coins, produisant des effets harmoniques d’un étrange caractère en combinant leurs tonalités diverses. Les jongleurs jonglaient avec elles, et elles tournaient dans l’air ; ils les lançaient comme des volants, avec des raquettes de bois, et elles tournaient toujours ; ils les fourraient dans leur poche, et quand ils les retiraient, elles tournaient encore, — jusqu’au moment où un ressort détendu les faisait s’épanouir en gerbes d’artifice !

Inutile de décrire ici les prodigieux exercices des acrobates et gymnastes de la troupe. Les tours de l’échelle, de la perche, de la boule, des tonneaux, etc., furent exécutés avec une précision remarquable. Mais le principal attrait de la représentation était l’exhibition de ces « Longs-Nez », étonnants équilibristes que l’Europe ne connaît pas encore.

Ces Longs-Nez forment une corporation particulière placée sous l’invocation directe du dieu Tingou. Vêtus comme des hérauts du Moyen Age, ils portaient une splendide paire d’ailes à leurs épaules. Mais ce qui les distinguait plus spécialement, c’était ce long nez dont leur face était agrémentée, et surtout l’usage qu’ils en faisaient. Ces nez n’étaient rien moins que des bambous, longs de cinq, de six, de dix pieds, les uns droits, les autres courbés, ceux-ci lisses, ceux-là verruqueux. Or, c’était sur ces appendices, fixés d’une façon solide, que s’opéraient tous leurs exercices d’équilibre. Une douzaine de ces sectateurs du dieu Tingou se couchèrent sur le dos, et leurs camarades vinrent s’ébattre sur leurs nez, dressés comme des paratonnerres, sautant, voltigeant de celui-ci à celui-là, et exécutant les tours les plus invraisemblables.

Pour terminer, on avait spécialement annoncé au public la pyramide humaine, dans laquelle une cinquantaine de Longs-Nez devaient figurer le « Char de Jaggernaut ». Mais au lieu de former cette pyramide en prenant leurs épaules pour point d’appui, les artistes de l’honorable Batulcar ne devaient s’emmancher que par leur nez. Or, l’un de ceux qui formaient la base du char avait quitté la troupe, et comme il suffisait d’être vigoureux et adroit, Passepartout avait été choisi pour le remplacer.

Certes, le digne garçon se sentit tout piteux, quand — triste souvenir de sa jeunesse — il eut endossé son costume du moyen âge, orné d’ailes multicolores, et qu’un nez de six pieds lui eut été appliqué sur la face ! Mais enfin, ce nez, c’était son gagne-pain, et il en prit son parti.

Passepartout entra en scène, et vint se ranger avec ceux de ses collègues qui devaient figurer la base du Char de Jaggernaut. Tous s’étendirent à terre, le nez dressé vers le ciel. Une seconde section d’équilibristes vint se poser sur ces longs appendices, une troisième s’étagea au-dessus, puis une quatrième, et sur ces nez qui ne se touchaient que par leur pointe, un monument humain s’éleva bientôt jusqu’aux frises du théâtre.

tour du monde 3 jours

Or, les applaudissements redoublaient, et les instruments de l’orchestre éclataient comme autant de tonnerres, quand la pyramide s’ébranla, l’équilibre se rompit, un des nez de la base vint à manquer, et le monument s’écroula comme un château de cartes…

C’était la faute à Passepartout qui, abandonnant son poste, franchissant la rampe sans le secours de ses ailes, et grimpant à la galerie de droite, tombait aux pieds d’un spectateur en s’écriant :

« Ah ! mon maître ! mon maître !

— Vous ?

— Moi !

— Eh bien ! en ce cas, au paquebot, mon garçon !… »

Mr. Fogg, Mrs. Aouda, qui l’accompagnait, Passepartout s’étaient précipités par les couloirs au dehors de la case. Mais, là, ils trouvèrent l’honorable Batulcar, furieux, qui réclamait des dommages-intérêts pour « la casse ». Phileas Fogg apaisa sa fureur en lui jetant une poignée de bank-notes. Et, à six heures et demie, au moment où il allait partir, Mr. Fogg et Mrs. Aouda mettaient le pied sur le paquebot américain, suivis de Passepartout, les ailes au dos, et sur la face ce nez de six pieds qu’il n’avait pas encore pu arracher de son visage !

tour du monde 3 jours

XXIV pendant lequel s’accomplit la traversée de l’océan pacifique.

Ce qui était arrivé en vue de Shangaï, on le comprend. Les signaux faits par la Tankadère avaient été aperçus du paquebot de Yokohama. Le capitaine, voyant un pavillon en berne, s’était dirigé vers la petite goëlette. Quelques instants après, Phileas Fogg, soldant son passage au prix convenu, mettait dans la poche du patron John Bunsby cinq cent cinquante livres (14,750 francs). Puis l’honorable gentleman, Mrs. Aouda et Fix étaient montés à bord du steamer, qui avait aussitôt fait route pour Nagasaki et Yokohama.

Arrivé le matin même, 14 novembre, à l’heure réglementaire, Phileas Fogg, laissant Fix aller à ses affaires, s’était rendu à bord du Carnatic , et là il apprenait, à la grande joie de Mrs. Aouda, — et peut-être à la sienne, mais du moins il n’en laissa rien paraître — que le Français Passepartout était effectivement arrivé la veille à Yokohama.

Phileas Fogg, qui devait repartir le soir même pour San-Francisco, se mit immédiatement à la recherche de son domestique. Il s’adressa, mais en vain, aux agents consulaires français et anglais, et, après avoir inutilement parcouru les rues de Yokohama, il désespérait de retrouver Passepartout, quand le hasard, ou peut-être une sorte de pressentiment, le fit entrer dans la case de l’honorable Batulcar. Il n’eût certes point reconnu son serviteur sous cet excentrique accoutrement de héraut ; mais celui-ci, dans sa position renversée, aperçut son maître à la galerie. Il ne put retenir un mouvement de son nez. De là rupture de l’équilibre, et ce qui s’ensuivit.

Voilà ce que Passepartout apprit de la bouche même de Mrs. Aouda, qui lui raconta alors comment s’était faite cette traversée de Hong-Kong à Yokohama, en compagnie d’un sieur Fix, sur la goëlette la Tankadère .

Au nom de Fix, Passepartout ne sourcilla pas. Il pensait que le moment n’était pas venu de dire à son maître ce qui s’était passé entre l’inspecteur de police et lui. Aussi, dans l’histoire que Passepartout fit de ses aventures, il s’accusa et s’excusa seulement d’avoir été surpris par l’ivresse de l’opium dans une tabagie de Yokohama.

Mr. Fogg écouta froidement ce récit, sans répondre ; puis il ouvrit à son domestique un crédit suffisant pour que celui-ci pût se procurer à bord des habits plus convenables. Et, en effet, une heure ne s’était pas écoulée, que l’honnête garçon, ayant coupé son nez et rogné ses ailes, n’avait plus rien en lui qui rappelât le sectateur du dieu Tingou.

Le paquebot faisant la traversée de Yokohama à San-Francisco appartenait à la Compagnie du «  Pacific Mail steam  », et se nommait le General-Grant . C’était un vaste steamer à roues, jaugeant deux mille cinq cents tonnes, bien aménagé et doué d’une grande vitesse. Un énorme balancier s’élevait et s’abaissait successivement au-dessus du pont ; à l’une de ses extrémités s’articulait la tige d’un piston, et à l’autre celle d’une bielle, qui, transformant le mouvement rectiligne en mouvement circulaire, s’appliquait directement à l’arbre des roues. Le General-Grant était gréé en trois-mâts goëlette, et il possédait une grande surface de voilure, qui aidait puissamment la vapeur. À filer ses douze milles à l’heure, le paquebot ne devait pas employer plus de vingt et un jours pour traverser le Pacifique. Phileas Fogg était donc autorisé à croire que, rendu le 2 décembre à San-Francisco, il serait le 11 à New-York et le 20 à Londres, — gagnant ainsi de quelques heures cette date fatale du 21 décembre.

Les passagers étaient assez nombreux à bord du steamer, des Anglais, beaucoup d’Américains, une véritable émigration de coolies pour l’Amérique, et un certain nombre d’officiers de l’armée des Indes, qui utilisaient leur congé en faisant le tour du monde.

Pendant cette traversée il ne se produisit aucun incident nautique. Le paquebot, soutenu sur ses larges roues, appuyé par sa forte voilure, roulait peu. L’océan Pacifique justifiait assez son nom. Mr. Fogg était aussi calme, aussi peu communicatif que d’ordinaire. Sa jeune compagne se sentait de plus en plus attachée à cet homme par d’autres liens que ceux de la reconnaissance. Cette silencieuse nature, si généreuse en somme, l’impressionnait plus qu’elle ne le croyait, et c’était presque à son insu qu’elle se laissait aller à des sentiments dont l’énigmatique Fogg ne semblait aucunement subir l’influence.

En outre, Mrs. Aouda s’intéressait prodigieusement aux projets du gentleman. Elle s’inquiétait des contrariétés qui pouvaient compromettre le succès du voyage. Souvent elle causait avec Passepartout, qui n’était point sans lire entre les lignes dans le cœur de Mrs. Aouda. Ce brave garçon avait, maintenant, à l’égard de son maître, la foi du charbonnier ; il ne tarissait pas en éloges sur l’honnêteté, la générosité, le dévouement de Phileas Fogg ; puis il rassurait Mrs. Aouda sur l’issue du voyage, répétant que le plus difficile était fait, que l’on était sorti de ces pays fantastiques de la Chine et du Japon, que l’on retournait aux contrées civilisées, et enfin qu’un train de San-Francisco à New-York et un transatlantique de New-York à Londres suffiraient, sans doute, pour achever cet impossible tour du monde dans les délais convenus.

Neuf jours après avoir quitté Yokohama, Phileas Fogg avait exactement parcouru la moitié du globe terrestre.

En effet, le General-Grant , le 23 novembre, passait au cent quatre-vingtième méridien, celui sur lequel se trouvent, dans l’hémisphère austral, les antipodes de Londres. Sur quatre-vingts jours mis à sa disposition, Mr. Fogg, il est vrai, en avait employé cinquante-deux, et il ne lui en restait plus que vingt-huit à dépenser. Mais il faut remarquer que si le gentleman se trouvait à moitié route seulement « par la différence des méridiens, » il avait en réalité accompli plus des deux tiers du parcours total. Quels détours forcés, en effet, de Londres à Aden, d’Aden à Bombay, de Calcutta à Singapore, de Singapore à Yokohama ! À suivre circulairement le cinquantième parallèle, qui est celui de Londres, la distance n’eût été que de douze mille milles environ, tandis que Phileas Fogg était forcé, par les caprices des moyens de locomotion, d’en parcourir vingt-six mille dont il avait fait environ dix-sept mille cinq cents, à cette date du 23 novembre. Mais maintenant la route était droite, et Fix n’était plus là pour y accumuler les obstacles !

Il arriva aussi que, ce 23 novembre, Passepartout éprouva une grande joie. On se rappelle que l’entêté s’était obstiné à garder l’heure de Londres à sa fameuse montre de famille, tenant pour fausses toutes les heures des pays qu’il traversait. Or, ce jour-là, bien qu’il ne l’eût jamais ni avancée ni retardée, sa montre se trouva d’accord avec les chronomètres du bord.

Si Passepartout triompha, cela se comprend de reste. Il aurait bien voulu savoir ce que Fix aurait pu dire, s’il eût été présent.

« Ce coquin qui me racontait un tas d’histoires sur les méridiens, sur le soleil, sur la lune ! répétait Passepartout. Hein ! ces gens-là ! Si on les écoutait, on ferait de la belle horlogerie ! J’étais bien sûr qu’un jour ou l’autre, le soleil se déciderait à se régler sur ma montre !… »

Passepartout ignorait ceci : c’est que si le cadran de sa montre eût été divisé en vingt-quatre heures comme les horloges italiennes, il n’aurait eu aucun motif de triompher, car les aiguilles de son instrument, quand il était neuf heures du matin à bord, auraient indiqué neuf heures du soir, c’est-à-dire la vingt et unième heure depuis minuit, — différence précisément égale à celle qui existe entre Londres et le cent quatre-vingtième méridien.

Mais si Fix avait été capable d’expliquer cet effet purement physique, Passepartout, sans doute, eût été incapable, sinon de le comprendre, du moins de l’admettre. Et en tout cas, si, par impossible, l’inspecteur de police se fût inopinément montré à bord en ce moment, il est probable que Passepartout, à bon droit rancunier, eût traité avec lui un sujet tout différent et d’une tout autre manière.

Or, où était Fix en ce moment ?…

Fix était précisément à bord du General-Grant .

En effet, en arrivant à Yokohama, l’agent, abandonnant Mr. Fogg qu’il comptait retrouver dans la journée, s’était immédiatement rendu chez le consul anglais. Là, il avait enfin trouvé le mandat, qui, courant après lui depuis Bombay, avait déjà quarante jours de date, — mandat qui lui avait été expédié de Hong-Kong par ce même Carnatic à bord duquel on le croyait. Qu’on juge du désappointement du détective ! Le mandat devenait inutile ! Le sieur Fogg avait quitté les possessions anglaises ! Un acte d’extradition était maintenant nécessaire pour l’arrêter !

« Soit ! se dit Fix, après le premier moment de colère, mon mandat n’est plus bon ici, il le sera en Angleterre. Ce coquin a tout l’air de revenir dans sa patrie, croyant avoir dépisté la police. Bien. Je le suivrai jusque-là. Quant à l’argent, Dieu veuille qu’il en reste ! Mais en voyages, en primes, en procès, en amendes, en éléphant, en frais de toute sorte, mon homme a déjà laissé plus de cinq mille livres sur sa route. Après tout, la Banque est riche ! »

Son parti pris, il s’embarqua aussitôt sur le General-Grant . Il était à bord, quand Mr. Fogg et Mrs. Aouda y arrivèrent. À son extrême surprise, il reconnut Passepartout sous son costume de héraut. Il se cacha aussitôt dans sa cabine, afin d’éviter une explication qui pouvait tout compromettre, — et, grâce au nombre des passagers, il comptait bien n’être point aperçu de son ennemi, lorsque ce jour-là précisément il se trouva face à face avec lui sur l’avant du navire.

Passepartout sauta à la gorge de Fix, sans autre explication, et, au grand plaisir de certains Américains qui parièrent immédiatement pour lui, il administra au malheureux inspecteur une volée superbe, qui démontra la haute supériorité de la boxe française sur la boxe anglaise.

Quand Passepartout eut fini, il se trouva plus calme et comme soulagé. Fix se releva, en assez mauvais état, et, regardant son adversaire, il lui dit froidement :

« Est-ce fini ?

— Oui, pour l’instant.

— Alors venez me parler.

— Dans l’intérêt de votre maître. »

Passepartout, comme subjugué par ce sang-froid, suivit l’inspecteur de police, et tous deux s’assirent à l’avant du steamer.

« Vous m’avez rossé, dit Fix. Bien. À présent, écoutez-moi. Jusqu’ici j’ai été l’adversaire de Mr. Fogg, mais maintenant je suis dans son jeu.

— Enfin ! s’écria Passepartout, vous le croyez un honnête homme ?

— Non, répondit froidement Fix, je le crois un coquin… Chut ! ne bougez pas et laissez-moi dire. Tant que Mr. Fogg a été sur les possessions anglaises, j’ai eu intérêt à le retenir en attendant un mandat d’arrestation. J’ai tout fait pour cela. J’ai lancé contre lui les prêtres de Bombay, je vous ai enivré à Hong-Kong, je vous ai séparé de votre maître, je lui ai fait manquer le paquebot de Yokohama… »

Passepartout écoutait, les poings fermés.

« Maintenant, reprit Fix, Mr. Fogg semble retourner en Angleterre ? Soit, je le suivrai. Mais, désormais, je mettrai à écarter les obstacles de sa route autant de soin et de zèle que j’en ai mis jusqu’ici à les accumuler. Vous le voyez, mon jeu est changé, et il est changé parce que mon intérêt le veut. J’ajoute que votre intérêt est pareil au mien, car c’est en Angleterre seulement que vous saurez si vous êtes au service d’un criminel ou d’un honnête homme ! »

Passepartout avait très-attentivement écouté Fix, et il fut convaincu que Fix parlait avec une entière bonne foi.

« Sommes-nous amis ? demanda Fix.

— Amis, non, répondit Passepartout. Alliés, oui, et sous bénéfice d’inventaire, car, à la moindre apparence de trahison, je vous tords le cou.

— Convenu, » dit tranquillement l’inspecteur de police.

Onze jours après, le 3 décembre, le General-Grant entrait dans la baie de la Porte-d’Or et arrivait à San-Francisco.

Mr. Fogg n’avait encore ni gagné ni perdu un seul jour.

XXV où l’on donne un léger aperçu de san-francisco, un jour de meeting.

Il était sept heures du matin, quand Phileas Fogg, Mrs. Aouda et Passepartout prirent pied sur le continent américain, — si toutefois on peut donner ce nom au quai flottant sur lequel ils débarquèrent. Ces quais, montant et descendant avec la marée, facilitent le chargement et le déchargement des navires. Là s’embossent les clippers de toutes dimensions, les steamers de toutes nationalités, et ces steam-boats à plusieurs étages, qui font le service du Sacramento et de ses affluents. Là s’entassent aussi les produits d’un commerce qui s’étend au Mexique, au Pérou, au Chili, au Brésil, à l’Europe, à l’Asie, à toutes les îles de l’océan Pacifique.

tour du monde 3 jours

Passepartout, dans sa joie de toucher enfin la terre américaine, avait cru devoir opérer son débarquement en exécutant un saut périlleux du plus beau style. Mais quand il retomba sur le quai dont le plancher était vermoulu, il faillit passer au travers. Tout décontenancé de la façon dont il avait « pris pied » sur le nouveau continent, l’honnête garçon poussa un cri formidable, qui fit envoler une innombrable troupe de cormorans et de pélicans, hôtes habituels des quais mobiles.

Mr. Fogg, aussitôt débarqué, s’informa de l’heure à laquelle partait le premier train pour New-York. C’était à six heures du soir. Mr. Fogg avait donc une journée entière à dépenser dans la capitale californienne. Il fit venir une voiture pour Mrs. Aouda et pour lui. Passepartout monta sur le siège, et le véhicule, à trois dollars la course, se dirigea vers International-Hôtel .

De la place élevée qu’il occupait, Passepartout observait avec curiosité la grande ville américaine : larges rues, maisons basses bien alignées, églises et temples d’un gothique anglo-saxon, docks immenses, entrepôts comme des palais, les uns en bois, les autres en briques ; dans les rues, voitures nombreuses, omnibus, « cars » de tramways, et sur les trottoirs encombrés, non-seulement des Américains et des Européens, mais aussi des Chinois et des Indiens, — enfin de quoi composer une population de plus de deux cent mille habitants.

Passepartout fut assez surpris de ce qu’il voyait. Il en était encore à la cité légendaire de 1849, à la ville des bandits, des incendiaires et des assassins, accourus à la conquête des pépites, immense capharnaüm de tous les déclassés, où l’on jouait la poudre d’or, un revolver d’une main et un couteau de l’autre. Mais « ce beau temps » était passé. San-Francisco présentait l’aspect d’une grande ville commerçante. La haute tour de l’hôtel de ville, où veillent les guetteurs, dominait tout cet ensemble de rues et d’avenues, se coupant à angles droits, entre lesquels s’épanouissaient des squares verdoyants, puis une ville chinoise qui semblait avoir été importée du Céleste Empire dans une boîte à joujoux. Plus de sombreros, plus de chemises rouges à la mode des coureurs de placers, plus d’Indiens emplumés, mais des chapeaux de soie et des habits noirs, que portaient un grand nombre de gentlemen doués d’une activité dévorante. Certaines rues, entre autres Montgommery-street — le Régent-street de Londres, le boulevard des Italiens de Paris, le Broadway de New-York, — étaient bordées de magasins splendides, qui offraient à leur étalage les produits du monde entier.

Lorsque Passepartout arriva à International-Hôtel, il ne lui semblait pas qu’il eût quitté l’Angleterre.

Le rez-de-chaussée de l’hôtel était occupé par un immense « bar », sorte de buffet ouvert gratis à tout passant. Viande sèche, soupe aux huîtres, biscuit et chester s’y débitaient sans que le consommateur eût à délier sa bourse. Il ne payait que sa boisson, ale, porto ou xérès, si sa fantaisie le portait à se rafraîchir. Cela parut « très-américain » à Passepartout.

Le restaurant de l’hôtel était confortable. Mr. Fogg et Mrs. Aouda s’installèrent devant une table et furent abondamment servis dans des plats lilliputiens par des nègres du plus beau noir.

Après déjeuner, Phileas Fogg, accompagné de Mrs. Aouda, quitta l’hôtel pour se rendre aux bureaux du consul anglais afin d’y faire viser son passe-port. Sur le trottoir, il trouva son domestique, qui lui demanda si, avant de prendre le chemin de fer du Pacifique, il ne serait pas prudent d’acheter quelques douzaines de carabines Enfield ou de revolvers Colt. Passepartout avait entendu parler de Sioux et de Pawnies, qui arrêtent les trains comme de simples voleurs espagnols. Mr. Fogg répondit que c’était là une précaution inutile, mais il le laissa libre d’agir comme il lui conviendrait. Puis il se dirigea vers les bureaux de l’agent consulaire.

Phileas Fogg n’avait pas fait deux cents pas que, « par le plus grand des hasards, » il rencontrait Fix. L’inspecteur se montra extrêmement surpris. Comment ! Mr. Fogg et lui avaient fait ensemble la traversée du Pacifique, et ils ne s’étaient pas rencontrés à bord ! En tout cas, Fix ne pouvait être qu’honoré de revoir le gentleman auquel il devait tant, et, ses affaires le rappelant en Europe, il serait enchanté de poursuivre son voyage en une si agréable compagnie.

Mr. Fogg répondit que l’honneur serait pour lui, et Fix — qui tenait à ne point le perdre de vue — lui demanda la permission de visiter avec lui cette curieuse ville de San-Francisco. Ce qui fut accordé.

Voici donc Mrs. Aouda, Phileas Fogg et Fix flânant par les rues. Ils se trouvèrent bientôt dans Montgommery-street, où l’affluence du populaire était énorme. Sur les trottoirs, au milieu de la chaussée, sur les rails des tramways, malgré le passage incessant des coaches et des omnibus, au seuil des boutiques, aux fenêtres de toutes les maisons, et même jusque sur les toits, foule innombrable. Des hommes-affiches circulaient au milieu des groupes. Des bannières et des banderoles flottaient au vent. Des cris éclataient de toutes parts.

« Hurrah pour Kamerfield !

— Hurrah pour Mandiboy ! »

C’était un meeting. Ce fut du moins la pensée de Fix, et il communiqua son idée à Mr. Fogg, en ajoutant :

« Nous ferons peut-être bien, monsieur, de ne point nous mêler à cette cohue. Il n’y a que de mauvais coups à recevoir.

— En effet, répondit Phileas Fogg, et les coups de poing, pour être politiques, n’en sont pas moins des coups de poing ! »

Fix crut devoir sourire en entendant cette observation, et, afin de voir sans être pris dans la bagarre, Mrs. Aouda, Phileas Fogg et lui prirent place sur le palier supérieur d’un escalier que desservait une terrasse, située en contre-haut de Montgommery-street. Devant eux, de l’autre côté de la rue, entre le wharf d’un marchand de charbon et le magasin d’un négociant en pétrole, se développait un large bureau en plein vent, vers lequel les divers courants de la foule semblaient converger.

Et maintenant, pourquoi ce meeting ? À quelle occasion se tenait-il ? Phileas Fogg l’ignorait absolument. S’agissait-il de la nomination d’un haut fonctionnaire militaire ou civil, d’un gouverneur d’État ou d’un membre du Congrès ? Il était permis de le conjecturer, à voir l’animation extraordinaire qui passionnait la ville.

En ce moment, un mouvement considérable se produisit dans la foule. Toutes les mains étaient en l’air. Quelques-unes, solidement fermées, semblaient se lever et s’abattre rapidement au milieu des cris, — manière énergique, sans doute, de formuler un vote. Des remous agitaient la masse qui refluait. Les bannières oscillaient, disparaissaient un instant et reparaissaient en loques. Les ondulations de la houle se propageaient jusqu’à l’escalier, tandis que toutes les têtes moutonnaient à la surface comme une mer soudainement remuée par un grain. Le nombre des chapeaux noirs diminuait à vue d’œil, et la plupart semblaient avoir perdu de leur hauteur normale.

« C’est évidemment un meeting, dit Fix, et la question qui l’a provoqué doit être palpitante. Je ne serais point étonné qu’il fût encore question de l’affaire de l’ Alabama , bien qu’elle soit résolue.

— Peut-être, répondit simplement Mr. Fogg.

— En tout cas, reprit Fix, deux champions sont en présence l’un de l’autre, l’honorable Kamerfield et l’honorable Mandiboy. »

Mrs. Aouda, au bras de Phileas Fogg, regardait avec surprise cette scène tumultueuse, et Fix allait demander à l’un de ses voisins la raison de cette effervescence populaire, quand un mouvement plus accusé se prononça. Les hurrahs, agrémentés d’injures, redoublèrent. La hampe des bannières se transforma en arme offensive. Plus de mains, des poings partout. Du haut des voitures arrêtées, et des omnibus enrayés dans leur course, s’échangeaient force horions. Tout servait de projectiles. Bottes et souliers décrivaient dans l’air des trajectoires très-tendues, et il sembla même que quelques revolvers mêlaient aux vociférations de la foule leurs détonations nationales.

La cohue se rapprocha de l’escalier et reflua sur les premières marches. L’un des partis était évidemment repoussé, sans que les simples spectateurs pussent reconnaître si l’avantage restait à Mandiboy ou à Kamerfield.

« Je crois prudent de nous retirer, dit Fix, qui ne tenait pas à ce que « son homme » reçût un mauvais coup ou se fît une mauvaise affaire. S’il est question de l’Angleterre dans tout ceci et qu’on nous reconnaisse, nous serons fort compromis dans la bagarre !

— Un citoyen anglais… » répondit Phileas Fogg.

Mais le gentleman ne put achever sa phrase. Derrière lui, de cette terrasse qui précédait l’escalier, partirent des hurlements épouvantables. On criait : « Hurrah ! Hip ! Hip ! pour Mandiboy ! » C’était une troupe d’électeurs qui arrivait à la rescousse, prenant en flanc les partisans de Kamerfield.

tour du monde 3 jours

Mr. Fogg, Mrs. Aouda, Fix se trouvèrent entre deux feux. Il était trop tard pour s’échapper. Ce torrent d’hommes, armés de cannes plombées et de casse-tête, était irrésistible. Phileas Fogg et Fix, en préservant la jeune femme, furent horriblement bousculés. Mr. Fogg, non moins flegmatique que d’habitude, voulut se défendre avec ces armes naturelles que la nature a mises au bout des bras de tout Anglais, mais inutilement. Un énorme gaillard à barbiche rouge, au teint coloré, large d’épaules, qui paraissait être le chef de la bande, leva son formidable poing sur Mr. Fogg, et il eût fort endommagé le gentleman, si Fix, par dévouement, n’eût reçu le coup à sa place. Une énorme bosse se développa instantanément sous le chapeau de soie du détective, transformé en simple toque.

« Yankee ! dit Mr. Fogg, en lançant à son adversaire un regard de profond mépris.

— Englishman !! répondit l’autre.

— Nous nous retrouverons !

— Quand il vous plaira.

— Votre nom ?

— Phileas Fogg. Le vôtre ?

— Le colonel Stamp W. Proctor. »

Puis, cela dit, la marée passa. Fix fut renversé et se releva, les habits déchirés, mais sans meurtrissure sérieuse. Son paletot de voyage s’était séparé en deux parties inégales, et son pantalon ressemblait à ces culottes dont certains Indiens — affaire de mode — ne se vêtent qu’après en avoir préalablement enlevé le fond. Mais, en somme, Mrs. Aouda avait été épargnée, et, seul, Fix en était pour son coup de poing.

« Merci, dit Mr. Fogg à l’inspecteur, dès qu’ils furent hors de la foule.

— Il n’y a pas de quoi, répondit Fix, mais venez.

— Où ?

— Chez un marchand de confection. »

En effet, cette visite était opportune. Les habits de Phileas Fogg et de Fix étaient en lambeaux, comme si ces deux gentlemen se fussent battus pour le compte des honorables Kamerfield et Mandiboy.

Une heure après, ils étaient convenablement vêtus et coiffés. Puis ils revinrent à International-Hôtel.

Là, Passepartout attendait son maître, armé d’une demi-douzaine de revolvers-poignards à six coups et à inflammation centrale. Quand il aperçut Fix en compagnie de Mr. Fogg, son front s’obscurcit. Mais Mrs. Aouda, ayant fait en quelques mots le récit de ce qui s’était passé, Passepartout se rasséréna. Évidemment Fix n’était plus un ennemi, c’était un allié. Il tenait sa parole.

Le dîner terminé, un coach fut amené, qui devait conduire à la gare les voyageurs et leurs colis. Au moment de monter en voiture, Mr. Fogg dit à Fix :

« Vous n’avez pas revu ce colonel Proctor ?

— Non, répondit Fix.

— Je reviendrai en Amérique pour le retrouver, dit froidement Phileas Fogg. Il ne serait pas convenable qu’un citoyen anglais se laissât traiter de cette façon. »

L’inspecteur sourit et ne répondit pas. Mais, on le voit, Mr. Fogg était de cette race d’Anglais qui, s’ils ne tolèrent pas le duel chez eux, se battent à l’étranger, quand il s’agit de soutenir leur honneur.

À six heures moins un quart, les voyageurs atteignaient la gare et trouvaient le train prêt à partir.

Au moment où Mr. Fogg allait s’embarquer, il avisa un employé, et le rejoignant :

« Mon ami, lui dit-il, n’y a-t-il pas eu quelques troubles aujourd’hui à San-Francisco ?

— C’était un meeting, monsieur, répondit l’employé.

— Cependant, j’ai cru remarquer une certaine animation dans les rues.

— Il s’agissait simplement d’un meeting organisé pour une élection.

— L’élection d’un général en chef, sans doute ? demanda Mr. Fogg.

— Non, monsieur, d’un juge de paix. »

Sur cette réponse, Phileas Fogg monta dans le wagon, et le train partit à toute vapeur.

XXVI dans lequel on prend le train express du chemin de fer du pacifique.

« Ocean to Ocean », — ainsi disent les Américains, — et ces trois mots devraient être la dénomination générale du « grand trunk », qui traverse les États-Unis d’Amérique dans leur plus grande largeur. Mais, en réalité, le « Pacific rail-road » se divise en deux parties distinctes : « Central Pacific » entre San-Francisco et Ogden, et « Union Pacific » entre Ogden et Omaha. Là se raccordent cinq lignes distinctes, qui mettent Omaha en communication fréquente avec New-York.

New-York et San-Francisco sont donc présentement réunis par un ruban de métal non interrompu qui ne mesure pas moins de trois mille sept cent quatre-vingt-six milles. Entre Omaha et le Pacifique, le chemin de fer franchit une contrée encore fréquentée par les Indiens et les fauves, — vaste étendue de territoire que les Mormons commencèrent à coloniser vers 1845, après qu’ils eurent été chassés de l’Illinois.

Autrefois, dans les circonstances les plus favorables, on employait six mois pour aller de New-York à San-Francisco. Maintenant, on met sept jours.

C’est en 1862 que, malgré l’opposition des députés du Sud, qui voulaient une ligne plus méridionale, le tracé du rail-road fut arrêté entre le quarante et unième et le quarante-deuxième parallèle. Le président Lincoln, de si regrettée mémoire, fixa lui-même, dans l’État de Nebraska, à la ville d’Omaha, la tête de ligne du nouveau réseau. Les travaux furent aussitôt commencés et poursuivis avec cette activité américaine, qui n’est ni paperassière ni bureaucratique. La rapidité de la main-d’œuvre ne devait nuire en aucune façon à la bonne exécution du chemin. Dans la prairie, on avançait à raison d’un mille et demi par jour. Une locomotive, roulant sur les rails de la veille, apportait les rails du lendemain, et courait à leur surface au fur et à mesure qu’ils étaient posés.

Le Pacific rail-road jette plusieurs embranchements sur son parcours, dans les États de Iowa, du Kansas, du Colorado et de l’Oregon. En quittant Omaha, il longe la rive gauche de Platte-river jusqu’à l’embouchure de la branche du nord, suit la branche du sud, traverse les terrains de Laramie et les montagnes Wahsatch, contourne le lac Salé, arrive à Lake Salt City, la capitale des Mormons, s’enfonce dans la vallée de la Tuilla, longe le désert américain, les monts de Cédar et Humboldt, Humboldt-river, la Sierra Nevada, et redescend par Sacramento jusqu’au Pacifique, sans que ce tracé dépasse en pente cent douze pieds par mille, même dans la traversée des montagnes Rocheuses.

Telle était cette longue artère que les trains parcouraient en sept jours, et qui allait permettre à l’honorable Phileas Fogg — il l’espérait du moins — de prendre, le 11, à New-York, le paquebot de Liverpool.

Le wagon occupé par Phileas Fogg était une sorte de long omnibus qui reposait sur deux trains formés de quatre roues chacun, dont la mobilité permet d’attaquer des courbes de petit rayon. À l’intérieur, point de compartiments : deux files de sièges, disposés de chaque côté, perpendiculairement à l’axe, et entre lesquels était réservé un passage conduisant aux cabinets de toilette et autres, dont chaque wagon est pourvu. Sur toute la longueur du train, les voitures communiquaient entre elles par des passerelles, et les voyageurs pouvaient circuler d’une extrémité à l’autre du convoi, qui mettait à leur disposition des wagons-salons, des wagons-terrasses, des wagons-restaurants et des wagons à cafés. Il n’y manquait que des wagons-théâtres. Mais il y en aura un jour.

Sur les passerelles circulaient incessamment des marchands de livres et de journaux, débitant leur marchandise, et des vendeurs de liqueurs, de comestibles, de cigares, qui ne manquaient point de chalands.

Les voyageurs étaient partis de la station d’Oakland à six heures du soir. Il faisait déjà nuit, — une nuit froide, sombre, avec un ciel couvert dont les nuages menaçaient de se résoudre en neige. Le train ne marchait pas avec une grande rapidité. En tenant compte des arrêts, il ne parcourait pas plus de vingt milles à l’heure, vitesse qui devait, cependant, lui permettre de franchir les États-Unis dans les temps réglementaires.

On causait peu dans le wagon. D’ailleurs, le sommeil allait bientôt gagner les voyageurs. Passepartout se trouvait placé auprès de l’inspecteur de police, mais il ne lui parlait pas. Depuis les derniers événements, leurs relations s’étaient notablement refroidies. Plus de sympathie, plus d’intimité. Fix n’avait rien changé à sa manière d’être, mais Passepartout se tenait, au contraire, sur une extrême réserve, prêt au moindre soupçon à étrangler son ancien ami.

Une heure après le départ du train, la neige tomba, — neige fine, qui ne pouvait, fort heureusement, retarder la marche du convoi. On n’apercevait plus à travers les fenêtres qu’une immense nappe blanche, sur laquelle, en déroulant ses volutes, la vapeur de la locomotive paraissait grisâtre.

tour du monde 3 jours

À huit heures, un « steward » entra dans le wagon et annonça aux voyageurs que l’heure du coucher était sonnée. Ce wagon était un « sleeping-car », qui, en quelques minutes, fut transformé en dortoir. Les dossiers des bancs se replièrent, des couchettes soigneusement paquetées se déroulèrent par un système ingénieux, des cabines furent improvisées en quelques instants, et chaque voyageur eut bientôt à sa disposition un lit confortable, que d’épais rideaux défendaient contre tout regard indiscret. Les draps étaient blancs, les oreillers moelleux. Il n’y avait plus qu’à se coucher et à dormir, — ce que chacun fit, comme s’il se fût trouvé dans la cabine confortable d’un paquebot, — pendant que le train filait à toute vapeur à travers l’État de Californie.

Dans cette portion du territoire qui s’étend entre San-Francisco et Sacramento, le sol est peu accidenté. Cette partie du chemin de fer, sous le nom de « Central Pacific road », prit d’abord Sacramento pour point de départ, et s’avança vers l’est à la rencontre de celui qui partait d’Omaha. De San-Francisco à la capitale de la Californie, la ligne courait directement au nord-est, en longeant American-river, qui se jette dans la baie de San-Pablo. Les cent vingt milles compris entre ces deux importantes cités furent franchis en six heures, et vers minuit, pendant qu’ils dormaient de leur premier sommeil, les voyageurs passèrent à Sacramento. Ils ne virent donc rien de cette ville considérable, siège de la législature de l’État de Californie, ni ses beaux quais, ni ses rues larges, ni ses hôtels splendides, ni ses squares, ni ses temples.

En sortant de Sacramento, le train, après avoir dépassé les stations de Junction, de Roclin, d’Auburn et de Colfax, s’engagea dans le massif de la Sierra Nevada. Il était sept heures du matin quand fut traversée la station de Cisco. Une heure après, le dortoir était redevenu un wagon ordinaire, et les voyageurs pouvaient à travers les vitres entrevoir les points de vue pittoresques de ce montagneux pays. Le tracé du train obéissait aux caprices de la Sierra, ici accroché aux flancs de la montagne, là suspendu au-dessus des précipices, évitant les angles brusques par des courbes audacieuses, s’élançant dans des gorges étroites que l’on devait croire sans issues. La locomotive, étincelante comme une châsse, avec son grand fanal qui jetait de fauves lueurs, sa cloche argentée, son « chasse-vache », qui s’étendait comme un éperon, mêlait ses sifflements et ses mugissements à ceux des torrents et des cascades, et tordait sa fumée à la noire ramure des sapins.

Peu ou point de tunnels, ni de pont sur le parcours. Le rail-road contournait le flanc des montagnes, ne cherchant pas dans la ligne droite le plus court chemin d’un point à un autre, et ne violentant pas la nature.

Vers neuf heures, par la vallée de Carson, le train pénétrait dans l’État de Nevada, suivant toujours la direction du nord-est. À midi, il quittait Reno, où les voyageurs eurent vingt minutes pour déjeuner.

Depuis ce point, la voie ferrée, côtoyant Humboldt-river, s’éleva pendant quelques milles vers le nord, en suivant son cours. Puis elle s’infléchit vers l’est, et ne devait plus quitter le cours d’eau avant d’avoir atteint les Humboldt-Ranges, qui lui donnent naissance, presque à l’extrémité orientale de l’État du Nevada.

Après avoir déjeuné, Mr. Fogg, Mrs. Aouda et leurs compagnons reprirent leur place dans le wagon. Phileas Fogg, la jeune femme, Fix et Passepartout, confortablement assis, regardaient le paysage varié qui passait sous leurs yeux, — vastes prairies, montagnes se profilant à l’horizon, « creeks » roulant leurs eaux écumeuses. Parfois, un grand troupeau de bisons, se massant au loin, apparaissait comme une digue mobile. Ces innombrables armées de ruminants opposent souvent un insurmontable obstacle au passage des trains. On a vu des milliers de ces animaux défiler pendant plusieurs heures, en rangs pressés, au travers du rail-road. La locomotive est alors forcée de s’arrêter et d’attendre que la voie soit redevenue libre.

tour du monde 3 jours

Ce fut même ce qui arriva dans cette occasion. Vers trois heures du soir, un troupeau de dix à douze mille têtes barra le rail-road. La machine, après avoir modéré sa vitesse, essaya d’engager son éperon dans le flanc de l’immense colonne, mais elle dut s’arrêter devant l’impénétrable masse.

On voyait ces ruminants — ces buffalos, comme les appellent improprement les Américains — marcher ainsi de leur pas tranquille, poussant parfois des beuglements formidables. Ils avaient une taille supérieure à celle des taureaux d’Europe, les jambes et la queue courtes, le garrot saillant qui formait une bosse musculaire, les cornes écartées à la base, la tête, le cou et les épaules recouverts d’une crinière à longs poils. Il ne fallait pas songer à arrêter cette migration. Quand les bisons ont adopté une direction, rien ne pourrait ni enrayer ni modifier leur marche. C’est un torrent de chair vivante qu’aucune digue ne saurait contenir.

Les voyageurs, dispersés sur les passerelles, regardaient ce curieux spectacle. Mais celui qui devait être le plus pressé de tous, Phileas Fogg, était demeuré à sa place et attendait philosophiquement qu’il plût aux buffles de lui livrer passage. Passepartout était furieux du retard que causait cette agglomération d’animaux. Il eût voulu décharger contre eux son arsenal de revolvers.

« Quel pays ! s’écria-t-il ! De simples bœufs qui arrêtent des trains, et qui s’en vont là, processionnellement, sans plus se hâter que s’ils ne gênaient pas la circulation ! Pardieu ! je voudrais bien savoir si Mr. Fogg avait prévu ce contre-temps dans son programme ! Et ce mécanicien qui n’ose pas lancer sa machine à travers ce bétail encombrant ! »

Le mécanicien n’avait point tenté de renverser l’obstacle, et il avait prudemment agi. Il eût écrasé sans doute les premiers buffles attaqués par l’éperon de la locomotive ; mais, si puissante qu’elle fût, la machine eût été arrêtée bientôt, un déraillement se serait inévitablement produit, et le train fût resté en détresse.

Le mieux était donc d’attendre patiemment, quitte ensuite à regagner le temps perdu par une accélération de la marche du train. Le défilé des bisons dura trois grandes heures, et la voie ne redevint libre qu’à la nuit tombante. À ce moment, les derniers rangs du troupeau traversaient les rails, tandis que les premiers disparaissaient au-dessous de l’horizon du sud.

Il était donc huit heures, quand le train franchit les défilés des Humboldt-Ranges, et neuf heures et demie, lorsqu’il pénétra sur le territoire de l’Utah, la région du grand lac Salé, le curieux pays des Mormons.

XXVII dans lequel passepartout suit, avec une vitesse de vingt milles à l’heure, un cours d’histoire mormone.

Pendant la nuit du 5 au 6 décembre, le train courut au sud-est sur un espace de cinquante milles environ ; puis il remonta d’autant vers le nord-est, en s’approchant du grand lac Salé.

Passepartout, vers neuf heures du matin, vint prendre l’air sur les passerelles. Le temps était froid, le ciel gris, mais il ne neigeait plus. Le disque du soleil, élargi par les brumes, apparaissait comme une énorme pièce d’or, et Passepartout s’occupait à en calculer la valeur en livres sterling, quand il fut distrait de cet utile travail par l’apparition d’un personnage assez étrange.

Ce personnage, qui avait pris le train à la station d’Elko, était un homme de haute taille, très-brun, moustaches noires, bas noirs, chapeau de soie noir, gilet noir, pantalon noir, cravate blanche, gants de peau de chien. On eût dit un révérend. Il allait d’une extrémité du train à l’autre, et, sur la portière de chaque wagon, il collait avec des pains à cacheter une notice écrite à la main.

Passepartout s’approcha et lut sur une de ces notices que l’honorable « elder » William Hitch, missionnaire mormon, profitant de sa présence sur le train n o  48, ferait, de onze heures à midi, dans le car n o  117, une conférence sur le Mormonisme, — invitant à l’entendre tous les gentlemen soucieux de s’instruire touchant les mystères de la religion des « Saints des derniers jours ».

« Certes, j’irai, » se dit Passepartout, qui ne connaissait guère du Mormonisme que ses usages polygames, base de la société mormone.

La nouvelle se répandit rapidement dans le train, qui emportait une centaine de voyageurs. Sur ce nombre, trente au plus, alléchés par l’appât de la conférence, occupaient à onze heures les banquettes du car n o  117. Passepartout figurait au premier rang des fidèles. Ni son maître, ni Fix n’avaient cru devoir se déranger.

À l’heure dite, l’elder William Hitch se leva, et d’une voix assez irritée, comme s’il eût été contredit d’avance, il s’écria :

« Je vous dis, moi, que Joe Smyth est un martyr, que son frère Hyram est un martyr, et que les persécutions du gouvernement de l’Union contre les prophètes vont faire également un martyr de Brigham Young  ! Qui oserait soutenir le contraire ? »

Personne ne se hasarda à contredire le missionnaire, dont l’exaltation contrastait avec sa physionomie naturellement calme. Mais, sans doute, sa colère s’expliquait par ce fait que le Mormonisme était actuellement soumis à de dures épreuves. Et, en effet, le gouvernement des États-Unis venait, non sans peine, de réduire ces fanatiques indépendants. Il s’était rendu maître de l’Utah, et l’avait soumis aux lois de l’Union, après avoir emprisonné Brigham Young, accusé de rébellion et de polygamie. Depuis cette époque, les disciples du prophète redoublaient leurs efforts, et, en attendant les actes, ils résistaient par la parole aux prétentions du Congrès.

On le voit, l’elder William Hitch faisait du prosélytisme jusqu’en chemin de fer.

Et alors il raconta, en passionnant son récit par les éclats de sa voix et la violence de ses gestes, l’histoire du Mormonisme, depuis les temps bibliques : « comment, dans Israël, un prophète mormon de la tribu de Joseph publia les annales de la religion nouvelle, et les légua à son fils Morom ; comment, bien des siècles plus tard, une traduction de ce précieux livre, écrit en caractères égyptiens, fut faite par Joseph Smyth junior, fermier de l’État de Vermont, qui se révéla comme prophète mystique en 1825 ; comment, enfin, un messager céleste lui apparut dans une forêt lumineuse et lui remit les annales du Seigneur. »

En ce moment, quelques auditeurs, peu intéressés par le récit rétrospectif du missionnaire, quittèrent le wagon ; mais William Hitch, continuant, raconta « comment Smyth junior, réunissant son père, ses deux frères et quelques disciples, fonda la religion des Saints des derniers jours, — religion qui, adoptée non-seulement en Amérique, mais en Angleterre, en Scandinavie, en Allemagne, compte parmi ses fidèles des artisans et aussi nombre de gens exerçant des professions libérales ; comment une colonie fut fondée dans l’Ohio ; comment un temple fut élevé au prix de deux cent mille dollars et une ville bâtie à Kirkland ; comment Smyth devint un audacieux banquier et reçut d’un simple montreur de momies un papyrus contenant un récit écrit de la main d’Abraham et autres célèbres Égyptiens. »

Cette narration devenant un peu longue, les rangs des auditeurs s’éclaircirent encore, et le public ne se composa plus que d’une vingtaine de personnes.

Mais l’elder, sans s’inquiéter de cette désertion, raconta avec détails « comme quoi Joe Smyth fit banqueroute en 1837 ; comme quoi ses actionnaires ruinés l’enduisirent de goudron et le roulèrent dans la plume ; comme quoi on le retrouva, plus honorable et plus honoré que jamais, quelques années après, à Independance, dans le Missouri, et chef d’une communauté florissante, qui ne comptait pas moins de trois mille disciples, et qu’alors, poursuivi par la haine des gentils, il dut fuir dans le Far-West américain. »

Dix auditeurs étaient encore là, et parmi eux l’honnête Passepartout, qui écoutait de toutes ses oreilles. Ce fut ainsi qu’il apprit « comment, après de longues persécutions, Smyth reparut dans l’Illinois et fonda en 1839, sur les bords du Mississippi, Nauvoo-la-Belle, dont la population s’éleva jusqu’à vingt-cinq mille âmes ; comment Smyth en devint le maire, le juge suprême et le général en chef ; comment, en 1843, il posa sa candidature à la présidence des États-Unis, et comment enfin, attiré dans un guet-apens, à Carthage, il fut jeté en prison et assassiné par une bande d’hommes masqués. »

En ce moment, Passepartout était absolument seul dans le wagon, et l’elder, le regardant en face, le fascinant par ses paroles, lui rappela que, deux ans après l’assassinat de Smyth, son successeur, le prophète inspiré, Brigham Young, abandonnant Nauvoo, vint s’établir aux bords du lac Salé, et que là, sur cet admirable territoire, au milieu de cette contrée fertile, sur le chemin des émigrants qui traversaient l’Utah pour se rendre en Californie, la nouvelle colonie, grâce aux principes polygames du Mormonisme, prit une extension énorme.

« Et voilà, ajouta William Hitch, voilà pourquoi la jalousie du Congrès s’est exercée contre nous ! pourquoi les soldats de l’Union ont foulé le sol de l’Utah ! pourquoi notre chef, le prophète Brigham Young, a été emprisonné au mépris de toute justice ! Céderons-nous à la force ? Jamais ! Chassés du Vermont, chassés de l’Illinois, chassés de l’Ohio, chassés du Missouri, chassés de l’Utah, nous retrouverons encore quelque territoire indépendant où nous planterons notre tente… Et vous, mon fidèle, ajouta l’elder en fixant sur son unique auditeur des regards courroucés, planterez-vous la vôtre à l’ombre de notre drapeau ?

tour du monde 3 jours

— Non, » répondit bravement Passepartout, qui s’enfuit à son tour, laissant l’énergumène prêcher dans le désert.

Mais pendant cette conférence, le train avait marché rapidement, et, vers midi et demi, il touchait à sa pointe nord-ouest le grand lac Salé. De là, on pouvait embrasser, sur un vaste périmètre, l’aspect de cette mer intérieure, qui porte aussi le nom de mer Morte et dans laquelle se jette un Jourdain d’Amérique. Lac admirable, encadré de belles roches sauvages, à larges assises, encroûtées de sel blanc, superbe nappe d’eau qui couvrait autrefois un espace plus considérable ; mais avec le temps, ses bords, montant peu à peu, ont réduit sa superficie en accroissant sa profondeur.

tour du monde 3 jours

Le lac Salé, long de soixante-dix milles environ, large de trente-cinq, est situé à trois mille huit cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Bien différent du lac Asphaltite, dont la dépression accuse douze cents pieds au-dessous, sa salure est considérable, et ses eaux tiennent en dissolution le quart de leur poids de matière solide. Leur pesanteur spécifique est de 1 170, celle de l’eau distillée étant 1 000. Aussi les poissons n’y peuvent vivre. Ceux qu’y jettent le Jourdain, le Weber et autres creeks, y périssent bientôt ; mais il n’est pas vrai que la densité de ses eaux soit telle qu’un homme n’y puisse plonger.

Autour du lac, la campagne était admirablement cultivée, car les Mormons s’entendent aux travaux de la terre : des ranchos et des corrals pour les animaux domestiques, des champs de blé, de maïs, de sorgho, des prairies luxuriantes, partout des haies de rosiers sauvages, des bouquets d’acacias et d’euphorbes, tel eût été l’aspect de cette contrée, six mois plus tard ; mais en ce moment le sol disparaissait sous une mince couche de neige, qui le poudrait légèrement.

À deux heures, les voyageurs descendaient à la station d’Ogden. Le train ne devant repartir qu’à six heures, Mr. Fogg, Mrs. Aouda et leurs deux compagnons avaient donc le temps de se rendre à la Cité des Saints par le petit embranchement qui se détache de la station d’Ogden. Deux heures suffisaient à visiter cette ville absolument américaine et, comme telle, bâtie sur le patron de toutes les villes de l’Union, vastes échiquiers à longues lignes froides, avec la « tristesse lugubre des angles droits », suivant l’expression de Victor Hugo. Le fondateur de la Cité des Saints ne pouvait échapper à ce besoin de symétrie qui distingue les Anglo-Saxons. Dans ce singulier pays, où les hommes ne sont certainement pas à la hauteur des institutions, tout se fait « carrément », les villes, les maisons et les sottises.

À trois heures, les voyageurs se promenaient donc par les rues de la cité, bâtie entre la rive du Jourdain et les premières ondulations des monts Wahsatch. Ils y remarquèrent peu ou point d’églises, mais, comme monuments, la maison du prophète, la Court-house et l’arsenal ; puis, des maisons de briques bleuâtres avec vérandas et galeries, entourées de jardins, bordées d’acacias, de palmiers et de caroubiers. Un mur d’argile et de cailloux, construit en 1853, ceignait la ville. Dans la principale rue, où se tient le marché, s’élevaient quelques hôtels ornés de pavillons, et entre autres Lake-Salt-house.

Mr. Fogg et ses compagnons ne trouvèrent pas la cité fort peuplée. Les rues étaient presque désertes, — sauf toutefois la partie du Temple, qu’ils n’atteignirent qu’après avoir traversé plusieurs quartiers entourés de palissades. Les femmes étaient assez nombreuses, ce qui s’explique par la composition singulière des ménages mormons. Il ne faut pas croire, cependant, que tous les Mormons soient polygames. On est libre, mais il est bon de remarquer que ce sont les citoyennes de l’Utah qui tiennent surtout à être épousées, car, suivant la religion du pays, le ciel mormon n’admet point à la possession de ses béatitudes les célibataires du sexe féminin. Ces pauvres créatures ne paraissaient ni aisées ni heureuses. Quelques-unes, les plus riches sans doute, portaient une jaquette de soie noire ouverte à la taille, sous une capuche ou un châle fort modeste. Les autres n’étaient vêtues que d’indienne.

Passepartout, lui, en sa qualité de garçon convaincu, ne regardait pas sans un certain effroi ces Mormones chargées de faire à plusieurs le bonheur d’un seul Mormon. Dans son bon sens, c’était le mari qu’il plaignait surtout. Cela lui paraissait terrible d’avoir à guider tant de dames à la fois au travers des vicissitudes de la vie, à les conduire ainsi en troupe jusqu’au paradis mormon, avec cette perspective de les y retrouver pour l’éternité en compagnie du glorieux Smyth, qui devait faire l’ornement de ce lieu de délices. Décidément, il ne se sentait pas la vocation, et il trouvait — peut-être s’abusait-il en ceci — que les citoyennes de Great-Lake-City jetaient sur sa personne des regards un peu inquiétants.

Très-heureusement, son séjour dans la Cité des Saints ne devait pas se prolonger. À quatre heures moins quelques minutes, les voyageurs se retrouvaient à la gare et reprenaient leur place dans leurs wagons.

Le coup de sifflet se fit entendre ; mais au moment où les roues motrices de la locomotive, patinant sur les rails, commençaient à imprimer au train quelque vitesse, ces cris : « Arrêtez ! arrêtez ! » retentirent.

On n’arrête pas un train en marche. Le gentleman qui proférait ces cris était évidemment un Mormon attardé. Il courait à perdre haleine. Heureusement pour lui, la gare n’avait ni portes ni barrières. Il s’élança donc sur la voie, sauta sur le marchepied de la dernière voiture, et tomba essoufflé sur une des banquettes du wagon.

Passepartout, qui avait suivi avec émotion les incidents de cette gymnastique, vint contempler ce retardataire, auquel il s’intéressa vivement, quand il apprit que ce citoyen de l’Utah n’avait ainsi pris la fuite qu’à la suite d’une scène de ménage.

Lorsque le Mormon eut repris haleine, Passepartout se hasarda à lui demander poliment combien il avait de femmes, à lui tout seul, — et à la façon dont il venait de décamper, il lui en supposait une vingtaine au moins.

« Une, monsieur ! répondit le Mormon en levant les bras au ciel, une, et c’était assez ! »

XXVIII dans lequel passepartout ne put parvenir à faire entendre le langage de la raison.

Le train, en quittant Great-Salt-Lake et la station d’Ogden, s’éleva pendant une heure vers le nord, jusqu’à Weber-river, ayant franchi neuf cents milles environ depuis San-Francisco. À partir de ce point, il reprit la direction de l’est à travers le massif accidenté des monts Wahsatch. C’est dans cette partie du territoire, comprise entre ces montagnes et les montagnes Rocheuses proprement dites, que les ingénieurs américains ont été aux prises avec les plus sérieuses difficultés. Aussi, dans ce parcours, la subvention du gouvernement de l’Union s’est-elle élevée à quarante-huit mille dollars par mille, tandis qu’elle n’était que de seize mille dollars en plaine ; mais les ingénieurs, ainsi qu’il a été dit, n’ont pas violenté la nature, ils ont rusé avec elle, tournant les difficultés, et pour atteindre le grand bassin, un seul tunnel, long de quatorze mille pieds, a été percé dans tout le parcours du rail-road.

C’était au lac Salé même que le tracé avait atteint jusqu’alors sa plus haute cote d’altitude. Depuis ce point, son profil décrivait une courbe très-allongée, s’abaissant vers la vallée du Bitter-creek, pour remonter jusqu’au point de partage des eaux entre l’Atlantique et le Pacifique. Les rios étaient nombreux dans cette montagneuse région. Il fallut franchir sur des ponceaux le Muddy, le Green et autres. Passepartout était devenu plus impatient à mesure qu’il s’approchait du but. Mais Fix, à son tour, aurait voulu être déjà sorti de cette difficile contrée. Il craignait les retards, il redoutait les accidents, et était plus pressé que Phileas Fogg lui-même de mettre le pied sur la terre anglaise !

À dix heures du soir, le train s’arrêtait à la station de Fort-Bridger, qu’il quitta presque aussitôt, et, vingt milles plus loin, il entrait dans l’État de Wyoming, — l’ancien Dakota, — en suivant toute la vallée du Bitter-creek, d’où s’écoulent une partie des eaux qui forment le système hydrographique du Colorado.

Le lendemain, 7 décembre, il y eut un quart d’heure d’arrêt à la station de Green-river. La neige avait tombé pendant la nuit assez abondamment, mais, mêlée à de la pluie, à demi fondue, elle ne pouvait gêner la marche du train. Toutefois, ce mauvais temps ne laissa pas d’inquiéter Passepartout, car l’accumulation des neiges, en embourbant les roues des wagons, eût certainement compromis le voyage.

« Aussi, quelle idée, se disait-il, mon maître a-t-il eue de voyager pendant l’hiver ! Ne pouvait-il attendre la belle saison pour augmenter ses chances ? »

Mais, en ce moment, où l’honnête garçon ne se préoccupait que de l’état du ciel et de l’abaissement de la température, Mrs. Aouda éprouvait des craintes plus vives, qui provenaient d’une tout autre cause.

En effet, quelques voyageurs étaient descendus de leur wagon, et se promenaient sur le quai de la gare de Green-river, en attendant le départ du train. Or, à travers la vitre, la jeune femme reconnut parmi eux le colonel Stamp W. Proctor, cet Américain qui s’était si grossièrement comporté à l’égard de Phileas Fogg pendant le meeting de San-Francisco. Mrs. Aouda, ne voulant pas être vue, se rejeta en arrière.

Cette circonstance impressionna vivement la jeune femme. Elle s’était attachée à l’homme qui, si froidement que ce fût, lui donnait chaque jour les marques du plus absolu dévouement. Elle ne comprenait pas, sans doute, toute la profondeur du sentiment que lui inspirait son sauveur, et à ce sentiment elle ne donnait encore que le nom de reconnaissance, mais, à son insu, il y avait plus que cela. Aussi son cœur se serra-t-il, quand elle reconnut le grossier personnage auquel Mr. Fogg voulait tôt ou tard demander raison de sa conduite. Évidemment, c’était le hasard seul qui avait amené dans ce train le colonel Proctor, mais enfin il y était, et il fallait empêcher à tout prix que Phileas Fogg aperçut son adversaire.

Mrs. Aouda, lorsque le train se fut remis en route, profita d’un moment où sommeillait Mr. Fogg pour mettre Fix et Passepartout au courant de la situation.

« Ce Proctor est dans le train ! s’écria Fix. Eh bien, rassurez-vous, madame, avant d’avoir affaire au sieur… à Mr. Fogg, il aura affaire à moi ! Il me semble que, dans tout ceci, c’est encore moi qui ai reçu les plus graves insultes !

— Et, de plus, ajouta Passepartout, je me charge de lui, tout colonel qu’il est.

— Monsieur Fix, reprit Mrs. Aouda, Mr. Fogg ne laissera à personne le soin de le venger. Il est homme, il l’a dit, à revenir en Amérique pour retrouver cet insulteur. Si donc il aperçoit le colonel Proctor, nous ne pourrons empêcher une rencontre, qui peut amener de déplorables résultats. Il faut donc qu’il ne le voie pas.

— Vous avez raison, madame, répondit Fix, une rencontre pourrait tout perdre. Vainqueur ou vaincu, Mr. Fogg serait retardé, et…

— Et, ajouta Passepartout, cela ferait le jeu des gentlemen du Reform-Club. Dans quatre jours nous serons à New-York ! Eh bien, si pendant quatre jours mon maître ne quitte pas son wagon, on peut espérer que le hasard ne le mettra pas face à face avec ce maudit Américain, que Dieu confonde ! Or, nous saurons bien l’empêcher… »

La conversation fut suspendue. Mr. Fogg s’était réveillé, et regardait la campagne à travers la vitre tachetée de neige. Mais, plus tard, et sans être entendu de son maître ni de Mrs. Aouda, Passepartout dit à l’inspecteur de police :

« Est-ce que vraiment vous vous battriez pour lui ?

— Je ferai tout pour le ramener vivant en Europe ! » répondit simplement Fix, d’un ton qui marquait une implacable volonté.

Passepartout sentit comme un frisson lui courir par le corps, mais ses convictions à l’endroit de son maître ne faiblirent pas.

Et maintenant, y avait-il un moyen quelconque de retenir Mr. Fogg dans ce compartiment pour prévenir toute rencontre entre le colonel et lui ? Cela ne pouvait être difficile, le gentleman étant d’un naturel peu remuant et peu curieux. En tout cas, l’inspecteur de police crut avoir trouvé ce moyen, car, quelques instants plus tard, il disait à Phileas Fogg :

« Ce sont de longues et lentes heures, monsieur, que celles que l’on passe ainsi en chemin de fer.

— En effet, répondit le gentleman, mais elles passent.

— À bord des paquebots, reprit l’inspecteur, vous aviez l’habitude de faire votre whist ?

— Oui, répondit Phileas Fogg, mais ici ce serait difficile. Je n’ai ni cartes ni partenaires.

— Oh ! les cartes, nous trouverons bien à les acheter. On vend de tout dans les wagons américains. Quant aux partenaires, si, par hasard, madame…

— Certainement, monsieur, répondit vivement la jeune femme, je connais le whist. Cela fait partie de l’éducation anglaise.

— Et moi, reprit Fix, j’ai quelques prétentions à bien jouer ce jeu. Or, à nous trois et un mort…

— Comme il vous plaira, monsieur, » répondit Phileas Fogg, enchanté de reprendre son jeu favori, — même en chemin de fer.

Passepartout fut dépêché à la recherche du stewart, et il revint bientôt avec deux jeux complets, des fiches, des jetons et une tablette recouverte de drap. Rien ne manquait. Le jeu commença. Mrs. Aouda savait très-suffisamment le whist, et elle reçut même quelques compliments du sévère Phileas Fogg. Quant à l’inspecteur, il était tout simplement de première force, et digne de tenir tête au gentleman.

« Maintenant, se dit Passepartout à lui-même, nous le tenons. Il ne bougera plus ! »

À onze heures du matin, le train avait atteint le point de partage des eaux des deux océans. C’était à Passe-Bridger, à une hauteur de sept mille cinq cent vingt-quatre pieds anglais au-dessus du niveau de la mer, un des plus hauts points touchés par le profil du tracé dans ce passage à travers les montagnes Rocheuses. Après deux cents milles environ, les voyageurs se trouveraient enfin sur ces longues plaines qui s’étendent jusqu’à l’Atlantique, et que la nature rendait si propices à l’établissement d’une voie ferrée.

Sur le versant du bassin atlantique se développaient déjà les premiers rios, affluents ou sous-affluents de North-Platte-river. Tout l’horizon du nord et de l’est était couvert par cette immense courtine semi-circulaire, qui forme la portion septentrionale des Rocky-Mountains, dominée par le pic de Laramie. Entre cette courbure et la ligne de fer s’étendaient de vastes plaines, largement arrosées. Sur la droite du rail-road s’étageaient les premières rampes du massif montagneux qui s’arrondit au sud jusqu’aux sources de la rivière de l’Arkansas, l’un des grands tributaires du Missouri.

À midi et demi, les voyageurs entrevoyaient un instant le fort Halleck, qui commande cette contrée. Encore quelques heures, et la traversée des montagnes Rocheuses serait accomplie. On pouvait donc espérer qu’aucun accident ne signalerait le passage du train à travers cette difficile région. La neige avait cessé de tomber. Le temps se mettait au froid sec. De grands oiseaux, effrayés par la locomotive, s’enfuyaient au loin. Aucun fauve, ours ou loup, ne se montrait sur la plaine. C’était le désert dans son immense nudité.

Après un déjeuner assez confortable, servi dans le wagon même, Mr. Fogg et ses partenaires venaient de reprendre leur interminable whist, quand de violents coups de sifflet se firent entendre. Le train s’arrêta.

Passepartout mit la tête à la portière et ne vit rien qui motivât cet arrêt. Aucune station n’était en vue.

Mrs. Aouda et Fix purent craindre un instant que Mr. Fogg ne songeât à descendre sur la voie. Mais le gentleman se contenta de dire à son domestique :

« Voyez donc ce que c’est. »

Passepartout s’élança hors du wagon. Une quarantaine de voyageurs avaient déjà quitté leurs places, et parmi eux le colonel Stamp W. Proctor.

Le train était arrêté devant un signal tourné au rouge qui fermait la voie. Le mécanicien et le conducteur, étant descendus, discutaient assez vivement avec un garde-voie, que le chef de gare de Medicine-Bow, la station prochaine, avait envoyé au-devant du train. Des voyageurs s’étaient approchés et prenaient part à la discussion, — entre autres le susdit colonel Proctor, avec son verbe haut et ses gestes impérieux.

Passepartout, ayant rejoint le groupe, entendit le garde-voie qui disait :

« Non ! il n’y a pas moyen de passer ! Le pont de Medicine-Bow est ébranlé et ne supporterait pas le poids du train. »

Ce pont, dont il était question, était un pont suspendu, jeté sur un rapide, à un mille de l’endroit où le convoi s’était arrêté. Au dire du garde-voie, il menaçait ruine, plusieurs des fils étaient rompus, et il était impossible d’en risquer le passage. Le garde-voie n’exagérait donc en aucune façon en affirmant qu’on ne pouvait passer. Et d’ailleurs, avec les habitudes d’insouciance des Américains, on peut dire que, quand ils se mettent à être prudents, il y aurait folie à ne pas l’être.

Passepartout, n’osant aller prévenir son maître, écoutait, les dents serrées, immobile comme une statue.

« Ah çà ! s’écria le colonel Proctor, nous n’allons pas, j’imagine, rester ici à prendre racine dans la neige !

— Colonel, répondit le conducteur, on a télégraphié à la station d’Omaha pour demander un train, mais il n’est pas probable qu’il arrive à Medicine-Bow avant six heures.

— Six heures ! s’écria Passepartout.

— Sans doute, répondit le conducteur. D’ailleurs, ce temps nous sera nécessaire pour gagner à pied la station.

— À pied ! s’écrièrent tous les voyageurs.

— Mais à quelle distance est donc cette station ? demanda l’un d’eux au conducteur.

— À douze milles, de l’autre côté de la rivière.

— Douze milles dans la neige ! » s’écria Stamp W. Proctor.

Le colonel lança une bordée de jurons, s’en prenant à la compagnie, s’en prenant au conducteur, et Passepartout, furieux, n’était pas loin de faire chorus avec lui. Il y avait là un obstacle matériel contre lequel échoueraient, cette fois, toutes les bank-notes de son maître.

Au surplus, le désappointement était général parmi les voyageurs, qui, sans compter le retard, se voyaient obligés à faire une quinzaine de milles à travers la plaine couverte de neige. Aussi était-ce un brouhaha, des exclamations, des vociférations, qui auraient certainement attiré l’attention de Phileas Fogg, si ce gentleman n’eût été absorbé par son jeu.

Cependant Passepartout se trouvait dans la nécessité de le prévenir, et, la tête basse, il se dirigeait vers le wagon, quand le mécanicien du train, — un vrai Yankee, nommé Forster, — élevant la voix, dit :

« Messieurs, il y aurait peut-être moyen de passer.

— Sur le pont ? répondit un voyageur.

— Sur le pont.

— Avec notre train ? demanda le colonel.

— Avec notre train. »

Passepartout s’était arrêté, et dévorait les paroles du mécanicien.

« Mais le pont menace ruine ! reprit le conducteur.

— N’importe, répondit Forster. Je crois qu’en lançant le train avec son maximum de vitesse, on aurait quelques chances de passer.

— Diable ! » fit Passepartout.

Mais un certain nombre de voyageurs avaient été immédiatement séduits par la proposition. Elle plaisait particulièrement au colonel Proctor. Ce cerveau brûlé trouvait la chose très-faisable. Il rappela même que des ingénieurs avaient eu l’idée de passer des rivières « sans pont » avec des trains rigides lancés à toute vitesse, etc. Et, en fin de compte, tous les intéressés dans la question se rangèrent à l’avis du mécanicien.

« Nous avons cinquante chances pour passer, disait l’un.

— Soixante, disait l’autre.

— Quatre-vingts !… quatre-vingt-dix sur cent ! »

Passepartout était ahuri, quoiqu’il fût prêt à tout tenter pour opérer le passage du Medicine-creek, mais la tentative lui semblait un peu trop « américaine ».

« D’ailleurs, pensa-t-il, il y a une chose bien plus simple à faire, et ces gens-là n’y songent même pas !… Monsieur, dit-il à un des voyageurs, le moyen proposé par le mécanicien me paraît un peu hasardé, mais…

— Quatre-vingts chances ! répondit le voyageur, qui lui tourna le dos.

— Je sais bien, répondit Passepartout en s’adressant à un autre gentleman, mais une simple réflexion…

— Pas de réflexion, c’est inutile ! répondit l’Américain interpellé en haussant les épaules, puisque le mécanicien assure qu’on passera !

— Sans doute, reprit Passepartout, on passera, mais il serait peut-être plus prudent…

— Quoi ! prudent ! s’écria le colonel Proctor, que ce mot, entendu par hasard, fit bondir. À grande vitesse, on vous dit ! Comprenez-vous ? À grande vitesse !

— Je sais… je comprends…, répétait Passepartout, auquel personne ne laissait achever sa phrase, mais il serait, sinon plus prudent, puisque le mot vous choque, du moins plus naturel…

— Qui ? que ? quoi ? Qu’a-t-il donc celui-là avec son naturel ?… » s’écria-t-on de toutes parts.

Le pauvre garçon ne savait plus de qui se faire entendre.

« Est-ce que vous avez peur ? lui demanda le colonel Proctor.

— Moi, peur ! s’écria Passepartout. Eh bien, soit ! Je montrerai à ces gens-là qu’un Français peut être aussi Américain qu’eux !

— En voiture ! en voiture ! criait le conducteur.

— Oui ! en voiture, répétait Passepartout, en voiture ! Et tout de suite ! Mais on ne m’empêchera pas de penser qu’il eût été plus naturel de nous faire d’abord passer à pied sur ce pont, nous autres voyageurs, puis le train ensuite !… »

Mais personne n’entendit cette sage réflexion, et personne n’eût voulu en reconnaître la justesse.

Les voyageurs étaient réintégrés dans leur wagon. Passepartout reprit sa place, sans rien dire de ce qui s’était passé. Les joueurs étaient tout entiers à leur whist.

La locomotive siffla vigoureusement. Le mécanicien, renversant la vapeur, ramena son train en arrière pendant près d’un mille, — reculant comme un sauteur qui veut prendre son élan.

Puis, à un second coup de sifflet, la marche en avant recommença : elle s’accéléra ; bientôt la vitesse devint effroyable ; on n’entendait plus qu’un seul hennissement sortant de la locomotive ; les pistons battaient vingt coups à la seconde ; les essieux des roues fumaient dans les boîtes à graisse. On sentait, pour ainsi dire, que le train tout entier, marchant avec une rapidité de cent milles à l’heure, ne pesait plus sur les rails. La vitesse mangeait la pesanteur.

Et l’on passa ! Et ce fut comme un éclair. On ne vit rien du pont. Le convoi sauta, on peut le dire, d’une rive à l’autre, et le mécanicien ne parvint à arrêter sa machine emportée qu’à cinq milles au-delà de la station.

Mais à peine le train avait-il franchi la rivière, que le pont, définitivement ruiné, s’abîmait avec fracas dans le rapide de Medicine-Bow.

tour du monde 3 jours

XXIX où il sera fait le récit d’incidents divers qui ne se rencontrent que sur les rail-roads de l’union.

Le soir même, le train poursuivait sa route sans obstacles, dépassait le fort Sauders, franchissait la passe de Cheyenne et arrivait à la passe d’Evans. En cet endroit, le rail-road atteignait le plus haut point du parcours, soit huit mille quatre-vingt-onze pieds au-dessus du niveau de l’Océan. Les voyageurs n’avaient plus qu’à descendre jusqu’à l’Atlantique sur ces plaines sans limites, nivelées par la nature.

Là se trouvait sur le « grand trunk » l’embranchement de Denver-city, la principale ville du Colorado. Ce territoire est riche en mines d’or et d’argent, et plus de cinquante mille habitants y ont déjà fixé leur demeure.

À ce moment, treize cent quatre-vingt-deux milles avaient été faits depuis San-Francisco, en trois jours et trois nuits. Quatre nuits et quatre jours, selon toute prévision, devaient suffire pour atteindre New-York. Phileas Fogg se maintenait donc dans les délais réglementaires.

Pendant la nuit, on laissa sur la gauche le camp Walbah. Le Lodge-pole-creek courait parallèlement à la voie, en suivant la frontière rectiligne commune aux États du Wyoming et du Colorado. À onze heures, on entrait dans le Nebraska, on passait près du Sedgwick, et l’on touchait à Julesburgh, placé sur la branche sud de Platte-river.

C’est à ce point que se fit l’inauguration de l’Union-pacific-road, le 23 octobre 1867, et dont l’ingénieur en chef fut le général J. M. Dodge . Là s’arrêtèrent les deux puissantes locomotives, remorquant les neuf wagons des invités, au nombre desquels figurait le vice-président, M. Thomas C. Durant  ; là retentirent les acclamations ; là, les Sioux et les Pawnies donnèrent le spectacle d’une petite guerre indienne ; là, les feux d’artifice éclatèrent ; là, enfin, se publia, au moyen d’une imprimerie portative, le premier numéro du journal Railway-Pioneer . Ainsi fut célébrée l’inauguration de ce grand chemin de fer, instrument de progrès et de civilisation, jeté à travers le désert et destiné à relier entre elles des villes et des cités qui n’existaient pas encore. Le sifflet de la locomotive, plus puissant que la lyre d’Amphion, allait bientôt les faire surgir du sol américain.

À huit heures du matin, le fort Mac-Pherson était laissé en arrière. Trois cent cinquante-sept milles séparent ce point d’Omaha. La voie ferrée suivait, sur sa rive gauche, les capricieuses sinuosités de la branche sud de Platte-river. À neuf heures, on arrivait à l’importante ville de North-Platte, bâtie entre ces deux bras du grand cours d’eau, qui se rejoignent autour d’elle pour ne plus former qu’une seule artère, — affluent considérable dont les eaux se confondent avec celles du Missouri, un peu au-dessus d’Omaha.

Le cent-unième méridien était franchi.

tour du monde 3 jours

Mr. Fogg et ses partenaires avaient repris leur jeu. Aucun d’eux ne se plaignait de la longueur de la route, — pas même le mort. Fix avait commencé par gagner quelques guinées, qu’il était en train de reperdre, mais il ne se montrait pas moins passionné que Mr. Fogg. Pendant cette matinée, la chance favorisa singulièrement ce gentleman. Les atouts et les honneurs pleuvaient dans ses mains. À un certain moment, après avoir combiné un coup audacieux, il se préparait à jouer pique, quand, derrière la banquette, une voix se fit entendre, qui disait :

« Moi, je jouerais carreau… »

Mr. Fogg, Mrs. Aouda, Fix, levèrent la tête. Le colonel Proctor était près d’eux.

Stamp W. Proctor et Phileas Fogg se reconnurent aussitôt.

« Ah ! c’est vous, monsieur l’Anglais, s’écria le colonel, c’est vous qui voulez jouer pique !

— Et qui le joue, répondit froidement Phileas Fogg, en abattant un dix de cette couleur.

— Eh bien, il me plaît que ce soit carreau, » répliqua le colonel Proctor d’une voix irritée.

Et il fit un geste pour saisir la carte jouée, en ajoutant :

« Vous n’entendez rien à ce jeu.

— Peut-être serai-je plus habile à un autre, dit Phileas Fogg, qui se leva.

— Il ne tient qu’à vous d’en essayer, fils de John Bull ! » répliqua le grossier personnage.

Mrs. Aouda était devenue pâle. Tout son sang lui refluait au cœur. Elle avait saisi le bras de Phileas Fogg, qui la repoussa doucement. Passepartout était prêt à se jeter sur l’Américain, qui regardait son adversaire de l’air le plus insultant. Mais Fix s’était levé, et, allant au colonel Proctor, il lui dit :

« Vous oubliez que c’est moi à qui vous avez affaire, monsieur, moi que vous avez, non-seulement injurié, mais frappé !

— Monsieur Fix, dit Mr. Fogg, je vous demande pardon, mais ceci me regarde seul. En prétendant que j’avais tort de jouer pique, le colonel m’a fait une nouvelle injure, et il m’en rendra raison.

— Quand vous voudrez, et où vous voudrez, répondit l’Américain, et à l’arme qu’il vous plaira ! »

Mrs. Aouda essaya vainement de retenir Mr. Fogg. L’inspecteur tenta inutilement de reprendre la querelle à son compte. Passepartout voulait jeter le colonel par la portière, mais un signe de son maître l’arrêta. Phileas Fogg quitta le wagon, et l’Américain le suivit sur la passerelle.

« Monsieur, dit Mr. Fogg à son adversaire, je suis fort pressé de retourner en Europe, et un retard quelconque préjudicierait beaucoup à mes intérêts.

— Eh bien ! qu’est-ce que cela me fait ? répondit le colonel Proctor.

— Monsieur, reprit très-poliment Mr. Fogg, après notre rencontre à San-Francisco, j’avais formé le projet de venir vous retrouver en Amérique, dès que j’aurais terminé les affaires qui m’appellent sur l’ancien continent.

— Vraiment !

— Voulez-vous me donner rendez-vous dans six mois ?

— Pourquoi pas dans six ans ?

— Je dis six mois, répondit Mr. Fogg, et je serai exact au rendez-vous.

— Des défaites, tout cela ! s’écria Stamp W. Proctor. Tout de suite ou pas.

— Soit, répondit Mr. Fogg. Vous allez à New-York ?

— Non.

— À Chicago ?

— À Omaha ?

— Peu vous importe ! Connaissez-vous Plum-Creek ?

— Non, répondit Mr. Fogg.

— C’est la station prochaine. Le train y sera dans une heure. Il y stationnera dix minutes. En dix minutes, on peut échanger quelques coups de revolver.

— Soit, répondit Mr. Fogg. Je m’arrêterai à Plum-Creek.

— Et je crois même que vous y resterez ! ajouta l’Américain avec une insolence sans pareille.

— Qui sait, monsieur ? » répondit Mr. Fogg, et il rentra dans son wagon, aussi froid que d’habitude.

Là, le gentleman commença par rassurer Mrs. Aouda, lui disant que les fanfarons n’étaient jamais à craindre. Puis il pria Fix de lui servir de témoin dans la rencontre qui allait avoir lieu. Fix ne pouvait refuser, et Phileas Fogg reprit tranquillement son jeu interrompu, en jouant pique avec un calme parfait.

À onze heures, le sifflet de la locomotive annonça l’approche de la station de Plum-Creek. Mr. Fogg se leva, et, suivi de Fix, il se rendit sur la passerelle. Passepartout l’accompagnait, portant une paire de revolvers. Mrs. Aouda était restée dans le wagon, pâle comme une morte.

En ce moment, la porte de l’autre wagon s’ouvrit, et le colonel Proctor apparut également sur la passerelle, suivi de son témoin, un Yankee de sa trempe. Mais à l’instant où les deux adversaires allaient descendre sur la voie, le conducteur accourut et leur cria :

« On ne descend pas, messieurs.

— Et pourquoi ? demanda le colonel.

— Nous avons vingt minutes de retard, et le train ne s’arrête pas.

— Mais je dois me battre avec monsieur.

— Je le regrette, répondit l’employé, mais nous repartons immédiatement. Voici la cloche qui sonne ! »

La cloche sonnait, en effet, et le train se remit en route.

« Je suis vraiment désolé, messieurs, dit alors le conducteur. En toute autre circonstance, j’aurai pu vous obliger. Mais, après tout, puisque vous n’avez pas eu le temps de vous battre ici, qui vous empêche de vous battre en route ?

— Cela ne conviendra peut-être pas à monsieur ! dit le colonel Proctor d’un air goguenard.

— Cela me convient parfaitement, répondit Phileas Fogg.

— Allons, décidément, nous sommes en Amérique ! pensa Passepartout, et le conducteur de train est un gentleman du meilleur monde ! »

Et ce disant il suivit son maître.

Les deux adversaires, leurs témoins, précédés du conducteur, se rendirent, en passant d’un wagon à l’autre, à l’arrière du train. Le dernier wagon n’était occupé que par une dizaine de voyageurs. Le conducteur leur demanda s’ils voulaient bien, pour quelques instants, laisser la place libre à deux gentlemen qui avaient une affaire d’honneur à vider.

Comment donc ! Mais les voyageurs étaient trop heureux de pouvoir être agréables aux deux gentlemen, et ils se retirèrent sur les passerelles.

Ce wagon, long d’une cinquantaine de pieds, se prêtait très-convenablement à la circonstance. Les deux adversaires pouvaient marcher l’un sur l’autre entre les banquettes et s’arquebuser à leur aise. Jamais duel ne fut plus facile à régler. Mr. Fogg et le colonel Proctor, munis chacun de deux revolvers à six coups, entrèrent dans le wagon. Leurs témoins, restés en dehors, les y enfermèrent. Au premier coup de sifflet de la locomotive, ils devaient commencer le feu… Puis, après un laps de deux minutes, on retirerait du wagon ce qui resterait des deux gentlemen.

Rien de plus simple en vérité. C’était même si simple, que Fix et Passepartout sentaient leur cœur battre à se briser.

On attendait donc le coup de sifflet convenu, quand soudain des cris sauvages retentirent. Des détonations les accompagnèrent, mais elles ne venaient point du wagon réservé aux duellistes. Ces détonations se prolongeaient, au contraire, jusqu’à l’avant et sur toute la ligne du train. Des cris de frayeur se faisaient entendre à l’intérieur du convoi.

Le colonel Proctor et Mr. Fogg, revolver au poing, sortirent aussitôt du wagon et se précipitèrent vers l’avant, où retentissaient plus bruyamment les détonations et les cris.

Ils avaient compris que le train était attaqué par une bande de Sioux.

Ces hardis Indiens n’en étaient pas à leur coup d’essai, et plus d’une fois déjà ils avaient arrêté les convois. Suivant leur habitude, sans attendre l’arrêt du train, s’élançant sur les marchepieds au nombre d’une centaine, ils avaient escaladé les wagons comme fait un clown d’un cheval au galop.

Ces Sioux étaient munis de fusils. De là les détonations auxquelles les voyageurs, presque tous armés, ripostaient par des coups de revolver. Tout d’abord, les Indiens s’étaient précipités sur la machine. Le mécanicien et le chauffeur avaient été à demi assommés à coups de casse-tête. Un chef sioux, voulant arrêter le train, mais ne sachant pas manœuvrer la manette du régulateur, avait largement ouvert l’introduction de la vapeur au lieu de la fermer, et la locomotive, emportée, courait avec une vitesse effroyable.

tour du monde 3 jours

En même temps, les Sioux avaient envahi les wagons, ils couraient comme des singes en fureur sur les impériales, ils enfonçaient les portières et luttaient corps à corps avec les voyageurs. Hors du wagon de bagages, forcé et pillé, les colis étaient précipités sur la voie. Cris et coups de feu ne discontinuaient pas.

Cependant les voyageurs se défendaient avec courage. Certains wagons, barricadés, soutenaient un siège, comme de véritables forts ambulants, emportés avec une rapidité de cent milles à l’heure.

Dès le début de l’attaque, Mrs. Aouda s’était courageusement comportée. Le revolver à la main, elle se défendait héroïquement, tirant à travers les vitres brisées, lorsque quelque sauvage se présentait à elle. Une vingtaine de Sioux, frappés à mort, étaient tombés sur la voie, et les roues des wagons écrasaient comme des vers ceux d’entre eux qui glissaient sur les rails du haut des passerelles.

Plusieurs voyageurs, grièvement atteints par les balles ou les casse-tête, gisaient sur les banquettes.

Cependant il fallait en finir. Cette lutte durait déjà depuis dix minutes, et ne pouvait que se terminer à l’avantage des Sioux, si le train ne s’arrêtait pas. En effet, la station du fort Kearney n’était pas à deux milles de distance. Là se trouvait un poste américain, mais ce poste passé, entre le fort Kearney et la station suivante les Sioux seraient les maîtres du train.

Le conducteur se battait aux côtés de Mr. Fogg, quand une balle le renversa. En tombant, cet homme s’écria :

« Nous sommes perdus, si le train ne s’arrête pas avant cinq minutes !

— Il s’arrêtera ! dit Phileas Fogg, qui voulut s’élancer hors du wagon.

— Restez, monsieur, lui cria Passepartout. Cela me regarde ! »

Phileas Fogg n’eut pas le temps d’arrêter ce courageux garçon, qui, ouvrant une portière sans être vu des Indiens, parvint à se glisser sous le wagon. Et alors, tandis que la lutte continuait, pendant que les balles se croisaient au-dessus de sa tête, retrouvant son agilité, sa souplesse de clown, se faufilant sous les wagons, s’accrochant aux chaînes, s’aidant du levier des freins et des longerons des châssis, rampant d’une voiture à l’autre avec une adresse merveilleuse, il gagna ainsi l’avant du train. Il n’avait pas été vu, il n’avait pu l’être.

tour du monde 3 jours

Là, suspendu d’une main entre le wagon des bagages et le tender, de l’autre il décrocha les chaînes de sûreté ; mais par suite de la traction opérée, il n’aurait jamais pu parvenir à dévisser la barre d’attelage, si une secousse que la machine éprouva n’eût fait sauter cette barre, et le train, détaché, resta peu à peu en arrière, tandis que la locomotive s’enfuyait avec une nouvelle vitesse.

Emporté par la force acquise, le train roula encore pendant quelques minutes, mais les freins furent manœuvrés à l’intérieur des wagons, et le convoi s’arrêta enfin, à moins de cent pas de la station de Kearney.

Là, les soldats du fort, attirés par les coups de feu, accoururent en hâte. Les Sioux ne les avaient pas attendus, et, avant l’arrêt complet du train, toute la bande avait décampé.

Mais quand les voyageurs se comptèrent sur le quai de la station, ils reconnurent que plusieurs manquaient à l’appel, et entre autres le courageux Français dont le dévouement venait de les sauver.

XXX dans lequel phileas fogg fait tout simplement son devoir.

Trois voyageurs, Passepartout compris, avaient disparu. Avaient-ils été tués dans la lutte ? Étaient-ils prisonniers des Sioux ? On ne pouvait encore le savoir.

Les blessés étaient assez nombreux, mais on reconnut qu’aucun n’était atteint mortellement. Un des plus grièvement frappé, c’était le colonel Proctor, qui s’était bravement battu, et qu’une balle à l’aine avait renversé. Il fut transporté à la gare avec d’autres voyageurs, dont l’état réclamait des soins immédiats.

Mrs. Aouda était sauve. Phileas Fogg, qui ne s’était pas épargné, n’avait pas une égratignure. Fix était blessé au bras, blessure sans importance. Mais Passepartout manquait, et des larmes coulaient des yeux de la jeune femme.

Cependant tous les voyageurs avaient quitté le train. Les roues des wagons étaient tachées de sang. Aux moyeux et aux rayons pendaient d’informes lambeaux de chair. On voyait à perte de vue sur la plaine blanche de longues traînées rouges. Les derniers Indiens disparaissaient alors dans le sud, du côté de Republican-river.

Mr. Fogg, les bras croisés, restait immobile. Il avait une grave décision à prendre. Mrs. Aouda, près de lui, le regardait sans prononcer une parole… Il comprit ce regard. Si son serviteur était prisonnier, ne devait-il pas tout risquer pour l’arracher aux Indiens ?…

« Je le retrouverai mort ou vivant, dit-il simplement à Mrs. Aouda.

— Ah ! monsieur… monsieur Fogg ! s’écria la jeune femme, en saisissant les mains de son compagnon qu’elle couvrit de larmes.

— Vivant ! ajouta Mr. Fogg, si nous ne perdons pas une minute ! »

Par cette résolution, Phileas Fogg se sacrifiait tout entier. Il venait de prononcer sa ruine. Un seul jour de retard lui faisait manquer le paquebot à New-York. Son pari était irrévocablement perdu. Mais devant cette pensée : « C’est mon devoir ! » il n’avait pas hésité.

Le capitaine commandant le fort Kearney était là. Ses soldats — une centaine d’hommes environ — s’étaient mis sur la défensive pour le cas où les Sioux auraient dirigé une attaque directe contre la gare.

« Monsieur, dit Mr. Fogg au capitaine, trois voyageurs ont disparu.

— Morts ? demanda le capitaine.

— Morts ou prisonniers, répondit Phileas Fogg. Là est une incertitude qu’il faut faire cesser. Votre intention est-elle de poursuivre les Sioux ?

— Cela est grave, monsieur, dit le capitaine. Ces Indiens peuvent fuir jusqu’au-delà de l’Arkansas ! Je ne saurais abandonner le fort qui m’est confié.

— Monsieur, reprit Phileas Fogg, il s’agit de la vie de trois hommes.

— Sans doute… mais puis-je risquer la vie de cinquante pour en sauver trois ?

— Je ne sais si vous le pouvez, monsieur, mais vous le devez.

— Monsieur, répondit le capitaine, personne ici n’a à m’apprendre quel est mon devoir.

— Soit, dit froidement Phileas Fogg. J’irai seul !

— Vous, monsieur ! s’écria Fix, qui s’était approché, aller seul à la poursuite des Indiens !

— Voulez-vous donc que je laisse périr ce malheureux, à qui tout ce qui est vivant ici doit la vie ? J’irai.

— Eh bien, non, vous n’irez pas seul ! s’écria le capitaine, ému malgré lui. Non ! Vous êtes un brave cœur !… Trente hommes de bonne volonté ! » ajouta-t-il en se tournant vers ses soldats.

Toute la compagnie s’avança en masse. Le capitaine n’eut qu’à choisir parmi ces braves gens. Trente soldats furent désignés, et un vieux sergent se mit à leur tête.

« Merci, capitaine ! dit Mr. Fogg.

— Vous me permettrez de vous accompagner ? demanda Fix au gentleman.

— Vous ferez comme il vous plaira, monsieur, lui répondit Phileas Fogg. Mais si vous voulez me rendre service, vous resterez près de Mrs. Aouda. Au cas où il m’arriverait malheur… »

Une pâleur subite envahit la figure de l’inspecteur de police. Se séparer de l’homme qu’il avait suivi pas à pas et avec tant de persistance ! Le laisser s’aventurer ainsi dans ce désert ! Fix regarda attentivement le gentleman, et, quoi qu’il en eût, malgré ses préventions, en dépit du combat qui se livrait en lui, il baissa les yeux devant ce regard calme et franc.

« Je resterai, » dit-il.

Quelques instants après, Mr. Fogg avait serré la main de la jeune femme ; puis, après lui avoir remis son précieux sac de voyage, il partait avec le sergent et sa petite troupe.

Mais avant de partir, il avait dit aux soldats :

« Mes amis, il y a mille livres pour vous si nous sauvons les prisonniers ! »

Il était alors midi et quelques minutes.

Mrs. Aouda s’était retirée dans une chambre de la gare, et là, seule, elle attendait, songeant à Phileas Fogg, à cette générosité simple et grande, à ce tranquille courage. Mr. Fogg avait sacrifié sa fortune, et maintenant il jouait sa vie, tout cela sans hésitation, par devoir, sans phrases. Phileas Fogg était un héros à ses yeux.

L’inspecteur Fix, lui, ne pensait pas ainsi, et il ne pouvait contenir son agitation. Il se promenait fébrilement sur le quai de la gare. Un moment subjugué, il redevenait lui-même. Fogg parti, il comprenait la sottise qu’il avait faite de le laisser partir. Quoi ! cet homme qu’il venait de suivre autour du monde, il avait consenti à s’en séparer ! Sa nature reprenait le dessus, il s’incriminait, il s’accusait, il se traitait comme s’il eût été le directeur de la police métropolitaine, admonestant un agent pris en flagrant délit de naïveté.

« J’ai été inepte ! pensait-il. L’autre lui aura appris qui j’étais ! Il est parti, il ne reviendra pas ! Où le reprendre maintenant ? Mais comment ai-je pu me laisser fasciner ainsi, moi, Fix, moi, qui ai en poche son ordre d’arrestation ! Décidément je ne suis qu’une bête ! »

Ainsi raisonnait l’inspecteur de police, tandis que les heures s’écoulaient si lentement à son gré. Il ne savait que faire. Quelquefois, il avait envie de tout dire à Mrs. Aouda. Mais il comprenait comment il serait reçu par la jeune femme. Quel parti prendre ? Il était tenté de s’en aller à travers les longues plaines blanches, à la poursuite de ce Fogg ! Il ne lui semblait pas impossible de le retrouver. Les pas du détachement étaient encore imprimés sur la neige !… Mais bientôt, sous une couche nouvelle, toute empreinte s’effaça.

Alors le découragement prit Fix. Il éprouva comme une insurmontable envie d’abandonner la partie. Or, précisément, cette occasion de quitter la station de Kearney et de poursuivre ce voyage, si fécond en déconvenues, lui fut offerte.

tour du monde 3 jours

En effet, vers deux heures après midi, pendant que la neige tombait à gros flocons, on entendit de longs sifflets qui venaient de l’est. Une énorme ombre, précédée d’une lueur fauve, s’avançait lentement, considérablement grandie par les brumes, qui lui donnaient un aspect fantastique.

Cependant on n’attendait encore aucun train venant de l’est. Les secours réclamés par le télégraphe ne pouvaient arriver sitôt, et le train d’Omaha à San-Francisco ne devait passer que le lendemain. — On fut bientôt fixé.

Cette locomotive qui marchait à petite vapeur, en jetant de grands coups de sifflet, c’était celle qui, après avoir été détachée du train, avait continué sa route avec une si effrayante vitesse, emportant le chauffeur et le mécanicien inanimés. Elle avait couru sur les rails pendant plusieurs milles ; puis, le feu avait baissé, faute de combustible ; la vapeur s’était détendue, et une heure après, ralentissant peu à peu sa marche, la machine s’arrêtait enfin à vingt milles au-delà de la station de Kearney.

Ni le mécanicien, ni le chauffeur n’avaient succombé, et, après un évanouissement assez prolongé, ils étaient revenus à eux.

La machine était alors arrêtée. Quand il se vit dans le désert, la locomotive seule, n’ayant plus de wagons à sa suite, le mécanicien comprit ce qui s’était passé. Comment la locomotive avait été détachée du train, il ne put le deviner, mais il n’était pas douteux, pour lui, que le train, resté en arrière, se trouvât en détresse.

Le mécanicien n’hésita pas sur ce qu’il devait faire. Continuer la route dans la direction d’Omaha était prudent ; retourner vers le train, que les Indiens pillaient peut-être encore, était dangereux… N’importe ! Des pelletées de charbon et de bois furent engouffrées dans le foyer de sa chaudière, le feu se ranima, la pression monta de nouveau, et, vers deux heures après midi, la machine revenait en arrière vers la station de Kearney. C’était elle qui sifflait dans la brume.

Ce fut une grande satisfaction pour les voyageurs, quand ils virent la locomotive se mettre en tête du train. Ils allaient pouvoir continuer ce voyage si malheureusement interrompu.

À l’arrivée de la machine, Mrs. Aouda avait quitté la gare, et s’adressant au conducteur :

« Vous allez partir ? lui demanda-t-elle.

— À l’instant, madame.

— Mais ces prisonniers… nos malheureux compagnons…

— Je ne puis interrompre le service, répondit le conducteur. Nous avons déjà trois heures de retard.

— Et quand passera l’autre train venant de San-Francisco ?

— Demain soir, madame.

— Demain soir ! mais il sera trop tard. Il faut attendre…

— C’est impossible, répondit le conducteur. Si vous voulez partir, montez en voiture.

— Je ne partirai pas », répondit la jeune femme.

Fix avait entendu cette conversation. Quelques instants auparavant, quand tout moyen de locomotion lui manquait, il était décidé à quitter Kearney, et maintenant que le train était là, prêt à s’élancer, qu’il n’avait plus qu’à reprendre sa place dans le wagon, une irrésistible force le rattachait au sol. Ce quai de la gare lui brûlait les pieds, et il ne pouvait s’en arracher. Le combat recommençait en lui. La colère de l’insuccès l’étouffait. Il voulait lutter jusqu’au bout.

Cependant les voyageurs et quelques blessés — entre autres le colonel Proctor, dont l’état était grave — avaient pris place dans les wagons. On entendait les bourdonnements de la chaudière surchauffée, et la vapeur s’échappait par les soupapes. Le mécanicien siffla, le train se mit en marche, et disparut bientôt, mêlant sa fumée blanche au tourbillon des neiges.

L’inspecteur Fix était resté.

Quelques heures s’écoulèrent. Le temps était fort mauvais, le froid très-vif. Fix, assis sur un banc dans la gare, restait immobile. On eût pu croire qu’il dormait. Mrs. Aouda, malgré la rafale, quittait à chaque instant la chambre qui avait été mise à sa disposition. Elle venait à l’extrémité du quai, cherchant à voir à travers la tempête de neige, voulant percer cette brume qui réduisait l’horizon autour d’elle, écoutant si quelque bruit se ferait entendre. Mais rien. Elle rentrait alors, toute transie, pour revenir quelques moments plus tard, et toujours inutilement.

Le soir se fit. Le petit détachement n’était pas de retour. Où était-il en ce moment ? Avait-il pu rejoindre les Indiens ? Y avait-il eu lutte, ou ces soldats, perdus dans la brume, erraient-ils au hasard ? Le capitaine du fort Kearney était très-inquiet, bien qu’il ne voulût rien laisser paraître de son inquiétude.

La nuit vint, la neige tomba moins abondamment, mais l’intensité du froid s’accrut. Le regard le plus intrépide n’eût pas considéré sans épouvante cette obscure immensité. Un absolu silence régnait sur la plaine. Ni le vol d’un oiseau, ni la passée d’un fauve, n’en troublait le calme infini.

Pendant toute cette nuit, Mrs. Aouda, l’esprit plein de pressentiments sinistres, le cœur rempli d’angoisses, erra sur la lisière de la prairie. Son imagination l’emportait au loin et lui montrait mille dangers. Ce qu’elle souffrit pendant ces longues heures ne saurait s’exprimer.

Fix était toujours immobile à la même place, mais, lui non plus, il ne dormait pas. À un certain moment, un homme s’était approché, lui avait parlé même, mais l’agent l’avait renvoyé, après avoir répondu à ses paroles par un signe négatif.

La nuit s’écoula ainsi. À l’aube, le disque à demi éteint du soleil se leva sur un horizon embrumé. Cependant la portée du regard pouvait s’étendre à une distance de deux milles. C’était vers le sud que Phileas Fogg et le détachement s’étaient dirigés… Le sud était absolument désert. Il était alors sept heures du matin.

Le capitaine, extrêmement soucieux, ne savait quel parti prendre. Devait-il envoyer un second détachement au secours du premier ? Devait-il sacrifier de nouveaux hommes avec si peu de chances de sauver ceux qui étaient sacrifiés tout d’abord ? Mais son hésitation ne dura pas, et d’un geste, appelant un de ses lieutenants, il lui donnait l’ordre de pousser une reconnaissance dans le sud, — quand des coups de feu éclatèrent. Était-ce un signal ? Les soldats se jetèrent hors du fort, et à un demi-mille ils aperçurent une petite troupe qui revenait en bon ordre.

Mr. Fogg marchait en tête, et près de lui Passepartout et les deux autres voyageurs, arrachés aux mains des Sioux.

Il y avait eu combat à dix milles au sud de Kearney. Peu d’instants avant l’arrivée du détachement, Passepartout et ses deux compagnons luttaient déjà contre leurs gardiens, et le Français en avait assommé trois à coups de poing, quand son maître et les soldats se précipitèrent à leur secours.

tour du monde 3 jours

Tous, les sauveurs et les sauvés, furent accueillis par des cris de joie, et Phileas Fogg distribua aux soldats la prime qu’il leur avait promise, tandis que Passepartout se répétait, non sans quelque raison :

« Décidément, il faut avouer que je coûte cher à mon maître ! »

Fix, sans prononcer une parole, regardait Mr. Fogg, et il eût été difficile d’analyser les impressions qui se combattaient alors en lui. Quant à Mrs. Aouda, elle avait pris la main du gentleman, et elle la serrait dans les siennes, sans pouvoir prononcer une parole !

Cependant Passepartout, dès son arrivée, avait cherché le train dans la gare. Il croyait le trouver là, prêt à filer sur Omaha, et il espérait que l’on pourrait encore regagner le temps perdu.

« Le train, le train ! s’écria-t-il.

— Parti, répondit Fix.

— Et le train suivant, quand passera-t-il ? demanda Phileas Fogg.

— Ce soir seulement.

— Ah ! » répondit simplement l’impassible gentleman.

XXXI dans lequel l’inspecteur fix prend très-sérieusement les intérêts de phileas fogg.

Phileas Fogg se trouvait en retard de vingt heures. Passepartout, la cause involontaire de ce retard, était désespéré. Il avait décidément ruiné son maître !

En ce moment, l’inspecteur s’approcha de Mr. Fogg, et, le regardant bien en face :

« Très-sérieusement, monsieur, lui demanda-t-il, vous êtes pressé ?

— Très-sérieusement, répondit Phileas Fogg.

— J’insiste, reprit Fix. Vous avez bien intérêt à être à New-York le 11, avant neuf heures du soir, heure du départ du paquebot de Liverpool ?

— Un intérêt majeur.

— Et si votre voyage n’eût pas été interrompu par cette attaque d’Indiens, vous seriez arrivé à New-York le 11, dès le matin ?

— Oui, avec douze heures d’avance sur le paquebot.

— Bien. Vous avez donc vingt heures de retard. Entre vingt et douze, l’écart est de huit. C’est huit heures à regagner. Voulez-vous tenter de le faire ?

— À pied ? demanda Mr. Fogg.

— Non, en traîneau, répondit Fix, en traîneau à voiles. Un homme m’a proposé ce moyen de transport. »

C’était l’homme qui avait parlé à l’inspecteur de police pendant la nuit, et dont Fix avait refusé l’offre.

Phileas Fogg ne répondit pas à Fix ; mais Fix lui ayant montré l’homme en question qui se promenait devant la gare, le gentleman alla à lui. Un instant après, Phileas Fogg et cet Américain, nommé Mudge, entraient dans une hutte construite au bas du fort Kearney.

Là, Mr. Fogg examina un assez singulier véhicule, sorte de châssis, établi sur deux longues poutres, un peu relevées à l’avant comme les semelles d’un traîneau, et sur lequel cinq ou six personnes pouvaient prendre place. Au tiers du châssis, sur l’avant, se dressait un mât très-élevé, sur lequel s’enverguait une immense brigantine. Ce mât, solidement retenu par des haubans métalliques, tendait un étai de fer qui servait à guinder un foc de grande dimension. À l’arrière, une sorte de gouvernail-godille permettait de diriger l’appareil.

C’était, on le voit, un traîneau gréé en sloop. Pendant l’hiver, sur la plaine glacée, lorsque les trains sont arrêtés par les neiges, ces véhicules font des traversées extrêmement rapides d’une station à l’autre. Ils sont, d’ailleurs, prodigieusement voilés — plus voilés même que ne peut l’être un cotre de course, exposé à chavirer, — et, vent arrière, ils glissent à la surface des prairies avec une rapidité égale, sinon supérieure, à celle des express.

En quelques instants, un marché fut conclu entre Mr. Fogg et le patron de cette embarcation de terre. Le vent était bon. Il soufflait de l’ouest en grande brise. La neige était durcie, et Mudge se faisait fort de conduire Mr. Fogg en quelques heures à la station d’Omaha. Là, les trains sont fréquents et les voies nombreuses, qui conduisent à Chicago et à New-York. Il n’était pas impossible que le retard fût regagné. Il n’y avait donc pas à hésiter à tenter l’aventure.

Mr. Fogg, ne voulant pas exposer Mrs. Aouda aux tortures d’une traversée en plein air, par ce froid que la vitesse rendrait plus insupportable encore, lui proposa de rester sous la garde de Passepartout à la station de Kearney. L’honnête garçon se chargerait de ramener la jeune femme en Europe par une route meilleure et dans des conditions plus acceptables.

Mrs. Aouda refusa de se séparer de Mr. Fogg, et Passepartout se sentit très-heureux de cette détermination. En effet, pour rien au monde il n’eût voulu quitter son maître, puisque Fix devait l’accompagner.

Quant à ce que pensait alors l’inspecteur de police, ce serait difficile à dire. Sa conviction avait-elle été ébranlée par le retour de Phileas Fogg, ou bien le tenait-il pour un coquin extrêmement fort, qui, son tour du monde accompli, devait croire qu’il serait absolument en sûreté en Angleterre ? Peut-être l’opinion de Fix touchant Phileas Fogg était-elle en effet modifiée. Mais il n’en était pas moins décidé à faire son devoir et, plus impatient que tous, à presser de tout son pouvoir le retour en Angleterre.

À huit heures, le traîneau était prêt à partir. Les voyageurs — on serait tenté de dire les passagers — y prenaient place et se serraient étroitement dans leurs couvertures de voyage. Les deux immenses voiles étaient hissées, et, sous l’impulsion du vent, le véhicule filait sur la neige durcie avec une rapidité de quarante milles à l’heure.

La distance qui sépare le fort Kearney d’Omaha est, en droite ligne, — à vol d’abeille, comme disent les Américains, — de deux cents milles au plus. Si le vent tenait, en cinq heures cette distance pouvait être franchie. Si aucun incident ne se produisait, à une heure après midi le traîneau devait avoir atteint Omaha.

tour du monde 3 jours

Quelle traversée ! Les voyageurs, pressés les uns contre les autres, ne pouvaient se parler. Le froid, accru par la vitesse, leur eût coupé la parole. Le traîneau glissait aussi légèrement à la surface de la plaine qu’une embarcation à la surface des eaux, — avec la houle en moins. Quand la brise arrivait en rasant la terre, il semblait que le traîneau fût enlevé du sol par ses voiles, vastes ailes d’une immense envergure. Mudge, au gouvernail, se maintenait dans la ligne droite, et, d’un coup de godille, il rectifiait les embardées que l’appareil tendait à faire. Toute la toile portait. Le foc avait été perqué et n’était plus abrité par la brigantine. Un mât de hune fut guindé, et une flèche, tendue au vent, ajouta sa puissance d’impulsion à celle des autres voiles. On ne pouvait l’estimer, mathématiquement, mais certainement la vitesse du traîneau ne devait pas être moindre de quarante milles à l’heure.

« Si rien ne casse, dit Mudge, nous arriverons ! »

Et Mudge avait intérêt à arriver dans le délai convenu, car Mr. Fogg, fidèle à son système, l’avait alléché par une forte prime.

La prairie, que le traîneau coupait en ligne droite, était plate comme une mer. On eût dit un immense étang glacé. Le rail-road qui desservait cette partie du territoire remontait, du sud-ouest au nord-ouest, par Grand-Island, Columbus, ville importante du Nebraska, Schuyler, Fremont, puis Omaha. Il suivait pendant tout son parcours la rive droite de Platte-river. Le traîneau, abrégeant cette route, prenait la corde de l’arc décrit par le chemin de fer. Mudge ne pouvait craindre d’être arrêté par la Platte-river, à ce petit coude qu’elle fait en avant de Fremont, puisque ses eaux étaient glacées. Le chemin était donc entièrement débarrassé d’obstacles, et Phileas Fogg n’avait donc que deux circonstances à redouter : une avarie à l’appareil, un changement ou une tombée du vent.

Mais la brise ne mollissait pas. Au contraire. Elle soufflait à courber le mât, que les haubans de fer maintenaient solidement. Ces filins métalliques, semblables aux cordes d’un instrument, résonnaient comme si un archet eût provoqué leurs vibrations. Le traîneau s’enlevait au milieu d’une harmonie plaintive, d’une intensité toute particulière.

« Ces cordes donnent la quinte et l’octave, » dit Mr. Fogg.

Et ce furent les seules paroles qu’il prononça pendant cette traversée. Mrs. Aouda, soigneusement empaquetée dans les fourrures et les couvertures de voyage, était, autant que possible, préservée des atteintes du froid.

Quant à Passepartout, la face rouge comme le disque solaire quand il se couche dans les brumes, il humait cet air piquant. Avec le fond d’imperturbable confiance qu’il possédait, il s’était repris à espérer. Au lieu d’arriver le matin à New-York, on y arriverait le soir, mais il y avait encore quelques chances pour que ce fût avant le départ du paquebot de Liverpool.

Passepartout avait même éprouvé une forte envie de serrer la main de son allié Fix. Il n’oubliait pas que c’était l’inspecteur lui-même qui avait procuré le traîneau à voiles, et, par conséquent, le seul moyen qu’il y eût de gagner Omaha en temps utile. Mais, par on ne sait quel pressentiment, il se tint dans sa réserve accoutumée.

En tout cas, une chose que Passepartout n’oublierait jamais, c’était le sacrifice que Mr. Fogg avait fait, sans hésiter, pour l’arracher aux mains des Sioux. À cela, Mr. Fogg avait risqué sa fortune et sa vie… Non ! son serviteur ne l’oublierait pas !

tour du monde 3 jours

Pendant que chacun des voyageurs se laissait aller à des réflexions si diverses, le traîneau volait sur l’immense tapis de neige. S’il passait quelques creeks, affluents ou sous-affluents de la Little-Blue-river, on ne s’en apercevait pas. Les champs et les cours d’eau disparaissaient sous une blancheur uniforme. La plaine était absolument déserte. Comprise entre l’Union-Pacific-road et l’embranchement qui doit réunir Kearney à Saint-Joseph, elle formait comme une grande île inhabitée. Pas un village, pas une station, pas même un fort. De temps en temps, on voyait passer comme un éclair quelque arbre grimaçant, dont le blanc squelette se tordait sous la brise. Parfois, des bandes d’oiseaux sauvages s’enlevaient du même vol. Parfois aussi, quelques loups de prairies, en troupes nombreuses, maigres, affamés, poussés par un besoin féroce, luttaient de vitesse avec le traîneau. Alors Passepartout, le revolver à la main, se tenait prêt à faire feu sur les plus rapprochés. Si quelque accident eût alors arrêté le traîneau, les voyageurs, attaqués par ces féroces carnassiers, auraient couru les plus grands risques. Mais le traîneau tenait bon, il ne tardait pas à prendre de l’avance, et bientôt toute la bande hurlante restait en arrière.

À midi, Mudge reconnut à quelques indices qu’il passait le cours glacé de la Platte-river. Il ne dit rien, mais il était déjà sûr que, vingt milles plus loin, il aurait atteint la station d’Omaha.

Et, en effet, il n’était pas une heure, que ce guide habile, abandonnant la barre, se précipitait aux drisses des voiles et les amenait en bande, pendant que le traîneau, emporté par son irrésistible élan, franchissait encore un demi-mille à sec de toile. Enfin il s’arrêta, et Mudge, montrant un amas de toits blancs de neige, disait :

« Nous sommes arrivés. »

Arrivés ! Arrivés, en effet, à cette station qui, par des trains nombreux, est quotidiennement en communication avec l’est des États-Unis !

Passepartout et Fix avaient sauté à terre et secouaient leurs membres engourdis. Ils aidèrent Mr. Fogg et la jeune femme à descendre du traîneau. Phileas Fogg régla généreusement avec Mudge, auquel Passepartout serra la main comme à un ami, et tous se précipitèrent vers la gare d’Omaha.

C’est à cette importante cité du Nebraska que s’arrête le chemin de fer du Pacifique proprement dit, qui met le bassin du Mississippi en communication avec le grand Océan. Pour aller d’Omaha à Chicago, le rail-road, sous le nom de « Chicago-Rock-island-road », court directement dans l’est en desservant cinquante stations.

Un train direct était prêt à partir. Phileas Fogg et ses compagnons n’eurent que le temps de se précipiter dans un wagon. Ils n’avaient rien vu d’Omaha, mais Passepartout s’avoua à lui-même qu’il n’y avait pas lieu de le regretter, et que ce n’était pas de voir qu’il s’agissait.

Avec une extrême rapidité, ce train passa dans l’État d’Iowa, par Council-Bluffs, des Moines, Iowa-city. Pendant la nuit, il traversait le Mississippi à Davenport, et par Rock-Island il entrait dans l’Illinois. Le lendemain, 10, à quatre heures du soir, il arrivait à Chicago, déjà relevée de ses ruines , et plus fièrement assise que jamais sur les bords de son beau lac Michigan.

Neuf cents milles séparent Chicago de New-York. Les trains ne manquaient pas à Chicago. Mr. Fogg passa immédiatement de l’un dans l’autre. La fringante locomotive du « Pittsburg-Fort-Wayne-Chicago-rail-road » partit à toute vitesse, comme si elle eût compris que l’honorable gentleman n’avait pas de temps à perdre. Elle traversa comme un éclair l’Indiana, l’Ohio, la Pennsylvanie, le New-Jersey, passant par des villes aux noms antiques, dont quelques-unes avaient des rues et des tramways, mais pas de maisons encore. Enfin l’Hudson apparut, et, le 11 décembre, à onze heures un quart du soir, le train s’arrêtait dans la gare, sur la rive droite du fleuve, devant le « pier » même des steamers de la ligne Cunard , autrement dite « British and north American royal mail steam packet Co. »

Le China , à destination de Liverpool, était parti depuis quarante-cinq minutes !

XXXII dans lequel phileas fogg engage une lutte directe contre la mauvaise chance

En partant, le China semblait avoir emporté avec lui le dernier espoir de Phileas Fogg.

En effet, aucun des autres paquebots qui font le service direct entre l’Amérique et l’Europe, ni les transatlantiques français, ni les navires du «  White-Star-line  », ni les steamers de la Compagnie Imman , ni ceux de la ligne Hambourgeoise , ni autres, ne pouvaient servir les projets du gentleman.

En effet, le Pereire , de la Compagnie transatlantique française — dont les admirables bâtiments égalent en vitesse et surpassent en confortable tous ceux des autres lignes, sans exception, — ne partait que le surlendemain, 14 décembre. Et d’ailleurs, de même que ceux de la Compagnie hambourgeoise, il n’allait pas directement à Liverpool ou à Londres, mais au Havre, et cette traversée supplémentaire du Havre à Southampton, en retardant Phileas Fogg, eût annulé ses derniers efforts.

Quant aux paquebots Imman, dont l’un, le City-of-Paris , mettait en mer le lendemain, il n’y fallait pas songer. Ces navires sont particulièrement affectés au transport des émigrants, leurs machines sont faibles, ils naviguent autant à la voile qu’à la vapeur, et leur vitesse est médiocre. Ils employaient à cette traversée de New-York à l’Angleterre plus de temps qu’il n’en restait à Mr. Fogg pour gagner son pari.

De tout ceci le gentleman se rendit parfaitement compte en consultant son Bradshaw , qui lui donnait, jour par jour, les mouvements de la navigation transocéanienne.

Passepartout était anéanti. Avoir manqué le paquebot de quarante-cinq minutes, cela le tuait. C’était sa faute à lui, qui, au lieu d’aider son maître, n’avait cessé de semer des obstacles sur sa route ! Et quand il revoyait dans son esprit tous les incidents du voyage, quand il supputait les sommes dépensées en pure perte et dans son seul intérêt, quand il songeait que cet énorme pari, en y joignant les frais considérables de ce voyage devenu inutile, ruinait complètement Mr. Fogg, il s’accablait d’injures.

Mr. Fogg ne lui fit, cependant, aucun reproche, et, en quittant le pier des paquebots transatlantiques, il ne dit que ces mots :

« Nous aviserons demain. Venez. »

Mr. Fogg, Mrs. Aouda, Fix, Passepartout traversèrent l’Hudson dans le Jersey-city-ferry-boat, et montèrent dans un fiacre, qui les conduisit à l’hôtel Saint-Nicolas , dans Broadway. Des chambres furent mises à leur disposition, et la nuit se passa, courte pour Phileas Fogg, qui dormit d’un sommeil parfait, mais bien longue pour Mrs. Aouda et ses compagnons, auxquels leur agitation ne permit pas de reposer.

Le lendemain, c’était le 12 décembre. Du 12, sept heures du matin, au 21, huit heures quarante-cinq minutes du soir, il restait neuf jours treize heures et quarante-cinq minutes. Si donc Phileas Fogg fût parti la veille par le China , l’un des meilleurs marcheurs de la ligne Cunard, il serait arrivé à Liverpool, puis à Londres, dans les délais voulus !

Mr. Fogg quitta l’hôtel, seul, après avoir recommandé à son domestique de l’attendre et de prévenir Mrs. Aouda de se tenir prête à tout instant.

Mr. Fogg se rendit aux rives de l’Hudson, et parmi les navires amarrés au quai ou ancrés dans le fleuve, il rechercha avec soin ceux qui étaient en partance. Plusieurs bâtiments avaient leur guidon de départ et se préparaient à prendre la mer à la marée du matin, car dans cet immense et admirable port de New-York, il n’est pas de jour où cent navires ne fassent route pour tous les points du monde ; mais la plupart étaient des bâtiments à voiles, et ils ne pouvaient convenir à Phileas Fogg.

Ce gentleman semblait devoir échouer dans sa dernière tentative, quand il aperçut, mouillé devant la Batterie , à une encablure au plus, un navire de commerce à hélice, de formes fines, dont la cheminée, laissant échapper de gros flocons de fumée, indiquait qu’il se préparait à appareiller.

Phileas Fogg héla un canot, s’y embarqua, et, en quelques coups d’aviron, il se trouvait à l’échelle de l’ Henrietta , steamer à coque de fer, dont tous les hauts étaient en bois.

Le capitaine de l’ Henrietta était à bord. Phileas Fogg monta sur le pont et fit demander le capitaine. Celui-ci se présenta aussitôt.

C’était un homme de cinquante ans, une sorte de loup de mer, un bougon qui ne devait pas être commode. Gros yeux, teint de cuivre oxydé, cheveux rouges, forte encolure, — rien de l’aspect d’un homme du monde.

« Le capitaine ? demanda Mr. Fogg.

— C’est moi.

— Je suis Phileas Fogg, de Londres.

— Et moi, Andrew Speedy, de Cardif.

— Vous allez partir ?…

— Dans une heure.

— Vous êtes chargé pour… ?

— Bordeaux.

— Et votre cargaison ?

— Des cailloux dans le ventre. Pas de fret. Je pars sur lest.

— Vous avez des passagers ?

— Pas de passagers. Jamais de passagers. Marchandise encombrante et raisonnante.

— Votre navire marche bien ?

— Entre onze et douze nœuds. L’ Henrietta , bien connue.

— Voulez-vous me transporter à Liverpool, moi et trois personnes ?

— À Liverpool ? Pourquoi pas en Chine ?

— Je dis Liverpool.

— Non !

— Non ?

— Non. Je suis en partance pour Bordeaux, et je vais à Bordeaux.

— N’importe quel prix ?

— N’importe quel prix. »

Le capitaine avait parlé d’un ton qui n’admettait pas de réplique.

« Mais les armateurs de l’ Henrietta … reprit Phileas Fogg.

— Les armateurs, c’est moi, répondit le capitaine. Le navire m’appartient.

— Je vous l’affrète.

— Je vous l’achète.

— Non. »

Phileas Fogg ne sourcilla pas. Cependant la situation était grave. Il n’en était pas de New-York comme de Hong-Kong, ni du capitaine de l’ Henrietta comme du patron de la Tankadère . Jusqu’ici l’argent du gentleman avait toujours eu raison des obstacles. Cette fois-ci, l’argent échouait.

Cependant, il fallait trouver le moyen de traverser l’Atlantique en bateau, — à moins de le traverser en ballon, — ce qui eût été fort aventureux, et ce qui, d’ailleurs, n’était pas réalisable.

Il paraît, pourtant, que Phileas Fogg eut une idée, car il dit au capitaine :

« Eh bien, voulez-vous me mener à Bordeaux ?

— Non, quand même vous me paieriez deux cents dollars !

— Je vous en offre deux mille (10,000 fr.).

— Par personne ?

— Par personne.

— Et vous êtes quatre ?

— Quatre. »

Le capitaine Speedy commença à se gratter le front, comme s’il eût voulu en arracher l’épiderme. Huit mille dollars à gagner, sans modifier son voyage, cela valait bien la peine qu’il mît de côté son antipathie prononcée pour toute espèce de passager. Des passagers à deux mille dollars, d’ailleurs, ce ne sont plus des passagers, c’est de la marchandise précieuse.

« Je pars à neuf heures, dit simplement le capitaine Speedy, et si vous et les vôtres, vous êtes là ?…

— À neuf heures, nous serons à bord ! » répondit non moins simplement Mr. Fogg.

Il était huit heures et demie. Débarquer de l’ Henrietta , monter dans une voiture, se rendre à l’hôtel Saint-Nicolas, en ramener Mrs. Aouda, Passepartout, et même l’inséparable Fix, auquel il offrait gracieusement le passage, cela fut fait par le gentleman avec ce calme qui ne l’abandonnait en aucune circonstance.

Au moment où l’ Henrietta appareillait, tous quatre étaient à bord.

Lorsque Passepartout apprit ce que coûterait cette dernière traversée, il poussa un de ces « Oh ! » prolongés, qui parcourent tous les intervalles de la gamme chromatique descendante !

Quant à l’inspecteur Fix, il se dit que décidément la Banque d’Angleterre ne sortirait pas indemne de cette affaire. En effet, en arrivant et en admettant que le sieur Fogg n’en jetât pas encore quelques poignées à la mer, plus de sept mille livres (175,000 fr.) manqueraient au sac à bank-notes !

XXXIII où phileas fogg se montre à la hauteur des circonstances.

Une heure après, le steamer Henrietta dépassait le Light-boat qui marque l’entrée de l’Hudson, tournait la pointe de Sandy-Hook et donnait en mer. Pendant la journée, il prolongea Long-Island, au large du feu de Fire-Island, et courut rapidement vers l’est.

Le lendemain, 13 décembre, à midi, un homme monta sur la passerelle pour faire le point. Certes, on doit croire que cet homme était le capitaine Speedy ! Pas le moins du monde. C’était Phileas Fogg, esq.

Quant au capitaine Speedy, il était tout bonnement enfermé à clef dans sa cabine, et poussait des hurlements qui dénotaient une colère, bien pardonnable, poussée jusqu’au paroxysme.

Ce qui s’était passé était très-simple. Phileas Fogg voulait aller à Liverpool, le capitaine ne voulait pas l’y conduire. Alors Phileas Fogg avait accepté de prendre passage pour Bordeaux, et, depuis trente heures qu’il était à bord, il avait si bien manœuvré à coups de bank-notes, que l’équipage, matelots et chauffeurs, — équipage un peu interlope, qui était en assez mauvais termes avec le capitaine, — lui appartenait. Et voilà pourquoi Phileas Fogg commandait au lieu et place du capitaine Speedy, pourquoi le capitaine était enfermé dans sa cabine, et pourquoi enfin l’ Henrietta se dirigeait vers Liverpool. Seulement, il était très-clair, à voir manœuvrer Mr. Fogg, que Mr. Fogg avait été marin.

Maintenant, comment finirait l’aventure, on le saurait plus tard. Toutefois, Mrs. Aouda ne laissait pas d’être inquiète, sans en rien dire. Fix, lui, avait été abasourdi tout d’abord. Quant à Passepartout, il trouvait la chose tout simplement adorable.

« Entre onze et douze nœuds, » avait dit le capitaine Speedy, et en effet l’ Henrietta se maintenait dans cette moyenne de vitesse.

Si donc, — que de « si » encore ! — si donc la mer ne devenait pas trop mauvaise, si le vent ne sautait pas dans l’est, s’il ne survenait aucune avarie au bâtiment, aucun accident à la machine, l’ Henrietta , dans les neuf jours comptés du 12 décembre au 21, pouvait franchir les trois mille milles qui séparent New-York de Liverpool. Il est vrai qu’une fois arrivé, l’affaire de l’ Henrietta brochant sur l’affaire de la Banque, cela pouvait mener le gentleman un peu plus loin qu’il ne voudrait.

Pendant les premiers jours, la navigation se fit dans d’excellentes conditions. La mer n’était pas trop dure ; le vent paraissait fixé au nord-est ; les voiles furent établies, et, sous ses goëlettes, l’ Henrietta marcha comme un vrai transatlantique.

Passepartout était enchanté. Le dernier exploit de son maître, dont il ne voulait pas voir les conséquences, l’enthousiasmait. Jamais l’équipage n’avait vu un garçon plus gai, plus agile. Il faisait mille amitiés aux matelots et les étonnait par ses tours de voltige. Il leur prodiguait les meilleurs noms et les boissons les plus attrayantes. Pour lui, ils manœuvraient comme des gentlemen, et les chauffeurs chauffaient comme des héros. Sa bonne humeur, très-communicative, s’imprégnait à tous. Il avait oublié le passé, les ennuis, les périls. Il ne songeait qu’à ce but, si près d’être atteint, et parfois il bouillait d’impatience, comme s’il eût été chauffé par les fourneaux de l’ Henrietta . Souvent aussi, le digne garçon tournait autour de Fix ; il le regardait d’un œil « qui en disait long ! » mais il ne lui parlait pas, car il n’existait plus aucune intimité entre les deux anciens amis.

D’ailleurs Fix, il faut le dire, n’y comprenait plus rien ! La conquête de l’ Henrietta , l’achat de son équipage, ce Fogg manœuvrant comme un marin consommé, tout cet ensemble de choses l’étourdissait. Il ne savait plus que penser ! Mais, après tout, un gentleman qui commençait par voler cinquante-cinq mille livres pouvait bien finir par voler un bâtiment. Et Fix fut naturellement amené à croire que l’ Henrietta , dirigée par Fogg, n’allait point du tout à Liverpool, mais dans quelque point du monde où le voleur, devenu pirate, se mettrait tranquillement en sûreté ! Cette hypothèse, il faut bien l’avouer, était on ne peut plus plausible, et le détective commençait à regretter très-sérieusement de s’être embarqué dans cette affaire.

Quant au capitaine Speedy, il continuait à hurler dans sa cabine, et Passepartout, chargé de pourvoir à sa nourriture, ne le faisait qu’en prenant les plus grandes précautions, quelque vigoureux qu’il fût. Mr. Fogg, lui, n’avait plus même l’air de se douter qu’il y eût un capitaine à bord.

Le 13, on passe sur la queue du banc de Terre-Neuve. Ce sont là de mauvais parages. Pendant l’hiver surtout, les brumes y sont fréquentes, les coups de vent redoutables. Depuis la veille, le baromètre, brusquement abaissé, faisait pressentir un changement prochain dans l’atmosphère. En effet, pendant la nuit, la température se modifia, le froid devint plus vif, et en même temps le vent sauta dans le sud-est.

C’était un contre-temps. Mr. Fogg, afin de ne point s’écarter de sa route, dut serrer ses voiles et forcer de vapeur. Néanmoins, la marche du navire fut ralentie, attendu l’état de la mer, dont les longues lames brisaient contre son étrave. Il éprouva des mouvements de tangage très-violents, et cela au détriment de sa vitesse. La brise tournait peu à peu à l’ouragan, et l’on prévoyait déjà le cas où l’ Henrietta ne pourrait plus se maintenir debout à la lame. Or, s’il fallait fuir, c’était l’inconnu avec toutes ses mauvaises chances.

Le visage de Passepartout se rembrunit en même temps que le ciel, et, pendant deux jours, l’honnête garçon éprouva de mortelles transes. Mais Phileas Fogg était un marin hardi, qui savait tenir tête à la mer, et il fit toujours route, même sans se mettre sous petite vapeur. L’ Henrietta , quand elle ne pouvait s’élever à la lame, passait au travers, et son pont était balayé en grand, mais elle passait. Quelquefois aussi l’hélice émergeait, battant l’air de ses branches affolées, lorsqu’une montagne d’eau soulevait l’arrière hors des flots, mais le navire allait toujours de l’avant.

Toutefois le vent ne fraîchit pas autant qu’on aurait pu le craindre. Ce ne fut pas un de ces ouragans qui passent avec une vitesse de quatre-vingt-dix milles à l’heure. Il se tint au grand frais, mais malheureusement il souffla avec obstination de la partie du sud-est et ne permit pas de faire de la toile. Et cependant, ainsi qu’on va le voir, il eût été bien utile de venir en aide à la vapeur !

Le 16 décembre, c’était le soixante-quinzième jour écoulé depuis le départ de Londres. En somme, l’ Henrietta n’avait pas encore un retard inquiétant. La moitié de la traversée était à peu près faite, et les plus mauvais parages avaient été franchis. En été, on eût répondu du succès. En hiver, on était à la merci de la mauvaise saison. Passepartout ne se prononçait pas. Au fond, il avait espoir, et, si le vent faisait défaut, du moins il comptait sur la vapeur.

Or, ce jour-là, le mécanicien étant monté sur le pont, rencontra Mr. Fogg et s’entretint assez vivement avec lui.

Sans savoir pourquoi, — par un pressentiment sans doute, — Passepartout éprouva comme une vague inquiétude. Il eût donné une de ses oreilles pour entendre de l’autre ce qui se disait là. Cependant, il put saisir quelques mots, ceux-ci entre autres, prononcés par son maître :

« Vous êtes certain de ce que vous avancez ?

— Certain, monsieur, répondit le mécanicien. N’oubliez pas que, depuis notre départ, nous chauffons avec tous nos fourneaux allumés, et si nous avions assez de charbon pour aller à petite vapeur de New-York à Bordeaux, nous n’en avons pas assez pour aller à toute vapeur de New-York à Liverpool !

— J’aviserai, » répondit Mr. Fogg.

Passepartout avait compris. Il fut pris d’une inquiétude mortelle.

Le charbon allait manquer !

« Ah ! si mon maître pare celle-là, se dit-il, décidément ce sera un fameux homme ! »

Et ayant rencontré Fix, il ne put s’empêcher de le mettre au courant de la situation.

« Alors, lui répondit l’agent les dents serrées, vous croyez que nous allons à Liverpool !

— Parbleu !

— Imbécile ! » répondit l’inspecteur, qui s’en alla, haussant les épaules.

Passepartout fut sur le point de relever vertement le qualificatif, dont il ne pouvait d’ailleurs comprendre la vraie signification ; mais il se dit que l’infortuné Fix devait être très-désappointé, très-humilié dans son amour-propre, après avoir si maladroitement suivi une fausse piste autour du monde, et il passa condamnation.

Et maintenant quel parti allait prendre Phileas Fogg ? Cela était difficile à imaginer. Cependant, il paraît que le flegmatique gentleman en prit un, car le soir même il fit venir le mécanicien et lui dit :

« Poussez les feux et faites route jusqu’à complet épuisement du combustible. »

Quelques instants après, la cheminée de l’ Henrietta vomissait des torrents de fumée.

Le navire continua donc de marcher à toute vapeur ; mais ainsi qu’il l’avait annoncé, deux jours plus tard, le 18, le mécanicien fit savoir que le charbon manquerait dans la journée.

« Que l’on ne laisse pas baisser les feux, répondit Mr. Fogg. Au contraire. Que l’on charge les soupapes. »

Ce jour-là, vers midi, après avoir pris hauteur et calculé la position du navire, Phileas Fogg fit venir Passepartout, et il lui donna l’ordre d’aller chercher le capitaine Speedy. C’était comme si on eût commandé à ce brave garçon d’aller déchaîner un tigre, et il descendit dans la dunette, se disant :

« Positivement il sera enragé ! »

En effet, quelques minutes plus tard, au milieu de cris et de jurons, une bombe arrivait sur la dunette. Cette bombe, c’était le capitaine Speedy. Il était évident qu’elle allait éclater.

tour du monde 3 jours

« Où sommes-nous ? » telles furent les premières paroles qu’il prononça au milieu des suffocations de la colère, et certes, pour peu que le digne homme eût été apoplectique, il n’en serait jamais revenu.

« Où sommes-nous ? répéta-t-il, la face congestionnée.

— À sept cent soixante-dix milles de Liverpool (300 lieues), répondit Mr. Fogg avec un calme imperturbable.

— Pirate ! s’écria Andrew Speedy.

— Je vous ai fait venir, monsieur…

— Écumeur de mer !

— …monsieur, reprit Phileas Fogg, pour vous prier de me vendre votre navire.

— Non ! de par tous les diables, non !

— C’est que je vais être obligé de le brûler.

— Brûler mon navire !

— Oui, du moins dans ses hauts, car nous manquons de combustible.

— Brûler mon navire ! s’écria le capitaine Speedy, qui ne pouvait même plus prononcer les syllabes. Un navire qui vaut cinquante mille dollars (250,000 fr.) !

— En voici soixante mille (300,000 fr.) ! » répondit Phileas Fogg, en offrant au capitaine une liasse de bank-notes.

Cela fit un effet prodigieux sur Andrew Speedy. On n’est pas Américain sans que la vue de soixante mille dollars vous cause une certaine émotion. Le capitaine oublia en un instant sa colère, son emprisonnement, tous ses griefs contre son passager. Son navire avait vingt ans. Cela pouvait devenir une affaire d’or !… La bombe ne pouvait déjà plus éclater. Mr. Fogg en avait arraché la mèche.

« Et la coque en fer me restera, dit-il d’un ton singulièrement radouci.

— La coque en fer et la machine, monsieur. Est-ce conclu ?

— Conclu. »

Et Andrew Speedy, saisissant la liasse de bank-notes, les compta et les fit disparaître dans sa poche.

Pendant cette scène, Passepartout était blanc. Quant à Fix, il faillit avoir un coup de sang. Près de vingt mille livres dépensées, et encore ce Fogg qui abandonnait à son vendeur la coque et la machine, c’est-à-dire presque la valeur totale du navire ! Il est vrai que la somme volée à la banque s’élevait à cinquante-cinq mille livres !

Quand Andrew Speedy eut empoché l’argent :

« Monsieur, lui dit Mr. Fogg, que tout ceci ne vous étonne pas. Sachez que je perds vingt mille livres, si je ne suis pas rendu à Londres le 21 décembre, à huit heures quarante-cinq du soir. Or, j’avais manqué le paquebot de New-York, et comme vous refusiez de me conduire à Liverpool…

— Et j’ai bien fait, par les cinquante mille diables de l’enfer, s’écria Andrew Speedy, puisque j’y gagne au moins quarante mille dollars. »

Puis, plus posément :

« Savez-vous une chose, ajouta-t-il, capitaine ?…

— Capitaine Fogg, eh bien, il y a du Yankee en vous. »

Et après avoir fait à son passager ce qu’il croyait être un compliment, il s’en allait, quand Phileas Fogg lui dit :

« Maintenant ce navire m’appartient ?

— Certes, de la quille à la pomme des mâts, pour tout ce qui est « bois », s’entend !

— Bien. Faites démolir les aménagements intérieurs et chauffez avec ces débris. »

tour du monde 3 jours

On juge ce qu’il fallut consommer de ce bois sec pour maintenir la vapeur en suffisante pression. Ce jour-là, la dunette, les rouffles, les cabines, les logements, le faux pont, tout y passa.

Le lendemain, 19 décembre, on brûla la mâture, les dromes, les esparres. On abattit les mâts, on les débita à coups de hache. L’équipage y mettait un zèle incroyable. Passepartout, taillant, coupant, sciant, faisait l’ouvrage de dix hommes. C’était une fureur de démolition.

Le lendemain, 20, les bastingages, les pavois, les œuvres-mortes, la plus grande partie du pont, furent dévorés. L’ Henrietta n’était plus qu’un bâtiment rasé comme un ponton.

Mais, ce jour-là, on avait eu connaissance de la côte d’Irlande et du feu de Fastenet.

Toutefois, à dix heures du soir, le navire n’était encore que par le travers de Queenstown. Phileas Fogg n’avait plus que vingt-quatre heures pour atteindre Londres ! Or, c’était le temps qu’il fallait à l’ Henrietta pour gagner Liverpool, — même en marchant à toute vapeur. Et la vapeur allait manquer enfin à l’audacieux gentleman !

« Monsieur, lui dit alors le capitaine Speedy, qui avait fini par s’intéresser à ses projets, je vous plains vraiment. Tout est contre vous ! Nous ne sommes encore que devant Queenstown.

— Ah ! fit Mr. Fogg, c’est Queenstown, cette ville dont nous apercevons les feux ?

— Pouvons-nous entrer dans le port ?

— Pas avant trois heures. À pleine mer seulement.

— Attendons ! » répondit tranquillement Phileas Fogg, sans laisser voir sur son visage que, par une suprême inspiration, il allait tenter de vaincre encore une fois la chance contraire !

En effet, Queenstown est un port de la côte d’Irlande dans lequel les transatlantiques qui viennent des États-Unis jettent en passant leur sac aux lettres. Ces lettres sont emportées à Dublin par des express toujours prêts à partir. De Dublin elles arrivent à Liverpool par des steamers de grande vitesse, — devançant ainsi de douze heures les marcheurs les plus rapides des compagnies maritimes.

Ces douze heures que gagnait ainsi le courrier d’Amérique, Phileas Fogg prétendait les gagner aussi. Au lieu d’arriver sur l’ Henrietta , le lendemain soir, à Liverpool, il y serait à midi, et, par conséquent, il aurait le temps d’être à Londres avant huit heures quarante-cinq minutes du soir.

Vers une heure du matin, l’ Henrietta entrait à haute mer dans le port de Queenstown, et Phileas Fogg, après avoir reçu une vigoureuse poignée de main du capitaine Speedy, le laissait sur la carcasse rasée de son navire, qui valait encore la moitié de ce qu’il l’avait vendue !

Les passagers débarquèrent aussitôt. Fix, à ce moment, eut une envie féroce d’arrêter le sieur Fogg. Il ne le fit pas, pourtant ! Pourquoi ? Quel combat se livrait donc en lui ? Était-il revenu sur le compte de Mr. Fogg ? Comprenait-il enfin qu’il s’était trompé ? Toutefois, Fix n’abandonna pas Mr. Fogg. Avec lui, avec Mrs. Aouda, avec Passepartout, qui ne prenait plus le temps de respirer, il montait dans le train de Queenstown à une heure et demi du matin, arrivait à Dublin au jour naissant, et s’embarquait aussitôt sur un des steamers — vrais fuseaux d’acier, tout en machine — qui, dédaignant de s’élever à la lame, passent invariablement au travers.

À midi moins vingt, le 21 décembre, Phileas Fogg débarquait enfin sur le quai de Liverpool. Il n’était plus qu’à six heures de Londres.

Mais à ce moment, Fix s’approcha, lui mit la main sur l’épaule, et, exhibant son mandat :

« Vous êtes bien le sieur Phileas Fogg ? dit-il.

— Au nom de la reine, je vous arrête ! »

tour du monde 3 jours

XXXIV qui procure à passepartout l’occasion de faire un jeu de mots atroce, mais peut-être inédit.

Phileas Fogg était en prison. On l’avait enfermé dans le poste de Custom-house, la douane de Liverpool, et il devait y passer la nuit en attendant son transfèrement à Londres.

Au moment de l’arrestation, Passepartout avait voulu se précipiter sur le détective. Des policemen le retinrent. Mrs. Aouda, épouvantée par la brutalité du fait, ne sachant rien, n’y pouvait rien comprendre. Passepartout lui expliqua la situation. Mr. Fogg, cet honnête et courageux gentleman, auquel elle devait la vie, était arrêté comme voleur. La jeune femme protesta contre une telle allégation, son cœur s’indigna, et des pleurs coulèrent de ses yeux, quand elle vit qu’elle ne pouvait rien faire, rien tenter, pour sauver son sauveur.

Quant à Fix, il avait arrêté le gentleman parce que son devoir lui commandait de l’arrêter, fût-il coupable ou non. La justice en déciderait.

Mais alors une pensée vint à Passepartout, cette pensée terrible qu’il était décidément la cause de tout ce malheur ! En effet, pourquoi avait il caché cette aventure à Mr. Fogg ? Quand Fix avait révélé et sa qualité d’inspecteur de police et la mission dont il était chargé, pourquoi avait-il pris sur lui de ne point avertir son maître ? Celui-ci, prévenu, aurait sans doute donné à Fix des preuves de son innocence ; il lui aurait démontré son erreur ; en tout cas, il n’eût pas véhiculé à ses frais et à ses trousses ce malencontreux agent, dont le premier soin avait été de l’arrêter, au moment où il mettait le pied sur le sol du Royaume-Uni. En songeant à ses fautes, à ses imprudences, le pauvre garçon était pris d’irrésistibles remords. Il pleurait, il faisait peine à voir. Il voulait se briser la tête !

Mrs. Aouda et lui étaient restés, malgré le froid, sous le péristyle de la douane. Ils ne voulaient ni l’un ni l’autre quitter la place. Ils voulaient revoir encore une fois Mr. Fogg.

Quant à ce gentleman, il était bien et dûment ruiné, et cela au moment où il allait atteindre son but. Cette arrestation le perdait sans retour. Arrivé à midi moins vingt à Liverpool, le 21 décembre, il avait jusqu’à huit heures quarante-cinq minutes pour se présenter au Reform-Club, soit neuf heures quinze minutes, — et il ne lui en fallait que six pour atteindre Londres.

En ce moment, qui eût pénétré dans le poste de la douane eût trouvé Mr. Fogg, immobile, assis sur un banc de bois, sans colère, imperturbable. Résigné, on n’eût pu le dire, mais ce dernier coup n’avait pu l’émouvoir, au moins en apparence. S’était-il formé en lui une de ces rages secrètes, terribles parce qu’elles sont contenues, et qui n’éclatent qu’au dernier moment avec une force irrésistible ? On ne sait. Mais Phileas Fogg était là, calme, attendant… quoi ? Conservait-il quelque espoir ? Croyait-il encore au succès, quand la porte de cette prison était fermée sur lui ?

Quoi qu’il en soit, Mr. Fogg avait soigneusement posé sa montre sur une table et il en regardait les aiguilles marcher. Pas une parole ne s’échappait de ses lèvres, mais son regard avait une fixité singulière.

En tout cas, la situation était terrible, et, pour qui ne pouvait lire dans cette conscience, elle se résumait ainsi :

Honnête homme, Phileas Fogg était ruiné.

Malhonnête homme, il était pris.

Eût-il alors la pensée de se sauver ? Songea-t-il à chercher si ce poste présentait une issue praticable ? Pensa-t-il à fuir ? On serait tenté de le croire, car, à un certain moment, il fit le tour de la chambre. Mais la porte était solidement fermée et la fenêtre garnie de barreaux de fer. Il vint donc se rasseoir, et il tira de son portefeuille l’itinéraire du voyage. Sur la ligne qui portait ces mots :

il ajouta :

et il attendit.

Une heure sonna à l’horloge de Custom-house. Mr. Fogg constata que sa montre avançait de deux minutes sur cette horloge.

Deux heures ! En admettant qu’il montât en ce moment dans un express, il pouvait encore arriver à Londres et au Reform-Club avant huit heures quarante-cinq du soir. Son front se plissa légèrement…

À deux heures trente-trois minutes, un bruit retentit au-dehors, un vacarme de portes qui s’ouvraient. On entendait la voix de Passepartout, on entendait la voix de Fix.

Le regard de Phileas Fogg brilla un instant.

La porte du poste s’ouvrit, et il vit Mrs. Aouda, Passepartout, Fix, qui se précipitèrent vers lui.

Fix était hors d’haleine, les cheveux en désordre… Il ne pouvait parler !

« Monsieur, balbutia-t-il, monsieur… pardon… une ressemblance déplorable… Voleur arrêté depuis trois jours… vous… libre !… »

Phileas Fogg était libre ! Il alla au détective. Il le regarda bien en face, et, faisant le seul mouvement rapide qu’il eût jamais fait et qu’il dût jamais faire de sa vie, il ramena ses deux bras en arrière, puis, avec la précision d’un automate, il frappa de ses deux poings le malheureux inspecteur.

« Bien tapé ! » s’écria Passepartout, qui, se permettant un atroce jeu de mots, bien digne d’un Français, ajouta : « Pardieu ! voilà ce qu’on peut appeler une belle application de poings d’Angleterre ! »

Fix, renversé, ne prononça pas un mot. Il n’avait que ce qu’il méritait. Mais aussitôt Mr. Fogg, Mrs. Aouda, Passepartout quittèrent la douane. Ils se jetèrent dans une voiture, et, en quelques minutes, ils arrivèrent à la gare de Liverpool.

Phileas Fogg demanda s’il y avait un express prêt à partir pour Londres…

Il était deux heures quarante… L’express était parti depuis trente-cinq minutes.

Phileas Fogg commanda alors un train spécial.

Il y avait plusieurs locomotives de grande vitesse en pression ; mais, attendu les exigences du service, le train spécial ne put quitter la gare avant trois heures.

À trois heures, Phileas Fogg, après avoir dit quelques mots au mécanicien d’une certaine prime à gagner, filait dans la direction de Londres, en compagnie de la jeune femme et de son fidèle serviteur.

Il fallait franchir en cinq heures et demie la distance qui sépare Liverpool de Londres, — chose très-faisable, quand la voie est libre sur tout le parcours. Mais il y eut des retards forcés, et, quand le gentleman arriva à la gare, neuf heures moins dix sonnaient à toutes les horloges de Londres.

Phileas Fogg, après avoir accompli ce voyage autour du monde, arrivait avec un retard de cinq minutes !…

Il avait perdu.

XXXV dans lequel passepartout ne se fait pas répéter deux fois l’ordre que son maître lui donne.

Le lendemain, les habitants de Saville-row auraient été bien surpris, si on leur eût affirmé que Mr. Fogg avait réintégré son domicile. Portes et fenêtres, tout était clos. Aucun changement ne s’était produit à l’extérieur.

En effet, après avoir quitté la gare, Phileas Fogg avait donné à Passepartout l’ordre d’acheter quelques provisions, et il était rentré dans sa maison.

Ce gentleman avait reçu avec son impassibilité habituelle le coup qui le frappait. Ruiné ! et par la faute de ce maladroit inspecteur de police ! Après avoir marché d’un pas sûr pendant ce long parcours, après avoir renversé mille obstacles, bravé mille dangers, ayant encore trouvé le temps de faire quelque bien sur sa route, échouer au port devant un fait brutal, qu’il ne pouvait prévoir, et contre lequel il était désarmé : cela était terrible ! De la somme considérable qu’il avait emportée au départ, il ne lui restait qu’un reliquat insignifiant. Sa fortune ne se composait plus que des vingt mille livres déposées chez Baring frères, et ces vingt mille livres, il les devait à ses collègues du Reform-Club. Après tant de dépenses faites, ce pari gagné ne l’eût pas enrichi sans doute, et il est probable qu’il n’avait pas cherché à s’enrichir, — étant de ces hommes qui parient pour l’honneur, — mais ce pari perdu le ruinait totalement. Au surplus, le parti du gentleman était pris. Il savait ce qui lui restait à faire.

Une chambre de la maison de Saville-row avait été réservée à Mrs. Aouda. La jeune femme était désespérée. À certaines paroles prononcées par Mr. Fogg, elle avait compris que celui-ci méditait quelque projet funeste.

On sait, en effet, à quelles déplorables extrémités se portent quelquefois ces Anglais monomanes sous la pression d’une idée fixe. Aussi Passepartout, sans en avoir l’air, surveillait-il son maître.

Mais, tout d’abord, l’honnête garçon était monté dans sa chambre et avait éteint le bec qui brûlait depuis quatre-vingts jours. Il avait trouvé dans la boîte aux lettres une note de la Compagnie du gaz, et il pensa qu’il était plus que temps d’arrêter ces frais dont il était responsable.

tour du monde 3 jours

La nuit se passa. Mr. Fogg s’était couché, mais avait-il dormi ? Quant à Mrs. Aouda, elle ne put prendre un seul instant de repos. Passepartout, lui, avait veillé comme un chien à la porte de son maître.

Le lendemain, Mr. Fogg le fit venir et lui recommanda, en termes fort brefs, de s’occuper du déjeuner de Mrs. Aouda. Pour lui, il se contenterait d’une tasse de thé et d’une rôtie. Mrs. Aouda voudrait bien l’excuser pour le déjeuner et le dîner, car tout son temps était consacré à mettre ordre à ses affaires. Il ne descendrait pas. Le soir seulement, il demanderait à Mrs. Aouda la permission de l’entretenir pendant quelques instants.

Passepartout, ayant communication du programme de la journée, n’avait plus qu’à s’y conformer. Il regardait son maître toujours impassible, et il ne pouvait se décider à quitter sa chambre. Son cœur était gros, sa conscience bourrelée de remords, car il s’accusait plus que jamais de cet irréparable désastre. Oui ! s’il eût prévenu Mr. Fogg, s’il lui eût dévoilé les projets de l’agent Fix, Mr. Fogg n’aurait certainement pas traîné l’agent Fix jusqu’à Liverpool, et alors…

Passepartout ne put plus y tenir.

« Mon maître ! monsieur Fogg ! s’écria-t-il, maudissez-moi. C’est par ma faute que…

— Je n’accuse personne, répondit Phileas Fogg du ton le plus calme. Allez. »

Passepartout quitta la chambre et vint trouver la jeune femme, à laquelle il fit connaître les intentions de son maître.

« Madame, ajouta-t-il, je ne puis rien par moi-même, rien ! Je n’ai aucune influence sur l’esprit de mon maître. Vous, peut-être…

— Quelle influence aurais-je, répondit Mrs. Aouda. Mr. Fogg n’en subit aucune ! A-t-il jamais compris que ma reconnaissance pour lui était prête à déborder ! A-t-il jamais lu dans mon cœur !… Mon ami, il ne faudra pas le quitter, pas un seul instant. Vous dites qu’il a manifesté l’intention de me parler ce soir ?

— Oui, madame. Il s’agit sans doute de sauvegarder votre situation en Angleterre.

— Attendons, » répondit la jeune femme, qui demeura toute pensive.

Ainsi, pendant cette journée du dimanche, la maison de Saville-row fut comme si elle eût été inhabitée, et, pour la première fois depuis qu’il demeurait dans cette maison, Phileas Fogg n’alla pas à son club, quand onze heures et demie sonnèrent à la tour du Parlement.

Et pourquoi ce gentleman se fût-il présenté au Reform-Club ? Ses collègues ne l’y attendaient plus. Puisque, la veille au soir, à cette date fatale du samedi 21 décembre, à huit heures quarante-cinq, Phileas Fogg n’avait pas paru dans le salon du Reform-Club, son pari était perdu. Il n’était même pas nécessaire qu’il allât chez son banquier pour y prendre cette somme de vingt mille livres. Ses adversaires avaient entre les mains un chèque signé de lui, et il suffisait d’une simple écriture à passer chez Baring frères, pour que les vingt mille livres fussent portées à leur crédit.

Mr. Fogg n’avait donc pas à sortir, et il ne sortit pas. Il demeura dans sa chambre et mit ordre à ses affaires. Passepartout ne cessa de monter et de descendre l’escalier de la maison de Saville-row. Les heures ne marchaient pas pour ce pauvre garçon. Il écoutait à la porte de la chambre de son maître, et, ce faisant, il ne pensait pas commettre la moindre indiscrétion ! Il regardait par le trou de la serrure, et il s’imaginait avoir ce droit ! Passepartout redoutait à chaque instant quelque catastrophe. Parfois, il songeait à Fix, mais un revirement s’était fait dans son esprit. Il n’en voulait plus à l’inspecteur de police. Fix s’était trompé comme tout le monde à l’égard de Phileas Fogg, et, en le filant, en l’arrêtant, il n’avait fait que son devoir, tandis que lui… Cette pensée l’accablait, et il se tenait pour le dernier des misérables.

Quand, enfin, Passepartout se trouvait trop malheureux d’être seul, il frappait à la porte de Mrs. Aouda, il entrait dans sa chambre, il s’asseyait dans un coin sans mot dire, et il regardait la jeune femme, toujours pensive.

Vers sept heures et demie du soir, Mr. Fogg fit demander à Mrs. Aouda si elle pouvait le recevoir, et quelques instants après, la jeune femme et lui étaient seuls dans cette chambre.

Phileas Fogg prit une chaise et s’assit près de la cheminée, en face de Mrs. Aouda. Son visage ne reflétait aucune émotion. Le Fogg du retour était exactement le Fogg du départ. Même calme, même impassibilité.

Il resta sans parler pendant cinq minutes. Puis levant les yeux sur Mrs. Aouda :

« Madame, dit-il, me pardonnerez-vous de vous avoir amenée en Angleterre ?

— Moi, monsieur Fogg !… répondit Mrs. Aouda, en comprimant les battements de son cœur.

— Veuillez me permettre d’achever, reprit Mr. Fogg. Lorsque j’ai eu la pensée de vous entraîner loin de cette contrée, devenue si dangereuse pour vous, j’étais riche, et je comptais mettre une partie de ma fortune à votre disposition. Votre existence eût été heureuse et libre. Maintenant, je suis ruiné.

— Je le sais, monsieur Fogg, répondit la jeune femme, et je vous demanderai à mon tour : Me pardonnerez-vous de vous avoir suivi, et — qui sait ? — d’avoir peut-être, en vous retardant, contribué à votre ruine ?

— Madame, vous ne pouviez rester dans l’Inde, et votre salut n’était assuré que si vous vous éloigniez assez pour que ces fanatiques ne pussent vous reprendre.

— Ainsi, monsieur Fogg, reprit Mrs. Aouda, non content de m’arracher à une mort horrible, vous vous croyiez encore obligé d’assurer ma position à l’étranger ?

— Oui, madame, répondit Fogg, mais les événements ont tourné contre moi. Cependant, du peu qui me reste, je vous demande la permission de disposer en votre faveur.

— Mais, vous, monsieur Fogg, que deviendrez-vous ? demanda Mrs. Aouda.

— Moi, madame, répondit froidement le gentleman, je n’ai besoin de rien.

— Mais comment, monsieur, envisagez-vous donc le sort qui vous attend ?

— Comme il convient de le faire, répondit Mr. Fogg.

— En tout cas, reprit Mrs. Aouda, la misère ne saurait atteindre un homme tel que vous. Vos amis…

— Je n’ai point d’amis, madame.

— Vos parents…

— Je n’ai plus de parents.

— Je vous plains alors, monsieur Fogg, car l’isolement est une triste chose. Quoi ! pas un cœur pour y verser vos peines. On dit cependant qu’à deux la misère elle-même est supportable encore !

— On le dit, madame.

— Monsieur Fogg, dit alors Mrs. Aouda, qui se leva et tendit sa main au gentleman, voulez-vous à la fois d’une parente et d’une amie ? Voulez-vous de moi pour votre femme ? »

Mr. Fogg, à cette parole, s’était levé à son tour. Il y avait comme un reflet inaccoutumé dans ses yeux, comme un tremblement sur ses lèvres. Mrs. Aouda le regardait. La sincérité, la droiture, la fermeté et la douceur de ce beau regard d’une noble femme qui ose tout pour sauver celui auquel elle doit tout, l’étonnèrent d’abord, puis le pénétrèrent. Il ferma les yeux un instant, comme pour éviter que ce regard ne s’enfonçât plus avant… Quand il les rouvrit :

« Je vous aime ! dit-il simplement. Oui, en vérité, par tout ce qu’il y a de plus sacré au monde, je vous aime, et je suis tout à vous !

— Ah !… » s’écria Mrs. Aouda, en portant la main à son cœur.

Passepartout fut sonné. Il arriva aussitôt. Mr. Fogg tenait encore dans sa main la main de Mrs. Aouda. Passepartout comprit, et sa large face rayonna comme le soleil au zénith des régions tropicales.

Mr. Fogg lui demanda s’il ne serait pas trop tard pour aller prévenir le révérend Samuel Wilson, de la paroisse de Mary-le-Bone.

Passepartout sourit de son meilleur sourire.

« Jamais trop tard, » dit-il.

Il n’était que huit heures cinq.

« Ce serait pour demain, lundi ! dit-il.

— Pour demain lundi ? demanda Mr. Fogg en regardant la jeune femme.

— Pour demain lundi ! » répondit Mrs. Aouda.

Passepartout sortit, tout courant.

XXXVI dans lequel phileas fogg fait de nouveau prime sur le marché.

Il est temps de dire ici quel revirement de l’opinion s’était produit dans le Royaume-Uni, quand on apprit l’arrestation du vrai voleur de la Banque, — un certain James Strand, — qui avait eu lieu le 17 décembre, à Edimbourg.

Trois jours avant, Phileas Fogg était un criminel que la police poursuivait à outrance, et maintenant c’était le plus honnête gentleman, qui accomplissait mathématiquement son excentrique voyage autour du monde.

Quel effet, quel bruit dans les journaux ! Tous les parieurs pour ou contre, qui avaient déjà oublié cette affaire, ressuscitèrent comme par magie. Toutes les transactions redevenaient valables. Tous les engagements revivaient, et, il faut le dire, les paris reprirent avec une nouvelle énergie. Le nom de Phileas Fogg fit de nouveau prime sur le marché.

Les cinq collègues du gentleman, au Reform-Club, passèrent ces trois jours dans une certaine inquiétude. Ce Phileas Fogg qu’ils avaient oublié reparaissait à leurs yeux ! Où était-il en ce moment ? Le 17 décembre, — jour où James Strand fut arrêté, — il y avait soixante-seize jours que Phileas Fogg était parti, et pas une nouvelle de lui ! Avait-il succombé ? Avait-il renoncé à la lutte, ou continuait-il sa marche suivant l’itinéraire convenu ? Et le samedi 21 décembre, à huit heures quarante-cinq du soir, allait-il apparaître, comme le dieu de l’exactitude, sur le seuil du salon du Reform-Club ?

Il faut renoncer à peindre l’anxiété dans laquelle, pendant trois jours, vécut tout ce monde de la société anglaise. On lança des dépêches en Amérique, en Asie, pour avoir des nouvelles de Phileas Fogg ! On envoya matin et soir observer la maison de Saville-row… Rien. La police elle-même ne savait plus ce qu’était devenu le détective Fix, qui s’était si malencontreusement jeté sur une fausse piste. Ce qui n’empêcha pas les paris de s’engager de nouveau sur une plus vaste échelle. Phileas Fogg, comme un cheval de course, arrivait au dernier tournant. On ne le cotait plus à cent, mais à vingt, mais à dix, mais à cinq, et le vieux paralytique, Lord Albermale, le prenait, lui, à égalité.

Aussi, le samedi soir, y avait-il foule dans Pall-Mall et dans les rues voisines. On eût dit un immense attroupement de courtiers, établis en permanence aux abords du Reform-Club. La circulation était empêchée. On discutait, on disputait, on criait les cours du « Phileas Fogg », comme ceux des fonds anglais. Les policemen avaient beaucoup de peine à contenir le populaire, et à mesure que s’avançait l’heure à laquelle devait arriver Phileas Fogg, l’émotion prenait des proportions invraisemblables.

Ce soir-là, les cinq collègues du gentleman étaient réunis depuis neuf heures dans le grand salon du Reform-Club. Les deux banquiers, John Sullivan et Samuel Fallentin, l’ingénieur Andrew Stuart, Gauthier Ralph, administrateur de la Banque d’Angleterre, le brasseur Thomas Flanagan, tous attendaient avec anxiété.

Au moment où l’horloge du grand salon marqua huit heures vingt-cinq, Andrew Stuart, se levant, dit :

« Messieurs, dans vingt minutes, le délai convenu entre Mr. Phileas Fogg et nous sera expiré.

— À quelle heure est arrivé le dernier train de Liverpool ? demanda Thomas Flanagan.

— À sept heures vingt-trois, répondit Gauthier Ralph, et le train suivant n’arrive qu’à minuit dix.

— Eh bien, messieurs, reprit Andrew Stuart, si Phileas Fogg était arrivé par le train de sept heures vingt-trois, il serait déjà ici. Nous pouvons donc considérer le pari comme gagné.

— Attendons, ne nous prononçons pas, répondit Samuel Fallentin. Vous savez que notre collègue est un excentrique de premier ordre. Son exactitude en tout est bien connue. Il n’arrive jamais ni trop tard, ni trop tôt, et il apparaîtrait ici à la dernière minute, que je n’en serais pas autrement surpris.

— Et moi, dit Andrew Stuart, qui était, comme toujours, très-nerveux, je le verrais, je n’y croirais pas.

— En effet, reprit Thomas Flanagan, le projet de Phileas Fogg était insensé. Quelle que fût son exactitude, il ne pouvait empêcher des retards inévitables de se produire, et un retard de deux ou trois jours seulement suffisait à compromettre son voyage.

— Vous remarquerez, d’ailleurs, ajouta John Sullivan, que nous n’avons reçu aucune nouvelle de notre collègue, et, cependant, les fils télégraphiques ne manquaient pas sur son itinéraire.

— Il a perdu, messieurs, reprit Andrew Stuart, il a cent fois perdu ! Vous savez, d’ailleurs, que le China — le seul paquebot de New-York qu’il pût prendre pour venir à Liverpool en temps utile — est arrivé hier. Or, voici la liste des passagers, publiée par la Shipping-Gazette , et le nom de Phileas Fogg n’y figure pas. En admettant les chances les plus favorables, notre collègue est à peine en Amérique ! J’estime à vingt jours, au moins, le retard qu’il subira sur la date convenue, et le vieux Lord Albermale en sera, lui aussi, pour ses cinq mille livres !

— C’est évident, répondit Gauthier Ralph, et demain nous n’aurons qu’à présenter chez Baring frères le chèque de Mr. Fogg. »

En ce moment, l’horloge du salon sonna huit heures quarante.

« Encore cinq minutes, » dit Andrew Stuart.

Les cinq collègues se regardaient. On peut croire que les battements de leur cœur avaient subi une légère accélération, car enfin, même pour de beaux joueurs, la partie était forte ! Mais ils n’en voulaient rien laisser paraître, car, sur la proposition de Samuel Fallentin, ils prirent place à une table de jeu.

« Je ne donnerais pas ma part de quatre mille livres dans le pari, dit Andrew Stuart en s’asseyant, quand même on m’en offrirait trois mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ! »

L’aiguille marquait, en ce moment, huit heures quarante-deux minutes.

Les joueurs avaient pris les cartes, mais, à chaque instant, leur regard se fixait sur l’horloge. On peut affirmer que, quelle que fût leur sécurité, jamais minutes ne leur avaient paru si longues !

« Huit heures quarante-trois, » dit Thomas Flanagan, en coupant le jeu que lui présentait Gauthier Ralph.

Puis un moment de silence se fit. Le vaste salon du club était tranquille. Mais, au dehors, on entendait le brouhaha de la foule, que dominaient parfois des cris aigus. Le balancier de l’horloge battait la seconde avec une régularité mathématique. Chaque joueur pouvait compter les divisions sexagésimales qui frappaient son oreille.

« Huit heures quarante-quatre ! » dit John Sullivan d’une voix dans laquelle on sentait une émotion involontaire.

Plus qu’une minute, et le pari était gagné. Andrew Stuart et ses collègues ne jouaient plus. Ils avaient abandonné les cartes ! Ils comptaient les secondes !

À la quarantième seconde, rien. À la cinquantième, rien encore !

À la cinquante-cinquième, on entendit comme un tonnerre au dehors, des applaudissements, des hurrahs, et même des imprécations, qui se propagèrent dans un roulement continu.

Les joueurs se levèrent.

À la cinquante-septième seconde, la porte du salon s’ouvrit, et le balancier n’avait pas battu la soixantième seconde, que Phileas Fogg apparaissait, suivi d’une foule en délire qui avait forcé l’entrée du club, et de sa voix calme :

« Me voici, messieurs, » disait-il.

tour du monde 3 jours

XXXVII dans lequel il est prouvé que phileas fogg n’a rien gagné à faire ce tour du monde, si ce n’est le bonheur.

Oui ! Phileas Fogg en personne.

On se rappelle qu’à huit heures cinq du soir, — vingt-cinq heures environ après l’arrivée des voyageurs à Londres, — Passepartout avait été chargé par son maître de prévenir le révérend Samuel Wilson au sujet d’un certain mariage qui devait se conclure le lendemain même.

Passepartout était donc parti, enchanté. Il se rendit d’un pas rapide à la demeure du révérend Samuel Wilson, qui n’était pas encore rentré. Naturellement, Passepartout attendit, mais il attendit vingt bonnes minutes au moins.

Bref, il était huit heures trente-cinq quand il sortit de la maison du révérend. Mais dans quel état ! Les cheveux en désordre, sans chapeau, courant, courant, comme on n’a jamais vu courir de mémoire d’homme, renversant les passants, se précipitant comme une trombe sur les trottoirs !

tour du monde 3 jours

En trois minutes, il était de retour à la maison de Saville-row, et il tombait, essoufflé, dans la chambre de Mr. Fogg.

Il ne pouvait parler.

« Qu’y a-t-il ? demanda Mr. Fogg.

— Mon maître… balbutia Passepartout… mariage… impossible.

— Impossible ?

— Impossible… pour demain.

— Pourquoi ?

— Parce que demain… c’est dimanche !

— Lundi, répondit Mr. Fogg.

— Non… aujourd’hui… samedi.

— Samedi ? impossible !

— Si, si, si, si ! s’écria Passepartout. Vous vous êtes trompé d’un jour ! Nous sommes arrivés vingt-quatre heures en avance… mais il ne reste plus que dix minutes !… »

Passepartout avait saisi son maître au collet, et il l’entraînait avec une force irrésistible !

Phileas Fogg, ainsi enlevé, sans avoir le temps de réfléchir, quitta sa chambre, quitta sa maison, sauta dans un cab, promit cent livres au cocher, et après avoir écrasé deux chiens et accroché cinq voitures, il arriva au Reform-Club.

L’horloge marquait huit heures quarante-cinq, quand il parut dans le grand salon…

Phileas Fogg avait accompli ce tour du monde en quatre-vingts jours !…

Phileas Fogg avait gagné son pari de vingt mille livres !

Et maintenant, comment un homme si exact, si méticuleux, avait-il pu commettre cette erreur de jour ? Comment se croyait-il au samedi soir, 21 décembre, quand il débarqua à Londres, alors qu’il n’était qu’au vendredi, 20 décembre, soixante-dix-neuf jours seulement après son départ ?

Voici la raison de cette erreur. Elle est fort simple.

Phileas Fogg avait, « sans s’en douter, » gagné un jour sur son itinéraire, — et cela uniquement parce qu’il avait fait le tour du monde en allant vers l’ est , et il eût, au contraire, perdu ce jour en allant en sens inverse, soit vers l’ ouest .

En effet, en marchant vers l’est, Phileas Fogg allait au-devant du soleil, et, par conséquent, les jours diminuaient pour lui d’autant de fois quatre minutes qu’il franchissait de degrés dans cette direction. Or, on compte trois cent soixante degrés sur la circonférence terrestre, et ces trois cent soixante degrés, multipliés par quatre minutes, donnent précisément vingt-quatre heures, — c’est-à-dire ce jour inconsciemment gagné. En d’autres termes, pendant que Phileas Fogg, marchant vers l’est, voyait le soleil passer quatre-vingts fois au méridien, ses collègues restés à Londres ne le voyaient passer que soixante-dix-neuf fois . C’est pourquoi, ce jour-là même, qui était le samedi et non le dimanche, comme le croyait Mr. Fogg, ceux-ci l’attendaient dans le salon du Reform-Club.

Et c’est ce que la fameuse montre de Passepartout — qui avait toujours conservé l’heure de Londres — eût constaté si, en même temps que les minutes et les heures, elle eût marqué les jours !

Phileas Fogg avait donc gagné les vingt mille livres. Mais comme il en avait dépensé en route environ dix-neuf mille, le résultat pécuniaire était médiocre. Toutefois, on l’a dit, l’excentrique gentleman n’avait, en ce pari, cherché que la lutte, non la fortune. Et même, les mille livres restant, il les partagea entre l’honnête Passepartout et le malheureux Fix, auquel il était incapable d’en vouloir. Seulement, et pour la régularité, il retint à son serviteur le prix des dix-neuf cent vingt heures de gaz dépensé par sa faute.

Ce soir-là même, Mr. Fogg, aussi impassible, aussi flegmatique, disait à Mrs. Aouda :

« Ce mariage vous convient-il toujours, madame ?

— Monsieur Fogg, répondit Mrs. Aouda, c’est à moi de vous faire cette question. Vous étiez ruiné, vous voici riche…

— Pardonnez-moi, madame, cette fortune vous appartient. Si vous n’aviez pas eu la pensée de ce mariage, mon domestique ne serait pas allé chez le révérend Samuel Wilson, je n’aurais pas été averti de mon erreur, et…

— Cher monsieur Fogg… dit la jeune femme.

— Chère Aouda… » répondit Phileas Fogg.

On comprend bien que le mariage se fit quarante-huit heures plus tard, et Passepartout, superbe, resplendissant, éblouissant, y figura comme témoin de la jeune femme. Ne l’avait-il pas sauvée, et ne lui devait-on pas cet honneur ?

Seulement, le lendemain, dès l’aube, Passepartout frappait avec fracas à la porte de son maître.

La porte s’ouvrit, et l’impassible gentleman parut.

« Qu’y a-t-il, Passepartout ?

— Ce qu’il y a, monsieur ! Il y a que je viens d’apprendre à l’instant…

— Quoi donc ?

— Que nous pouvions faire le tour du monde en soixante-dix-huit jours seulement.

— Sans doute, répondit Mr. Fogg, en ne traversant pas l’Inde. Mais si je n’avais pas traversé l’Inde, je n’aurais pas sauvé Mrs. Aouda, elle ne serait pas ma femme, et… »

Et Mr. Fogg ferma tranquillement la porte.

Ainsi donc Phileas Fogg avait gagné son pari. Il avait accompli en quatre-vingts jours ce voyage autour du monde ! Il avait employé pour ce faire tous les moyens de transport, paquebots, railways, voitures, yachts, bâtiments de commerce, traîneaux, éléphant. L’excentrique gentleman avait déployé dans cette affaire ses merveilleuses qualités de sang-froid et d’exactitude. Mais après ? Qu’avait-il gagné à ce déplacement ? Qu’avait-il rapporté de ce voyage ?

Rien, dira-t-on ? Rien, soit, si ce n’est une charmante femme, qui — quelque invraisemblable que cela puisse paraître — le rendit le plus heureux des hommes !

En vérité, ne ferait-on pas, pour moins que cela, le Tour du Monde ?

'Around the World in Eighty Days' by Neuville and Benett 01

  • ↑ Le traitement des fonctionnaires civils est encore plus élevé. Les simples assistants, au premier degré de la hiérarchie, ont 12,000 francs ; les juges, 60,000 fr. ; les présidents de cour, 250,000 fr. ; les gouverneurs, 300,000 fr., et le gouverneur général, plus de 600,000 fr.

tour du monde 3 jours

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La MSC World Cruise n’est pas cumulable avec les promotions BROCHURE ou vouchers; La réduction sur les services de blanchisserie n’est pas cumulable avec d’autres réductions similaires; Un acompte non-remboursable de 15% du montant total est demandé pour la réservation et doit être soldé 7 jours avant la date de confirmation; Conditions spéciales d’annulation pour la MSC World Cruise: Jusqu’à 60 jours avant le départ : 15% (acompte non remboursable) 59 jours à 10 jours avant le départ : 75% A partir de 9 jours avant le départ : 100% Supplément Single : 180% cabines intérieures/vue mer/balcon, 200% suites Pour connaître l'ensemble des conditions de réservations, consultez les Conditions Générales de Vente, article 5.2.

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Around the World in 80 Days

By jules verne.

Around the World in 80 Days

Around the World in 80 Days (French: Le tour du monde en quatre-vingts jours ) is a classic adventure novel by the French writer Jules Verne, first published in 1873. In the story, Phileas Fogg of London and his newly employed French valet Passepartout attempt to circumnavigate the world in 80 days on a £20,000 wager set by his friends at the Reform Club.

Source: Verne, J. (1873) Around the World in 80 Days Paris, France: Routledge

  • Year Published: 1873
  • Language: English
  • Country of Origin: France
  • Flesch–Kincaid Level: 8.0
  • Word Count: 66,281
  • Genre: Adventure
  • Keywords: 19th century literature, adventure, french literature
  • ✎ Cite This
  • Available on iTunes U

Verne, J. (1873). Around the World in 80 Days . (Lit2Go ed.). Retrieved May 28, 2024, from https://etc.usf.edu/lit2go/55/around-the-world-in-80-days/

Verne, Jules. Around the World in 80 Days . Lit2Go Edition. 1873. Web. https://etc.usf.edu/lit2go/55/around-the-world-in-80-days/ >. May 28, 2024.

Jules Verne, Around the World in 80 Days , Li2Go edition, (1873), accessed May 28, 2024, https://etc.usf.edu/lit2go/55/around-the-world-in-80-days/ .

Croisières Tour du monde la liste exclusive de Croisière de Prestige 2024 - 2025 - 2026

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tour du monde 3 jours

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6 janvier 26

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9 janvier 25

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11 janvier 26

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27 février 26

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28 février 25

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tour du monde 3 jours

Croisière Tour du monde : États-Unis, Hawaï, Polynésie française, Nouvelle-Zélande, Australie, Indonésie, Chine, Viêt Nam, Singapour, Malaisie, Sri Lanka, Emirats Arabes Unis, Oman, Egypte, Grèce, Espagne, Angleterre, France

Embarquez à San Fransisco à bord du Queen Mary 2 pendant 0 jours / -1 nuits avec Cunard

Itinéraire : San Fransisco, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Honolulu, Kailua Kona, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Papeete, Moorea, Ligne de changement de date, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Baie des Îles, Auckland, Tauranga, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Sydney, Sydney, Journée de plaisir en mer, Brisbane, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Yorkeys Knob, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Darwin, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Bitung, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Hong Kong, Hong Kong, Journée de plaisir en mer, Chan May, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Singapour, Singapour, Port Klang, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Colombo, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Abu Dhabi, Dubaï, Dubaï, Journée de plaisir en mer, Mascate, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Safaga, Safaga, Journée de plaisir en mer, Canal de Suez , Journée de plaisir en mer, Athènes Le Pirée, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Cadix, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Southampton, Le Havre, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, New York

6 février 26

tour du monde 3 jours

Embarquez à Los Angeles à bord du Queen Mary 2 pendant 0 jours / -1 nuits avec Cunard

Itinéraire : Los Angeles, Journée de plaisir en mer, San Fransisco, San Fransisco, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Honolulu, Kailua Kona, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Papeete, Moorea, Ligne de changement de date, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Baie des Îles, Auckland, Tauranga, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Sydney, Sydney, Journée de plaisir en mer, Brisbane, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Yorkeys Knob, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Darwin, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Bitung, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Hong Kong, Hong Kong, Journée de plaisir en mer, Chan May, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Singapour, Singapour, Port Klang, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Colombo, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Abu Dhabi, Dubaï, Dubaï, Journée de plaisir en mer, Mascate, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Safaga, Safaga, Journée de plaisir en mer, Canal de Suez , Journée de plaisir en mer, Athènes Le Pirée, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Cadix, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Southampton, Le Havre, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, Journée de plaisir en mer, New York

3 février 26

Les ports de départ pour la destination Tour du monde

Les bateaux qui vous emmènent en croisière destination tour du monde, les compagnies qui proposent des croisières destination tour du monde.

Pendant les croisières Tour du Monde de luxe , l’accent est mis sur les destinations et les excursions ou expéditions qui vous sont proposées à chaque escale. Suivez les guides, ils en ont des choses à vous apprendre. Vous vous réveillez chaque jour à un nouvel endroit pour votre plus grand plaisir.

Vous aurez la chance de visiter l’Australie, l’Amérique du Sud, puis de bifurquer ensuite en Afrique pour remonter découvrir l’Asie et les traditions du Japon. Vous ferez sûrement un stop par le Moyen-Orient sur la route du retour, et serez heureux de découvrir la Méditerranée plus en détails.

Pendant les journées en mer, vos vacances continuent et vous profitez pleinement de toutes les activités proposées : spa, piscine, spectacles, ou encore conférences. Il y en aura pour tous les goûts, il ne vous reste plus qu’à faire votre choix.

Votre budget est maîtrisé et votre temps optimisé pour des vacances réussies !  

Quand partir en croisière tour du monde ?

Il est important de savoir qu’il n’y a pas beaucoup de départs tous les ans pour une croisière Tour du Monde . Il faut réserver bien en amont tout simplement en choisissant l’itinéraire qui vous intéresse le plus. Évidemment, il est donc difficile de prévoir le temps dans chacune des escales mais les compagnies font en sorte de vous y emmener à chaque moment propice.

Selon le voyage, les escales prévues et le timing, certaines compagnies prévoient parfois pour leurs passagers de rester quelques jours à terre, avec bien entendu les nuits d’hôtel incluent dans le prix global du voyage. Vous pourrez ainsi à votre guise et votre rythme visiter les villes-escales mais aussi leurs alentours, une occasion de plus de découvrir la population locale, les traditions et la culture de chacune des régions du monde qui seront visitées. 

Avec quelle compagnie partir pour une croisière Tour du Monde ?

Partir avec la compagnie cunard pour un tour du monde .

On ne présente plus Cunard : la compagnie américaine, veille de près de 200 ans et experte en croisières transatlantiques, n'a plus à faire ses preuves, et c'est à bord de deux de ses navires, le Queen Mary II et son petit frère le Queen Victoria que vous aurez l'opportunité de partir pour un Tour du Monde mémorable. Les destinations pour ces tours sont choisies avec soin et vous permettrons de découvrir les beautés inégalable que nous offre notre planète. 

La compagnie du Ponant : des croisières tour du monde haut de gamme 

Que ce soit en terme de prestations, de services ou d'itinéraires, la compagnie du Ponant, seule compagnie de croisières de luxe française, n'a rien a envier à ses concurrents. Dans sa flotte, des yachts de luxe, mais aussi un voilier, le Ponant, l'un des derniers nés de l'armateur. Découvrez leurs croisières Tour du Monde et laissez-vous enivrer. 

Une croisière tour du monde avec la compagnie Seabourn 

Opérant depuis les années 80, Seabourn cruise line met en avant le bien-être de leurs passagers avant toute choses. Si vous voyagez pour une croisière autour du Monde, profitez d'un SPA et d'un centre de remise en forme de haut niveau, composé d'équipements derniers cris. Faire le Tour du Monde en restant en forme ? Nous on dit oui ! 

Oceania Cruises et ses croisières Tour du Monde 

Créée au début des années 2000, la compagnie Oceania cruises a très vite mis la barre très haut en terme de luxe et de raffinement. Le petit plus qui fait la différence ? Faire partie de l'Oceania Club. Devenir membre vous permettra de profiter de promotions exclusives, de soirées et crédits à bord spécifiques à votre statu. 

Regent, la compagnie la plus luxueuse pour des croisières Tour du Monde

Pour Regent un seul mot d'ordre : le all-inclusive ! Que ce soit pour les excursions, les cocktails à bord, les prestations, la connexion internet et bien d'autres spécificités à bord, Regent inclus l'ensemble dans le prix de votre voyage. Vous avez également une nuit d'hôtel incluse avant votre croisière si vous venez de loin. What else?

CMV : Croisière Maritime et Voyage lance bientôt son premier Tour du Monde 

Croisière Maritime et Voyage, compagnie déjà présente outre manche, lance sa gamme de croisières de luxe pour la clientèle française dès 2021. Et pour faire les choses comme il se doit, ils débutent en se lançant dans les croisières Tour du Monde, avec pour ambition de revenir à la croisière tradionnelle et classy, que tous croisièriste chevronné attendrais. L'accent sera mis sur les codes du luxe à la française, et les destinations sur le prestige. 

Quels bateaux font des Croisières Tour du Monde ?

Le queen mary ii : le plus grand des géants des mers.

Réplique du mythique Queen Mary, ce bateau vit le jour en 2001. Embarquer à bord vous renverra dans l'authenticité et la simplicité du luxe des années 80. Les équipements du bateau Queen Mary II n'en sont pas moins modernes, et vous y découvrirez de nombreuses surprises spécialement aménagées pour les passagers. 

Queen Victoria, le petit frère du Queen Mary pour une croisière autour du monde  

God save the Queen ! A l'intérieur du paquebot Queen Victoria l'équipage n'est composé que d'anciens officiers britanniques, ce qui vous garanti une qualité de service inégalable. Partir en croisière autour du Monde et être traité comme un roi, qui n'en rêverai pas ? 

Le navire Seabourn Sojourn, une ambiance chic pour traverser le monde

Paquebot de luxe aux capacités réduites (il ne peux accueillir que 458 passagers maximum), le Seabourn Sojourn est l'idéal si vous rêvez de croisière Tour du Monde plus intimistes faite de partage. Durant quelques mois croisez des visages familiers et vivez cette aventure luxueuse ensemble. 

Insignia : un navire fraichement rénové 

4 restaurants gastronomiques, le Canyon Ranch SPA 5 étoiles, une bibliothèque internationale ... Le navire de luxe Insignia de la compagnie Oceania Cruises a tout pour plaire a une clientèle demandeuse de prestations d'exceptions. Si vous partez en croisière Tour du Monde sur l'Insignia une chose est certaine : vous ne vous ennuierez pas ! 

Seven Seas Mariner : des prestations luxueuses

Comme tous les navires de la compagnie Regent, le Seven Seas Mariner ne déroge pas à la règle : il vous offre le meilleur. Premier navire au monde proposant uniquement des suites ou des cabines balcons, vous êtes parés pour un tour du monde exceptionnel ! Petit déjeuner sur votre balcon au abords des côtes Américaines ou plutôt vers l'Australie ? Vous n'aurez pas à choisir, ce sera votre quotidien !

Le Jules Verne : bientôt une croisière Tour du Monde inaugurale 

Anciennement bateau Astor, fraichement rénové, le Jules Verne sera déjà à l'eau ! En 2022 il effectuera sa première croisière Tour du Monde au départ de Marseille. Exclusivement dédié à une clientèle prenium française, le Jules Verne se fera ambassadeur du charme et de l'élégance à la française. 

Pourquoi choisir une croisière autour du monde ? 

Avant tout car un Tour du Monde c'est le voyage d'une vie ! Qui ne rêve pas de découvrir les différentes cultures, paysages et habitudes des humains du monde entier ? La façon de voyager simplifiée et optimisée qu'est la croisière permet de profiter d'un voyage organisé ou personnalisé en fonction des envies et besoins à l'avance. Vous n'avez plus à vous soucier de réserver hôtels, avions et repas, votre navire, véritable "hôtel 5 étoiles flottant" vous accompagne et vous conduit à chacune des étapes. 

De plus le voyage vous permettra d’observer les différents lieux depuis la mer, chose qui n’aurait pas été possible, ou alors en ajoutant des étapes en bateau, si vous aviez effectué un voyage plus « traditionnel ».

Enfin, la croisière est une façon sereine de voyager, et qui dit croisière ne dit pas forcément tous les jours en mer : la plupart des Tour du monde vous permettrons de profiter parfois de plusieurs jours à terre afin d’explorer et découvrir plus en détails les contrées, tels de véritables explorateurs.

Vous hésitez encore à vous lancer pour une croisière en Tour du Monde ? Les experts de Croisière de Prestige sont là pour répondre à toutes vos interrogations ! Donnez des réponses à vos questions et osez vivre votre rêve de Tour du Monde. Le voyage de toute une vie n’attends pas !

Mois de départs avec Tour du monde

  • Croisière Tour du monde en Janvier 2025
  • Croisière Tour du monde en Fevrier 2025
  • Croisière Tour du monde en Janvier 2026
  • Croisière Tour du monde en Fevrier 2026
  • Croisière Tour du monde en Mars 2026
  • Croisière Tour du monde en Janvier 2027

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Des idées pour voyager au bout du Monde

 PRÉPARER UN LONG VOYAGE 

Vous avez une envie d'aventure, un projet de grand voyage ? Vous planifiez de partir pour longtemps ou bien, vous préparez un Tour du Monde ?

Voici ma méthode pour organiser le voyage de vos rêves de A à Z, qu'il s'agisse de partir 3 semaines avec une valise ou un an avec votre sac à dos   !

Commencez par définir vos destinations pour tracer un itinéraire et un planning de votre périple.

Puis,  calculez le budget de votre voyage  et enfin vous devez prévoir hébergements et transports. Retrouvez les planificateurs en version Excel pour un voyage sur mesure et plusieurs check-list à suivre.

Bons préparatifs les globe-trotter !

BUDGET ET ITINERAIRE LONG VOYAGE

Planning, Itinéraire, Budget et Organisation d'un voyage

Vous pouvez vous rendre directement aux rubriques  Itinéraire et Planning de voyage  ou Budget du voyage . Si vous avez déjà défini itinéraire et budget de voyage, rendez-vous directement à la page  Penser à tout avant le départ .   Mais si vous en êtes à l'étape zéro, voici toutes les infos clés pour lancer votre projet de voyage. 

Choisir la destination

Définir itinéraire et planning

Calculer le Budget

Organiser les transports

Organiser les hébergements

Effectuer les démarches obligatoires

Faire son sac

1 - Choisir la destination

Destination long voyage

Vous choisirez votre (ou vos) destination(s) de voyage principalement en fonction du temps que vous pourrez partir, de vos centres d'intérêt et de votre budget. Vous allez évidemment commencer par vous poser tout un tas de questions pour décider de votre destination .

Voici quelques astuces pour savoir où vous souhaitez, et où vous pouvez, mettre les pieds :

Commencez par calculer le budget global dont vous disposez. S'il est serré, vous pourrez déjà éliminer certaines régions du Monde. C'est un peu terre à terre, mais oui, sans argent, certains pays sont plus compliqués que d'autres ! Pour vous aider, consultez la carte des  destinations les moins chères et les plus chères Pour trouver un vol le moins cher sans idée de destination, faites une  recherche "partout" sur skyscanner

Si vous n'avez aucune idée du prix d'un voyage, utilisez cette page et demandez un devis pour vous faire une idée d'un itinéraire et des activités possibles dans le pays (gratuit et sans engagement) :  Où partir  

Si vous cherchez des inspirations pour un long voyage hors des sentiers battus, vous pouvez consulter les récits de mes derniers périples dans la rubrique  itinéraires de voyage

Si vous recherchez des paysages pour vous en mettre plein les yeux ou faire de belles photos, vous pouvez découvrir des centaines de lieux incontournables avec  les plus beaux paysages du Monde  

Si vous souhaitez voyager loin des foules, voici ma sélection des  destinations insolites sans touristes

Si vous voulez du soleil, regardez  où fait-il beau dans le Monde selon les mois

Renseignez-vous sur le calendrier des festivités et des événements des Pays convoités ! C'est souvent l'occasion d'un détour... Pour cela tapez simplement "Calendrier fêtes + nom du pays" sur Google.

2 - Tracer un itinéraire et définir un planning

Itinéraire long voyage

Pour un voyage longue durée, à moins que votre souhait soit d'improviser à 100% (le meilleur choix si votre temps et votre budget le permettent), voici la méthode pour construire le planning de votre petit périple avec un planificateur sur mesure à construire vous même. 

Il s'agit de créer un fil conducteur et surtout de récolter en amont un tas d'infos, notamment des indications tarifaires pour le budget. 

L'itinéraire n'est pas fait pour être respecté à la lettre, il donne juste des indicateurs, des repères, des gardes-fous. Libre à vous de changer de directions et de modifier les plans une fois sur place !

Construire un itinéraire de voyage avec un planificateur Excel :

La meilleure technique consiste à tracer en parallèle l'itinéraire sur une carte et le programme jour par jour sur un calendrier. 

Sur le planning, noter les dates clés : départ, retour, impératifs (être à une date précise à un endroit...)

Sur la carte, repérer les étapes phares de votre itinérance

Evaluer les distances et les moyens de transports entre chaque étape phare

Prendre en compte le décalage horaire dans la réalisation du parcours (pour un programme serré au jour le jour il faut planifier le repos, c'est indispensable !)

Prévoir des jours d'imprévus (votre planning doit être souple, c'est à dire vous laisser la possibilité de sauter une étape en cas de galère...)

Prendre en comptes les saisons et le climat dans les Pays traversés pour la réalisation de votre parcours (certaines routes ne sont pas praticables en saison des pluies, certains bateaux, trains, bus ne fonctionnent pas en basse saison, certaines zones sont inaccessibles pendant la mousson...). Pour repérer les saisons des pluies en un coup d’œil, regardez le  calendrier du climat dans le Monde  

Découvrez quelques astuces pour faire un planning de voyage  

Si vous souhaitez tracer votre itinéraire sur une carte, utilisez My Maps pour créer un long itinéraire

Le Planning de voyage au jour le jour (Excel)

Si votre souhait est de planifier votre projet de voyage jour par jour sur un calendrier, je vous propose un modèle de Planning de voyage Excel qui intègre le calcul du budget de voyage. Vous n'avez qu'à remplir vos dates de voyages, vos étapes, vos transports, logements et activités jour par jour.

Planning Voyage Excel

3 - Calculer le budget du voyage

Budget d'un long voyage

Si vous avez défini un itinéraire sur une carte, vous avez déjà une idée bien précise des transports que vous serez amenés à emprunter. Renseignez-vous maintenant sur leur coût approximatif.

Si vous avez inséré des étapes à votre planning, vous devez maintenant récolter les informations tarifaires les concernant (coût des activités sur place en particulier)

Les dépenses de voyage

Vous devrez recenser les éléments pour établir les 8 budgets suivants :

1 - Transports et visas

Vols, frais de visas, trains, bus, taxi, locations de voiture, carburants..

➜ Pour estimer vos frais de transports consultez :

le prix des voyages en bus, train et ferry

le prix des vols

le prix des locations de véhicules

2 - Assurances

Si vous partez plus de 3 mois , vous aurez obligation de souscrire à une assurance (je vous recommande  celle-ci ). Si vous voyagez même deux semaines seulement aux USA, en Australie, au Canada, en Suisse, au Brésil, en Nouvelle-Zélande, ou autres Pays où les frais médicaux sont élevés, il vous faudra une assurance spécifique.

➜ Je vous recommande  cet assureur voyage

3 - Équipement

N'oubliez pas dans votre budget les achats de votre sac à dos, de votre blouson et de tout ce qu'il faut pour partir en voyage (aidez-vous de ma liste " accessoire de voyages ", " liste pour faire son sac " ou " acheter un sac à dos de voyage ")

4 - Hébergements

Vous pouvez repérer à l'avance certains logements clés sur votre parcours pour maîtriser votre budget. Sur un site de réservation type  booking , cherchez l'hôtel qui vous convient en fonction de vos critères de confort et basez-vous sur ce prix. Mon conseil : Prévoyez des nuits en bus ou train de nuit permet de réduire le budget de façon indolore !

Du simple au quintuple en fonction des Pays bien sûr. Attention à toujours vérifier si le petit déjeuner est inclus dans le prix de votre logement. Prendre un petit déjeuner très copieux quand il est inclus dans la nuit d'hôtel et payer un déjeuner léger est une bonne astuce pour économiser !

6 - Activités

Pensez à mettre dans votre budget de voyage les droits d'entrée pour les monuments, parcs nationaux, festivités. Mais également le coût des activités avec guides, la location de vélo, le baptême de parapente, etc. Ou encore les dons que vous ferez aux associations locales.

➜ Pour estimer le coût de vos activités, consultez les prix des billets et des visites guidées .

➜ Pour faire un City Trip à petit prix, pensez-à vous munir d'un Pass Go City .

7 - Téléphonie et conso internet

Si vous voyagez hors d'Europe, pensez à estimer les frais de téléphonie et de consommations internet si vous ne vous contentez pas du Wifi ! Vous pouvez acheter une carte SIM locale en arrivant ou vous équiper d'une  eSIM étrangère pour limiter les frais

➜ Pour bénéficier d'une réduction de 5% sur une eSIM, utilisez le code promo GLOBETROTTING sur le site Holafly .

➜ Pour en savoir plus, vous pouvez lire l'article sur les Cartes Sim en voyage .

8 - Shopping

Parce qu'une fois sur place, on a souvent envie de rapporter des milliers de souvenirs, le budget shopping ne doit pas être négligé lorsque vous calculez vos dépenses prévisionnelles avant le départ.

9 -  Budget "Imprévus" ​

Je vous conseille de toujours prévoir "du mou" en cas d'imprévu : Si besoin de changer un billet d'avion, de payer une amende, des soins médicaux, etc.

Le budget "jour par jour" en fonction des Pays

Pour établir le budget approximatif des dépenses quotidiennes en fonction des destinations, vous devrez avoir une idée du coût de la vie dans le ou les Pays que vous allez visiter.

Il s'agit d'un budget minimum par personne pour un voyageur au profil "backpacker" ayant pour objectif de dépenser le moins possible !

Le budget se base sur 3 repas par jour (à bas prix), un hébergement économique (type auberges de jeunesse) ainsi que les transports locaux (type bus public).

Pour faire un calcul très rapide de votre budget, vous pouvez vous baser sur les chiffres suivants pour votre "per diem". N'oubliez pas que vous devrez rajouter les activités et les transports longue distance.

Budget dépenses en voyage par pays

Budget de voyage : A quoi faut-il faire attention ?

Budget voyage précautions

Voici à quoi vous devez faire attention lorsque vous calculez votre budget de voyage :

à la saison  : haute saison ou basse saison, les prix peuvent parfois tripler !  

aux assurances  : si vous partez hors d'Europe, n'oubliez pas de les inclure dans votre budget ( regardez les prix )  

aux frais cachés des vols low cost  (cf. paragraphe sur le  budget transports )  

aux pays qui demandent un traitement antipaludéen  (25€ la semaine de traitement)  

au budget médicament , voir ma page sur la  trousse de secours  

aux frais de Visas  de Séjours ou de Travail (30 à 200€ par Pays)  

aux taxes d'aéroports  (quelques euros par vol, varie en fonction des Pays de 0 à 8€)  

aux frais d’entrées  de certains sites culturels, religieux, manifestations  

aux frais bancaires  de 2 à 4% des montants quand vous payez par carte ou que vous faites un retrait. Pour les éviter, prenez une carte bancaire adaptée à l'international , mais aussi une  carte gratuite N26 , indispensable pour avoir une carte de secours à l'étranger !  

aux taxes de séjour  (pour certains hébergements, il faut ajouter de 20 centimes à 3€ par nuit, en fonction du prix de la nuitée)  

au budget souvenirs  et cadeaux  

au budget téléphonique pour les appels à l’étranger et au prix des connexions internet (Lisez comment Utiliser un téléphone mobile à l'étranger )  

au budget pré-achat du matériel de base pour le voyage (sac, vêtements, photo, caméra (Voir la checklist pour le sac de voyage )

Si votre budget est très juste, vous serez tenté de tout calculer à la baisse pour vous rassurer, essayez d’être réaliste, quitte à chercher une solution de financement supplémentaire, faites-le avant le départ plutôt qu’au retour !

Le Budget prévisionnel de voyage (Excel)

Voici un exemple de budget de voyage rapide et simplifié qui vous permet de repérer chaque catégorie et ligne de dépense à prendre éventuellement en compte, selon votre programme.Découvrez ce   Budget de voyage Excel proposé en téléchargement

Budget Voyage Excel

4 - Organiser les transports aériens

Organiser transports aériens

Voici quelques astuces et conseils pour organiser et réserver vos transports.

A savoir avant d'acheter un billet d'avion

Comparez le prix et la durée des vols sur un comparateur de vols (j'en ai  testé plusieurs, c'est bien skyscanner le plus performant selon moi)  

Découvrez comment trouver des vols au meilleur prix  en appliquant certaines méthodes simples.

Attention aux frais cachés des vols low cost  :

5€ de frais de réservation

5€ de frais d'enregistrement

5 à 15€ de fais de paiement

20€ à 30€ de frais pour le bagage en soute

Les frais éventuels de "snacks/boissons" si rien n'est offert pendant le vol​  

Au total, 35€ de plus que le prix affiché lors des résultats de recherches

Pour un voyage itinérant, recherchez des  vols multi-destinations , parfois plus économiques que si vous achetez les vols un par un (cochez simplement "multi-destinations" au lieu de "aller-retour")

Si vous avez la possibilité, ne prenez pas un A/R qui vous oblige à partir d'un endroit et à faire demi-tour pour rentrer. C'est plus sympa de faire un itinéraire d'un point A à un point B

Cherchez les tarifs sur une zone géographique sans vous limiter à une ville/un pays : Atterrir dans un pays voisin avec liaison avion/train/bus peut s’avérer économique. Par exemple, pour  mon voyage en Asie du Sud-Est , j'ai comparé les vols vers la Thaïlande, le Laos, le Cambdge et j'ai choisi mon point de départ en fonction du vol le moins cher. Pareil pour  mon voyage en Amérique du Sud .  

Sur certains sites, les frais varient en fonction de l’heure de la journée. Méfiez-vous des sites comme Go Voyages et Lastminute.com qui ont ces pratiques, voici à titre indicatif la grille des frais :

Frais billets avion selon heure

Avant de procéder au paiement vérifier les noms, la date, les villes de départ, les aéroports (attentions aux aéroports secondaires type Beauvais - au lieu de Paris - qui demandent plus 3H de transit et 30€ de frais)

Pour ne pas vous faire avoir en cas d'annulation de votre voyage, souscrivez une bonne  assurance annulation

Le moment idéal pour acheter un billet d'avion

Selon un rapport publié début 2015 par Expedia et ARC qui ont analysé plus de 5 milliards de recherches de billets d'avion, il y aurait un jour de la semaine et une heure à laquelle les tarifs sont les plus bas.

Ce moment magique est d'après eux le  MARDI à 15 HEURES, 50 à 100 JOURS avant votre vol . Depuis, cette annonce, il se se trouve que ce créneau est à une heure où les frais de réservations sont les plus élevés pour certains sites de réservations.

On vous conseillera donc souvent d'acheter votre billet "by night" entre minuit et 5h du matin... 

Attention à l'IP Tracking !

Certains sites qui vendent des billets d'avion ont une pratique illégale qui consiste à analyser vos recherches via votre identifiant internet (votre adresse IP) et à augmenter le prix du vol ou du séjour qui vous intéresse, pour vous pousser à l’acheter au plus vite et surtout plus cher ! Vous avez peut-être remarqué un jour, qu'en repérant un vol à 102€ un lundi matin, il passe à 180€ le soir venu. Voici comment éviter de vous faire avoir :

Connectez-vous avec votre smartphone en 4G et non à votre box WIFI !

Faites votre achat en navigation privée

Cherchez le meilleur vol chez vous et faites l'achat au bureau, chez votre voisin ou dans un lieu public qui dispose du WIFI

Connectez vous à un hotspot WIFI pour faire votre achat

Les indemnités en cas de vol retardé

En cas de refus d'embarquement, de retard ou d'annulation, une indemnité de 250€ à 600€ peut être obtenue.

Les circonstances, la durée du vol, mais aussi le pays dans lequel se situe l'aéroport de départ ou encore la nationalité de la compagnie aérienne sont autant d'éléments à prendre en compte et qui influent sur le montant de l'indemnité.

Consultez mon article :  Avion en retard ou vol annulé : quelle indemnité ?

Les Pass Tour du Monde

De nombreux tourdumondistes réservent à l'avance auprès d'un seul interlocuteur tous les vols internationaux de leur Tour du Monde par le biais d'alliances aériennes.

Pourtant, ce genre de billets ne coûte pas moins cher que d'acheter ses  vols en multi-destination  et surtout ça rend le voyage rigide et les billets tours du monde ne permettent pas de visiter toutes les régions voulues.  

Les alliances de compagnies aériennes de billets TDM sont :  

Star Alliance

Et voici 3 agences de voyages spécialisées en tour du monde :  

Les connaisseurs du voyage

TravelNation

En fonction de votre itinéraire et de la distance parcourue votre pass vous coûtera entre 1900 € (version très light) et 6000 € voire beaucoup plus si vous voyagez en business class et que vous envisagez de visiter toutes les îles du Pacifique une à une !

5 - Organiser les transports routiers

Organiser transorts de voyage

Location d'un véhicule à l'étranger

Ce que vous devez savoir avoir de louer un véhicule :

Le conducteur doit impérativement avoir une carte de paiement car la plupart du temps, seul le conducteur peut effectuer le paiement pour des questions d’assurance. Sans sa propre carte de paiement, le conducteur ne peut pas louer de voiture.   ATTENTION : Si le conjoint ou ami non conducteur effectue le paiement pour une réservation sur internet  mais qu’il n’a pas de permis, il risque de se voir refuser le retrait du véhicule sans remboursement (cf. conditions internet).

Pensez à la location de véhicule en "self-drive" ou "autotour" si vous n'avez jamais conduit à l'étranger et que vous souhaitez être rassuré (location d'un véhicule avec itinéraire fourni et campings/logements réservés). J'ai fait ce choix pour mon premier  voyage en Afrique, en Namibie et au Botswana , j'ai adoré, nous avons voyagé avec un 4x4 roof tent (tente sur le toit) et tout était prévu par l'agence. On a la liberté tout en ayant un itinéraire à suivre et les campements réservés. 

Penser à louer un 4x4 avec tente sur le toit (roof tent) pour vos itinéraires en Afrique, aux USA, en Australie... C'est un mode de voyage qui se combine bien avec l'autotour dont je vous parle juste au-dessus. Voici un exemple d ' itinéraire 4x4 avec tente sur le toit

➜ Pour consulter les tarifs de location de véhicule, je vous recommande ce  comparateur

Les transports en commun

Pour estimer les distances entre chaque étape, le plus simple est d'utiliser Google Maps .

Utilisez aussi les sites Omio et Bookaway pour consulter les horaires et la durée des transports en commun.

Achat et revente d'un véhicule à l'étranger

Vous pouvez opter pour l'achat et la revente d'un véhicule si vous avez pour projet de rouler pendant des mois en Australie, Amérique, Afrique, Asie, Europe... 

6 - Organiser les hébergements

Organiser hébergements en voyage

Définissez votre standing d'hébergement

Selon les destinations, votre budget et surtout vos préférences, vous aurez le choix entre différents types de logements :

Auberge de jeunesse

Appartements / studios

Hôtels / Lodges

Chez l'habitant / Maison d’hôtes

Nuit dans le bus ou le train

Hébergement gratuit contre travail ou contre votre bonne humeur (voir ci-dessous "Couchsurfing" et "Wwoofing")

Hôtels, appartements et auberges de jeunesse

Voici quelques conseils concernant les réservations de logements :

Comparer selon les hôtels selon les  avis des voyageurs avec  Tripadvisor

Pour avoir des chambres d'hôtel au meilleur prix, consultez les  comparateurs de prix d'hôtels  

Pour les auberges de jeunesse , rendez-vous sur Hostelworld  

Certains sites de réservation d’hôtels débitent votre carte de crédit, d’autres non, il faut mieux bien lire les conditions du paiement pour éviter tout malentendu sur place. 

La plupart des sites de réservation d’hôtels proposent une annulation gratuite 48 h avant la date réservée, vous gardez donc la souplesse de modifier votre itinéraire en cours de route, mais vous gardez une sécurité sur les dates stratégiques.

Couchsurfing, la solution des routards sociables

Voici un moyen de dormir sans payer un rond et se faire des potes sur la route au passage. Le CouchSurfing c'est un service d'hébergement temporaire, de personne à personne. 

​L’hospitalité, une valeur qu’on pourrait croire disparue est pourtant revenue en force grâce à la magie d’Internet. Partout dans le monde, des hôtes accueillent des voyageurs pour quelques nuits, sur un bout de canapé ou dans la chambre d’amis, pour le simple plaisir de la rencontre et de l’échange.  Un clic-clac à Buenos Aires, un futon à Berlin, ça vous tente ? Bienvenue chez les couchsurfeurs !

  

Via le  site web de couschsurfing , les gens proposant ou cherchant un hébergement sont mis en relation via un service en ligne sans publicité. 

Wwoofing, la solution des travailleurs temporaires

L'idée de WWOOF est de mettre en relation des personnes désireuses de découvrir et de participer au monde agricole biologique et écologique avec des fermiers, des professionnels de cet univers.

WWOOF  vous permet donc de dormir chez un fermier ou un particulier qui pratique l’agriculture biologique ou l’éco-construction en échange de travaux et services dans sa propriété

Échanger son appartement

Si vous envisagez de faire étape assez longtemps dans une ville et que vous possédez un logement bien placé que vous êtes prêt à louer, vous pouvez faire un échange.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le  site du leader de l'échange d'appartement .

7 - Effectuer les démarches nécessaires

Démarches de voyage

Votre projet de voyage tient la route ? Votre budget est ficelé ? Vous n'avez plus qu'à vous mettre au boulot pour réunir les éléments indispensables et boucler les démarches obligatoires (Visas, Papiers, Santé, Assurances, Banque...)

Rendez-vous sur la page  Checklist du départ à l'étranger

8 - Choisir un sac à dos

Choisir sac de voyage

vUne étape clé d'un long voyage est le sac qui vous accompagnera tout au long de votre pérégrination ! Faites le bon choix car il sera garant du confort de votre voyage !

Rendez-vous sur la page Les meilleurs sacs à dos de voyage

9 - Organiser son sac à dos

Organiser sac à dos

Vous y êtes presque, le voyage se prépare à grands pas. Savez-vous comment remplir et optimiser votre sac à dos de voyage ? découvrez toutes les règles d'or du backpacker !

Rendez-vous sur la page  Organiser un sac à dos de voyage

10 - Réunir les accessoires de voyage indispensables

Accessoires de voyage

Certains accessoires de voyage vous changeront la vie une fois sur la route. Pour vos bagages, vos photos, votre communication, vos loisirs, etc.

Commencez avant tout par vous équiper d'un lot d' organiseurs de bagages , d'un chargeur externe , d'un adaptateur de courant et d'une pochette secrète .

Consultez sans tarder la liste des meilleurs  Accessoires de voyage  de tous les temps.

11 - Remplir son sac de voyage

Check list sac de voyage

Dernière ligne droite avant le grand jour du départ : Il ne vous reste plus qu'à remplir vos bagages (valise ou sac à dos). Pour absolument ne rien oublier, voici la checklist pour faire son sac de voyage.

Rendez-vous sur la page  Checklist pour remplir un sac de voyage

12 - Et enfin, partir et voyager sans modération !

Partir en voyage

A vous de jouer ! Bons voyages...

Accessoires utiles pour un long voyage

Si vous partez en long voyage ou en tour du Monde, voici les accessoires de voyage que je vous recommande absolument pour un gain d'organisation garanti !

Organiseur sac voyage

Des organisateurs de sac

Voici une solution pratique pour structurer votre sac ou votre valise à la perfection ! Des housses de rangement pour bagages vous permettent d'attribuer un espace spécifique à chaque objet, vous faisant ainsi économiser de l'espace et un temps précieux. 

Batterie de voyage

Une batterie externe

Un chargeur externe est un dispositif compact conçu pour recharger vos appareils électroniques lors de vos déplacements. Elle offre une source d'alimentation fiable et pratique, garantissant que vous restiez connecté où que vous soyez. Le minimum est d'avoir un modèle 10 000 mAh. 

Pochette de voyage

Une pochette tour de cou

Une pochette tour de cou de voyage offre discrètement un espace sécurisé pour vos documents essentiels, vous permettant de voyager en toute tranquillité d'esprit. Son design discret en fait un compagnon idéal pour garder vos objets de valeur à portée de main, mais hors de vue.

Pochette de voyage

Un adaptateur universel

L' adaptateur international est un accessoire essentiel en voyage, permettant de brancher tous les appareils électroniques dans différentes prises électriques à travers le monde. Sa polyvalence et sa compatibilité en font un compagnon de voyage indispensable.

Trousse de toilette voyage

Une trousse de toilette de voyage

Une bonne trousse de toilette de voyage doit être compacte et pratique pour ranger vos produits d'hygiène personnelle en déplacement. Elle doit absolument posséder un crochet et des compartiments à fermeture.

Le p'tit blog d'une enseignante spé pour tous !

tour du monde 3 jours

Le Tour du Monde en 80 Jours

Mimiclass commentaires 59 commentaires.

Voici le fruit d’une année de travail collaboratif avec Gwenaëlle Cattelain, coordinatrice ULIS en collège. Vous avez déjà pu découvrir son travail sur les dossiers de lecture de l’Odyssée et du Petit Prince notamment. Nous avons échangé par mail durant une année qui a été très enrichissante pour nous deux afin de construire tout un ensemble de documents autour du roman de Jules Verne, « Le Tour du monde en 80 jours ». Nous vous proposons l’ensemble de ces documents dans cet article !

Nous avons travaillé à partir d’une version adaptée par Maxime Rovere dont vous pourrez trouver le livre ci-dessous. Le livre n’étant malheureusement plus édité, une version plus récente qui peut être utilisée est parue chez les Editions Belin ( cliquez sur les images pour accéder aux livres. )

tour du monde 3 jours

DOSSIER COMPLET : Fiches découvertes, cartes mentales, feuilles de route…

tour du monde 3 jours

TAPUSCRIT LECTEUR + QUESTIONS NIVEAU 1

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TAPUSCRIT DYS + QUESTIONS NIVEAU 2

tour du monde 3 jours

TAPUSCRITS AVEC QUESTIONS INTEGREES

Gwenaëlle ayant travaillé à l’écrit à partir du texte 5, il n’y a donc pas les parties 1 à 4 dans les documents, qu’elle a plutôt traitées à l’oral en classe.

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SEQUENCE SUR LE PORTRAIT

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ATELIERS D’ECRITURE

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RESUMES A TROUS (Lucie)

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DOSSIER « DECOUVERTE DU MONDE »

tour du monde 3 jours

Vous pouvez soutenir mon travail en faisant un petit don par paypal, cela me permettra aussi de continuer à faire perdurer le blog en m’aidant pour les coûts d’hébergement du site (et oui, comme j’ai décidé de vous proposer un blog entièrement sans pub, j’héberge moi-même le blog mais cela a un coût assez conséquent…).

Merci pour votre soutien !

tour du monde 3 jours

59 réflexions sur " Le Tour du Monde en 80 Jours "

Merci beaucoup pour ce partage ! je viens d’arriver en ULIS après 16 ans en segpa et notre dispositif reçoit une unité externalisée d’un IME avec qui nous allons travailler sur ce roman une 1/2 journée par semaine . Vraiment au top !!!!

Super contente que cela vous inspire pour votre projet, bonne aventure autour du monde !

Bonjour, merci pour ce partage énorme ! Il n’y a plus accès au activités d’écriture, peux-tu remettre le lien de partage s’il te plaît? Encore merci pour ce travail absolument génial !

Bonjour Justine, Merci beaucoup pour ton message. J’ai vérifié, et il y a bien le lien pour les activités d’écriture (logo pdf) juste en dessous de l’image dans l’article. Le lien fonctionne, j’ai vérifié. N’hésite pas à me contacter par MP en cas de soucis.

Merci infiniment pour ce magnifique travail qui va bien m’être utile dans ma classe unique. petite question, le tapuscrit avec question intégré est il disponible du chapitre 1 à 3, celui en ligne commence à la partie 4. Merci par avance

Bonjour, Gwenaëlle a traité les parties 1 à 4 plutôt à l’oral avec ses élèves, elle n’a commencé qu’à partir de la partie 5 à l’écrit. C’est donc normal si tu ne trouves pas le tapuscrit pour ces parties. Bonne continuation.

Merci beaucoup ! Tout est super bien fait. Je vais utiliser certains documents dans ma classe de CM1.

Super, je te souhaite une belle rentrée !

Bravo et merci pour ce travail incroyable!!

Merci beaucoup !

Bonjour, je suis très contente. Je vous remercie beaucoup.

Merci pour ton retour !

Merci pour ces partages de grande qualité!

MERCI beaucoup pour ce partage ! C’est très intéressant. Je connais des élèves qui vont être contents, j’ai hâte…

Merci Florence !!!

Bravo et merci pour ce travail formidable !

Merci beaucoup Nadège !

Bonjour, je débute votre progression ce lundi avec les élèves ! Merci beaucoup pour votre travail. En revanche certaines fiches dans les premières du dossier « découverte autours du monde » sont décalées ou on ne peux pas voir les images ou les questions et c’est très dommage!

Merci beaucoup pour vos remarques. Par contre j’ai vérifié et je ne constate aucun décalage dans les premières pages du dossier, vous utiliser bien le logiciel Acrobat Reader pour ouvrir le fichier ? Il y a par contre quelques décalages vers la fin, je verrais avec Gwenaëlle si elle peut refaire le fichier. Bonne continuation.

Merci beaucoup pour votre partage, je vais pouvoir utiliser vos ressources avec mes CM1 !

Avec plaisir, bon voyage autour du monde !

Travail magnifique et très admirable !!! Mille mercis pour le partage !

Avez-vous les fichiers avec les corrections ou quelques éléments de correction svp ? merci d’avance =)

Je suis désolée mais je n’ai pas de fichier correction, mais je pense qu’en le travaillant avec vos élèves vous n’aurez aucun mal à trouver les réponses aux différents questionnaires. Merci encore pour votre retour ! Belle continuation à vous.

Merci beaucoup pour votre réactivité ! Aucun souci , c’était au cas où hihihi…

Encore une fois, quel travail formidable ! Ensuite on dira que les profs sont toujours en vacances et qu’on ne s’investit pas à fond pour nos élèves !

Moi perso j’adore tous ces supports ludiques et même mes élèves un peu plus grincheux et fainéants y prennent goût !

Ca me touche beaucoup et je suis heureuse que nos supports plaisent à vos élèves ! Bonne continuation 🙂

Merci infiniment pour ce travail que vous partagez.

Merci beaucoup Laëtitia !

Bonjour ! Un super travail, d’une grande qualité. Je travaille avec mes élèves sur le livre « en classe avec Jules Verne » (Boimare) et je cherchais des documents pour aider certains élèves (en SEGPA). Je les ai trouvés sur ton site qui est top ! Merci pour ce partage.

Super, je te souhaite une belle aventure autour du monde ! Je reprends aussi ce thème pour ma première année en SEPGA en module d’aide 🙂

Merci énormément pour ce travail colossal. Magnifique. Merci pour ce partage !

« Qui me fait » et non « qui me font » oups désolée!

Quelle chance d’avoir accès à tout ce travail! Merci infiniment pour ce partage qui me font gagner un temps fou! Merci pour ce beau projet.

Avec plaisir Véro ! 🙂

Mais quel fabuleux travail…Merci !

Merci Virginie !

merci pour ce partage qui m’aide bcp en ce début d’année

C’est moi qui te remercie Sandra non seulement pour ton commentaire, mais aussi pour ton don qui me touche énormément !

Un grand merci pour ce travail, qui correspond parfaitement à mes envies ! Merciiii !

Merci Elodie, je te souhaite une belle année pour faire le tour du monde !

Un très bon travail félicitations Je travaille sur ce roman depuis 3 ans et j’ai récupéré quelques pistes. il semble que le PDF découverte du monde ait eu un problème de calibrage lors de la transformation du word. Plusieurs pages sont décalées ou il manque des images il me semble.

Merci beaucoup pour ton message ! J’ai vérifié et le fichier est d’origine comme cela, je n’ai pas le fichier word car Gwen m’avait envoyé directement ce dossier à partager. Désolée !

La place de votre travail est au Louvre : )

Auriez-vous éventuellement le corrigé des questions en lien avec le tapuscrit pour le niveau 1 ?

Encore bravo !

Merciii ! Je suis désolée, je n’ai pas créé les fichiers de correction….

Magnifique !!!!

Merciiiii !

Merci beaucoup pour ce travail de qualité et différencié !

Avec plaisir ☺️

Bonsoir, un énorme merci pour ce superbe partage. Je souhaiterais savoir sur combien de temps avez-vous lu le livre, à quelle fréquence ? Pour gérer la programmation annuelle.

Bonjour, c’est un travail que j’ai fait sur quasiment l’année entière 🙂

Bonjour, Un grand merci pour le partage de ce travail. Vous avez réalisé un énorme travail et je suis particulièrement pressée de le faire découvrir à mes élèves. Encore MERCI!

Merci beaucoup, tu verras tes élèves vont adorer cette belle aventure !

Merci beaucoup pour ce merveilleux travail! Je suis admirative !

Merci pour cet énorme travail.

Merci Nathalie !

Bonjour, j’aurais aimer utiliser le document avec les questions intégrés pour mes élèves Ulis mais cela ne commence qu’au chapitre 5. Serait-il possible d’avoir le document avec les 4 premiers chapitres s’il existe? Merci encore pour tout ce travail qui nous fait gagner un temps précieux.

Bonjour, je suis désolée mais Gwenaëlle qui a créé ces documents a commencé seulement à le faire à partir du chapitre 4..

Merci pour ce partage, c’est un boulot énorme ! J’ai hâte de démarrer ce nouveau voyage avec mes élèves !

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Notre enquête

Coût d'un tour du monde, décomposition du budget, facteurs qui influent sur le budget, dépenses avant le départ, dépenses sur place.

  • Dépenses qui continuent en votre absence

Garder de l’argent pour le retour

Notre outil de gestion de budget voyage.

Budget tour du monde

Quel budget pour un tour du monde ?

  • par Sylvain
  • 25 novembre 2022

I l n’est pas facile d’arriver à estimer soi-même le coût d’un voyage au long cours. Dans ce dossier, nous vous aidons à calculer précisément votre budget en prenant en compte les principaux paramètres qui impactent vos dépenses : durée du voyage, pays visités, transport, hébergement, matériel, assurance, visas, vaccins… Nous vous donnons également des conseils pratiques pour économiser.

Nous avons réalisé une grande enquête du 11 au 14 octobre 2022, auprès de 967 personnes ayant fait un long voyage en indépendant de plus de trois mois. Nous leur avons posé des questions détaillées sur la structure de leurs dépenses par poste et par pays. En savoir plus sur notre méthodologie

Si vous avez déjà fait un long voyage et que vous voulez aider les futurs tourdumondistes, vous pouvez y répondre ici .

  • – 15 000 € pour un voyageur solo
  • – 30 000 € pour un couple
  • – 67 000 € pour une famille

(pour une durée moyenne de 10 mois)

Mais cette moyenne reflète des réalités très contrastées. Certains tourdumondistes arrivent à voyager avec un budget presque nul, en se déplaçant uniquement à pied et en auto/bateau-stop, en campant ou en bénéficiant de l’hospitalité des gens.

D’autres, au contraire, prennent beaucoup de vols ou voyagent dans un véhicule coûteux, logent à l’hôtel et font beaucoup d’activités. Le budget le plus élevé de notre enquête est de 60 000 € par personne !

Entre ces deux extrêmes, on trouve toutes les gammes de budgets. Cependant, plus des trois quarts se situent entre 6 000 € et 24 000 € par personne.

Schéma du budget tour du monde moyen répartition

Note : Les chiffres de ce graphique correspondent uniquement aux voyageurs solo et en couple dont le parcours correspond strictement à la définition d’un tour du monde, c’est-à-dire parcourir la planète dans un sens donné jusqu’à revenir à son point de départ.

Les dépenses sur place représentent la plus grosse partie du budget lors d’un long voyage : environ les deux tiers en moyenne. Viennent ensuite les billets d’avion qui représentent environ un cinquième du coût total. Le reste des dépenses est principalement composé de l’équipement, de l’assurance, des visas et des vaccins.

Décomposition Budget Tour Du Monde

« Le budget total moyen » s’applique à un tour du monde « complet », c’est à dire à un voyage avec retour au point de départ et traversée des océans Atlantique et Pacifique. La durée du voyage n’est pas prise en compte. Nous avons simplement écarté les tours du monde express de moins de 3 mois.

La durée du voyage

Sans surprise, c’est le facteur qui a le plus d’influence sur le budget total du voyage. En effet, les coûts fixes (équipement, vaccins…) ne représentent qu’une très faible proportion du coût total d’un tour du monde. Les coûts variables (billets d’avion, transports locaux, hébergement, nourriture, activités, assurance voyage, visas…) pèsent beaucoup plus et sont proportionnels à la durée du voyage. Cependant, plus on voyage longtemps, plus on reste longtemps dans chaque pays et moins le budget sur place est élevé.

Schéma du budget tour du monde moyen selon la durée du voyage

Les pays visités

Le budget quotidien moyen va du simple au quintuple parmi les pays les plus visités par les tourdumondistes. En Inde, ils dépensent en moyenne 18 € par jour alors qu’en Polynésie, leur budget quotidien moyen est de 71 €.

Si votre compte en banque n’est pas très garni, le meilleur moyen pour partir longtemps est de rester au maximum dans des pays peu chers.

  • La zone la moins coûteuse est l’Asie (hors Japon, Corée et Chine)
  • La Chine, L’Amérique latine (hors Brésil, Chili et Argentine), et l’Europe de l’Est reviennent un peu plus cher, mais restent abordables.
  • L’Europe occidentale, l’Amérique du Nord, le Japon, l’Océanie, le Brésil et l’Argentine nécessitent un budget élevé.

L’Afrique est peu visitée par les tourdumondistes. Nous n’avons donc malheureusement pas beaucoup de données pour ce continent. Cependant, contrairement à ce qu’on pourrait penser, voyager en Afrique n’est pas forcément très bon marché. En effet, il n’y a quasiment pas de logement ni de transport à destination des backpackers.

Carte des budgets quotidiens moyens par personne dans le monde

D’où viennent les données .

Les données proviennent de notre enquête. Elles concernent uniquement des longs voyages de plus de trois mois consécutifs, en grande majorité effectués en 2021 et 2022.

Sur la carte, il s’agit d’une moyenne des budgets des voyageurs en sac à dos, solo ou en couple. Vous trouverez les budgets plus détaillés dans le tableau juste en dessous.

Fiabilité des budgets

Pour chaque budget, nous indiquons le nombre de répondants à notre enquête. Il vous permet d’évaluer son niveau de fiabilité :

  • Peu fiable :  de 1 à 5 répondants
  • Moyennement fiable :  de 6 à 10 répondants
  • Assez fiable :  de 11 à 20 répondants
  • Très fiable :  plus de 20 répondants

Que comprennent ces budgets ?

Les budgets par pays comprennent tous les coûts sur place :

  • Hébergement
  • Boissons/sorties
  • Transports locaux
  • Activités/visites

Pour les personnes qui voyagent en véhicule, ils comprennent aussi les coûts suivants :

  • Location du véhicule (s’il a été loué)
  • Frais mécaniques

En revanche, ils ne comprennent ni le coût des transports internationaux pour se rendre dans le pays ni les frais de visa éventuels ni l’achat d’un véhicule.

BUDGETS QUOTIDIENS PAR type de voyageurs POUR CHAQUE PAYS

Participer à notre enquête sur le budget des tourdumondistes

Le rythme du voyage

Préparer un tour du monde, c’est un peu comme manger à un buffet à volonté. On a envie de ne rien rater et on a souvent tendance à vouloir visiter trop de pays.

Mais une fois en route, vous vous rendrez vite compte que pendant un long voyage on n’a pas le même rythme qu’en vacances. On vous conseille donc de ne pas être trop gourmand pour votre itinéraire.

Voyager lentement permet aussi de limiter considérablement les dépenses de bus et autres transports locaux.

Quand on reste quelques semaines au même endroit, on peut aussi s’arranger pour négocier un bon prix pour un logement.

Les voyageurs qui ne restent en moyenne que deux ou trois semaines par pays ont des dépenses plus de deux fois supérieures à ceux qui restent plus de sept semaines par pays.

Pour aller plus loin, consultez notre dossier sur la construction de l’itinéraire pour un tour du monde .

Le nombre de personnes qui voyagent

Voyager à plusieurs permet de diviser beaucoup de coûts par deux : les chambres, les taxis, les guides de randonnée…

Bien souvent on paie seul une chambre qui contient deux lits simples ou un lit double. Si vous voyagez seul, vous rencontrerez souvent d’autres voyageurs solos qui cherchent également à économiser en partageant une chambre. C’est aussi une bonne façon de se faire des potes de voyage.

Si vous voyagez en famille, vous ferez des économies d’échelle. Les enfants mangent moins et peuvent dormir dans la chambre de leurs parents. De plus, les petits ne paient pas forcément les transports.

Cependant, ces économies potentielles ne se reflètent pas dans les budgets constatés dans notre enquête pour les couples et les familles, car elles ont aussi tendance à voyager un peu moins roots que les voyageurs solos.

Budget moyen :

  • pour un voyageur solo : 15 000 €
  • pour un couple : 30 000 €
  • pour une famille : 67 000 €

Pour plus de détails, consultez nos dossiers sur le voyage en solo et sur le tour du monde en famille .

L’âge des voyageurs

Votre âge n’est pas un facteur sur lequel vous pouvez influer. Néanmoins, les données de notre enquête montrent qu’on ne voyage pas de la même façon à 20 ans ou à 50 ans.

Quand on est jeune, dormir en auberge de jeunesse ou dans des chambres spartiates ne pose en général pas de problème. De toute façon, on n’a pas forcément les moyens de se payer mieux.

Quand on vieillit et qu’on a un peu plus de moyens, on aime parfois avoir un peu plus de confort : une douche et des toilettes dans la chambre, la climatisation…

Il ne faut, bien entendu, pas généraliser. Il est tout à fait possible de voyager avec un budget serré à tout âge.

Schéma du budget tour du monde moyen selon l'âge

Les billets d’avion

Les trois quarts des voyageurs longue durée se déplacent principalement en avion et en transports en commun locaux. Les tourdumondistes dépensent en moyenne 2 800 € pour leurs billets d’avion (pour 10 mois de voyage en moyenne), alors que ceux qui font un long voyage sans faire un tour du monde ne dépensent en moyenne que 1 250 € en billets d’avion (pour 7 mois de voyage en moyenne).

Pour acheter vos billets d’avion, trois solutions s’offrent à vous :

1. Acheter vos billets au fur et à mesure

Cette solution à l’avantage d’offrir une grande flexibilité. En revanche, elle nécessite plus d’organisation pendant le voyage.

En effet, il vous faudra acheter vos billets suffisamment à l’avance pour éviter de les payer au prix fort.

2. Acheter un billet tour du monde auprès de l’une des grandes alliances aériennes

Star Alliance , One World et Sky Team , ainsi qu’ Emirates , proposent des billets tour du monde. Le principe est simple : vous achetez vos billets en une fois et les dates sont ensuite modifiables gratuitement (mais pas les destinations).

Chaque alliance propose sa propre gamme de billets tour du monde. Leurs prix varient d’environ 2 500 € à 4 500 € par personne en classe économique, en fonction du nombre de continents visités ou du nombre miles parcourus.

3. Acheter un billet tour du monde auprès d’une agence de voyage spécialisée

Certaines agences de voyage, comme Travel Nation ou Zip World , sont spécialisées dans les billets tour du monde sur mesure.

Elles combinent les offres des alliances avec des vols d’autres compagnies pour que vous ne soyez pas limité aux destinations desservies par les compagnies de l’alliance.

Elles peuvent vous conseiller dans l’optimisation de votre itinéraire pour faire baisser le prix de vos billets ou ajouter des destinations à peu de frais.

Leurs prix commencent à environ 1 500 € pour des billets tour du monde très basiques et même beaucoup moins pour d’autres types de billets multidestinations.

Comment réduire le budget des billets d’avion ?

Limiter le nombre de vols est le meilleur moyen de réduire votre budget. La première question à vous poser est “Est-ce que je veux absolument faire un tour du monde ?”. En effet, faire un tour du monde nécessite de traverser l’océan Pacifique, ce qui augmente beaucoup le coût des billets d’avion, même en prenant un billet tour du monde.

Il est tout à fait possible de faire un voyage inoubliable sans traverser le Pacifique. Bien sûr, vous ne pourrez pas dire “J’ai fait le tour du monde” en rentrant, mais finalement est-ce si grave que ça ?

Un bon moyen d’économiser est de ne prendre l’avion que pour changer de continent. Vous pouvez arriver dans une ville, voyager en prenant les transports en commun locaux et repartir d’une autre ville.

On appelle ça les tronçons terrestres. Ils peuvent être prévus dans un billet tour du monde (on les représente de cette façon //).

Si vous voyagez ainsi, vous pourrez faire un tour du monde en ne prenant que trois ou quatre fois l’avion.

Par exemple : Paris – Bangkok // Singapour – Perth // Sydney – Santiago // Lima – Paris

Pour plus de détails, consultez nos dossiers sur les billets tour du monde et sur nos techniques pour acheter des billets d’avion pas cher .

L’équipement

Les tourdumondistes dépensent en moyenne 500 € pour leur équipement. Cependant, cette moyenne cache des écarts très importants. Certains voyageurs se contentent principalement de ce qu’ils avaient déjà en leur possession, d’autres investissent dans du matériel haut de gamme.

Un équipement basique peut tout à fait faire l’affaire. Vous pouvez vous contenter de ce que vous avez déjà chez vous et compléter avec du matériel Décathlon par exemple, qui offre un bon rapport qualité/prix ou acheter d’occasion.

Si vous comptez camper, faire du trekking en haute montagne, ou souhaitez voyager ultraléger, opter pour du matériel plus performant peut être une bonne idée. Vous pouvez profiter de soldes, de ventes privées ou de promotions sur internet pour en trouver à des prix raisonnables.

Quelques exemples de prix d’équipements :

  • Sac à dos : de 40 € à 360 € voir notre comparatif
  • Chaussures de trail/randonnée : de 35 € à 220 € voir notre comparatif
  • Sac de couchage : de 40 € à 400 € voir notre comparatif
  • Appareil photo : de 320 € à 2 950 € voir notre comparatif
  • Ordinateur/tablette : de 250 € à 1 500 € voir notre comparatif

Pour plus de détails, consultez notre dossier sur l’équipement pour un long voyage .

L’assurance

En dehors de l’Europe, la sécurité sociale française ne vous remboursera qu’en cas d’événement inopiné et seulement selon les barèmes français. Les assurances des cartes bancaires de vous couvrent que pour les trois premiers mois de voyage. Il est donc fortement recommandé de prendre une assurance voyage longue durée.

Les tourdumondistes dépensent en moyenne 450 € pour leur assurance voyage. C’est un budget non négligeable, mais qui peut vous éviter une addition très salée en cas de problème.

La plupart des assurances couvrent les risques suivants : rapatriement, frais médicaux, décès, invalidité, assistance juridique, frais de recherche et de secours, retour anticipé, annulation, bagages et responsabilité civile.

Il n’est pas facile de s’y retrouver dans la multitude d’assurances voyage proposées sur le marché. C’est pourquoi nous avons réalisé un comparatif détaillé des couvertures et des tarifs de tous les principaux assureurs pour vous aider à faire votre choix.

Pour entrer dans certains pays, vous devrez payer un visa. La plupart des pays d’Amérique Latine sont accessibles aux Européens sans visa. En Asie et en Afrique, en revanche, beaucoup de pays en demandent un. Les tourdumondistes dépensent en moyenne 150 € pour leurs visas. Quand l’option est proposée, préférez les e-visas qui sont en général moins chers que les visas classiques.

Quelques exemples de prix de visas touristiques pour les pays les plus visités par les grands voyageurs :

  • Australie : Autorisation ETA : 20 AU$
  • Birmanie : 50 US$
  • Cambodge : 36 US$
  • Chine : 126 €
  • États-Unis : Autorisation ETSA : 21 US$
  • Inde : E-visa : 25 $
  • Indonésie : Gratuit jusqu’à 30 jours – 35 US$ pour 30 jours renouvelable une fois
  • Laos : 40 US$ à l’arrivée ou 35/40 € avant le départ
  • Népal : 15 jours : 35 US$ – 30 jours : 55 US$ – 90 jours : 135 US$
  • Thaïlande : Gratuit jusqu’à 30 jours – 35 € pour 60 jours
  • Vietnam : Gratuit jusqu’à 15 jours – pour 30 jours : visa classique : 85 € ou e-visa : 25 €

Pour plus de détails, consultez notre dossier sur les visas .

Les vaccins

Avant de partir voyager dans des pays tropicaux, il faut passer par la case vaccins. Vous pouvez les faire dans un centre de vaccinations internationales. Ceux des hôpitaux sont en général moins chers que ceux de l’Institut Pasteur ou du centre de vaccination Air France.

Le nombre de vaccins à faire dépend des pays que vous visitez, des vaccins que avez déjà faits auparavant et du niveau de risque que vous êtes prêt à prendre.

Les seuls vaccins qui sont remboursés par la sécurité sociale sont :

  • Diphtérie, tétanos, coqueluche et poliomyélite
  • Rougeole, rubéole et oreillons

Les autres ne sont pas remboursés, mais certaines formules de mutuelles peuvent parfois les prendre en charge. Les tourdumondistes dépensent en moyenne 200 € pour leurs vaccins.

Quelques exemples de prix de vaccins (à l’hôpital-européen de Marseille) :

  • Méningite : 52 €
  • Diphtérie, tétanos, coqueluche et poliomyélite : 25 €
  • Hépatite A : 25 €
  • Hépatite B : 13 €
  • Encéphalite japonaise : 95 €
  • Rage : 30 €
  • Fièvre jaune : 42 €
  • Encéphalite à tique : 35 €
  • Typhoïde : 30 €

Pour plus de détails, consultez notre dossier sur les vaccins .

Le véhicule

Plutôt que de voyager en avion et en transports en commun locaux, certains tourdumondistes préfèrent partir avec leur propre véhicule. Il est possible de faire de grosses économies sur les billets d’avion en choisissant un mode de transport alternatif.

Voyager en vélo revient en moyenne beaucoup moins cher qu’en avion, même en prenant en compte l’achat du matériel. Cependant, la somme que dépensent les tourdumondistes pour leur vélo et leur équipement varie énormément. Nous en connaissons qui s’en sont sortis pour 500 €, alors que d’autres ont dépensé plus de 6 000 €.

Beaucoup de familles et certains couples optent pour un véhicule motorisé pour leur tour du monde : camping-car, camion, van aménagé, 4×4, voilier… Là encore, l’investissement varie beaucoup selon le type de véhicule : de 2 000 € pour un vieux van aménagé à plus de 300 000 € pour un camion 4×4 haut de gamme.

Si vous choisissez de voyager avec votre véhicule, partir d’Europe jusqu’en Asie ou en Afrique par la route vous permettra de ne pas prendre d’avion du tout. Il est aussi possible de vous rendre sur le continent américain et d’acheter un véhicule sur place.

Si vous souhaitez faire un véritable tour du monde avec votre véhicule, il vous faudra prévoir un budget supplémentaire important pour le transporter par cargo d’un continent à l’autre. Vous devrez également payer des billets d’avion, car il n’est, en général, pas possible d’embarquer sur le navire avec votre véhicule.

Pour plus de détails, consultez nos dossiers sur le voyage en vélo , en auto-stop et en camping-car .

Camion Tour du Monde

Le top du top, le camion 4×4 aménagé, comptez plus de 250 000 € !

Les tourdumondistes dépensent en moyenne 10 900 € sur place , soit environ les deux tiers du budget total.

De manière générale, le budget sur place se répartit à peu près à parts égales entre :

L’hébergement

  • La nourriture et les boissons

Les transports locaux

  • Les visites, activités et dépenses diverses

Mais cette répartition varie selon les pays. Si vous faites un trek avec un guide au Népal ou si vous prenez des cours de plongée en Thaïlande, la part des activités sera plus élevée.

Si vous visitez la Patagonie en Argentine, la part des transports locaux sera prépondérante. Dans les pays riches, au contraire, la part de l’hébergement et de la nourriture sera plus importante.

Dormir dans le bus

Dormir dans les bus, une bonne technique pour économiser des nuits d’hôtel

La plupart des tourdumondistes logent dans des hébergements pour backpackers pendant leur voyage. Il s’agit le plus souvent de guesthouses ou de bungalows en Asie, d’auberges de jeunesse ou de petits hôtels pas chers en Amérique Latine et dans les pays riches.

Dans les zones très touristiques, les prix s’envolent en haute saison. Celle-ci n’est pas forcément la même dans tous les pays, ce qui permet, avec un peu d’organisation, d’éviter de se retrouver au milieu des hordes de vacanciers et de payer le prix fort.

Quand vous voyagez en basse saison et que les logements sont peu remplis, il est souvent possible d’obtenir une réduction en marchandant un peu. L’important, quand vous négociez, est d’être patient et de garder le sourire.

Il est possible de faire de grosses économies en optant pour d’autres types d’hébergements :

  • Le camping : Partir avec une tente alourdira votre sac à dos, mais vous permettra de dormir gratuitement partout dans le monde.
  • Le couchsurfing : Son intérêt est avant tout de rencontrer des locaux sympas pour partager leur culture, mais il permet aussi de se loger gratuitement
  • L’hébergement contre travail : Via des sites comme Wwoof, HelpX ou Workaway, vous pouvez travailler bénévolement avec une communauté locale en étant nourri et logé.
  • Dormir dans les bus : En Asie et en Amérique Latine, beaucoup de bus sont équipés de sièges inclinables permettant de dormir lors des trajets de nuit, ce qui vous permettra d’économiser des nuits d’hôtel.
  • Dormir dans un van : Si vous voyagez dans de grands pays riches comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, le Canada, il peut être intéressant d’acheter un van et de dormir dedans ou d’acheter une voiture et une tente pour faire du camping. Vous pourrez ensuite le revendre à votre départ. Plus vous restez longtemps, plus c’est intéressant par rapport à la location d’un véhicule.

Pour plus de détails, consultez notre dossier sur le logement en voyage .

La nourriture

Dans beaucoup de pays, pas besoin d’aller dans un restaurant pour bien manger. Dans la rue ou sur les marchés, la nourriture est toujours fraîche et les plats ne sont pas modifiés pour plaire aux palais occidentaux.

C’est surtout dans les pays dont le niveau de vie est plus élevé qu’il faudra faire attention à ce poste de dépense.

Il revient beaucoup moins cher d’acheter à manger dans les magasins et de cuisiner que de manger à l’extérieur. La plupart des auberges de jeunesse mettent des cuisines à disposition.

Privilégiez les produits locaux, souvent moins chers que les produits importés. Si vous faites du camping, investir dans un réchaud et une popote vous permettra de faire pas mal d’économie sur la nourriture.

Les boissons et les sorties

Ce poste de dépense semble marginal, mais une soirée un peu arrosée dans un bar ou un resto peut vite faire déraper votre budget. Dans beaucoup de pays, une bière coûte plus cher qu’un repas. Réduire votre consommation d’alcool fera donc du bien à votre foie et à votre porte-monnaie.

Cependant, en bons nordistes, on comprend l’importance d’un petit apéro de temps en temps. Alors, plutôt que de vous sevrer complètement, privilégiez les spécialités locales, en général moins chères que la bière.

Votre moyen de transport principal sera le bus. Privilégiez les bus locaux, moins chers et plus authentiques que les bus pour touristes. Dans certains pays, comme l’Inde notamment, le train est également très bon marché si vous évitez les classes de luxe. Les vols intérieurs sont en général beaucoup plus chers, notamment en Asie, les vols low-cost valent parfois le coup.

Dans les pays où le coût de la vie est bas, il est possible de se déplacer en taxi, touk-touk ou rickshaws sans se ruiner. En vous renseignant un peu dans votre guide et autour de vous, vous pourrez assez facilement connaître le prix « normal » d’une course. Fixer le prix à l’avance vous permettra d’éviter une addition salée à l’arrivée.

Négocier le tuk tuk

Mettez-vous toujours d’accord sur le prix avant de monter

Les visites et les activités

Les visites de lieux très connus, les tours ou les activités sportives comme le trekking avec un guide et la plongée peuvent vite faire décoller votre budget.

À peine arrivé dans une nouvelle ville, votre hôtel vous propose généralement des activités en partenariat avec des agences locales.

En cherchant un peu, il est souvent possible de vous organiser sans intermédiaire pour visiter un monument, faire une randonnée ou profiter de toutes sortes d’attractions touristiques…

Bien sûr, vous serez la cible de ce que nous appelons « le marketing de la peur ». Il consiste à vous convaincre que vous ne pourrez pas y arriver par vous-même, que c’est impossible, bla bla bla… Ne vous laissez pas impressionner.

Au Népal, par exemple, il nous a été très facile de faire les trois semaines de trek autour des Annapurna sans guide, avec une bonne carte.

Quelques exemples de prix de visites et d’activités :

  • Cours de plongée PADI Open Water en Thaïlande : 220 €
  • Trek au Népal avec un guide : 500 €
  • Cours de parapente au Népal : 300 €
  • Descente de la route de la mort en VTT en Bolivie : 100 €
  • Entrée au Machu Picchu + Huayna Picchu : 70 €
  • Entrée à Angkor Wat 3 jours : 50 €
  • Cours d’espagnol à Buenos Aires : 150 € par semaine
  • Vol au-dessus des lignes de Nasca : 80 €
  • Tour en 4×4 dans le salar d’Uyuni et le Sud Lipez : 80 €

Les frais bancaires

A chaque fois que vous utilisez votre carte bancaire pour payer ou retirer de l’argent en dehors de la zone euro, votre banque vous prélève des frais. Si vous êtes dans une banque traditionnelle, ces frais peuvent aller jusqu’à 500 € sur une année de voyage.

Il est donc intéressant d’ouvrir un compte dans une banque en ligne ou une banque mobile. Certaines banques, comme monabanq ou N26 proposent des offres sans frais sur les retraits à l’étranger.

Pour plus de détails, consultez notre dossier sur les frais bancaires à l’étranger .

Les autres dépenses sur place

Les autres dépenses peuvent inclure :

  • les lessives
  • le coiffeur
  • l’achat de souvenirs et de cadeaux
  • l’envoi de colis en Europe
  • les frais de téléphone ou de connexion à Internet
  • le rachat ou la réparation d’équipement en cas de vol, de perte ou de casse
  • les arnaques
  • les frais médicaux en cas d’accident ou de maladie (remboursés ensuite par votre assurance voyage)

On les oublie souvent quand on calcule un budget pour un tour du monde. Le fait d’être en voyage n’empêche pas certains frais de continuer à être débités. Pensez à laisser assez d’argent sur votre compte pour éviter de tomber dans le rouge sans vous en rendre compte.

Pour plus de détails, consultez notre dossier sur les démarches administratives .

La taxe foncière

Si vous êtes propriétaire, vous devrez payer la taxe foncière tous les ans. La date limite de paiement est en général fin octobre. Pour être tranquille, optez également pour la mensualisation.

L’assurance habitation

Si vous conservez votre logement pendant votre voyage, il vous faudra continuer à payer votre assurance habitation.

L’assurance auto

Même si personne n’utilise votre voiture pendant votre absence, elle doit obligatoirement rester assurée, c’est la loi. Il vous faut donc contacter votre assurance pour passer à la formule la moins chère. Il existe tout de même une solution pour ne pas payer d’assurance en votre absence. Vous pouvez mettre votre véhicule hors d’état de nuire ou de circuler (ses roues ne doivent plus toucher le sol et la batterie et le carburant doivent être retirés).

L’abonnement de téléphone

Quand on voyage, il est parfois bien utile de garder un petit forfait de téléphone qui fonctionne à l’international pour pouvoir recevoir des appels et les codes validation de votre banque par texto.

L’abonnement carte/compte bancaire

On vous conseille d’ouvrir des comptes dans des banques mobiles ou en ligne et de fermer le compte de votre banque traditionnelle pour limiter les frais. Les comptes qui permettent de retirer sans frais à l’étranger comme monabanq ou N26 Black, coûtent quelques euros par mois.

Le garde-meuble

Si vous avez quitté votre logement et que vous ne connaissez personne qui puisse stocker vos meubles, vous pouvez les entreposer dans un garde-meuble. Pour limiter les frais, pensez aux plateformes de co-stockage entre particuliers, moins chères que les services de self-stockage traditionnels.

Les emprunts

Si vous avez des emprunts en cours de remboursement pour votre logement, votre voiture ou vos études, vous devrez continuer à les rembourser pendant le voyage. Si votre contrat le permet, vous pouvez cependant demander de suspendre le remboursement de votre crédit pendant la durée de votre tour du monde.

La mutuelle

Garder une mutuelle n’est pas indispensable pendant un tour du monde. Cependant, quelques voyageurs font le choix d’en garder une pour être sûr que leurs frais médicaux en France soient couverts à 100 % en cas de rapatriement.

Pour plus de détails, consultez notre dossier sur les assurances voyage .

On vous conseille de garder un peu d’argent pour votre retour. Selon notre enquête, les tourdumondistes gardent en moyenne 2 000 € pour leur retour.

Illustration télécharger notre tableur ultra complet

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Pour t’aider à estimer ton budget prévisionnel et à suivre tes dépenses pendant ton voyage, on a créé un tableur ultra-complet . Profites-en ! On l’offre à tous nos lecteurs qui s’inscrivent pour recevoir les nouveaux articles et les enquêtes de Tourdumondiste. On explique en détails comment il marche juste après.

*On t’enverra un email quand on publie un nouveau dossier sur Tourdumondiste. On t’écrira aussi quand on fait des enquêtes auprès de la communauté. Les réponses des voyageurs comme toi nous servent à donner de vraies infos objectives dans nos articles. Tu recevras un à trois emails par mois, pas plus. Promis juré, sur la vie de nos mères, on ne t’enverra jamais aucune pub et on ne vendra pas tes données.

Le budget prévisionnel

Le budget prévisionnel par pays.

Sélectionnez les pays que vous comptez visiter avec vos dates d’arrivée et de départ prévues. Notre outil calcule automatiquement votre budget prévisionnel total par pays en fonction du nombre de voyageurs (adultes et enfants).

Le calcul est effectué à partir des budgets médians obtenus via notre enquête.

Le degré de fiabilité de l’estimation (qui dépend du nombre de répondants à l’enquête) est indiqué dans le tableau.

Vous pouvez également choisir d’augmenter ou de diminuer votre budget par rapport au budget médian des tourdumondistes pour qu’il reflète mieux votre façon de voyager. Vous pouvez aussi vous en servir pour prévoir une marge de sécurité.

Budget prévisionnel par pays

Un graphique est généré automatiquement pour illustrer la répartition de votre budget par pays.

Graphique budget par pays

Nous avons listé tous les équipements qu’il est imaginable d’emporter en voyage : sac, vêtements, matériel de camping, trousse de toilette, pharmacie, matériel électronique, accessoires, papiers et même matériel pour les enfants. Bien entendu, il ne s’agit pas de tout emporter, mais cette liste très complète vous permettra de ne rien oublier.

Sélectionnez les équipements que vous avez déjà et ceux que vous devez acheter. Indiquez la quantité, le prix et le poids unitaire. L’outil calcule automatiquement le budget et le poids total de votre équipement.

Tableau équipement

Les autres postes de dépenses

L’outil permet aussi d’estimer le budget des postes suivants :

  • Transports internationaux (avion, bateau, train, bus…)
  • Assurance voyage

Le suivi du budget en cours de route

Une fois en route, vous pourrez continuer à utiliser notre outil en mode hors-ligne pour noter vos dépenses au fur et à mesure pour chaque pays. Indiquez la date, le montant en monnaie locale et le type de dépense. L’outil calcule automatiquement le total des dépenses dans le pays et le budget restant par rapport à votre prévisionnel. Il crée aussi un graphique pour vous permettre de visualiser la répartition entre les différents postes de coûts : hébergement, nourriture, transport local, activités, boissons/sorties et shopping.

Suivi des Dépenses

Vous pourrez également suivre :

  • Les dépenses imprévues en cours de route (achats ou modifications de billet d’avion, remplacements ou réparations d’équipements cassés, perdus ou volés, arnaques…)
  • Les frais bancaires pour chaque retrait et paiement par carte

Le récapitulatif

L’onglet récapitulatif vous permet :

  • De visualiser la répartition du budget prévisionnel
  • De suivre l’évolution de vos dépenses sur place par rapport à votre prévisionnel
  • De voir le détail du total de vos dépenses sur place

À part le nombre d’adultes et d’enfants, ne remplissez rien sur cet onglet. Toutes les autres valeurs se calculeront automatiquement quand vous aurez rempli les onglets suivants.

Graphiques Budget

Utilisation

Pour une utilisation optimum, on vous conseille d’utiliser notre outil dans Google Sheets. C’est l’équivalent d’Excel, mais en ligne.

Rendez-vous sur cette page . Connectez-vous avec votre compte Google si vous en avez déjà un, sinon créez-en un.

Une fois connecté, glissez et déposez notre fichier dans votre espace Google Sheets. Vous pourrez le partager et l’utiliser à plusieurs, ce qui est pratique si vous voyagez à deux ou en groupe. Il sera accessible depuis tous vos appareils : ordinateur, téléphone, tablette…

Utilisation hors connexion

Lorsque vous serez en voyage, vous pourrez utiliser notre outil hors connexion en suivant ce petit tutoriel

Aidez la communauté des tourdumondistes

Si vous rencontrez un problème pour utiliser notre outil ou si avez des suggestions pour l’améliorer, envoyez-nous un message . On vous répondra rapidement, et ça nous permettra de continuer à l’améliorer pour les prochains tourdumondistes.

Aussi, si vous l’utilisez pendant votre voyage, ce serait super sympa de nous l’envoyer à votre retour. Ça nous permettra d’être encore plus précis sur les estimations de budget par la suite.

Télécharger notre outil de simulation et de suivi de budget de voyage

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On t’explique en détails comment il marche au chapitre précédent .

tour du monde 3 jours

Guide : 3 jours à Venise

Par Léonard Lahmi Team TDM Le 16 01 2018

tour du monde 3 jours

Célèbre dans le monde entier pour ses gondoles, ses canaux et son architecture incroyable, Venise surnommée « La Serinissima » offre à ses visiteurs un spectacle envoûtant et magique à chaque instant.

Une ville-musée, semblable à aucune autre, à voir au moins une fois dans sa vie !

À seulement quelques heures de vol de la France, Venise est une destination idéale pour un petit week-end prolongé…

Du coup, chez TDM, on a voulu vous concocter un petit guide (non exhaustif) qui vous permettra d’apprécier pleinement et efficacement la variété de ce que cette cité peut offrir lors d’un weekend de 3 jours !

tour du monde 3 jours

Petite astuce spéciale TDM : Avant de vous lancer à l’aveuglette dans cette ville où il y a tellement à voir et à visiter, pourquoi ne pas commencer votre séjour par un Free Tour ?! Avec ce Free Tour du centre historique de Venise , pendant 2h vous découvrirez les monuments, les places et les rues le long des canaux de la ville la plus romantique d’Italie !

Premier Jour :

Une fois arrivés à l’aéroport Venezia Marco-Polo, et après être sortis de l’aéroport, dirigez vous vers la zone « arrivi voli » . Des bus assurent les transferts de l’aéroport jusqu’à la ville de Venise. Un second transfert est à effectuer pour rejoindre Venise : prenez le train surélevé surnommé « People Mover » de la station « Tronchetto » à la station « Piazzale Roma » . Le trajet ne dure que quelques minutes et la vue est à couper le souffle… Et voilà, vous êtes arrivés dans la Cité des Doges !

A savoir : C’est le moyen le plus rapide et efficace pour rejoindre Venise. Le ticket à 1,50 € par personne et par trajet.

Si vous souhaitez rejoindre vôtre hôtel/logement pour y déposer vos bagages et faire votre check-in, plusieurs options s’offrent à vous :

  • Soit vous prenez un « vaporetto » (petit bateau typique de Venise)
  • Soit (si votre hôtel n’est pas trop loin) vous pouvez vous y rendre à pied
  • Soit vous êtes pressés et souhaitez faire au plus rapide en réservant un bateau-taxi directement depuis l’aéroport .

Venise ayant la particularité d’être une ville semi-piétonne, tout le monde se déplace ou à pied ou en « vaporetto »… Des pompiers, aux livreurs, en passant par les policiers… le spectacle est étonnant et vous ne serez pas être gênés par les voitures !

Petit conseil : Lors de votre séjour, il est préférable d’acheter un « pass vaporetto » à la station « Piazzale Roma » (ou directement en ligne ) et correspondant à la durée de votre séjour. C’est bien plus économique et plus rapide que d’acheter un ticket de transport pour chaque trajet.

tour du monde 3 jours

Comme vous venez d’arriver à Venise et qu’il doit être l’heure de déjeuner, vous devez avoir un petit creux… Et quoi de mieux pour commencer le séjour qu’une bonne pizza ??

S’imprégner de l’ambiance, écouter les serveurs et les clients parler italien… un début de Dolce Vità !

Quel que soit le quartier (« sestiere » en vénitien), vous trouverez de nombreuses pizzeria avec des prix légèrement plus abordables qu’en France… et des pizza de bien meilleure qualité !

Petit conseil : Évitez cependant celles se trouvant à proximité de la Place Saint Marc , les prix sont prohibitifs, les plats de qualité moyenne voire médiocre. Certaines de ces pizzeria se sont d’ailleurs spécialisées dans le « tourisme de masse », privilégiant les groupes de touristes… A fuir donc, d’autant qu’il suffit de s’éloigner un peu pour trouver son bonheur.

tour du monde 3 jours

Après avoir mangé, direction l’endroit le plus célèbre de Venise : la Place Saint-Marc !

Située dans le quartier de San Marco , la Place Saint-Marc est le cœur de Venise, en effet pratiquement tous les monuments sont concentrés à cet endroit.

tour du monde 3 jours

Attention , pour visiter les monuments de la Place, il est préférable d’acheter les billets sur internet, les prix sont un peu moins élevés que si vous les achetiez sur place.

  • Le Campanile : C’est le premier monument que vous verrez en arrivant sur la Place Saint-Marc. Tour emblématique de la ville de Venise, le Campanile était avant tout une tour de guet. Après s’être écroulé, le monument a été reconstruit à l’identique au début du XXème siècle. L’entrée coûte seulement 8€ et en quelques secondes, vous serez arrivés au sommet. Du haut de ses 100 mètres, vous aurez une vue panoramique sur toute la ville de Venise mais aussi sur certaines des îles de la lagune… et si le temps est clair, vous aurez peut-être même la chance d’apercevoir les Alpes ! Attention cependant aux horaires qui varient selon les saisons (De Novembre à Mars, le Campanile est ouvert de 9h30 à 15h45. D’Avril à Juin et de Septembre à Octobre, le lieu est ouvert de 9h à 19h. Et de Juillet à Août ce sera de 9h à 21h).
  • Le Palais des Doges (Palazzo Ducale) : Une fois que vous serez descendus du Campanile, impossible de venir à Venise sans admirer le Palais Ducale. Il est LE monument emblématique de la ville. Situé en face du Campanile, ce palais était le centre politique et législatif de la cité. Quel que soit l’angle d’où on le regarde, il accroche le regard. Et on ne peut qu’être admiratif de son architecture et de sa façade de marbre… On pourrait même la comparer à de la dentelle tant la matière est travaillée. Lors de la visite du palais, vous pourrez peut-être refaire le parcours des détenus d’antan, qui passaient par l’une des ailes du palais, et qui admiraient une dernière fois Venise avant de rejoindre leurs cellules. Selon la légende, depuis ce pont, où à travers une petite fenêtre, ils apercevaient la beauté de la ville au soleil couchant, ils soupiraient… Par la suite, ce fameux pont fut surnommé  « Le Pont des Soupirs » (Ponte dei sospiri). Le Palais des Doges est ouvert du Lundi au Dimanche 8h30 à 19h pour les horaires d’été (du 1er Avril au 31 Octobre ) et de 8h30 à 17h30 pour les horaires d’hiver (du 1er Novembre au 31 Mars). Au programme de la visite du Palais, les plus belles œuvres des peintres et sculpteurs italiens : de Bellini à Carpaccio, en passant par Le Tintoret (Tintoretto) et Veronese, avec des œuvres plus belles les unes que les autres. Un immanquable à Venise malgré la file d’attente… que vous pouvez éviter en achetant des billets coupe-fil ! Comptez 17€ par personne. Le prix est un peu excessif, mais allez faire un tour sur le site internet du musée afin de voir si vous ne pourriez pas avoir des réductions et des billets coupe file.
  • La Basilique Saint-Marc (Basilica San Marco) : Située à gauche du Palais Des Doges, la basilique Saint-Marc est également un monument incontournable de Venise… c’est d’ailleurs l’une des plus anciennes églises d’Italie. Âgée d’environ 1000 ans, son architecture, là encore, ne vous laissera pas indifférent. À l’intérieur, l’or y est à profusion et les milliers de mètres carrés de mosaïques représentant des scènes de la vie religieuse sont tout simplement à couper le souffle. Cependant, c’est un monument que tout le monde souhaite admirer, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur ! Et le fait que l’entrée (pour la visite de l’église) soit gratuit n’arrange rien. Si vous souhaitez la visiter, essayer de vous y rendre en fin de journée, le lieu est plus calme et surtout il y a beaucoup moins de touristes (ou pensez à prendre des billets coupe-fil ). Tout comme pour le Palais Ducale, la basilique est ouverte du Lundi au Samedi de 9h45 à 16h et les Dimanches et Jours Fériés de 14h à 16h. A savoir : En été, interdiction d’entrée au sein de la basilique si vous êtes en tenue « légère » donc pensez à bien vous couvrir les épaules (débardeurs interdits) et à ne pas porter de short/robe/jupe trop courts.
  • Les deux colonnes en Granite devant le Bassin San Marco : A votre sortie de l’église, sur votre gauche, vous apercevrez deux grandes colonnes se trouvant devant le bassin San Marco. Au sommet de celles-ci, sur la colonne de gauche, il y a un Lion Ailé, symbole de la ville de Venise. Et sur la colonne de droite, San Teodoro le protecteur de la ville. Autrefois, l’espace entre ces deux colonnes servait également aux exécutions. A cet endroit , les condamnés pouvaient uniquement voir la Tour de l’Horloge, qui indiquait, l’heure de leur propre mort. Depuis, la coutume veut que l’on contourne l’espace entre les deux colonnes.
  • La Tour de l’horloge (Torre dell’orologio) : Splendide à l’extérieur comme à l’intérieur, la tour de l’horloge est devenue célèbre pour la complexité et la beauté de son horloge ! Malheureusement, beaucoup de touristes souhaitent visiter la tour de l’horloge, qui n’est ouverte que l’après-midi…. Attention : réservation obligatoire… Il est donc parfois nécessaire de réserver plusieurs semaines à l’avance sur le site internet ! Le tarif d’entrée est à 12€ et il faut l’assistance d’un guide pour entrer et admirer la vue sur la Place Saint-Marc depuis la tour.

tour du monde 3 jours

Une fois toutes ces visites terminées, il fera déjà nuit… et à la tombée de la nuit, il y a malheureusement peu de choses à faire à Venise.

Si vous vous rendez dans le Quartier Dorsoduro , plus connu sous le nom de « Quartier du Rialto », vous aurez cependant l’opportunité de voir le célèbre Pont du Rialto, mais également un marché de nuit !

Ils ont surtout lieu durant la période estivale, et on y trouve les produits traditionnels d’un marché quelconque… mais il a lieu de nuit, et avec l’ambiance de l’Italie, c’est magique.

tour du monde 3 jours

Vous pouvez également vous rendre dans certains bars tels que le Hard Rock Café ou continuez de vous promener sur la place Saint-Marc afin de profiter du calme et des monuments de nuit, qui ne ressemblent plus à ce que vous aviez vu précédemment. Les autres touristes auront déserté les lieux et vous aurez la plus belle place du monde rien que pour vous.

Dans les quartiers moins touristiques de Venise, vous croiserez tout au plus quelques vénitien(ne)s se rendant au restaurant, mais ce qui fait le charme de Venise la nuit, c’est cette vie pratiquement interrompue, où l’on entend plus que le son de la lagune…

Deuxième Jour :

Après avoir visité la Place Saint Marc la veille, pourquoi ne pas passer un moment agréable et sans égal en faisant un tour en gondole ?!

Pour cela, rendez-vous au Bacino Orseolo qui se trouve dans le Quartier San Marco. C’est un lieu assez méconnu du grand public, et unique au monde : car c’est à cet endroit que les gondoliers « garent » leurs gondoles et prennent leur service. Si vous le pouvez, allez-y tôt le matin vers 8h ou en fin de journée vers 18h… Vous assisterez à un moment typique de la vie Vénitienne !

Attention cependant l’expérience n’est pas donnée : comptez 80€ les ¾ d’ heure. Mais c’est ce qui fait le charme de la ville, et vous pourrez ainsi découvrir le mode de vie des vénitiens, traverser les petits canaux et vivre une expérience unique au monde .

tour du monde 3 jours

En plus des merveilles architecturales célèbres de la ville, Venise offre aussi des endroits bien moins touristiques. Si vous en avez la possibilité, et l’envie au cours de votre séjour, essayez de vous aventurer dans les rues (« calle ») de la Serenissima. Cela permet de sortir des sentiers battus, de pouvoir s’imprégner de l’ambiance italienne…

Et ainsi, d’avoir la chance de découvrir la vraie Venise, loin des touristes !

tour du monde 3 jours

En vous promenant dans les « calle » de Venise , vous verrez une multitude d’échoppes et de magasins en tout genre… Dont des pizzeria et autres « paninoteca » (« maison du panini »). Très abordables (ne comptez pas plus de 5€ à 6€ le panino), ces boutiques se sont spécialisées dans la fabrication des panini et autres sandwiches. Mais le choix au niveau de la garniture est quasi-infini et surtout… ils sont préparés à la commande avec des produits frais et le tout en quelques minutes !

Et si vous en avez le temps, poussez jusqu’au Ghetto Juif de Venise, situé dans le quartier de Cannaregio !

Ce quartier, bien loin de ce à quoi on s’attend quand on visite Venise est le tout premier ghetto juif d’Europe… Faisant partie de l’histoire de la ville, ce quartier (où vous rencontrerez peu de touristes) est un des plus surprenants de Venise.

En effet, on y trouve les immeubles les plus hauts (les juifs ayant jadis l’interdiction de s’installer autre part dans Venise et n’ayant pas d’autre choix que de construire leurs habitations en hauteur) et une architecture qui n’a rien à voir avec le reste de la cité Vénitienne (synagogues etc.).

A savoir : N’hésitez pas à réserver une visite guidée de ce quartier si important dans l’histoire de la ville !

tour du monde 3 jours

Vous pensiez que Venise ne se résumait qu’à son centre historique, ses quelques quartiers et ses canaux ?

Dans ce cas embarquez sur le vaporetto ligne n° 1 et direction Le Lido. Longue plage de quelques kilomètres située à environ 20 minutes en Vaporetto de Venise, le Lido est le lieu idéal loin de la foule et des touristes pour une escapade de quelques heures, permettant ainsi de passer un moment au calme, tout en profitant des lieux. De plus, le Lido offre le sentiment d’être dans une toute autre région d’Italie.

Une fois arrivé sur place, renseignez-vous afin de connaître l’horaire des dernières navettes afin de pouvoir retourner sur Venise… Et avec un peu de chance vous pourriez assister à un superbe coucher de soleil.

S’il ne fait pas trop froid, n’hésitez surtout pas à vous rendre sur la plage. Station balnéaire par excellence, le Lido de Venise offre un cadre idéal, mêlant ainsi le balnéaire avec sa plage de sable fin, la détente avec ses spas et le culturel avec ses églises et autres monuments.

Troisième Jour :

Pour le dernier jour de votre week-end, il est temps de rapporter quelques souvenirs ! Pour cela, direction le Quartier du Rialto , qui foisonne de commerce et d’échoppes… Des masques, aux bijoux faits en verre de Murano, en passant par les vêtements italiens, la dentelle de Burano et les célèbres pâtes fraîches, vous trouverez de tout !

Si vous souhaitez rapporter un masque, direction Ca’macana . C’est un des artisans les plus connus à Venise pour ses masques plus incroyables les uns que les autres ! Chaque masque est unique, que ce soit par ses couleurs ou sa forme. Un peu plus cher que chez le marchand du coin, il aura l’avantage d’émerveiller vos amis, et de vous permettre de rapporter un souvenir typique de Venise.

tour du monde 3 jours

Pour les bijoux, les antiquités… direction le Pont du Rialto . A l’intérieur du pont, une multitude de petits magasins vendant de tout. Mais attention cependant aux attrapes touristes ! Ayez l’œil averti afin de ne pas rapporter du Made in China.

Après cette pause shopping, il serait impensable de ne pas aller faire un tour sur l’île de Burano ! Burano se trouve à 7 km au nord de Venise, pour y accéder en vaporetto depuis Venise, comptez 40 minutes en prenant la ligne 12 qui dessert Murano, Mazzorbo puis Burano. Ile célèbre pour son travail de la dentelle et ses maisons colorées de pécheurs, Burano est une véritable merveille à ne pas louper lors d’un séjour (même court) à Venise !

Avec chacune une couleur différente afin de les reconnaitre les matins de brume et de retour de la pêche, les maisons de Burano font la joie des touristes et des photographes… Et l’on s’y sent bien loin de Venise et du faste des palais.

Petite astuce spéciale TDM :  Pour vivre l’expérience Burano à fond, pensez à réserver une visite guidée avec des locaux ! Émerveillement assuré :)

tour du monde 3 jours

De retour sur Venise et avant de reprendre l’avion, pourquoi de pas aller vous détendre et boire un bon café ?

Sur la Place Saint-Marc , à proximité du Campanile, se trouvent deux cafés qui sont parmi les plus célèbres et les plus anciens du monde : Le Florian et le Quadri . Chacun a une histoire qui lui est propre, sa décoration, ses particularités architecturales, ses écrivains qui les ont fréquentés (comme Casanova ou encore Georges Sand pour le Florian par exemple), mais ces cafés ont surtout tous les deux un point commun : ce sont de véritables institutions d’exception qui ont participé à l’histoire de la Serenissima.

Âgés tous les deux de presque 300 ans (fondé en 1720 pour le Florian et en 1775 pour le Quadri ), une fois rentré, vous ne voudrez plus en sortir !

L’intérieur de ces deux cafés ressemblent à un musée, l’extérieur, quand à lui, ressemble à une salle de bal. À la fois intimiste et ouvert, ces deux cafés vous feront voyager dans le temps et vous offriront une vue à couper le souffle sur la Place Saint-Marc !

A savoir : Le revers de la médaille, est qu’un simple « caffè » coûte 6€ minimum ! Et les prix grimpent vite dès que vous commandez autre chose… malgré cela, c’est une belle expérience, mais à réserver plutôt à la fin de votre week-end, afin de terminer en beauté.

tour du monde 3 jours

En bref : Et même si clairement 3 jours ne suffisent pas pour admirer toutes les splendeurs de la ville, vous aurez déjà un bel aperçu qui vous donnera j’en suis certain la folle envie d’y retourner !

Les événements à Venise au cours de l’année :

Si vous souhaitez partir découvrir Venise, il se peut qu’au cours de votre séjour, la ville soit encore plus animée que d’habitude… Et cela est souvent dû à un grand événement. En effet, la ville a de nombreuses traditions, pour certaines centenaires, et qui pourraient littéralement rendre votre séjour… magique (ou catastrophique si vous n’aimez pas la foule !) :

  • Le Carnaval : C’est ce qu’attend secrètement chaque Vénitien et ce que beaucoup de gens espèrent voir au moins une fois dans leur vie. Le carnaval, le plus célèbre du monde, a lieu au mois de Février (attention la date n’est pas fixe). Vous croiserez toute la journée des vénitiens avec leurs plus beaux costumes. Et vous savez quoi ? Tout le monde peut y participer. Ce qu’il vous faut ? Un costume traditionnel (que l’on peut trouver dans de nombreuses boutiques comme à Ca’macana par exemple) et un masque (que l’on trouve absolument partout). Et pour ceux qui ne sauraient pas comment s’y prendre/comment organiser leur soirée Carnaval, des packages tout inclus existent pour vous permettre de vivre cette folle expérience.
  • La Régate Historique de Venise : Si vous avez la chance d’être à Venise lors du premier dimanche de Septembre, alors vous pourrez très certainement assister à la régate de Venise ! Chaque année il est possible d’admirer des barques richement décorées pour le défilé, et d’assister à une course où les meilleurs rameurs de Venise (et d’autres pays d’Europe), s’affrontent dans une course acharnée le long du Grand Canal.
  • La Volgalonga : Se déroule au début du mois de Juin. C’est une course de barque où les participants parcourent près de 30 kilomètres. Réunissant plusieurs milliers de concurrents venus de toute l’Italie voire de certains pays d’Europe ! Le départ à lieu au Bassin Saint-Marc et l’arrivée se situe en face du Palais des Doges. L’arrivée du vainqueur est fêtée en grande pompe dans tout Venise. Cet événement est un véritable spectacle, à la fois pour les Vénitiens mais aussi pour les touristes.
  • La Mostra ou le Festival du Film : C’est l’événement qui à lieu chaque année à la fin du mois d’Août jusqu’au début du mois de Septembre, et qui rassemble tous les grands noms du cinéma mondial depuis 1932. La Mostra de Venise se passe sur le Lido et fut créé avant le Festival de Cannes. Elle récompense les meilleurs films par son fameux Lion d’Or. Un événement à ne pas rater pour tous les passionnés de cinéma qui auront l’occasion de croiser quelques célébrités !

tour du monde 3 jours

Bienvenue sur TDM !

Nous sommes Baptiste & Marion. Basés à Bordeaux, nous avons créé TourDuMonde.fr pour partager nos découvertes, nos astuces et surtout, notre amour du voyage.

Un café en bord de canal à Amsterdam, un palace à Londres ou à Marrakech; une randonnée dans les rizières de Bali ou dans un canyon de l'Ouest Américain, une nuit au milieu des bisons dans l’arrière-pays niçois : nous partageons tout cela et plus encore.

Ce qui avait commencé comme un petit projet en amoureux est devenu une belle aventure humaine et collective, au fur et à mesure que d’autres passionnés ont rejoint la team pour prêter leur plume au site (la fameuse Team TDM !).

Une question ? Une remarque ? Une proposition de partenariat ? Contactez-nous ! Ou cliquez ici pour en savoir plus sur TDM

tour du monde 3 jours

A propos de l'auteur

Cet article a été proposé par Léonard Lahmi, 33 ans

Offres de la semaine   L’inoubliable Asie   Jusqu'à -50%

Tour du monde des glaces en 3 jours

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  • Jour 2 Harbin, Chine (petit-déjeuner, déjeuner)
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Où vous séjournerez

Avis sur ce voyagiste.

  • Voyagiste Intertrips 4.3
  • Sean · novembre 23, 2018 Fantastique. J'ai adoré la tournée, j'aimerais que nous ayons plus de temps à y passer.
  • Shakti · août 20, 2018 Fantastique ! Le voyage était bien planifié et une expérience d'apprentissage, il abordait à la fois les aspects... Afficher plus
  • Erika · juillet 12, 2018 Le tourisme et les activités étaient bien mieux que nous ne le pensions ! Je n'arrive toujours pas à croire qu'on ait... Afficher plus

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  • Typhoïde - Recommandé pour Chine. Idéalement en 2 semaines avant le voyage.
  • Hépatite A - Recommandé pour Chine. Idéalement en 2 semaines avant le voyage.
  • Choléra - Recommandé pour Chine. Idéalement en 2 semaines avant le voyage.
  • Tuberculose - Recommandé pour Chine. Idéalement en 3 mois avant le voyage.
  • Hépatite B - Recommandé pour Chine. Idéalement en 2 mois avant le voyage.
  • Rage - Recommandé pour Chine. Idéalement en 1 mois avant le voyage.
  • Fièvre jaune - Certificat de vaccination requis en cas d'arrivée en provenance d'une zone présentant un risque de transmission de la fièvre jaune pour Chine. Idéalement en 10 jours avant le voyage.
  • Encéphalite japonaise B - Recommandé pour Chine. Idéalement en 1 mois avant le voyage.
  • Encéphalite transmise par les tiques - Recommandé pour Chine. Idéalement en 6 mois avant le voyage.
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SafransduMonde

Croisière Aérienne

Le tour du monde grands classiques.

Tour du Monde Grands Classiques

25 jours, du 26 octobre au 19 novembre 2025

Itinéraire - Votre avion privatisé - Formules de voyage - Tarifs et conditions

À partir de 99 000 € par personne, Tout-Inclus

Rester informé     Reserver maintenant !

La quintessence des Grands Classiques du voyage en 25 jours et 9 escales : les plus beaux hôtels, un programme de visites complet, Choisissez l'excellence et vivez le Monde en version Grand Luxe !

Se laisser porter, voyager avec légèreté et s’émerveiller lorsque deux magnifiques portes s'ouvrent comme par enchantement dès que vous les approchez. L’un après l’autre, nous allons vous offrir l’accès le plus extraordinaire à des univers d’exception. Entrez, bienvenue à bord, c’est le voyage de toute une vie. 

25 jours durant, vous vivrez l’évènement unique d’une aventure émaillée de découvertes de sites et de cités mythiques, de paysages époustouflants, de nature grandiose, de rencontres enrichissantes, de soirées de gala et d'une multitude de moments d’émotions à travers les continents.

De l'autre côté de l'Atlantique, c'est Miami et sa mythique plage qui ouvrent le bal de votre Tour du Monde. Cap vers l'Amérique du Sud, vous voici déjà au Pérou. Ici, vous irez à la rencontre de l’histoire d’une civilisation encore bien vivante, de somptueux panoramas et d'une indescriptible sérénité.

Survolez le bleu du Pacifique en rêvant ou en échangeant entre amis, regardez bien, vous êtes en train de vous poser à l’Ile de Pâques, cette terre mystérieuse jalousement protégée par des géants de pierre. Ce soir, le coucher de soleil et le ciel étoilé seront sans doute parmi vos moments les plus inoubliables. Ensuite il sera temps de rejoindre les plus beaux lagons du monde, ceux de la Polynésie où passerez 4 jours de vacances au paradis.

Retardez votre montre, avancez d’un jour, essayez de comprendre comment c’est possible et déjà vous voici face à l’Opéra de Sydney, un nouveau monde. Cette sensation dépasse simplement l’imagination ! Retrouvez votre équipage, Paul et ses gourmandises, la nouvelle madeleine (chut!) et c’est l’Asie qui déjà vous tend les bras. En une dizaine jours, elle se fera bouillonnante à Hanoï, paisible sur la Baie d’Halong, émouvante et extrêmement majestueuse à l’image du Ballet Royal des danseuses Apsara qui vous offriront une soirée de gala inoubliable dans un temple d’Angkor.

Ensuite ? L’Inde, le blanc éclatant du Taj Mahal, les palais de Jaipur et bien sûr la fête encore avec cette fois-ci une incroyable immersion dans l’univers de Bollywood ! Enfin, le dernier tableau de cet évènement exceptionnel aura pour décors les falaises Ocre de Pétra, avant une dernière soirée de gala, en apothéose.

D’une escale à l’autre, vous retrouverez votre équipage, le confort de votre propre siège et soudain le ciel se fera chic. Champagne, canapés, menus tout spécialement créés pour chaque vol par notre Chef Paul CAUSSÉ, grands vins et Art de Vivre, espaces de convivialité, tout l’univers de votre avion privatisé port la signature d’une maison française d’excellence, Safrans du Monde.

Demandez notre brochure Tour du Monde Grands Classiques 2025 pour connaître tous les détails de ce Tour du Monde. Ou posez nous toutes vos questions ici .

Tour du Monde Luxe Tout Inclus

Miami,  États-Unis

Tour du Monde Miami luxe

Miami, Floride, la perle de la côte est américaine ! Dès le premier contact, il en exhale une aura envoûtante. Sa silhouette urbaine se dessine à l'horizon, mêlant modernité et élégance tropicale. Ici, les gratte-ciel témoignent du génie d'architectes mondialement renommés. À Miami, chaque rue raconte une histoire, chaque quartier une culture singulière. Parcourir les rues de Little Havana, s'aventurer dans le quartier artistique de Wynwood ou flâner le long des plages de South Beach, c'est s'immerger dans un kaléidoscope de sensations. Entre l'effervescence de l'Art Deco Historic District et votre escapade dans le Parc National des Everglades, il vous restera le temps d'une virée shopping à Coconut Grove, ou peut-être d'une visite des plus belle galeries d'art de la ville ? Votre expérience à Miami s'achèvera dans une explosion d'énergie, rythmée par une musique envoûtante, reflétant le charme extravagant et la vivacité qui font battre le cœur de cette métropole floridienne.

Vos visites incluses

26 octobre : Paris - Miami

Ce matin vous embarquez pour le vol inaugural de votre Tour du Monde Grands Classiques. Vous arrivez à Miami à la mi-journée avant de profiter d'un premier tour d’orientation de la ville 

Diner à l'hôtel.

27 octobre : Miami

Une journée à la découverte des merveilles de Miami et sa région. C'est tout d'abord une visite Art Déco qui suivra votre petit déjeuner.

En Première Safrans, elle se fera en véhicule de collection.

Après déjeuner, direction le Parc National des Everglades, pour un safari aquatique à bord d'un célèbre "airboats". Vous êtes au cœur de la Floride, les crocodiles pour seuls voisins. 

En Première Safrans, c'est en hélicoptère ou en hydravion que vous rejoindrez le Parc National.

De retour à Miami, c'est une soirée d'ouverture mémorable que nous vous avons préparé. Champagne !

28 octobre : Miami

Ce matin, c'est farniente. Profitez de la piscine de votre hôtel ou partez à la découverte de votre Miami. Envie de découvrir la frénétique vie culturelle de locale ? D'une exploration Arty de la ville de galeries d'art en atelier de créateur ?

Diner à l'hôtel ou au restaurant.

Options de personnalisation avec supplément :

  • Séjour de 2 nuits à Key West,
  • Excursion de pêche privé,
  • Parcours de golf.

Vos hôtels - 3 nuits

Première Safrans :

Club Safrans : The Miami Beach EDITION 5*

Paris Miami

Le Pérou à la carte, Pérou

Machu Picchu World Tour

Prenons de la hauteur, ici, vous vous imprégnez de tout l’esprit du Pérou, choisirez-vous Cusco, la superbe capitale des Incas et le Machu Picchu, perchés entre montagnes andines et forêt amazonienne. Ou préférez-vous une visite culturelle de Lima et son centre historique classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. D'autres Pérou s'offrent à vous ; Arequipa au pied du volcan Mitsi dans le sud du pays ou encore Trujillo et ses façades colorées, sur la côte nord.

Choisissez votre rythme, votre découverte !

Vos visites incluses au choix

29 octobre :  Miami - Lima

Vous vous envolez ce matin vers Lima, au Pérou. Là, tout un panel d'options sans supplément vous sont proposées :

- Séjour de Cusco au Machu Picchu

Après un court vol domestique, c'est au restaurant de votre hôtel au centre de Cusco que vous dinerez.

Demain, après une visite de Cuzco, vous prendrez la route de la Vallée Sacrée. Une rencontre avec une communauté Quechua vous attend en chemin alors que vous entrez dans la Vallée.  Vous profiterez alors d'un après-midi libre dans votre hôtel à Urumbamba.

Enfin c'est en train avec vue panoramique que vous traverserez (sans arrêt) la Vallée Sacrée et ses villages pittoresques pour atteindre la luxuriante Aguas Calientes au pied du Machu Picchu.

Si vous avez choisi la Première Safrans, vous voyagerez et dinerez à bord du Train de Luxe Belmond Hiram Bingham.

- Visite culturelle de Lima

Dès l'atterrissage, vous partirez pour votre hôtel au cœur des beaux quartiers de Lima.

Au programme de ces quelques jours dans la capitale péruvienne : visite commentée du musée Larco, découverte du centre historique et de la Casa de Aliaga, déjeuner face à l'océan à Miraflores, shopping au quartier des artistes à Barranco et d'autres surprises.

- Visite d'Arequipa

Après un court vol domestique, vous sillonnerez Arequipa, cette ville inscrite au Patrimoine de l’Unesco qui porte fièrement une grande partie de l’histoire du Pérou. Les places étroites, les ruelles et les jardins aux noms de villes espagnoles rappellent les anciens quartiers de Séville ou de Grenade. Sa Place d’Armes est l’une des plus belles du pays, les résidences de la noblesse espagnole sont élégantes, tout comme les somptueux monuments religieux qui, à l’instar de l’Église de la Campania, racontent parfois le dialogue entre des anges chrétiens et des personnages de la mythologie inca. Vous visiterez aussi l’incontournable Cathédrale et le couvent de Santa Catalina aux façades de couleur ocre, bleu et blanc. La « Ville Blanche » est belle, joyeuse et fastueuse, comme la soirée que nous vous réservons.

- Visite de Trujillo

Partez pour trois jours à Trujillo, où histoire ancienne et raffinement moderne se rencontrent. Explorez les sites archéologiques de la civilisation Moche, détendez-vous dans un hôtel de charme au cœur de la ville, et dégustez une cuisine péruvienne exquise. Plongez dans la culture pré-Inca à Chan Chan, savourez des fruits de mer frais sur la plage de Huanchaco, et laissez-vous séduire par la danse traditionnelle péruvienne. Terminez en explorant le mystérieux site de El Brujo et en vous imprégnant de l'atmosphère vibrante de Trujillo. Une escapade.

30 et 31 octobre : Selon votre choix de programme

  • Journée de visite de la Vallée Sacrée (à la place de la visite du Machu Picchu)
  • Excursion au Lac Titikaka
  • Journée Surprise

Première Safrans : Selon programme

Club Safrans : Selon programme

Miami Lima

Île de Pâques, Chili

Easter Island World Tour

Moins de 6 heures après avoir quitté le Pérou, votre avion privatisé vous déposera au bout du monde, sur cette terre aux secrets bien enfouis, l’Ile de Pâques. Vous visiterez tous les lieux magiques de l’île, du volcan Rano Kao jusqu’aux Moaï de Ahu Tahai et d’Ahu Akivi ; vous admirerez la vivacité de ses chevaux sauvages, la beauté de son coucher de soleil sur l’Océan et vivrez la captivante féerie d’une fête Rapa Nui dans ce cadre d’exception.

1 novembre : Lima - Île de Pâques

Ce matin, vous rejoignez l'aéroport et mettez le cap vers la célèbre Île de Pâques. Après un déjeuner à bord concocté par notre chef vous atterrirez sur ce bout de terre mystérieux. Votre guide local vous y fera découvrir les légendes antiques de Polynésie et les célèbres Moaï de Tahai, statues séculaires uniques au monde. Votre journée se terminera dans la magie d'une soirée spectacle Rapa Nui sous les étoiles.

Vos hôtels - 1 nuit

Club Safrans : Hotel Hare Uta Hotel Ohana

Lima Machu Picchu Ile de Paques

1 novembre : Lima - Île de Pâques Départ en matinée et arrivée après déjeuner. Temps de vol : 5h00

Moorea et Bora Bora, Polynésie française

Tahiti Bora Bora Brando French Polynesia World Tour

Vous quittez à regret l’Ile la plus mystérieuse de la planète pour faire escale au Paradis des Iles Sous le Vent. Vous venez d’atterrir en Polynésie française où vous allez séjourner 4 nuits. Au programme de vos visites au choix en Club Safrans : séjour à Moorea, visite du lagon de Moorea à la rencontre des raies et des luxuriants paysages qui surplombent la Baie de Cook sans oublier un Tour du l’Ile de Tahiti. Vous tomberez sous le charme du ukulélé qui accompagne si bien le Tamure et les chants tahitiens. Rêve et exotisme vous accompagneront tout au long de votre séjour en Polynésie.

Si vous voyagez en Première Safrans , vous séjournerez à Bora Bora. pour un séjour libre bercé par le confort de votre bungalow pilotis... et si vous avez déjà visité la Polynésie vous pourrez opter pour l’une des variantes (avec supplément) et séjourner plusieurs nuits dans les Tuamotu, Bora Bora, aux Marquises voire même à l’hôtel de légende The Brando sur l’atoll de Tetiaroa.

2  novembre : Île de Pâques - Papeete -  Moorea ou Bora Bora

Décollage à la mi-journée et déjeuner à bord, atterrissage à Papeete dans l'après midi. Si vous voyagez en Club Safrans vous vous installerez dans votre hôtel à Moorea où vous séjournerez pour les 4 prochaines nuits.

Si vous avez choisi la Première Safrans, vous vous envolerez pour un séjour idyllique libre de 4 nuits à Bora Bora dès votre arrivée.

3 novembre : Moorea ou Bora Bora

Ce matin, s i vous faites partie du Club Safrans , vous pourrez partir à la découverte de Moorea et de son lagon ou simplement profitez de votre villa jardin et de la plage de l'hôtel. 

Si vous partez en excursion, vous admirerez les plus beaux recoins de l'île du belvédère aux baies d'Opunohu à la Baie de Cook, vous vivrez l'ambiance ukulélé et Vahiné, avec en arrière plan l'omniprésence des fleurs et des oiseaux. Vous vous délecterez ensuite d'un après-midi à la plage, des eaux turquoises dans un décor idyllique.

Le soir, un diner spectacle de danses couronnera votre expérience polynésienne.

4  novembre :  Moorea ou Bora Bora

Autre journée au paradis, ce matin  vo us pourrez choisir de partir pour une excursion autour de l'île de Tahiti à la recherche des plus beaux paysages. Vous commencerez par la splendide vue panoramique du Taharaa au jardin botanique en passant par le trou du souffleur et One Tree Hill. C'est un décor luxuriant abritant une merveilleuse cascade qui vous attend. Vous prendrez le temps de déjeuner avant de poursuivre par les sublimes jardins de Vaipahi. Pour finir votre journée en apothéose, vous partirez à la découverte des grottes de Maraa.

Ou bien rester à l'hôtel pour profiter des eaux du lagon et de ce lieu unique.

5  novembre : Moorea ou Bora Bora

Journée libre.

  • Séjour de 2 ou 4 nuits à Tetiaroa à l’hôtel The Brando 5*, atoll au summum du luxe et de l'exception,
  • En Club Safrans, séjour de 2 ou 4 nuits à Bora Bora à l’hôtel Bora Bora Pearl Resort 5* pour un séjour libre en pension complète,
  • Excursion à l’Intérieur de l’Île de Tahiti,
  • Multiples options de survols en hélicoptère des îles de Moorea, Tahiti et Bora Bora.

Vos hôtels - 4 nuits

Première Safrans : Intercontinental Bora Bora Resort & Thalasso Spa 5* Conrad Bora Bora 5*

Club Safrans Sofitel Kia Ora Beach Moorea 5* Hilton Moorea 5*

carte escale 004

2 novembre : Île de Pâques – Tahiti Départ en fin de matinée et arrivée en début d'après-midi Temps de vol : 5h10

Sydney, Australie

Sydney Luxury World Tour

Vous allez vivre aujourd’hui ce qui est l’essence même du Tour du Monde, vous allez franchir la Ligne de Changement de Date. Impossible d’expliquer cette expérience déroutante, il faut la vivre : ce matin retardez votre montre, avancez votre calendrier, votre journée sera plus longue que celle d’hier et pourtant, vous allez atterrir demain, presque à l’heure de votre décollage - c’est à n’y rien comprendre ! Vous débarquez au pays des koalas et des kangourous à mi-chemin entre modernité et culture millénaire. Bien entendu, vous ne manquerez ni l’Opéra de Sydney, ni le Harbour Bridge ou la célébrissime plage de Bondi. À vos appareils photos !!

6 et 7  novembre : Tahiti - Sydney

L'odeur de vos colliers de fleurs polynésiennes encore en mémoire, vous retrouvez votre siège à bord à destination de l'Australie. Il sera temps pour vous de vivre un moment magique de votre Tour du Monde, le Passage De La Ligne de Changement De Date. Incroyable sensation d'un bond dans le temps, vous décollerez ce midi et vous arriverez demain presque à la même heure.

8  novembre : Sydney

Sydney et sa baie vous déroulent le tapis rouge pour cette journée à la découverte de la ville la plus connue du pays. Ce matin vous parcourrez à pieds les rues du vieux quartier the Rocks jusqu'au pied du célèbre Opéra, qui viendra clôturer votre visite.

Vous embarquerez ensuite pour un déjeuner au fil de l'eau sur la Baie de Sydney avant de revenir à quai dans l'après midi.

Si vous voyagez en  Première Safrans , c'est un hydravion qui vous attendra à quai pour un survol inoubliable de la Baie.

  • Journée dans les Blue Mountains,
  • Spectacle à l'Opéra de Sydney,
  • Survol de la Baie de Sydney en hélicoptère.

Vos hôtels - 2 nuits

Première Safrans : Four Seasons Sydney 5* Shangri-La Sydney 5*

Club Safrans :

The Fullerton Hotel Sydney 5*

carte escale 005

13 & 14 novembre : Papeete – Sydney Départ avant midi et arrivée le lendemain dans l'après midi Temps de vol : 8h30

Hanoï et la Baie d'Halong, Vietnam

Halong Bay World Tour

Vous atterrissez au Vietnam et découvrez l’Asie dans ce qu’elle a de plus exotique, vibrant, retentissant. Hanoï la bouillonnante vous offre le show déconcertant d’une ultra modernité mêlée à une tradition ancestrale et aux vestiges d’une histoire tumultueuse. Au programme de cette longue escale : Temple de la Littérature, Mausolée d’Ho Chi Minh, balade en cyclo pousse. Vous naviguerez aussi dans la spectaculaire Baie d’Halong en aller-retour dans la journée ou en passant la nuit sur une jonque de luxe si vous avez choisi de voyager en Première Safrans. Ici encore nous allons vous surprendre - même si vous pensez connaître !

9  novembre : Sydney – Hanoï

Après une dernière excursion pour rencontrer les kangourous, koalas et autres animaux endémiques australiens vous décollez ce matin vers le Vietnam pour un délicieux dépaysement et la découverte , encore une fois, d'une nouvelle culture.

10 novembre : Hanoï

Hanoï s'offrira à vous dans ce qu'elle a de plus traditionnel. Vous y découvrirez le Mausolée de Hô Chi Minh, le Temple de la Littérature ainsi que la Pagode Tran Quoc, la plus ancienne de la ville. Vous aurez également l'opportunité de faire un tour de cyclopousse dans la ville et vous disposerez d'un déjeuner et de temps libre dans les vieux quartiers pour vos flâneries. Vous rentrerez ensuite pour déguster un diner vietnamien.

11  novembre : Hanoï et la Baie d'Halong

C'est le grand moment de découvrir la mystérieuse Baie d'Halong. Vous naviguerez entre les îlots à la découverte des villages de pêcheurs et des grottes, le tout dans une atmosphère étrange et énigmatique pour un émerveillement garanti. Vous rentrerez par la suite à Hanoï.

Si vous voyagez en  Première Safrans , vous profiterez d'un moment unique et passerez une nuit sur une Jonque de Luxe au milieu de la baie.

  • Journée à la Baie d’Halong Terrestre,
  • Journée Surprise.

Première Safrans : Sofitel Legend Metropole Hanoï 5* Jonque de Luxe sur la Baie d’Halong 5*

Club Safrans : Melia Hanoï 5*

Carte Sydney Hanoi Tour du Monde 2020

9 novembre : Sydney - Hanoï Départ en matinée et arrivée dans l'après midi Temps de vol : 9h30

Les temples d'Angkor, Cambodge

Angkor Temple Cambodia World Tour

L'Asie continue de vous ouvrir les bras. Vous êtes au Cambodge… et vous avez encore changé d’univers ! À Angkor, c’est à pied, en moto-charrettes, voire même en hélicoptère (avec supplément) que vous découvrirez des Temples de légende. Au programme de vos visites, l’emblématique Bayon avec ses dizaines de visages au sourire énigmatique, le temple Ta Phrom envahi par ces racines géantes et la cité antique d’Angkor Thom. Cette merveilleuse escale de 3 nuits laissera aussi le temps pour une journée entière de détente… à moins que sous le charme, l’envie vous prenne d’en voir encore plus. Vous opterez alors pour l’une des multiples variantes en petit comité. Enfin, vous serez l’hôte d’une somptueuse soirée de gala privé, dans le décor du Temple Thommanon, avec le spectacle de la troupe des Danseuses Sacrées du Ballet Royal Khmer parrainée par la Princesse Bopha Dwi, la fille aînée de feu le Roi Sihanouk.

12  novembre : Hanoï - Siem Reap

Vous décollez ce matin vers la septième étape de votre Tour du Monde : le Cambodge et les merveilleux temples d'Angkor. Après un court vol vous atterrirez à Siem Reap à la mi-journée pour une tour d'observation de la ville avant de vous installer à votre hôtel.

13  novembre : Angkor Wat 

Une demi-journée de visites : temple d'Angkor Wat, temple Ta Phrom et la cité d’Angkor Thom.

Demi-journée libre, profitez de votre hôtel ou de l'une des différentes possibilités de visites, excursions et activités (en supplément). Pour clôturer cette escale quoi de mieux qu'une soirée de gala dans un temple privatisé pour l'occasion, accompagnée d'un spectacle des danseuses Aspara du Ballet Royal.

  • Excursion dans la campagne avec la visite du temple de Banteay Srei,
  • Shopping d’artisanat au vieux marché avec un guide,
  • Excursion vers les temples Mystérieux (Beng Mealea, Koh Ker),
  • Journée surprise.

Première Safrans :   Zannier Phum Baitang 5* Raffles Grand Hotel d’Angkor 5*

Club Safrans : Sofitel Angkor Phokeethra 5*

Carte Baie Halong Angkor Tour du Monde 2020

12 novembre : Hanoï - Siem Reap Départ dans la matinée et arrivée après le déjeuner Temps de vol : 1h40

Le Taj Mahal, Inde

Taj Mahal and Jaipur Luxury World tour

La passion de Shâh Jahân pour son épouse bien aimée Mumtaz est ancrée dans le marbre blanc de l’une des Merveilles du Monde : le Taj Mahal, symbole de la pureté d’un amour indestructible. Il est l’un de ces lieux magnétiques dont on rêve, que l’on imagine, que l’on visite et dont on ne se lasse jamais tant on est étonné par sa parfaite symétrie architecturale et par la richesse de ses précieux ornements. Vous êtes au cœur de l’Inde fascinante, vous allez vivre l’une de ses fêtes opulentes, vous faites le Tour du Monde !

14 novembre : Siem Rep - Jaipur

À la mi-journée, vous prenez une nouvelle fois place à bord de votre avion privatisé en direction de l'Inde. Dès votre atterrissage, vous prendrez la route de votre hôtel.

15 novembre :  Jaipur - Agra - Jaipur 

Après un court vol domestique c 'est Agra et son fabuleux Taj Mahal qui vous attendent. Vous rejoindrez le Fort Rouge puis Taj Mahal, fascinant par sa symétrie parfaite et l'intense sérénité qui s'en dégage.

Retour à Jaipur en fin de journée.

16  novembre :  Jaipur 

Vous vous dirigerez aujourd'hui vers le centre historique de Jaipur pour découvrir cette magnifique ville, royaume des Maharajas.

Si vous voyagez en  Première Safrans , c'est une ballade inattendue qui vous attends dans les rues de la ville.

Ce soir, votre dîner vous fera découvrir toutes les saveurs de la gastronomie indienne lors d'une soirée Bollywood qui promet d'être mémorable .

Première Safrans : Rambagh Palace 5*

Club Safrans : Sawai Man Mahal 5*

Siem reap Taj Mahl private flight

14 novembre : Siem Reap - Jaipur Départ dans la matinée, arrivé après déjeuner. Temps de vol : 5h00

Pétra, Jordanie

Petra Jordanie Luxe séjour

Grandiose ! Sculpté dans ce roc aux incroyables couleurs, sculpté dans le temps, ce monument affiche fièrement la majesté de son nom : Le Trésor. Pétra témoigne en beauté de l’histoire des nabatéens, ce peuple qui a fait rêver et inspiré tant de Grands Voyageurs. Ici, vous verrez le rose, vous verrez le rouge, les incroyables canyons, l‘écume de la Mer Morte et le désert à Wadi Rum. Le soir venu enfin, c’est l’apothéose, avec cette dernière fête que nous avons prévue pour vous. Elle sera sous les étoiles, somptueuse, dans le plus émouvant des décors, à la hauteur des Mille et Une Nuits, à la hauteur de votre Tour du Monde !

17 novembre : Jaipur - Aqaba

En fin de matinée, c'est d'un coup d'ailes que vous rejoignez Aqaba. Le temps d'un déjeuner à bord et vous vous retrouverez au pays des Nabatéens, ce peuple nomade, ces voyageurs d'avant l'heure. Vous emprunterez alors la route des rois et vous aurez le temps d'apprécier la singularité de ces paysages pour enfin rejoindre la fabuleuse cité de Pétra.

18 novembre : Pétra

Ce matin, vous vous réveillez impatients et bientôt la fameuse Pétra s'offrira à vous dans ce qu'elle a de plus exceptionnel, trésor mi-construit, mi-sculpté dans le roc et dans le temps. Vous découvrirez les merveilles de ces lieux et vous flânerez entre ces pierres aux couleurs chaudes et chargées d'histoire. Au beau milieu d'un décor de cinéma, vous ressentirez la délicatesse de ce peuple nomade à travers la précision des sculptures dans la roche. Vous déjeunerez puis poursuivrez vos visites. Votre dîner sera quant à lui à l'image des traditions de cette nouvelle culture qui clôturera la palette de votre Tour du Monde. Pour cette dernière soirée, nous vous avons prévu en apothéose le plus émouvant des décors pour une somptueuse fête sous les étoiles à la hauteur des mille et une nuits, à la hauteur de votre Tour du Monde.

19 novembre : Wadi Rum - Paris

Aujourd'hui, vous partez à la rencontre des Bédouins du désert du Wadi Rum, à bord de votre 4x4, vous découvrirez des paysages fabuleux et l'immensité d'un désert de dunes de sable ondulantes. Vous partagerez votre déjeuner avec vos hôtes dans un campement, au plus près des locaux, vous découvrirez leur mode de vie et comprendrez leurs traditions. C'est après une expérience forte en sensations et en éblouissement que vous rejoindrez votre avion privatisé pour votre retour en France. Le temps de votre vol et d'un diner, vous rejoindrez la capitale française et vous bouclerez votre Tour du Monde.

Première Safrans : Kempinski Aqaba 5* Lodge de luxe dans le désert du Wadi Rum

Club Safrans :  Hyatt Regency Aqaba Ayla 5*

Petra Jordanie Luxe séjour

17 novembre : Jaipur - Aqaba Départ fin de matinée et arrivée après déjeuner Temps de vol 5h00

Vous venez d'effectuer un incroyable voyage à travers le temps, les civilisations et les merveilles du monde, dans un Esprit Palace.

VOTRE AVION PRIVATISÉ

Retrouvez votre place dédiée à bord de votre Avion Privatisé et (re)découvrez le confort incomparable et les émotions d'un voyage au long cours.

Voler ! en version Grand Luxe

L’émotion d’un voyage au long cours commence par l’avion. Et puisqu’il s’agit d’une Croisière Aérienne de luxe, Safrans du Monde a fait le choix du meilleur en s’adressant à une compagnie d’exception, spécialiste de l’aviation privée. Faire le Tour du Monde dans le confort de votre Airbus A340 spécialement aménagé est une expérience unique. De celles que procurent un cocon tout en raffinement et le service chaleureux de son équipage expérimenté.

Cet appareil initialement conçu pour près de 300 passagers n’est équipé que de 100 fauteuils larges et très confortables qui se transforment tous en un lit parfaitement horizontal. La séparation de 2 mètres entre chaque rangée et la configuration en duos assureront calme et intimité.

En cours de vol, toujours en journée, vous apprécierez le système de divertissement complet ou de vous assoupir le temps d’une sieste douillette. Enfin pour un moment de convivialité, vous choisirez de rejoindre les sofas en cuir de l’espace salon pour un cocktail ou une coupe de champagne dans les nuages. Ces moments du voyage d’une vie sont précieux !

Confort siège couchette tour du monde

Images non contractuelles

VOTRE FORMULE DE VOYAGE

Le Club Safrans :

En voyageant en Club Safrans, vos prestations terrestres comprennent, entre autres, l’hébergement en hôtels 5*, la pension complète, les soirées et spectacles.

Vous profitez à chaque escale d’un programme complet d’excursions et de visites et en Polynésie française, c’est l’île de Moorea qui vous accueille. Votre accompagnateur dédié conduit d’une main de maître votre groupe indépendant et limité à 25 participants.

À bord, le service est de type Classe Affaires et votre siège-couchette se déploie en position lit. Vos menus sont élaborés par notre Chef Paul Caussé et complétés par notre sélection de vins et spiritueux.

La Première Safrans , la quintessence du voyage à chaque destination !

En choisissant la Première Safrans, le voyage commence au pas de votre porte avec votre transfert vers Paris depuis votre domicile ainsi qu’une nuit d’hôtel la veille de votre Tour du Monde. À chaque escale, votre adresse hôtelière est la plus exclusive et la surface de votre chambre est encore plus généreuse, vos restaurants sont parmi les meilleurs et un soin tout particulier est apporté lors de la sélection de vos vins.

Bien sûr votre programme de visites est enrichi : le train de luxe Belmond Hiram Bingham au Pérou, votre séjour libre de 4 nuits à Bora Bora en Polynésie française, l’expérience unique d’une nuit sur la Baie d’Halong, et bien d’autres surprises… Votre accompagnateur professionnel et vos guides locaux choisis avec soin sont au service de votre petit comité indépendant limité à 16 participants.

Le service à bord, enfin, est de type Première Classe avec embarquement prioritaire, siège-couchette avec position lit. Vous profitez d’une sélection de grands vins et vos menus sont préparés exclusivement pour les passagers de Première Safrans.

PRIX ET CONDITIONS

Le Tour du Monde Grands Classiques 2025

Réservation anticipée jusqu'au 31 mars 2025

99 000€ Club Safrans

140 000 € Première Safrans

Tarifs à partir du 31 mars 2025

104 000€ Club Safrans

145 000 € Première Safrans

Supplément individuel OFFERT pour les voyageurs individuels

 *Prix calculé sur la base de 2 personnes voyageant ensemble, sous réserve de disponibilité au moment de la réservation.

Nos prix comprennent :

  • La Croisière Aérienne de 25 jours en avion privatisé, l’hébergement en chambre double à partager en hôtels cités ou similaires.
  • La pension complète, sur la base de 3 repas par jour dont certains en cours de vol, du déjeuner du premier jour au dîner du dernier jour.
  • Les boissons à bord de l’avion privatisé : champagne, spiritueux, vin, bière, boissons légères etc... et les boissons courantes aux repas (vin, eau minérale, bière et boissons légères).
  • Tous les transferts, les excursions et visites prévues au programme en autocar, minibus, bateau, véhicule 4X4, train, avec des guides locaux parlant français ou une autre langue pour les passagers non francophones (à partir de 8 participants pratiquant la même langue).
  • De Paris à Paris, les services d’un Directeur de Croisière, de son équipe d’accompagnateurs et d’un médecin français.
  • Les soirées prévues au programme.
  • La prise en charge des formalités d’immigration et des bagages.
  • Le port des bagages dans tous les aéroports qui l’autorisent.
  • Franchise bagages : 1 bagage de 23 kg par personne en Club Safrans.
  • Les pourboires des guides locaux, chauffeurs et serveurs aux escales .
  • L’assurance assistance rapatriement, les taxes d’aéroports, frais d’émission et les frais de visas pour les ressortissants français.
  • En Première Safrans : sélection de chambres plus spacieuses dans des hôtels 5* exclusifs, forfait pré/post acheminement depuis votre domicile inclus (au départ de l’Europe) : comprenant la prise en charge depuis votre domicile en véhicule privé vers l'aéroport ou la gare la plus proche de votre domicile, les vols domestiques ou trains aller-retour, 4 transferts, 2 nuits d’hôtel 4*, les 2 petits-déjeuners et le diner du 1er jour Programme de visites enrichi. Franchise bagages : 2 bagages de 23 kg.

Nos prix ne comprennent pas :

  • Les boissons en dehors du programme (bars, mini bar, boissons autres que bières, vins et boissons légères prévus aux repas aux escales, etc...).
  • Les dépenses de nature personnelle (téléphone, blanchisserie, etc...).
  • L’assurance multirisque annulation facultative : 9 % du prix total du voyage, nous consulter pour plus d’informations.

Options (sous réserve de disponibilité) :

  • Chambre double à usage individuel : + 8 900 € en Club Safrans et + 10 250 € Première Safrans.
  • Excursions avec guide et véhicules privés aux escales : + 15 000 € par personne (base 2).
  • Excursions avec véhicules privés aux escales et guide parlant espagnol, allemand, italien ou portugais : sans supplément à partir de 8 passagers parlant la même langue, + 3 000 € par personne jusqu’à 8 passagers parlant la même langue.
  • Si vous voyagez en Club Safrans : Forfait pré / post acheminement à Paris comprenant la prise en charge depuis votre domicile en véhicule privé, les vols domestiques ou trains aller-retour, 4 transferts, 2 nuits d’hôtel 4* proche de l’aéroport, les 2 petits-déjeuners et le dîner du 1er jour : 1 450€ par personne en métropole et 2 500 € par personne au départ des DOM depuis l’aéroport le plus proche de votre domicile (+ 200 euros en individuel).
  • Assurance multirisques annulation : Nous consulter pour plus d'informations.

Formalités :

À titre indicatif, au 20 février 2024, pour les ressortissants français : Passeport biométrique valable 6 mois après la date de retour. Formalités de visa pour les États-Unis, le Vietnam, l'Inde, le Cambodge et la Jordanie. Consulter votre médecin pour plus de détails sur les vaccins recommandés.

Conditions d’inscription :

Bulletin d’inscription dûment complété, signé et :

  • 1er acompte de 30% à la réservation ;
  • 2ème acompte de 20% pour réception avant le 26 juin 2025 ;
  • Solde pour réception avant le 26 août 2025.

Assurances :

Assurance annulation facultative à contracter à la réservation, 9 % du montant total du voyage (nous consulter).

Assistance / bagages / rapatriement : incluses dans le prix du voyage pour les participants ressortissants de la communauté européenne et qui y résident. Pour les ressortissants et /ou résidants en dehors des pays de la communauté européenne, une assurance assistance et rapatriement est à souscrire dans leur pays de résidence (non incluse dans le prix du voyage). Assurance Responsabilité Civile Professionnelle : souscrite auprès de GENERALI IARD, 2 rue Pillet Will, 75009 PARIS à hauteur de 2 000 000 euros, police AT611977, couvrant les conséquences pécuniaires que Safrans du Monde peut encourir en sa qualité d’opérateur de voyages et ce, dans les limites de la police précitée, établie conformément aux articles R211-35 à R211-40 du code du tourisme tels que modifiés par le décret n¡ 2015-1111.

Conditions d’annulation :

Toute annulation devra être communiquée par courrier recommandé AR et impliquera selon la date de sa réception les frais d’annulation suivants :Toute annulation devra être communiquée par courrier recommandé AR et impliquera selon la date de sa réception les frais d’annulation suivants :

Prix et conditions de réalisation :

Nos prix payables en Euros sont fermes, ils pourront toutefois être révisés, selon les conditions décrites plus bas et les termes des Conditions Générales de vente de l’article R.211-12 du Code du Tourisme, figurant en annexe de la présente brochure. Nos prix sont établis avec pour référence les conditions économiques en vigueur au 20 février 2024, notamment pour les tarifs d’hébergement, de transport, de carburant (IATA 905 USD/T), les taxes diverses (séjour, sûreté, aéroportuaire, etc..) et le taux de change du dollar américain (1 EUR = 1,07 USD), dollar australien (1 EUR = 1,64 AUD) et franc pacifique (1 EUR = 119 XPF) et du dinar Jordanien (1 EUR = 0,75 JOD). Le transport aérien est prévu selon le présent programme, les compagnies aériennes et types d’appareils sont cités à titre indicatif, ils peuvent faire l’objet d’une modification sans préavis.

Compte tenu de la complexité de ce voyage, le type d’appareil prévu et/ou une ou plusieurs escales pourraient faire l’objet de modification, voire de remplacement, imprévu au moment de la publication de la brochure (20 février 2024, notamment pour les hôtels et/ou en ce qui concerne les autorisations d’atterrir ou de décoller d’un aéroport prévu). Si le groupe n’atteint pas le minimum de participants lié au type d’appareil, la Croisière Aérienne pourra être annulée. Pour les modifications significatives que sont l’annulation du départ faute d’avoir atteint le minimum de participants, la modification du prix du voyage ou la modification significative de l’itinéraire (plus de deux escales) le client sera informé, dans la mesure du possible, au plus tard 21 jours avant le départ. Dans chacune de ces trois éventualités, le client disposera d’un délai de 8 jours à réception de la notification pour accepter la nouvelle proposition ou demander l’annulation de son inscription. Le cas échéant précisément ainsi, les sommes versées par le client seront intégralement remboursées, toutefois, aucune indemnisation ne pourra être prétendue. De même, si l’annulation du voyage est imposée par des circonstances d’épidémie, de force majeure ou de circonstances exceptionnelles et inévitables telles que définies par l’article L211-14 du code du tourisme, le client ne pourra prétendre à aucune indemnisation. Toute interruption du voyage qui ne serait pas du fait de l’organisateur, ne fera l’objet d’aucun remboursement, même partiel, ni des prestations de transport, ni d’autres prestations, sauf prise en charge en tout ou en partie par une compagnie d’assurance et ce, dans les limites du contrat d’assurance souscrit.

Après vente :

Toute réclamation sera adressée dans les meilleurs délais et au plus tard 20 jours après la date du retour par courrier recommandé avec accusé de réception en y joignant les pièces justificatives à : Safrans du Monde – 39, boulevard des Capucines – 75002 PARIS. RCS Paris 504 235 854 – SAS au capital de 18 000 € - NAF 7911Z – IM 075140076 - Garantie Financière Accelerant Insurance Europe SA - www.safransdumonde.com

Merci de nous contacter, les inscriptions sont ouvertes !

Super Maitresse

Le Tour du monde en 80 jours, exploitation cycle 3

tour du monde 3 jours

Le Tour du monde en 80 jours fait partie de la série des romans d’aventures Les voyages extraordinaires . C’est le livre de Jules Verne qui s’est le plus vendu, qui a le plus été traduit et qui a été le plus adapté sur les écrans. Jules Verne n’ayant jamais effectué ce tour du monde, il s’est inspiré d’un article de journal qui ressemble à celui publié dans le roman, ainsi que du récit de voyage de l’américain Georges Francis Train, qui a réellement effectué un tour du monde en 80 jours, deux années avant la publication du roman. 

tour du monde 3 jours

L’intérêt du récit réside dans la variété des péripéties, qui maintient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final, et dans le mystère qui entoure le héros, Phileas Fogg. Le nourrissage culturel est mis à l’honneur, compte tenu de la variété des continents traversés et de l’époque de la révolution industrielle, au programme d’Histoire du CM.

tour du monde 3 jours

A chaque rencontre d’un pays ou d’une ville, le lecteur en apprend davantage sur les coutumes et les paysages, ce qui contribue à la connaissance et au respect des autres. La fréquentation d’une œuvre classique est également exigée dans les programmes et quel auteur plus intemporel que Jules Verne pouvait-on choisir ?

tour du monde 3 jours

La version abrégée permet de rendre le texte accessible aux élèves de cycle 3. Toutefois, on pourra envisager de montrer quelques extraits de film, pour combler les blancs laissés par le texte écourté. 

tour du monde 3 jours

Tout au long de l’étude, les élèves réalisent un lapbook avec les différentes escales et le trajet. Ils ont un passeport à faire tamponner à chaque étape.

tour du monde 3 jours

Je vous propose 6 fiches à télécharger sur le roman, pour tester The Littérature 2. 

T é léchargement des fiches sur demande dans les commentaires

Fiches et lapbook protégés par un copyright

tour du monde 3 jours

Si vous souhaitez la totalité des fiches pour chaque épisode , ainsi que les fiches documentaires et les QRcodes des vidéos, mais aussi les corrigés , le déroulement détaillé pour les enseignants, et tout le matériel pour faire le lapbook , tout est dans l’ouvrage The Littérature 2 : 

tour du monde 3 jours

Commander The Littérature 2 en couleurs

Commander The Littérature 2 en noir et blanc

Envie de feuilleter l’ouvrage ? Voici la présentation :

A très bientôt !

Sylvie Hanot, PEMF et CPC, Cafipemf généraliste et LVE

Mes publications :

 previous

Ruby Tête haute, exploitation cycle 3

newer 

THE littérature 2, exploitations d'albums et de romans cycle 3 pour l'année

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Le cahier journal du professeur des écoles année 2020 2021

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Gérer l’affichage de classe

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EDT, cahier journal numérique, premier jour de rentrée, avec Teetsh !

269 comments.

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PASCAL-BERNARD

Bonjour Est il possible d’avoir les fiches sur le tour du monde en 80 jours ? Merci beaucoup !

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Bonjour, Nommée sur un poste de CM2 à la rentrée prochaine, je serais intéressée par les fiches d’exploitation de votre livre The littérature que vous proposez, afin de voir s’il pourrait correspondre à mes attentes. Merci beaucoup, Magali

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DANTAN Emeline

Bonjour ! Quel travail ! Serait-il possible d’obtenir vos fichiers d’exploitation? Merci beaucoup.

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On met les voiles | Blog voyage en France et autour du monde

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  • Écosse , Europe

Visiter Édimbourg en 3 jours : itinéraire et lieux incontournables

Dans cet article, visiter Édimbourg en 3 jours, vous trouverez les lieux incontournables de la capitale écossaise. Au programme : le Château, la vieille ville, Old Town, des musées magnifiques ou encore des petits quartiers un peu moins connus.

Édimbourg est une destination à part entière, que nous avons visité à l’occasion d’un road trip en Écosse. Selon nous, c’est l’une des plus jolies villes en Europe, qui plus est à taille humaine !

Les attractions sont nombreuses et l’on peut passer facilement 2 jours, 3 jours, 4 jours ou même 5 jours à visiter Édimbourg si l’on veut prendre son temps.

La ville est plutôt chère au niveau des hébergements et hôtels. Mais vous le verrez, si vous cherchez à savoir que faire à Édimbourg, il est possible de faire pas mal d’activités gratuites et même de beaux musées !

Pour un voyage plus long, retrouvez sur le blog l’article consacré à notre road trip en Écosse de 10 jours notre road trip en Écosse de 10 jours .

que faire edimbourg en 3 jours

Infos pratiques lorsqu’on visite Édimbourg pour la première fois

Comme nous le disions, Édimbourg est une ville à taille humaine. Pour faire du tourisme, il est ainsi aisé de la visiter à pied . Des bus permettent aussi de relier les principaux points d’intérêts de la ville.

Beaucoup de bus à impériale se prennent au bout de Princes Street, du côté de Calton Hill.

Un Tram permet de rejoindre le centre-ville directement depuis l’aéroport. À la sortie du Terminal tout est assez facile et bien fait.

Nous sommes au Royaume-Uni, la monnaie locale est la Livre Sterling , qui est un peu plus forte que l’Euro. Pensez à prendre un adaptateur pour les prises électriques.

Surtout, depuis le Brexit, n’oubliez pas qu’ il faut désormais un passeport pour venir au Royaume-Uni et non plus simplement une carte d’identité.

visiter Édimbourg en 3 jours Écosse blog

Visiter Édimbourg en 3 jours

Jour 1 à édimbourg : château d’édimbourg et old town.

Le quartier Old Town d’Édimbourg est superbe, que ce soit sous le soleil ou sous la pluie. Il est agréable de s’y promener et de se laisser aller d’une rue à une autre.

Le quartier Old Town est le passage incontournable si vous cherchez que faire à Édimbourg. Vous verrez, la vieille ville de la capitale d’Écosse est sublime. Cette première journée de visite à Édimbourg devrait vous plaire.

Le  château d’Édimbourg

Situé en plein centre-ville, le château est magnifique ! Au sommet d’une colline, cette ancienne forteresse a connu une riche histoire (résidence royale, garnison militaire…).

En plus de l’admirer de près ou de loin, il peut donc être très intéressant de visiter le Château d’Édimbourg. Déjà parce que depuis celui-ci la vue sur la ville est superbe. Mais aussi parce qu’il est très intéressant d’explorer les différents bâtiments qui le composent .

que faire à Édimbourg blog

Tarif : 19,50£ par adulte. Plus d’infos sur le site officiel du château d’Édimbourg .

Grassmarket et The Vennel

Au contrebas du Château d’Édimbourg, Grassmarket est un lieu historique de la ville. Comme une grande place aux bâtiments historiques, Grassmarket est un très joli et constitue un bon point de départ pour visiter la ville.

visiter Édimbourg en 4 jours blog

Juste à côté, The Vennel et ses escaliers permettent d’avoir une vue unique et superbe sur le Château.

The Vennel Edimbourg

West Bow et Victoria Street

Au bout de Grassmarket, il est impossible de passer à côté de cette rue qui tourne et composée de maisons colorées : West Bow et dans son prolongement, Victoria Street.

visiter Édimbourg en 5 jours blog

C’est certainement l’une des rues les plus emblématiques d’Édimbourg. Non loin, on trouve le cimetière Greyfiars et le National Museum of Scotland mais je vous garde ces lieux pour le jour 2.

Le Royal Mile

Le Royal Mile est la rue principale d’Édimbourg . C’est autour de cette artère que l’on trouve les principales attractions touristiques, les boutiques de souvenirs et les fameux joueurs de cornemuse que l’on entend dans la cité.

Ainsi, on rejoint Lawnmarket et High Street (ces rues se suivent et constituent le Royal Mile). Ensuite, on fait un petit détour à Cockburn Street et ses jolies boutiques dont Diagon House qui possède un univers autour d’Harry Potter.

Édimbourg que faire

Princes Street, Calton Hill

Puis, on continue en direction du Waverley Bridge pour aller du côté de  Princes Street et ses nombreux magasins. Au passage, la gare Waverley Station possède un très beau hall !

Weverley bridge

À quelques pas de là, l’ascension de Calton Hill est à faire également ! Cette petite colline se grimpe assez rapidement (10 minutes environ) et permet d’avoir un jolie point de vue sur la ville.

Calton Hill Edimbourg

Puis, on redescend, on jette un coup d’oeil au Balmoral Hotel, l’hôtel 5* le plus réputé d’Édimbourg. Et l’on passe ensuite, au choix, sur Princes Street ou du côté des jardins, Princes Street Gardens.

Princes Street Edimbourg

La balade est très agréable avec de belles vues sur la ville et le Château. Si vous aimez l’art ou que vous vous demandez que faire à Édimbourg quand il pleut,  le musée National Galleries of Scotland est une belle option. D’autant plus que l’entrée est gratuite.

New Collège, Writer’s Museum

À deux pas du Château, le  New Collège, School of Divinity, est une annexe de l’Université d’Édimbourg.

Nous avons seulement vu la cour mais celle-ci est magnifique et mérite vraiment le coup d’oeil avec ses vieilles pierres typiques de la capitale de l’Écosse.

New College school of divinity edimbourg

Ensuite, si on a le temps, on poursuit au Writer’s Museum . Celui-ci est assez emblématique à Édimbourg, qui a connu beaucoup d’écrivains. Il mérite au moins d’être vu de l’extérieur mais ce n’est pas non plus indispensable.

Writers museum edimbourg

Jour 2 à Édimbourg : National Museum of Scotland, Greyfiars, Holyrood Palace et Arthur’s Seat

National museum of scotland.

À Édimbourg, le National Museum of Scotland est une pure merveille. Que l’on visite Édimbourg en amoureux, entre amis ou en famille, c’est un lieu que je conseille vivement.

Déjà pour la beauté du musée avec sa galerie principale, majestueuse. Mais aussi pour sa collection riche et variée entre pièces écossaises historiques et objets du monde entier.

Sans oublier le mini musée, la grande galerie consacrée à la mode et les divers niveaux où les enfants s’amuseront entre animaux, dinosaures, science et technologie ou la collection de voitures (anciennes, F1…).

National Museum of Scotland Edimbourg

Pour couronner le tout, l’entrée du National Museum of Scotland est gratuite (il est possible de faire des donations).

Il constitue en plus une bonne activité si vous vous demandez que faire à Édimbourg quand il pleut… Et c’est assez fréquent !

Le musée est ouvert tous les jours de 10h à 17h. Adresse : Chambers Street, Edinburgh, EH1 1JF. Plus d’informations sur le site .

Cimetière Greyfiars

À quelques pas du musée, dans le centre ville d’Édimbourg, le cimetière Greyfiars est l’un des endroits les plus visités de la capitale d’Écosse.

Il est vrai que l’on peut ne pas être forcément fan de ce genre d’endroits lorsqu’on part en vacances. Mais le lieu vaut le détour pour plusieurs raisons.

D’abord, parce que Greyfiars Kirkyard est tout simplement un lieu très joli. Les anciennes pierres et les tombes ou les arbres forment un ensemble à l’atmosphère très particulière…

Mais aussi parce que le cimetière existe depuis le début du XVIIe siècle ! Ainsi, plusieurs histoires et légendes entourent le Greyfiars Kirkyard et des visites sont organisées.

Cimetière Greyfiars Kirkyard Edimbourg

Il y a par exemple la tombe du chien Bobby, connu pour sa fidélité. Après la mort de son maître il venait se coucher tous les jours sur la tombe de celui-ci. Une statue à son effigie se trouve par ailleurs à l’entrée du cimetière et devant le pub Greyfiar’s Bobby bar. Caresser son museau porterait chance…

Sinon, d’autres curiosités se trouvent dans le cimetière, avec les tombes d’écrivains ou encore de noms qui parleront sans doute aux fans d’Harry Potter.

Eh oui, J.K. Rowling s’est inspiré de plusieurs tombes pour trouver le nom de certains personnages à l’image de Tom Riddle (Thomas Jedusor).

Il n’est donc pas rare de voir des touristes réaliser quasiment une chasse au trésor à la recherche de ces fameux personnages (Potter, McGonagall, Scrymgeour…).

Holyrood Palace

Tout au bout du Royal Mile, à l’opposé du Château d’Édimbourg, se situe Holyrood Palace.

Un palais superbe qui est tout simplement la résidence royale officielle à Édimbourg, au même titre que Buckingham Palace à Londres ou le Château de Windsor.

Ainsi, il n’était pas rare que la reine Elizabeth II vienne séjourner au Holyrood Palace d’Édimbourg. Charles III en fera peut-être de même…

Plusieurs choses sont à voir dans ce site somptueux. À l’intérieur, les escaliers grandioses, la Royal Dining Room ou encore les somptueux bijoux de Mary, la reine d’Écosse… Entre autres.

À l’extérieur, les jardins mérite aussi une visite, de même que Holyrood Abbey, l’ancienne abbaye datant de 1128.

Tarif d’entrée du Holyrood Palace : 18£ en ligne et 19,50£ sur place. Ouvert de 9h30 à 16h30 en hiver (dernière admission à 15h15) et de 9h30 à 18h en été (dernière admission à 16h30).

Adresse : Palace of Holyroodhouse, Canongate, The Royal Mile, Edinburgh, EH8 8DX.

Arthur’s Seat

Si vous souhaitez avoir un panorama sur toute la ville d’Édimbourg, alors c’est à Arthur’s Seat qu’il faut aller.

Située à proximité de Holyrood Palace, dans le grand parc qui jouxte le palais, cette colline culmine à 251 m d’altitude. Elle constitue une agréable balade pour les touristes en quête de point de vue et de marche à pied.

On peut se rendre au sommet seulement à pied, après environ 1h30 de marche. Le sentier est bien indiqué et au bout la récompense est au rendez-vous avec une superbe vue sur le Château d’Édimbourg, la ville et ses alentours.

Jour 3 à Édimbourg : Dean Village, Jardin Botanique et Leith

Continuons de visiter Édimbourg avec d’autres quartiers, plus éloignés de Old Town, le vieux centre, .

Si vous vous demandez que faire à Édimbourg pour cette troisième journée, vous verrez que la capitale écossaise possède d’autres attraits.

Dean Village

Comme son nom l’indique, Dean Village est comme un petit village dans la ville d’Édimbourg.

À environ 20 minutes de marche du Château, ce quartier est une halte agréable et bucolique entre la rivière, les petits ponts en pierre et les maisons typiques.

Dean Village Edimbourg

Autrefois peu connu, Dean Village est aujourd’hui victime de son succès. Je vous conseille donc d’y aller en début de journée, le matin, pour en profiter plus tranquillement. Le tour du quartier se fait assez rapidement.

Avant de vous rendre à Dean Village, n’hésitez pas à faire un petit crochet par Rothesay Place, à deux minutes. Dans ce quartier résidentiel, vous trouverez de très belles maisons comme celle à l’angle qui est couverte de feuilles.

Dean Village Edimbourg

Entre Dean Village et Old Town, vous découvrirez d’ailleurs le quartier New Town , plus moderne et agréable, où se trouvent nombre de maisons au style géorgien.

Jardin Botanique d’Edimbourg ou National Galleries of Scotland

Pour vous retrouverez un peu plus calme (sans le bruit de la cornemuse du Royal Mile!), il peut être intéressant de se balader le long de la Water of Leith . Une agréable promenade permet de longer la rivière sur plusieurs kilomètres.

Plusieurs options sont possibles en fonction de vos envies ou de la météo. Ainsi, à deux pas de Dean Village, se trouvent les National Galleries of Scotland .

Situé Belford Road, il est en quelque sorte une annexe des National Galleries of Scotland, située près du Château et de Princes Street. Cet endroit est un beau musée, gratuit, qui va intéresser surtout les amateurs d’art moderne .

Dans l’autre sens, la balade en bordure de rivière permet de se diriger en direction du superbe Jardin  Botanique Royal d’Edimbourg , à environ 30 minutes de marche. Là aussi, l’entrée est gratuite.

Ici, c’est sûr, vous ne viendrez pas pour en prendre plein les yeux. Le quartier de Leith, à Édimbourg, n’est pas du tout comparable au Old Town et sa richesse architecturale.

Leith possède autre chose. Là, vous allez voir le port et son ambiance moins touristique, avec tout un tas de nouvelles adresses de restaurants et de boutiques cosmopolites.

Leith Edimbourg

Longer la promenade le long de la rivière jusqu’à la mer. Pour compléter la visite, à côté, ne manquez pas non plus le Royal Yacht Britannia . La visite de l’ancien palais flottant de la Reine est plutôt onéreuse (18,50£/adulte) mais elle mérite visiblement le détour.

Où dormir ? Ma sélection d’hôtels à Édimbourg

Vous le verrez vite si vous cherchez un hôtel à Édimbourg, les tarifs sont plutôt élevés dans la capitale de l’Écosse. Voici donc quelques suggestions, variées, que vous pouvez sélectionner en fonction de votre budget.

Pour rêver dans un hôtel mythique

Le Balmoral Hotel est sans aucun doute l’hôtel mythique d’Édimbourg. Si l’on veut dormir dans un établissement 5*, de rêve, au coeur de la ville, alors c’est ici qu’il faut aller. Tarif : à partir de 300€ en fonction des périodes.

Un hôtel classe dans le Old Town d’Édimbourg

Il est difficile de trouver de jolis hôtels, aux prix abordables, dans le quartier Old Town d’Édimbourg. Le superbe Leonardo Royal Hotel Edimbourg , classé 4*, propose des tarifs attractifs à certaines périodes de l’année. Ainsi, il est possible de trouver des chambres à partir de 113€.

Un hébergement plus abordable au coeur d’Édimbourg

Le Ibis Centre Royal Mile , possède un emplacement idéal, je dirais même d’exception, au coeur d’Édimbourg. En période creuse, on trouve des chambres à 83€.

Pour trouver d’autres hôtels à Édimbourg , vous aurez tout de même l’embarras du choix puisque c’est l’une des villes du Royaume-Uni qui en possède le plus.

Ainsi se termine cet article pour savoir que faire à Édimbourg en 3 jours. Si vous en êtes en quête d’autres idées de voyage ou que vous souhaitez faire un circuit en Écosse, je vous invite à consulter ces articles sur le blog.

  • Notre road trip en Écosse pendant 10 jours avec l’île de Skye
  • Un week-end à Londres en Angleterre

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Nouveau record pour Ronaldo ++ Boston en finale NBA

Cristiano Ronaldo celebrates after scoring his side's second goal playing for a combined XI of Saudi Arabian teams Al Nassr and PSG during a friendly soccer match, at the King Saud University Sta ...

Shaqiri devrait débarquer mercredi à St-Gall

Shaqiri devrait débarquer mercredi à St-Gall

La blessure de Xherdan Shaqiri n'est pas grave, a affirmé mardi le responsable média de l'équipe de Suisse. Le Bâlois de 32 ans devrait donc rejoindre le camp de préparation à l'Euro dès mercredi.

Le milieu offensif de Chicago s'est plaint d'un problème musculaire à un mollet à son arrivée en Suisse. Examiné lundi, il doit se soumettre à une nouvelle séance de thérapie mardi avant de pouvoir retrouver ses coéquipiers de l'équipe de Suisse mercredi à St-Gall.

Denis Zakaria et Breel Embolo, dont les blessures sont plus graves, ont quant à eux rejoint le groupe dès lundi. Les deux joueurs de Monaco, qui espèrent être suffisamment en forme pour l'annonce définitive de la sélection le 7 juin, s'entraînent dans un premier temps de manière individuelle.

Un record de plus pour Cristiano Ronaldo

Un record de plus pour Cristiano Ronaldo.

Cristiano Ronaldo a battu le record de buts sur une saison en Saudi Pro League. CR7 a signé ses 34e et 35e réalisations en championnat, lors du succès de son club Al Nassr contre Al Ittihad (4-2).

"Je ne suis pas les records, ce sont les records qui me suivent", a écrit sur X le Portugais de 39 ans, victorieux pour la dernière rencontre de la saison mais privé du titre de champion d'Arabie saoudite, enlevé par Al Hilal.

La légende du Real Madrid et de Manchester United a frappé dans le temps additionnel de la première période puis à la 69e, d'un coup de casque, battant le précédent record du Marocain Abderrazak Hamdallah établi sur l'exercice 2018/2019.

Une 23e finale pour les Celtics

L'homme du tir de la victoire Derrick White entre Ben Sheppard et Obi Toppin.

Boston disputera une 23e finale de NBA. Les Celtics ont éliminé Indiana en 4 matches pour obtenir le droit de viser un 18e sacre, le premier depuis 2008.

Boston s’est imposé 105-102 à Indianapolis dans l’Acte IV de la finale de la Conférence Est. Derrick White a inscrit un tir à 3 points à 43’’ du buzzer pour donner la victoire aux siens. Avant cette action décisive, l’arrière avait accusé un 1 sur 8 derrière la ligne qui traduisait bien toutes les difficultés traversées par les Celtics lors de cette rencontre. Les Pacers comptaient en effet un avantage de 8 points (98-90) à l’attaque des six dernières minutes.

En finale, Boston affrontera le vainqueur de la série entre Dallas et Minnesota. Dallas mène 3-0 dans cette finale de la Conférence Ouest avant l’Acte IV de mercredi au Texas. Le premier match de la finale aura lieu le 6 juin à Boston.

Un triplé pour Jason Robertson

Un soir de grâce pour Jason Robertson.

Auteur d’un hat trick, Jason Robertson a mené Dallas à la victoire à Edmonton lors de l’Acte III de la finale de la Conférence Ouest. Les Stars se sont imposés 5-3 pour mener 2-1 dans la série.

Dans l’Alberta, l’équipe de l’ex-Biennois Tyler Seguin, qui a délivré deux assists mardi soir, a cueilli son sixième succès à l’extérieur en sept matches lors de ces séries finales. Les Stars ont eu l’immense mérite de relever la tête après avoir perdu 2-0 le tiers initial marqué par l’efficience de Connor McDavid, passeur sur l'ouverture du score et buteur sur le 2-0.

Dallas a renversé le cours de la rencontre lors du deuxième tiers. Les Stars ont eu le bonheur de marquer à trois reprises en l’espace de 3’33’’. Jason Robertson devait ensuite signer le 4-3 à la 52e pour signer à 24 ans le premier triplé de sa carrière en play-off.

Bochum (presque) comme Neuchâtel Xamax

Un maintien miraculeux pour Maximilian Wittek et Bochum.

Cinq ans après l’incroyable remontada du Neuchâtel Xamax de Stéphane Henchoz à Aarau, un autre barrage de promotion/relégation a épousé un scénario improbable. Il a souri au VfL Bochum.

Le club de Bundesliga a sauvé sa place au sein de l’élite après avoir pourtsnt perdu... 3-0 le match aller à domicile lors de sa double confrontation contre le Fortuna Düsseldorf, le troisième de la 2e Bundesliga. Bochum a marqué à son tour à trois reprises dans le temps réglementaire avant de forcer la décision 6-5 aux tirs au but. Septième frappeur du Fortuna, le Japonais Takashi Uchino a envoyé le ballon dans le ciel de Düsseldorf...

"Je suis en paix"

Un Rafael Nadal apaisé.

Battu lundi pour la première fois de sa carrière au 1er tour de Roland-Garros, Rafael Nadal était déçu. Mais pas abattu. "Je suis en paix", a-t-il affirmé.

Que retenez-vous de votre match ?

"J'ai démontré que j'étais prêt pour plus qu'une défaite au premier tour. Mais c'est comme ça. Quand on n'est pas tête de série, on joue contre un joueur qui est en grande forme et qui est un des meilleurs joueurs au monde. La semaine a été positive, je me suis bien entraîné et physiquement, je me suis senti beaucoup mieux. Je n'ai ressenti aucun frein y compris durant le match d'aujourd'hui. Mais j'avais un adversaire très fort. Il a très bien joué et malgré tout, j'ai eu mes chances: j'ai servi pour le set dans la deuxième manche, j'ai eu un break d'avance dans la troisième... Je n'étais pas si loin. Si c'était la dernière fois que je jouais ici, je suis en paix avec moi-même. Pendant presque vingt ans, j'ai tout essayé pour être prêt pour ce tournoi. Et ces deux dernières années, j'ai traversé vraisemblablement les moments les plus difficiles de ma carrière avec le rêve de revenir jouer à Roland-Garros. Au moins, je l'ai fait."

Dans quel état d'esprit êtes-vous pour la suite ?

"Mon état d'esprit est programmé jusqu'aux Jeux olympiques (cet été). Ensuite, il faudra voir comment je me sens, où en est ma motivation, comment se comporte mon corps, et si continuer de jouer a du sens compte tenu de mon niveau. Aujourd'hui, je suis entré sur le court avec cet étrange sentiment de jouer un premier tour à Roland-Garros sans être le favori. Mais je suis entré sur le court avec l'idée de me battre, d'y mettre l'énergie nécessaire, en espérant que mon adversaire ne joue pas à son meilleur niveau. Moi, j'aurais difficilement pu mieux jouer aujourd'hui. Par rapport aux autres fois où je suis revenu de blessures, je n'étais jamais reparti d'aussi bas. Que ce soit en terme de performance physique, de confiance ou de douleur. Jusque-là, à chaque fois que je suis revenu, j'étais en bonne santé immédiatement, ce qui n'a pas été le cas cette fois. D'abord, j'ai eu cette grosse opération (du psoas en 2023). Ensuite, à Brisbane (en janvier dernier) j'ai eu une nouvelle petite déchirure au même endroit, ensuite j'ai eu un problème aux abdominaux, puis à la hanche... Il y eu un moment où j'étais détruit psychologiquement, je n'avais plus d'énergie, je n'étais plus heureux. Je me suis alors dit qu'il fallait arrêter tout ça et quelques semaines avant Barcelone (en avril), j'ai senti qu'il y avait de grandes chances que je ne revienne jamais sur un court de tennis."

Pensez-vous que vous auriez été prêt à rejouer demain s'il le fallait ? Et pensez-vous être prêt à enchaîner les matches sans jour de repos aux JO ?

"Je ne peux pas vous dire si je serai prêt ou non dans un mois et demi, parce que depuis deux ans, mon corps, c'est la jungle. Je me réveille un matin et c'est comme si un serpent me mordait. Un autre jour, c'est un tigre. Mais la dynamique de ces dernières semaines est positive, alors je me sentais prêt aujourd'hui. Je veux dire que je pense que demain, je serais capable de jouer de nouveau si je devais. Mais ce n'est pas le cas... Maintenant, j'ai besoin d'y voir clair pour décider de mon calendrier, pour essayer d'être prêt pour les JO qui sont maintenant mon objectif principal. Je dois me préparer comme il faut pour essayer d'y arriver en bonne forme physique. Et on verra."

Qu'est-ce qui vous pousse à continuer encore ?

"Le sentiment de rentrer à la maison avec la satisfaction personnelle d'avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir, d'avoir donné mon maximum. C'est pour ça que je ne dis pas que j'arrête ma carrière aujourd'hui: c'est pour ne pas avoir le sentiment, dans un an ou un an et demi, que je ne me suis pas donné une vraie chance, parce que juste au moment où j'aurais commencé à me sentir un peu mieux physiquement, j'aurais arrêté. Comme j'apprécie encore ce que je fais, et si je me sens suffisamment en bonne forme et compétitif, je veux continuer un moment. Je ne sais pas combien de temps. Parce que ma famille s'amuse, je m'amuse, et j'ai besoin de me donner un petit peu plus de temps pour voir si mon niveau grimpe et si mon corps tient. Donnez-moi jusqu'aux Jeux olympiques, et après on verra."

Alexander Zverev beaucoup trop fort pour Rafael Nadal

Un au revoir ou un adieu de Rafael Nadal à Roland-Garros ?

Il n’y a pas eu de miracle pour Rafael Nadal (ATP 275) à Roland-Garros. Victorieux à 14 reprises du tournoi, l’Espagnol s’est incliné 6-3 7-6 (7/5) 6-3 devant le no 4 mondial Alexander Zverev.

Malgré un niveau de jeu bien supérieur à celui qu’il avait présenté ce printemps à Barcelone, à Madrid et à Rome et même s’il a servi pour le gain du deuxième set, Rafael Nadal est resté loin du compte dans cette rencontre longue de 3h05’. Sa "malchance" fut d’affronter lors de ce premier tour l’homme qui pratique sans doute aujourd’hui le meilleur tennis sur terre battue. Titré il y a huit jours à Rome, Alexander Zverev a livré une performance XXL pour ne laisser aucun espoir à Rafael Nadal. Un Nadal que l’on sentait vraiment prêt à s’engouffrer dans la moindre ouverture.

L’Allemand est devenu le troisième homme à battre Rafael Nadal à Roland-Garros après Robin Soderling et Novak Djokovic. Même s’il a traversé des instants difficiles, la maîtrise qu’il a témoignée face à un "bon" Rafael Nadal le place aujourd’hui comme le favori no 1 du tournoi. Celui qui est considéré comme le plus fort joueur en activité à n’avoir encore jamais remporté un tournoi du Grand Chelem peut vraiment croire en son étoile. Avec cette victoire, il a aussi effacé le souvenir de la demi-finale 2022 face à ce même Nadal qu’il avait terminée en chaise roulante après s’être fracturé la jambe au cœur d’un combat homérique.

Après la rencontre, Rafael Nadal s’est, comme devant la presse samedi, laissé une – petite – possibilité de rejouer ce tournoi en 2025. "Je me sens beaucoup mieux physiquement qu’il y a deux mois", indique-t-il. Il lui a manqué sans doute un ou deux tours bien plus abordables pour monter en puissance avant de défier un homme de la trempe d’Alexander Zverev. Il reviendra cet été à Roland-Garros à l'occasion du tournoi olympique. Médaillé d'or à Pékin en 2008, le Majorquin pourra nourrir certaines ambitions à condition que son physique ne le lâche pas.

Des examens pour Xherdan Shaqiri

Murat Yakin: pourra-t-il vraiment compter sur Xherdan Shaqiri en Allemagne ?

Xherdan Shaqiri n'était pas présent ce lundi à St. Gall au premier jour du rassemblement de l'équipe nationale avant l'Euro. Il était à Bâle pour subir des examens au mollet.

Revenu bien plus tôt des Etats-Unis avec l'accord de Chicago qui aurait pu le retenir jusqu'au 2 juin, le seul buteur cette année de l'équipe de Suisse souffre une fois de plus de son mollet. "Nous attendons de connaître les résultats de ces examens", souligne Pierluigi Tami. Le directeur des équipes nationales précise toutefois que la présence de Xherdan Shaqiri le mois prochain en Allemagne n'est pas remise en question.

Ce contretemps est toutefois fâcheux. En souffrance avec son club qui aura toutes les peines du monde à éviter une saison de plus sans play-off, Xherdan Shaqiri aurait eu bien besoin de mettre les bouchées doubles à l'entraînement pour retrouver une condition décente. Il semble difficile de croire que le joueur aujourd'hui âgé de 32 ans et demi sera en mesure d'enchaîner trois matches, contre la Hongrie, l'Ecosse et l'Allemagne, en huit jours.

Dix-huit joueurs de champ et deux gardiens ont participé au premier entraînement de l'équipe, lequel a attiré 1700 spectateurs. Comme Xherdan Shaqiri, Breel Embolo et Denis Zakaria étaient absents. Tous deux blessés, les deux joueurs de Monaco ont toutefois rejoint ce camp de St. Gall. Ils sont, bien sûr, restés aux soins. On rappellera que leur participation à l'Euro demeure incertaine.

"Nous ferons le point chaque jour avec eux, précise Pierluigi Tami. Nous ne sommes pas dans l'urgence en ce qui les concerne." Murat Yakin souhaite emmener un cadre de 24 joueurs en Allemagne. Avec une liste de 26 autorisée par l'UEFA, le sélectionneur possède une certaine marge de manoeuvre pour gérer les cas du Bâlois et du Genevois. L'idée est de les sélectionner même s'ils ne seront pas en mesure de disputer le(s) premier(s) matches.

Cette première semaine se fait sans plusieurs joueurs qui bénéficient d'une semaine de repos après une saison harassante, sans Gregor Kobel qui jouera avec Dortmund samedi la finale de la Ligue des Champions et sans les trois Luganais Renato Steffen, Uran Bislimi et Albian Hajdari appelés à disputer dimanche la finale de la Coupe de Suisse contre le Servette FC.

La Suisse livrera deux matches amicaux avant de se rendre en Allemagne, le 4 juin à Lucerne contre l'Estonie et le 8 juin à St. Gall face à l'Autriche. Murat Yakin devra livrer sa sélection définitive le 7 juin. Elle comporte aujourd'hui 38 noms.

Christian Dubé n'est plus l'entraîneur de Fribourg-Gottéron

Fin de parcours pour Christian Dubé à Fribourg

Christian Dubé n'est plus l'entraîneur de Fribourg-Gottéron. Les Dragons seront dirigés la saison prochaine par Pat Emond, puis par le Suédois Roger Rönnberg dès la saison 2025/26.

Les dirigeants du club fribourgeois ont donc décidé de débuter un nouveau cycle après l'analyse de la dernière saison, durant laquelle Gottéron est allé en demi-finale des play-off. Christian Dubé (47 ans) était à Fribourg depuis 2011, d'abord comme joueur puis en tant que directeur sportif puis entraîneur. Il a d'ailleurs cumulé les deux casquettes jusqu'à un passé récent.

Son successeur pour le prochain championnat sera son ancien assistant depuis l'été 2023, Patrick Emond (59 ans), ancien entraîneur de Genève-Servette. Sa mission à la tête des Dragons sera limitée à un an.

Il cèdera ensuite les commandes à Rönnberg (52 ans), qui bénéficie d'une longue expérience d'entraîneur. Il dirige depuis 2013 le club de Frölunda Göteborg et a obtenu deux titres nationaux et quatre victoires en Ligue des champions.

Roland-Garros: Jannik Sinner qualifié en trois sets

Un premier match sans histoire pour Sinner

L'Italien Jannik Sinner (ATP 2) s'est qualifié sans problème pour le 2e tour de Roland-Garros. Il a dominé l'Américain Christopher Eubanks (ATP 46) en trois sets, 6-3 6-3 6-4.

Sinner fait partie des candidats au titre sur la terre battue parisienne, mais il avait été freiné ces dernières semaines par une blessure à une hanche. Le vainqueur de l'Open d'Australie n'a pas semblé être gêné lundi pour son retour à la compétition après presque un mois d'absence.

Au prochain tour, Sinner (22 ans) sera opposé au vétéran français Richard Gasquet (ATP 124), âgé de 37 ans.

Les Suisses très déçus après leur défaite en finale

Patrick Fischer s'est dit très fier de son équipe

Malgré un parcours exemplaire, la Suisse n'a pas obtenu le Graal qu'elle souhaitait ramener de Prague. Battue 2-0 en finale du Championnat du monde, la sélection de Patrick Fischer doit digérer.

"Quelle équipe incroyable, quels joueurs incroyables, je suis reconnaissant d'avoir pu coacher une telle équipe." Dans la voix de Patrick Fischer, on ressent tout le respect d'un entraîneur envers ses joueurs. Remis en cause après trois sorties de route en quarts de finale de 2021 à 2023, le sélectionneur zougois a démontré qu'il était toujours l'homme de la situation.

Devant les médias, tous les joueurs interrogés ont mis en avant la cohésion d'un groupe soudé qui s'est battu du début à la fin. Et c'est un aspect à porter au crédit de celui qui dirige cette sélection depuis 2016.

Après une entrée en matière moyenne face à la Norvège (victoire 5-2) et un succès par les poils face à l'Autriche (6-5), la Suisse a clairement resserré les boulons. Elle n'a cédé en poule que face au Canada (3-2) en n'encaissant des buts que sur power-play. Au cours de ses huit derniers matches, elle n'a pris que deux buts à égalité numérique: le premier face au Canada en demi-finale et le but décisif de Pastrnak à la 50e en finale.

"On a bien joué, surtout défensivement, appuie Patrick Fischer. Notre gardien a été excellent, pareil pour la défense. Nous nous sommes battus. A 11 minutes de la fin, il y avait encore 0-0 en finale. Mais voilà, on n'a pas su marquer un but. C'est très difficile, mais c'est le sport et je suis très fier de ce que l'on a fait."

A chaud, difficile de mettre le doigt sur ce qui n'a pas fonctionné. "Le match contre le Canada était très dur, rappelle le sélectionneur. On a manqué un peu d'énergie, même si on a tenu le 0-0 longtemps."

Les joueurs ont eu logiquement de la peine à mettre des mots sur leur immense peine. "Elle fait vraiment très très mal, lâchait Romain Loeffel en zone mixte. Il n'y a que de la déception. Peut-être que dans quelques jours, on pourra se dire que ce qu'on a fait est beau, mais là c'est difficile d'avoir ce sentiment de fierté. On a exécuté le match comme on le voulait jusqu'à la 50e. En face, ils ont joué à la perfection un engagement et ça a suffi pour gagner le match."

Déjà vaincu en finale en 2018, Tristan Scherwey encaisse le coup: "Celle-ci fait plus mal. En 2018, j'avais l'impression qu'on voulait aussi l'or, mais qu'on était content d'avoir cette médaille d'argent. Cette fois on voulait absolument gagner et on y croyait! Coup de chapeau à nos leaders qui n'ont presque pas quitté la glace en fin de match durant les six ou sept dernières minutes. On a essayé de les pousser depuis sur le banc en leur donnant de l'énergie."

Ces leaders justement, ce sont évidemment les joueurs de NHL. Roman Josi et la première ligne d'attaque avec Nino Niederreiter, Nico Hischier et Kevin Fiala ont pesé de tout leur poids durant cette compétition. Kevin Fiala a d'ailleurs été élu MVP et meilleur attaquant, alors que Roman Josi repart avec le trophée du meilleur défenseur.

On sait la Suisse dépendante de ses éléments évoluant en Amérique du Nord et que la présence de Roman Josi change la donne. Qu'en sera-t-il à l'avenir et notamment lors des JO de 2026 lorsque tous les joueurs de NHL seront présents? Cette génération douée pourra-t-elle lutter? Patrick Fischer y croit: "Certains ont entre 25 et 26 ans, ils peuvent encore apporter beaucoup."

A noter que la Suisse a progressé au classement de l'IIHF malgré cette défaite en finale. La sélection nationale grimpe de deux rangs et occupe actuellement la 5e place derrière le Canada, la Russie, la Finlande et la Tchéquie. Les Suisses ont d'ailleurs le même nombre de points que les nouveaux champions du monde. Et comme la Russie n'a pas été réintégrée, cela signifie que la troupe de Patrick Fischer est 4e. On connaîtra prochainement la composition des groupes pour le Championnat du monde 2025 qui se tiendra à Stockholm en Suède et à Herning au Danemark.

500 miles d'Indianapolis: Newgarden vainqueur au finish

Josef Newgarden franchit la ligne en vainqueur

L'Américain Josef Newgarden (Penske) a remporté les 500 miles d'Indianapolis pour la deuxième année consécutive. Il a devancé de justesse (0''3417) le Mexicain Pato O'Ward (McLaren).

Newgarden a dépassé O'Ward dans l'avant-dernier virage sur le célèbre ovale. Il est le premier pilote à gagner l'épreuve deux fois de suite depuis le Brésilien Helio Castroneves en 2001 et 2002. Le podium a été complété par le Néo-Zélandais Scott Dixon (Ganassi) à 0''9097.

La course a débuté avec plus de quatre heures de retard en raison des orages. Suite à divers incidents, elle a été neutralisée à huit reprises. Pas moins de 16 pilotes différents ont occupé la tête et 87 changements de leader ont été enregistrés.

Les Rangers reprennent la main

Alex Wennberg (91) abuse Sergei Bobrovsky pour donner la victoire aux Rangers.

Les New York Rangers ont repris la main dans la finale de la Conférence Est. Les Rangers se sont imposés 5-4 à Sunrise devant Florida pour mener 2-1 dans la série.

Alex Wennberg a inscrit le but de la victoire après 5’35’’ de jeu dans la prolongation. Le transfuge de Seattle, qui a rejoint New York il y a seulement deux mois, a dévié un lancer de Ryan Lindgren pour battre Sergei Bobrovsky. C’est la première fois depuis le début de ces séries finales que les Panthers perdent deux matches de suite.

Pour Florida, l’Acte IV de cette finale qui se déroulera ce mardi sur sa glace sonnera ainsi comme celui de la dernière chance. Une troisième défaite de rang serait sans doute fatale.

Doncic-Irving le duo infernal

Luka Doncic (à gauche) et Kyrie Irving peuvent se congratuler: ils ont fait le job.

Porté par son duo magique formé par Luka Doncic et par Kyrie Irving, Dallas continue de marcher sur l’eau. Les Mavericks ont cueilli un cinquième succès de rang dans ces play-off.

Victorieux 116-107 de Minnesota devant son public, Dallas mène désormais 3-0 dans la finale de la Conférence Ouest. Même si Luka Doncic affirme que "rien n’est encore acquis", la franchise du Texas a un pied et quatre orteils en finale de la NBA. Jamais dans l’histoire des play-off, une équipe n'a, en effet, été capable de remporter une série après avoir perdu les trois premiers matches...

Doncic et Irving ont tous les deux inscrit 33 points pour martyriser la défense des Timberwolves. Et comme deux jours plus tôt, les Mavericks ont forcé la décision dans le money time avec un partiel de 14-3 pour conclure cet Acte III. Dallas aura l’occasion de classer l'affaire mardi sur son parquet avec une première balle de match.

Pour Gaëtan Haas, cette défaite fait plus mal que celle de 2018

Désigné meilleur joueur du tournoi, Kevin Fiala félicite les Tchèques

Après avoir perdu la finale face à la Tchéquie, les joueurs sont passés devant la presse. Les mines étaient logiquement défaites après avoir laissé filer le titre pour la troisième fois en onze ans.

"Je n'ai pas de mots, lâche un Gaëtan Haas appuyé sur sa crosse, le regard dans le vide. Ca commence à faire quelques finales perdues. Chaque fois c'est la même chose, les mêmes sensations. Je crois que c'est pire qu'en 2018. On y a tellement cru, on s'est dit qu'on allait le faire. Ca se joue à un engagement et à ne pas avoir réussi à marquer de goal. Pourtant, on les a amenés où on voulait. Il y avait 0-0 après 40 minutes et ça se joue sur un détail."

Le centre biennois a encore mis en avant l'esprit de corps de cette équipe de Suisse version Prague 2024: "Tout le monde y croyait. J'ai rarement vu un groupe soudé comme ça sur la glace à se battre les uns pour les autres. Le match contre le Canada en demi-finale, je n'ai jamais vécu une rencontre où il y a autant de sacrifices. Finalement, tu rates pour un rien et quand tu vois les Tchèques prendre les médailles d'or, ça fait mal."

Difficile en pareilles circonstances de trouver de quoi positiver, mais le capitaine du HC Bienne se plie à l'exercice: "Tu as envie d'y croire en te disant qu'on s'est encore une fois rapproché après trois finales, mais avec à chaque fois la mauvaise médaille. Le positif, c'est qu'il y a un groupe de jeunes, des gars qui tirent l'équipe et qui viennent volontiers en équipe de Suisse après de longues saisons. Les gars qui jouent en Suisse, on commence en août et on s'accroche aussi. C'est une belle équipe et on mérite mieux en faisant le job sans se plaindre. Seulement à la fin, il manque le petit truc."

En parlant des joueurs de NHL, il convient de signaler le titre de MVP (meilleur joueur) du tournoi décerné à Kevin Fiala. Le Saint-Gallois a inscrit 13 points (7 buts) en 8 matches. L'attaquant des Los Angeles Kings a aussi reçu le trophée de meilleur attaquant tout en faisant partir du All-Star Team désigné par les médias. Roman Josi a remporté le prix de meilleur défenseur tout en faisant partie du All-Star Team.

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Stan Wawrinka (ATP 98) a entrevu un peu de lumière au coeur d’une saison bien sombre, dimanche à Paris. Le Vaudois a aisément enlevé son duel de prestige face à Andy Murray (ATP 75) à Roland-Garros, s'imposant en trois manches (6-4 6-4 6-2) devant l’Ecossais.

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Roland-Garros : «Le manque de match peut expliquer ma performance du jour», souffle Humbert, sorti dès le premier tour

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Le numéro un français est revenu sur son élimination face à l'Italien Lorenzo Sonego (6-4, 2-6, 6-4, 6-3) au premier tour.

Pour la sixième fois en sept participations, Ugo Humbert a chuté d’entrée Porte d’Auteuil. Une mauvaise habitude pour un numéro un français, il est vrai, moins à l’aise sur terre battue que sur surface rapide. Tête de série 17, le Messin n’avait pas été très heureux au tirage en tombant sur Lorenzo Sonego, solide joueur de terre qui l’avait, déjà, éliminé au 2e tour en 2023. L’Italien, 36e mondial, a encore joué un mauvais tour au Français, beaucoup moins fringant qu’au début du printemps où il atteint la 13e place mondiale, son meilleur classement. «Le manque de match peut expliquer ma performance du jour, a soufflé le leader tricolore. C'est une période un peu dure pour moi parce que je n'ai pas l'énergie que je souhaiterais avoir après être revenu de ma blessure au genou. Je suis déjà très fier d'être allé sur le court» .

  • Roland Garros simples messieurs
  • Roland Garros simples dames

Le vainqueur des tournois de Marseille et Dubaï, va tenter de reverdir sur gazon, une surface, où il se sent plus à l’aise (8e de finaliste de Wimbledon en 2019) «Le gazon va maintenant arriver, c'est une surface que j'aime beaucoup. Je vais prendre du temps pour moi pour me reposer et me refaire un stock d'énergie mentale, c'est important. Ce n'est pas le Roland que j'espérais mais la vie continue. Chaque fois que j'arrive ici, je me dis que je vais essayer de passer une belle quinzaine ; déjà, arriver au bout de la première semaine, ce serait déjà pas mal. J'ai toujours l'espoir. Je me dis que même si ce n'est pas un tournoi où j'ai bien joué encore, je sais que tout est possible.» .

  • EN DIRECT - Roland-Garros : Alcaraz qualifié, Gasquet et la pluie en piste
  • Roland-Garros: Djokovic dans le flou, Sinner et Alcaraz fragiles... Un tableau (très) ouvert
  • Ugo Humbert

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le 26/05/2024 à 19:03

Malheureusement, pas vraiment la mentalité d’un potentiel vainqueur de grand chelem. Il va falloir encore attendre!

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tour du monde 3 jours

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Les courts de tennis de Roland-Garros, à Paris, le 25 mai 2024.

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Roland-Garros 2024 : Gasquet, Moutet, Wawrinka et Garcia qualifiés, Humbert éliminé, revivez la journée du dimanche 26 mai

Le premier tour des Internationaux de France débute dimanche et s’étalera jusqu’à mardi. Caroline Garcia, Richard Gasquet et Carlos Alcaraz disputent notamment leur premier match aujourd’hui.

  • Le résumé de cette journée à Roland-Garros
  • Roland-Garros, c’est parti, et bien parti ! Les favoris ont répondu présent pour cette première journée. L’Espagnol Carlos Alcaraz a notamment expédié J.J. Wolf en trois petits sets (6-1, 6-2, 6-1), pendant qu’Andrey Rublev s’en est sorti en quatre manches contre Taro Daniel. Grigor Dimitrov, Hubert Hurkacz, Jelena Ostapenko et Naomi Osaka se sont également extirpés du premier tour, alors que la journée a été perturbée par la pluie.
  • Du côté des Français, le tournoi a commencé par une énorme déception. N°1 tricolore, Ugo Humbert a rendu les armes, battu en quatre sets par Lorenzo Sonego (6-4, 2-6, 6-4, 6-3). Mais les bonnes nouvelles se sont ensuite enchaînées ! Richard Gasquet a notamment réussi un match magnifique pour se défaire de Borna Coric (7-6, 7-6, 6-4). Quelques minutes plus tôt, Caroline Garcia avait également rallié le deuxième tour, dans la difficulté, en venant à bout d’Eva Lys (4-6, 7-5, 6-2).
  • A noter également les qualifications d’Alexandre Müller, de Chloé Paquet et de Corentin Moutet. Ce dernier a réussi une grosse performance en sortant la tête de série n°16, Nicolas Jarry, en quatre sets (6-2, 6-1, 3-6, 6-0), dans un court Simonne-Mathieu en feu. Dans le même temps, Stanislas Wawrinka a remporté le choc des anciens vainqueurs de tournois du Grand Chelem face à Andy Murray (6-4, 6-4, 6-2).

Richard Gasquet après sa victoire contre Borna Coric, au premier tour de Roland-Garros.

  • Le point à Roland
  • Roland-Garros, c’est parti ! Et les favoris répondent pour l’instant présent. L’Espagnol Carlos Alcaraz a notamment expédié J.J. Wolf en trois petits sets (6-1, 6-2, 6-1), pendant que Andrey Rublev s’en est sorti en quatre manches contre Taro Daniel. Grigor Dimitrov, Hubert Hurkacz, Jelena Ostapenko et Naomi Osaka se sont également extirpés du premier tour, alors que la première journée a été perturbée par la pluie.
  • Du côté des Français, le tournoi a commencé par une énorme déception. N °1 tricolore, Ugo Humbert a déjà rendu les armes, battu en quatre sets par Lorenzo Sonego (6-4, 2-6, 6-4, 6-3). Mais depuis, les bonnes nouvelles s’enchaînent ! Richard Gasquet a notamment réussi un match magnifique pour se défaire de Borna Coric (7-6, 7-6, 6-4). Quelques minutes plus tôt, Caroline Garcia avait également rallié le deuxième tour, dans la difficulté, en venant à bout d’Eva Lys (4-6, 7-5, 6-2). A noter également les qualifications d’Alexandre Müller et de Chloé Paquet.
  • Dans le reste de l’actualité, la soirée sera notamment marquée par le « choc des anciens » entre deux ex-vainqueurs de Grand Chelem : Stanislas Wawrinka-Andy Murray. Corentin Moutet a également commencé son match face au Chilien Nicolas Jarry, tout comme Harold Mayot face à Sebastian Korda.

Richard Gasquet, après sa victoire au premier tour.

  • Le point à Roland-Garros
  • Roland-Garros, c’est parti ! Et les favoris répondent pour l’instant présent. L’Espagnol Carlos Alcaraz a notamment expédié J.J. Wolf en trois petits sets (6-1, 6-2, 6-1), pendant que Andrey Rublev s’en est sorti en quatre manches contre Taro Daniel. Grigor Dimitrov, Jelena Ostapenko et Naomi Osaka se sont également extirpés du premier tour, alors que la plupart des matchs sont arrêtés, à cause de la pluie.
  • Du côté des Français, le tournoi a commencé par une énorme déception. N °1 tricolore, Ugo Humbert a déjà rendu les armes, battu en quatre sets par Lorenzo Sonego (6-4, 2-6, 6-4, 6-3). Les supporteurs tricolores espèrent maintenant que Richard Gasquet et Caroline Garcia vont leur redonner le sourire, les deux Français viennent de commencer leurs matchs, respectivement sur les courts Suzanne-Lenglen et Philippe-Chatrier.
  • Dans le reste de l’actualité, et si le temps le permet, du beau monde va encore passer sur les courts de Roland-Garros d’ici la fin de la journée. Côté français, Térence Atmane, Corentin Moutet, Alexandre Müller, Harold Mayot et Chloé Paquet sont attendus, avant l’affiche de la journée, en night-session  : Stanislas Wawrinka-Andy Murray.

Tout le live

Il est temps pour nous de vous dire au revoir.

La journée a été magnifique sur la terre battue de Roland-Garros, mais toutes les bonnes choses ont une fin et il est l’heure de se souhaiter bonne nuit. On se retrouve dès demain, 10 heures, pour la suite des aventures de la petite balle jaune sur les courts de la Porte d’Auteuil. Bonne soirée !

Les prochains lives sport du « Monde »

tour du monde 3 jours

Et celle de Moutet !

La balle de match de wawrinka en vidéo.

Je vais me coucher, je suis crevé. Bonne nuit Messieurs ! Et merci !

Bonne nuit cher Drésienne ! Pour nous aussi, il va bientôt être l’heure de ranger nos affaires, après une bien belle journée de tennis.

ET MOUTET L’EMPORTE AUSSI !

Incroyable Corentin Moutet ! Opposé à la tête de série numéro 16, le Chilien Nicolas Jarry, le Français a usé de ses coups de patte pour l’emporter et rallier le deuxième tour. Dans un court Simonne-Mathieu en feu, Moutet s’impose finalement 6-2, 6-1, 3-6, 6-0.

Jeu, set et match Wawrinka !

D’un dernier revers gagnant, le Suisse conclu la rencontre en trois sets face à Murray (6-4, 6-4, 6-2). L’Ecossais a eu du mal physiquement, mais c’est accroché jusqu’au bout.

Moutet, c'est plutôt "jusqu'au bout de mes revers" et coups droits...

Si les joueurs ont parfois connu quelques baisses de rythme, le DJ du court Philippe-Chatrier a joué à son meilleur niveau toute la soirée. Il termine fort.

5-0 pour Moutet contre Jarry !

Vous la sentez cette bonne odeur de victoire ?

Ça sent très très bon pour Wawrinka !

6-4, 6-4, 5-1 pour le Suisse, face à Murray trop diminué physiquement pour lutter.

Moutet jusqu’au bout de nos rêves !

Le Français vient de réaliser le double break face à Jarry et mène 4 à 0 dans la troisième manche contre Jarry. Il est à deux jeux de la victoire, et en plus il fait le show  !

Pas trop mauvais ce jeune suisse, n’est-ce pas ?

Dites, on peut vous écrire tout ce qu'on veut ou il y a des limites ? C'est pour bien calibrer.

Vous pouvez écrire ce que vous voulez, mais on ne vous promet pas de passer tous les messages ! On essaye de faire attention un minimum.

Atmane commence un peu à craquer…

Le Français a malheureusement manqué l’occasion de conclure et a concédé la troisième manche au tie-break face à Ofner. Il a aussi concédé le break d’entrée dans la quatrième. Aie, aie, aie…

Sympa de retranscrire ce live de 2012, ça me rajeunit de les voir sous vos post Stan et Andy

Sachez même que la première confrontation professionnelle entre les deux hommes a eu lieu en 2005, lors d’un match par équipe. Wawrinka l’avait à l’époque emporté, mais c’est Murray qui mène les confrontations entre les deux joueurs (13-9). L’écart semble être parti pour se réduire.

Murray semble aller dans le mur (et les haies)

L’Ecossais ne marque plus un point alors que Wawrinka réussit tout ce qu’il tente. Il mène 3 à 0 dans la troisième manche.

Les français seraient ils un peu fan du Live du Monde pour, mine de rien, le prolonger à notre grand bénéfice?

Je crois qu’ils sont surtout fans de vos remarques en tous genres, pour nous permettre de les lire plus longtemps !

Break de Corentin Moutet !

Ca sent bon pour le Français, qui mène deux sets à un, et 2-0 dans la quatrième manche contre Jarry !

Un petit tu, tu , tut pour les français ( et les écossais ) ?

Mais avec grand plaisir !

Le contexte

Live animé par Mathieu Maine et Valentin Moinard

Bienvenue dans ce direct consacré à l’édition 2024 du tournoi de tennis de Roland-Garros. Qui succédera à Iga Swiatek et Novak Djokovic au palmarès du Grand Chelem parisien ? Au fil des matchs, et au rythme tranquille de cinq sets – donc moins frénétique que lors de nos lives sports habituels –, nous vous racontons ici l’essentiel de « Roland ».

  • Les têtes d’affiche du jour

L’Espagnol Carlos Alcaraz , nᵒ 3 mondial, est opposé à l’Américain Jeffrey John Wolf (107ᵉ) dans le tableau masculin ; chez les femmes, Caroline Garcia (tête de série nᵒ 21) affrontera l’Allemande Eva Lys. Ce soir (pas avant 20 h 15), Stanislas Wawrinka (Suisse) et Andy Murray (Grande-Bretagne) se retrouvent pour un choc qui fleure bon les années 2010.

  • Le coin des Français

Ce dimanche, huit Tricolores font leur entrée en lice. Chez les dames : Caroline Garcia et Chloé Paquet . Chez les hommes : Ugo Humbert , Corentin Moutet , Alexandre Muller , Terence Atmane , Harold Mayot , Richard Gasquet.

  • Un peu de lecture en attendant

Notre rubrique sur Roland-Garros 2024

Ugo Humbert, numéro 1 français, espère aussi décoller sur terre battue

Roland-Garros 2024 : un choc Nadal-Zverev d’entrée, Djokovic contre un Français… découvrez les affiches du premier tour

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La joueuse de tennis Alizé Cornet mettra un terme à sa carrière après Roland-Garros : « L’annoncer officiellement, ça fait un petit quelque chose »

« Chaos social » et gouvernance sous le feu des critiques à la Fédération française de tennis

Le programme détaillé de ce dimanche est à retrouver ici.

Demandez le programme… Les prochains directs sport du « Monde »

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